Ce récit est une suite aux évènements survenus dans Résurgence.
Résumé :
Cassiopée, maintenant accompagnée d'un jeune compagnon qui n'est autre que le dragonnet Issac, part à la recherche de sa mémoire. Elle s'est découvert des liens d'un type étrange avec le dragon et voudrait bien savoir ce que tout ceci cache.
Alors qu'elle s'éloigne de Galeon, elle rencontre Lùthien...
Les auteurs :
Lùthien est jouée par Grendelor
Cassiopée est jouée par Cassiopée
Couleurs des dialogues :
Lùthien : orange
Cassiopée : turquoise
11:29 - 28 févr. 2022
Avec un sourire, l'elfe mit la dernière lanière de viande dans la gueule d'Issac.
Bien, tu deviendras un grand dragon, fort et poli !
Et elle éclata de rire, un son de cascade cristalline. Lùthien réfléchit en observant le dragon avaler sa viande et Cassiopée le couvant du regard. Tout à coup, elle déclara :
Si tu veux retrouver la mémoire, ou du moins en savoir plus, je connais un endroit parfait pour ça : la bibliothèque de Vaelin. Le problème, c'est que Vaelin est une cité volante qui se déplace sans arrêt.
L'elfe s'assit dos à un arbre et leva les yeux au ciel tout en continuant sa réflexion.
Nous sommes au printemps, dans le bois près de Belle-Alliance... Il y a une tour pour rejoindre Vaelin ici, mais à cette époque de l'année Vaelin est à Eschorie... Est-ce que nous serions capables de la rejoindre avant qu'elle ne parte pour la Chaîne des Ténombres?... Hum... La Chaîne des Ténombres... Voilà qui serait amusant...
Tout en réfléchissant à voix haute, Lùthien passait en revue le contenu de son sac à dos.
Amusant mais pas très prudent. Un soupir lui échappa. Cela reporterait à l'automne et Sul-Atre... Elle haussa les épaules. Pourquoi pas, mais cela fait beaucoup d'attente.
Lùthien releva les yeux sur Cassiopée.
Qu'en penses-tu?
11:58 - 28 févr. 2022
Les dragons ronronnent. C’est du moins ce que Cassiopée constata pour la première fois depuis qu’Issac était né. Repu, il s’était pelotonné dans les bras accueillant qui l’enveloppaient doucement.
Cassiopée écoutait cependant l’elfe d’une oreille attentive.
- Es-tu en train de me dire que tu te proposes de nous mener vers Vaelin ? Comptes-tu rester avec nous ?
J’avoue que l’idée ne me déplairait pas et je doute en entendant le contentement d’Issac qu’il soit contre.
Mes seuls buts aujourd’hui sont de veiller sur Issac en attendant qu’il puisse le faire lui-même et de donner un sens à tous ces petits bouts de mémoire qui m’effleurent à longueur de temps sans que je puisse en tisser un petit bout de trame. J’ai la sensation continuelle d’être en petits morceaux.
Tout d’un coup, elle s’agita, réveillant le dragonnet qui sauta à terre.
- Oui ! Tu as raison partons pour Eschorie !
Mais soudain, elle prit conscience de la distance qui les séparait des Monts Pâles. Elles se trouvaient au Sud de Ter Aelis, il leur fallait traverser le pays entier pour rejoindre le nord…
Elle se regarda, habillée trop légèrement pour les froids de ces régions….
- Mais nous devrions passer par Belle Alliance afin de nous équiper. C’est un long voyage…
Quelle idée de partir à l’aventure avec une quasi inconnue… Mais plus rien n’avait de sens alors, pourquoi pas !
18:57 - 28 févr. 2022
Lùthien regarda Cassiopée avec étonnement. Effectivement, il semblait bien qu'elle ait décidé de les accompagner. Pourquoi? Elle ne savait pas vraiment. Certainement l'ennui. L'envie d'aventure. Même si en principe, suivre la route jusqu'à Eschorie n'était pas vraiment une aventure. Toutefois, l'elfe n'avait jamais vu Vaelin. Et elle était curieuse de voir ce qui allait résulter de tout ceci. Elle avait des doutes sur le fait qu'il soit bien raisonnable d'aider quelqu'un du Sang à retrouver la mémoire. Mais c'était amusant.
