REMUE MENINGES

Les deux monstres les serraient de près. Cassiopée réussit un tour qui embourba l'un d'eux mais au même moment Issac repéra l'arrivée d'autres ennemis. Lùthien n'avait pas le temps d'analyser la situation plus avant et tira parti de Rhai-lom embourbé.

D'une esquive, elle envoya le second Rhai-lom dans la boue. Les deux fauves se percutèrent et furent étourdis un instant. Instant où la louve se jeta sur le plus petit et d'un coup de patte puissant trancha sa queue. Le Rhai-lom hurla et un flot de sang jaillit. Décontenancé, le second Rhai-lom tenta de se mettre en protection devant sa femelle. Mais Lùthien était déjà repartie de l'autre côté. Cependant le fauve était intelligent aussi et lança ses deux queue vers la louve qui ne put totalement esquiver.

Une longue estafilade apparut sur son flanc droit. Faisant fi de la douleur, Lùthien poursuivit sa série d'attaque. Le second Rhai-lom restait en retrait et le sang qu'il perdait lui soutirait ses forces. Pas encore hors combat, mais presque. Cependant, un fauve blessé, même affaibli, restait très dangereux. Voir plus dangereux. Car la retraite n'avait plus de valeur.

Se sachant perdu, le Rhai-lom blessé parvint à pousser son compagnon hors du piège de boue. Et au passage, réussit à mordre une patte de la louve dont l'endurance baissait après ses longues minutes de combat intensif.

Lùthien regretta un instant de na pas avoir une des fioles de liquide jaune que lui avait donné Exodus lors de leur aventure contre le calice. Le regain d'énergie lui aurait été bénéfique.
Boitant, saignant, elle fit cependant face au dernier Rhai-lom, enragé par la perte de sa compagne. Elle resta concentrée sur ce combat, se demandant un bref instant ce qui se passait du côté de Cassiopée et Issac.

Cassiopée se retourna pour affronter ce qu’Issac craignait.
De l’autre côté du ruisseau qui sillonnait la forêt, un hystang se tenait. Dressé comme une pierre sculptée par un dieu, il observait la scène de toute sa haute stature. Ses cheveux ruisselaient en longs reflets cuivrés étincelant sous le feu de sa torche qui faisait luire sa peau nue.
Issac rompit la transe qui s’était emparée de Cassiopée en plongeant sur L’hystang et en le harcelant de cris et de flammes.
Il repoussait les attaques du dragon de son flambeau en se baissant pour éviter ses coups de bec.
Cassiopée les rejoignit, laissant à Lùthien le soin d’achever les faux de nuit.
Près de l’hystang, un grand feu répandait une odeur de charogne grillée. La puanteur des fumées qui s’en dégageait poussa Cassiopée à se couvrir le bas du visage pour s’en protéger.

L’hystang pointa Lùthien du menton et dit d’une voix profonde et calme :

-Cette louve est très forte. Elle est à toi ?

Comme Issac poursuivait ses échauffourées toutes griffes dehors, il ajouta.

-Ce dragon aussi est à toi ? Peux-tu l’arrêter ?

Lùthien devait écourter le combat au maximum. L'odeur du nouveau était arrivée jusqu'à elle et la louve avait reconnu l'hystang. S'il les attaquait, ce serait à nouveau un rude combat. Elle avait donc besoin d'un maximum de forces.

Elle employa donc la ruse pour venir à bout du dernier Rhai-lom. Alors qu'il s'élançait vers elle, Lùthien se transforma à nouveau, elle reprit sa forme elfique, ne gardant que les griffes au niveau des mains et se laissa tomber au sol. Ainsi le bond du fauve passa au dessus d'elle, offrant son ventre tendre. Elle l'éviscéra proprement.

Nue et couverte de sang, Lùthien vint se mettre à côté de Cassiopée.

Que veux-tu ? demanda-t-elle d'un ton impérieux.

-Ah… Tu n’es pas une louve finalement… Où alors une louve qui se transforme… Tu lui appartiens, j’imagine… Tu te bas bien pour une semi-louve. Sans doute est-ce ton sang elfe qui te donne cette envergure. Tu n’es pas si grande pourtant...

L’hystang était pensif et calme au plus profond de lui malgré le fait qu’il se protégeait d’Issac.
Il pointa le cadavre du Rhai-lom étendu dans la boue.