Tu as raison, il faut nous équiper. Outre des habits adaptés et de la nourriture, il va falloir trouver un moyen de se déplacer rapidement. Même en courant tout du long, je ne suis pas sûre d'arriver à temps. Et je ne sais pas si tu pourrais tenir le rythme. Mais les chevaux ne m'aiment pas... Bon, nous verrons ça une fois sur place. Direction Belle-Alliance.
Lùthien se releva, passa son sac à dos et commença à marcher d'un bon pas vers l'ouest pour rejoindre la route menant à Belle-Alliance. Le soleil était haut dans le ciel et elles avaient une chance d'atteindre la route avant le soir. Enfin, selon le rythme de marche de Cassiopée et d'Issac.
11:51 - 1 mars 2022
Elles quittèrent la forêt le surlendemain soir seulement. Lùthien se chargea de chasser leur pitance au grand plaisir d’Issac qui roucoulait avec ferveur quand venait l’heure du repas. L’elfe marchait vite et imposait un rythme que Cassiopée s’évertuait à suivre, mais celle-ci avait la sensation que son pas s’apparentait bien souvent à la course. Elle se laissait mener par cette étrange personne sans arrière pensée. L’idée d’aller enfin vers la connaissance lui donnait des ailes. Issac disparaissait régulièrement mais ne les perdait jamais. Il suffisait que Cassiopée s’inquiète de son absence pour qu’il surgisse du bois.
Lùthien s’arrêta à la lisière de la forêt à la tombée de la nuit, préférant installer leur bivouac à l’orée des arbres, pas trop près de la route qui les mènerait à Belle Alliance.
D’où ils se tenaient, ils pouvaient contempler au loin la capitale qui méritait amplement son surnom de perle.
Le soleil descendait se coucher et la teintait de teintes rose et dorées qui faisaient scintiller les marbres de la cité.
- Nous serons demain à Belle Alliance. Il serait bon de prévoir un bain dans l’Yrio avant d’arriver. Je ne sais pas pour moi, mais tu sens la bête à plein nez.
14:33 - 1 mars 2022
Tu as raison, Belle-Alliance n'est pas Galéon. Notre odeur s'y ferait remarquer. Issac aussi aurait besoin d'un bain. J'ai entendu dire que les jeunes dragons devaient régulièrement se baigner pour éliminer leur mue en grandissant. Et puis ça évite l'installation de parasites.
Nous prendrons un bain demain, j'ai ce qu'il faut. Pour le moment, mangeons et dormons.
Lùthien installa un feu où elle fit cuire un lapin pour elles deux, gardant le second cru pour Issac. Elle sortit de son sac sa récolte du jour pour agrémenter le repas : quelques noisettes ayant échappé aux écureuils et de la ciboulette qui parfuma agréablement le lapin. Ensuite, elles se couchèrent dans les herbes douces du printemps. Lùthien ne s'inquiétait pas d'éventuels prédateurs, elles étaient trop proches de la route, et les voyageurs ne pouvaient les voir depuis celle-ci.
Le lendemain, elles firent un tour par l'Yrio, l'elfe fournissant un savon cendré qui les décrassa en profondeur et fit briller ses cheveux bruns, qui commençaient à être un peu trop longs à son goût. Elle sortit de son sac une tenue de rechange, identique à celle qu'elle avait, mais propre : un pantalon en cuir noir moulant, un débardeur noir qui laissait voir son tatouage ainsi qu'un pull en laine noire à large encolure.
16:35 - 1 mars 2022
- Tu as tout d’une elfe noire ainsi !
Ironisa Cassiopée tout en méditant intérieurement cette apostrophe. L’elfe pouvait très bien avoir des origines du côté sombre après tout.
De son côté, elle ne pouvait nier la lumière qui irradiait toujours un peu de sa peau et de la blancheur de ses cheveux. Elle avait peu de vêtements et dut laver la tenue de cuir souple et fin qu’elle portait. Sa besace ne contenait qu’une robe qu’elle n’avait pas l’intention de porter pour voyager, une cape de coton graissé qu’elle gardait en cas de pluie, quelques outils et des herbes médicinales toujours indispensables.
Le cuir fin séchait vite s’il ne pleuvait pas et en ce jour de printemps, le soleil avait décidé de montrer son nez.
Elle profita de ce moment de nudité improvisé pour laver Issac qui apprécia profondément les caresses savonneuses. Il fit le fou dans le courant, plongeant, sautant et faisant jaillir de sa garde des fontaines d’eau qui leur permit de bien rire.
Une fois vêtues et respirant le doux parfum des fleurs des prés qui embaumaient le savon, elles rejoignirent la route. Issac refusa des les accompagner, il préférait longer la rivière pour remonter vers la ville.