-C’est une bonne chose. La femelle blessée a du se vider de son sang maintenant.
Le Rhai-lom n’est pas très bon à manger. Il empeste quand il grille.

Il se tourna de nouveau vers Cassiopée et la salua dignement.

-Je suis Bermosga-tho. Auriez-vous l’amabilité de retenir les attaques de ce dragon…

Ce disant, Issac avait réussi à s’agripper dans la crinière de l’hystang et semblait ne pas vouloir lâcher prise.

Ce n’est que lorsque Cassiopée lui ordonna de venir la rejoindre qu’il accepta de rejoindre l’épaule heureusement recouverte de cuir de sa dame tandis que Lùthien bouillait sur place en lançant des regards assassins à Bermosga-tho.

-Je suis Cassiopée. Je vous présente Issac. Il n’a pas pour habitude d’attaquer ainsi les gens, mais sa peur d’être dévoré vif par les deux Rhai-lom peut en être la raison. Il vous en veut certainement de ne pas être venu l’aider quand il était en position difficile.
Elle montra le feu qui craquait férocement :
-Vous brûlez quoi ?

-Des Rhai-lom...

Lùthien sursauta en entendant la réponse de l'hystang.

Il y en a d'autres ? demanda-t-elle, légèrement anxieuse.

Elle vacillait sur sa jambe blessée et même si sa blessure au flanc était déjà en train de se refermer, elle avait perdu beaucoup de sang. Les sens en alerte, elle ne sentait pas d'autres fauves mais restait sur ses gardes. L'odeur de brûlé était prégnante.

Mais que font-ils si loin de leur habitat normal ?

La question fut formulée à voix haute même si elle ne s'adressait à personne.

Le Hystang montra le feu et son expression si impassible l’instant précédent émit un semblant de colère.

-Ceci était un nid. Il y avait quatre petits. Quand je suis arrivé ils étaient seuls heureusement. Cela fait un temps que je les surveille pour connaître leurs habitudes. Mais vous m’avez sérieusement aidé et je vous en remercie.

Sur ces mots il se tourna face à Lùthien.

-La louve a fait du bon travail, mais elle a souffert. Permettez moi de vous menez à mon campement afin que je puisse vous apporter tous les soins possibles. Ma compagne sera fière de recevoir une "vraie".

Cassiopée ne dit rien mais ne pensa pas moins qu’elle n’était, après tout que demi-aelle et encore, d’un père qu’elle ne connaissait pas.

Toujours nue, mais l'hystang ne paraissait pas s'en émouvoir et ce n'est pas elle que ça dérangeait, Lùthien suivit leur hôte vers son campement en clopinant. Heureusement, la route fut courte. A leur arrivée, l'elfe haletait de douleur et une faim dévorante lui creusait le ventre. La régénération était bien avancée.

Le campement se composait d'une cahute en branchages, ce qui dissimulait mieux les odeurs qu'une toile, et d'un feu au-dessus duquel un chaudron chauffait. Il s'en dégageait une odeur de soupe parfumée qui fit gronder l'estomac de l'elfe. Même si elle aurait préféré un steak. Ou plutôt, un sanglier. Entier.

La femme de Bermosga-tho était penchée au-dessus du chaudron, qu'elle remuait doucement. En les entendant arriver, ils n'avaient pas cherché à être discrets, elle eut un mouvement vers la dague qui pendait à sa ceinture. Reconnaissant son mari, elle interrompit son geste et observa les nouveaux venus. Voyant l'état de Lùthien et sur quelques mots de Bermosga-tho, elle s'approcha de l'elfe avec une besace.

Viens je vais te soigner, fit-elle en désignant la cahute.

Les deux femmes disparurent à l'intérieur. Elle examina les blessures de Lùthien en levant un sourcil d'étonnement. Puis elle sortit un onguent qu'elle appliqua sur la jambe et le flanc de l'elfe. La douleur s'apaisa et une douce chaleur se répandit dans ses membres.

Merci, fit Lùthien. J'ai surtout besoin de me restaurer pour compenser l'énergie perdue.

La femme hocha la tête.

Va derrière. A 20 mètres il y a un ruisseau. Tu pourras te laver, l'onguent a déjà pénétré.

Tout en parlant, elle lui tendit un tissu brun, comme celui qu'elle portait, sorte de robe-pantalon resserrée aux poignets et aux chevilles, ainsi qu'une ceinture.

Merci.

Elle partit se laver avec bonheur. L'eau était froide et revigorante. N'eut été sa faim vorace, elle aurait volontiers prolongé ce moment.

L'elfe revint au camp où elle trouva Cassiopée occupée à parler avec l'hystang.

-Vas-tu mieux, Lùthien ? Tu sembles vidée de ton énergie. S’enquit une Cassiopée au regard anxieux.

- J’ai faim, c’est tout.

Lùthien s’assit à ses côtés en espérant qu’elle pourrait rapidement se remplir sainement l’estomac, son esprit n’était pas très clair quand la faim la tenaillait.

-Bermosga-tho vient de m’annoncer une nouvelle fort déplaisante. Il semble qu’une bande de kors se soit lancer dans une tentative d’élevage de Rhai-lom. Quand on sait que la chair n’est pas mangeable, cet élevage ne peut pas être destiné au commerce classique. Je me demande bien qui pourrait avoir besoin de Rhai-lom.

-Ils ne peuvent intéresser que des personnes désireuses de semer la mort, mais je ne vois pas qui.
Ajouta Bermosga-tho.

-Ce qui m’ennuie, c’est que les kors n’ont pas pour habitude de se lancer dans de telles entreprises. Autant ils sont des pointures en élevage autant ils sont piètres combattants. De plus, on peut tout craindre avec eux : quand ils décident de mener à bien une entreprise, ils y arrivent…
Sais-tu où est la bande de kors ?

La femme de Bermosga-tho apporta alors un plateau bien chargé. Elle offrit à chacun un bol de soupe, mais les yeux de Lùthien brillèrent en voyant le contenu du plat resté sur la table.

Lùthien n'écoutait que d'une oreille ce que disait Cassiopée, entièrement concentrée sur la nourriture. Elle se jeta sur son bol comme quelqu'un qui n'aurait pas mangé depuis plusieurs. Ce qui était l'impression qu'elle avait. Elle finit son bol avant que la dame des étoiles ait fini de parler.

Un coup d'oeil vers la femme Hystang lui apprit qu'elle pouvait se resservir, ce qu'elle fit avec empressement. Ce n'était pas aussi reconstituant qu'un sanglier mais c'était nourrissant. Ses compagnons pouvaient littéralement voir ses blessures finir de se refermer, les bleus et autres marques disparaitre de sa peau.

Ce ne fut qu'au quatrième bol, qu'elle ralentit le rythme et porta une attention plus soutenue à la conversation. Les kors. Un élevage de Rhai-lom. Mais qui pouvait avoir une idée aussi saugrenue. Evidemment, il était possible de faire reproduire des Rhai-lom, mais elle n'avait jamais entendu dire que quelqu'un avait réussi à les apprivoiser, même en les prenant bébé.

L'elfe voyait bien que Cassiopée avait envie de résoudre ce problème. Elle intervint.

Si tu veux que nous arrivions à Vaelin à temps, je ne suis pas sûre que nous ayons le temps de nous occuper d'une bande de kors et d'un troupeau de Rhai-lom. Surtout que je ne suis pas sûre qu'on s'en tirerait entières.

Elle finit son bol de soupe et évalua ses besoins énergétiques. La couleur était revenue sur sa peau hâlée, mais elle sentait un gros besoin de protéines et de graisses. Elle pensa à un cuissot bien gras, rôti au feu et dut se retenir de baver à cette évocation. Au lieu de quoi elle interrogea la maîtresse de camp sur la disponibilité en viande. L'Hystang secoua la tête d'un air désolé.

Lùthien haussa les épaules et fit signe à Issac. Le dragonnet la regarda d'un air interrogatif. Ces semaines passées ensemble avaient permis aux deux, non pas de lier une amitié, mais de gagner un certain respect l'un vis-à-vis de l'autre.

Issac, crois-tu que tu pourrais aller chercher ma sacoche sur ma jument pour nous ramener la viande ? Je partagerai. Je pense que tu ne risques rien et Nous avons encore besoin de parler.

Cassiopée constatait avec plaisir que sa compagne avait un pouvoir de régénération très efficace. Décidément elle n'était pas au bout de ses surprises avec cette elfe. Non seulement elle avait la capacité de se transformer instantanément en louve géante dont la force n'égalait que son courage, mais en plus elle pouvait parler dans son état bestial, c'est à dire qu'elle ne perdait pas complètement son état mental et elle se régénérait incroyablement vite. Cette femme était pour elle un don du ciel.
Instinctivement elle leva la tête vers les cieux, mais il était trop tôt pour que les étoiles lui répondent.
Elle sermonna Issac qui prenait son envol pour remplir sa mission tout guilleret.

-Tâche de ne pas te faire coincer par qui que ce soit cette fois et préviens moi si tu sens un danger quelconque !

C'est vrai que j'aurais bien exploré cette histoire de kors éleveurs de Rhai-lom, mais tu as raison Lùthien, notre quête doit passer avant tout sinon nous manquerons le rendez-vous de Vaelin. Il serait trop dommage d'arriver en retard.
Votre soupe est absolument délicieuse Dame tho. Ajouta-t-elle en tendant son bol à la dame de la maison qui lui proposait de la resservir.

Bermosga-tho leur proposa toutefois de passer la nuit dans sa demeure avant un départ matinal. Il serait en mesure de les accompagner un petit bout de chemin afin que lui-même soit sûr que son territoire ne présentait pas de menaces.

Issac revint rapidement et sans encombre avec la sacoche convoitée. Le dragonnet n'étant pas friand de soupe, il regarda Lùthien ouvrir la sacoche avec envie et impatience. Il avait appris à attendre, avec l'elfe en tout cas. Quand elle sortit des tranches de viande séchée, il tendit le cou avec un bruit doux. L'elfe sourit et lui déposa sa part devant lui.

Elle-même se prit 3 tranches. Il lui manquait encore une bonne dose de gras, cependant, cela ferait l'affaire. Ainsi, elle ne risquait pas d'avoir envie de dévorer ses compagnons. C'était arrivé une fois et elle en gardait un mauvais souvenir.

Lùthien approuva le fait de rester avec les Hystang pour la nuit. En cas d'attaque, ils seraient plus nombreux à réagir. Elle alla chercher les deux juments à la fin du repas, laissant Cassiopée deviser avec leurs hôtes. L'elfe n'étant pas une grande bavarde, elle était ravie que cette occupation revienne à la dame des étoiles.

Le reste de la soirée se déroula sans incident et ils se couchèrent de bonne heure afin de partir avec le soleil. Pour une fois, Lùthien ne prit pas de tour de garde et dormit d'un sommeil profond qui finit de la remettre sur pied.

Dès le premier chant des oiseaux, ils furent debout et prirent un petit déjeuner rapide. Le camp fut promptement démonté et leurs traces effacées. Les bois étaient calmes. Le danger semblait bien écarté.

Les deux femmes reprirent leur chemin vers le nord, accompagnées par le couple Hystang jusqu'en fin de matinée. Elles avaient ralenti leur allure afin qu'ils puissent suivre sans problème, c'était la moindre des choses.

Quand ils se séparèrent, Lùthien et Cassiopée étaient à mi-chemin des Baronnies de HauteMarche. En forçant l'allure, elles les atteindraient le lendemain soir. Une fois seules, Lùthien délaissa sa monture pour partir courir à la recherche de gibier. Cassiopée mena les chevaux à vive allure sachant que l'elfe la retrouverait sans problème au moment de monter le camp pour la nuit.

Ce ne fut qu'autour du feu du soir que Lùthien posa la question qui la turlupinait depuis leur rencontre avec les hystang.

Cassiopée, qu'est-ce qu'une "vraie" ?

Cassiopée n'ayant pas réagit quand l'hystang l'avait appelée ainsi l'elfe en avait déduit qu'elle savait de quoi il retournait.

- C'est ainsi que les Hystangs nomment le peuple de mon père qui était aele. Sans doute parce que leurs ailes et leur majesté les associent aux dieux et tu sais combien les Hystangs sont révérencieux envers les déités. Je n'ai pas d'ailes mais j'ai hérité de sa peau, des traits et de la corpulence de mon père. Tu me dois un certain respect...Lui répondit Cassiopée d'un œil malin.

- Ceci dit. Je crois que cette épreuve en renforcé mon lien avec Issac. Je pourrais te dire maintenant où il se trouve et que tu vas bientôt pouvoir croquer dans de la bonne chair bien fraîche. Qu'en dis-tu "La louve", est-ce un assez bon déjeuner pour toi ? Tu aurais quand même pu me prévenir que tu te transformais ainsi...

Le paysage autour d'elles se vallonnait peu à peu et on pouvait apercevoir très au loin les premiers escarpements précurseurs des Monts Pâles. Mais si loin encore...

-Ça n'en finit pas, on est encore loin. On n'arrivera jamais à temps !

Lùthien grogna à la remarque de Cassiopée. Effectivement, l'elfe avait du mal à voir comment elles pourraient arriver à temps. Toutefois, elles n'avaient pas vraiment le choix. A vol d'oiseau, le chemin leur prendrait une semaine. Seulement, il fallait encore traverser l'Yrio, le seul pont étant au bourg de scrives. Et une fois à Scrives, suivre la route était le plus simple.

Elle poussa un soupir.

En dirigeable, on irait sûrement plus vite. Ou si Issac avait sa taille adulte, il pourrait t'emporter jusqu'à Vaelin. Peut-être même avec moi...

L'elfe détailla le dragonnet pour essayer d'évaluer son envergure une fois adulte. Elle haussa rapidement les épaules, n'ayant aucune connaissance en anatomie dragonnienne si ce n'est celle de savoir où frapper pour les tuer.

Notre seule chance, c'est de trouver un raccourci. Peut-être pourrons-nous nous renseigner à la Baronnie.

Le corps perclus de douleurs et de courbatures, Cassiopée pouvait enfin voir les prémices de l’étroit passage qui menait vers la Baronnie de Hautemarches. Les versants presque verticaux qui conduisaient à la ville étaient dépouillés de végétation et seules quelques cascades dégringolaient des aplombs. La température avait bien baissé et les deux femmes envisageaient sérieusement d’acheter des peaux de demi-saison quand elles seraient au bourg. Il était temps de se refaire une garde-robe adaptée.
Cassiopée eut un geste presque inné pour rechercher de la chaleur à proximité et sans même qu’elle s’en rende compte sa peau se recouvrit d’une substance aqueuse et chaude qui se mêla à sa sueur en la protégeant de l’air frais ambiant.

Ne souhaitant pas s’attarder dans la passe de la Baronnie, elles firent une courte pause. Elles voulaient la franchir d’une traite car elles craignaient les mauvaises rencontres même si la visibilité était bonne. Les récits de pièges montés par les eschoriens destinés à décimer les troupes du Sud se rappelaient à leurs mémoires, les rendant prudentes même si les routes étaient plus sûres maintenant que la paix était installée. La traversée du boyau se fit sans encombre mais à un rythme que Cassiopée ignorait être capable de tenir.
Ces longues chevauchées en compagnie de Lùthien l’avait endurcie et musclée.

Elles arrivèrent enfin aux portes de la ville où une garnison en limitait l’entrée.

Les deux femmes et leurs juments étaient fourbues. Quand les gardes leur demandèrent la raison de leur venue en ville, leur réponse concernant leur voyage jusqu'à Vaelin leur valût un regard respectueux et une entrée sans encombre. Parfois, la vérité ouvre toutes les portes. Le plus jeune des gardes leur indiqua l'adresse d'une auberge confortable où deux femmes ne seraient pas embêtées.

Lùthien le remercia, tout en pensant qu'elle aimerait bien être embêtée, d'une manière ou d'une autre, et se renseigna sur la présence de thermes, plus courantes dans le Nord du pays. Le garde confirma et indiqua le chemin.

Quitte à faire une halte, autant se délasser un maximum, fit Lùthien à Cassiopée.

Elles se rendirent donc à l'auberge du "Jeune Maître", où elles prirent une chambre avec deux lits. Puis, elles firent chemin jusqu'aux thermes où l'eau chaude leur sembla un luxe inouï. Toutefois, l'esprit de Lùthien ne quittait pas de vue leur itinéraire.

Il nous faudrait un point de passage de l'Yrio au nord, qui nous mènerait à la route de la Mer de Gelden, on gagnerait au moins 3 à 4 jours. Seulement, je ne connais pas la région, je ne sais si un tel point existe. Et si nous partons dans cette direction sans assurance, nous pourrions au contraire perdre un temps précieux.

Les yeux dorés de l'elfe se posèrent sur Cassiopée.

Et toi, connais-tu le coin ? Ou quelqu'un qui pourrait nous renseigner ?