Comme il était encore tôt dans la journée, la route était vide de toute humanité. Les oiseaux pépiaient et s’activaient parmi les arbres bourgeonneux.
07:21 - 2 mars 2022
J'aime le noir. Et je suis une elfe sylvestre. Comme tout le monde, je porte une part de ténèbres, mais j'essaie d'en faire bon usage.
Tout en devisant, les deux femmes avançaient sur la route, d'un pas rapide, mais plus lent que dans la forêt. Lùthien était contente qu'Issac soit resté près de l'eau, ça évitait de trop attirer l'attention. Deux femmes seules n'était pas forcément surprenant mais avec un dragon... L'elfe avait l'habitude de passer inaperçu. C'était une seconde nature chez elle que de se fondre dans la masse.
Le soleil montait dans le ciel et la route de remplissait de gens se rendant à Belle-Alliance, marchands, paysans, quelques nobles à cheval les dépassèrent sans un regard. Mentalement, Lùthien faisait la liste de ce qu'elle allait devoir acheter et grimaçait en pensant au prix qu'elle allait devoir payer dans cette ville cossue. Elle aurait préféré Galéon...
Bientôt elles virent apparaitre les hautes tours de Belle-Alliance ainsi que les faubourgs. Il était midi quand elles franchirent les hautes murailles les menant au quartier marchand.
Bien, il nous faut de la nourriture : si je peux chasser la viande, ça prend beaucoup trop de temps de chercher des baies et des tubercules. Je dois passer chez le bottier faire ressemeler mes bottes, un long chemin nous attend. Il nous faut de quoi bivouaquer plus confortablement, des vêtements chauds, tentes et amadou pour le feu. Que fait-on pour le transport? On continue à pieds?
16:46 - 3 mars 2022
-J’avoue que je n’imagine pas faire tout le parcours en allongeant le pas derrière toi. Je pense que des chevaux nous sont indispensables. J’ai cru t’entendre dire que les chevaux ne t’aimaient pas trop ?
La moue que fit Lùthien allait bien dans ce sens pourtant en réfléchissant à leur situation, Cassiopée n’imaginait pas un autre moyen que le cheval pour se transporter de manière pratique. L’idée de voyager en carriole ne l’emballait pas du tout. Les routes étaient cahotiques et inconfortables pour les roues de bois et de métal.
- J’irai acheter les chevaux, mon travail des mois précédents son départ de chez les kors de Voul Thion m’a rapporté une somme bien largement suffisante que je n’ai pas vraiment entamée. Si tu peux t’occuper du bivouac et de la nourriture, on pourrait se retrouver devant l’hôpital central pour aller ensemble chez un tanneur et un tailleur, qu’en dis-tu ?
12:40 - 4 mars 2022
Avec un soupir, Lùthien répondit :
Très bien. Prends 2 chevaux, endurants et placides. Très placides. La plupart du temps, je ne resterais pas à côté, mais je pourrai avoir besoin de monter parfois. On se retrouve tout à l'heure.
L'elfe partit donc acheter ce qui leur manquait, contente d'avoir un travail régulier à Galéon et d'être économe de nature. En deux heures, elle avait trouvé tout le matériel et avait même eu le temps de faire raccourcir ses cheveux. Elle se posta près de l'hôpital central et attendit sa compagne.
11:10 - 5 mars 2022
L’arrivée en ville ne fut pas de tout repos pour Cassiopée. La promiscuité d’une foule grandissante aux abords de la civilisation l’incommodait. Elle manquait d’air et son inconfort augmentait avec le monde. Elle dut questionner plusieurs personnes avant d’envisager à quel maquignon elle pouvait acheter des chevaux.
Avant de passer les portes, Issac l’avait discrètement rejointe. Il était pelotonné dans une large toile qui ceinturait son thorax sous sa cape. Le contact si intime avec son dragon la rassurait, elle aimait sentir le contact des écailles sur sa peau.
Quand il Issac tentait de sortir sa tête du tissu, elle l’y faisait rentrer illico. Pas question qu’il se fasse remarquer !
Pourtant son arrivée chez le maquignon ne fut pas de tout repos. Elle ne pouvait approcher les chevaux sans qu’ils s’écartent d’elle violemment, effrayés et sentant la présence du dragon. Le vendeur s’approcha d’elle :
- Hé ! Arrêtez de maltraiter mes bêtes vous !
- Vos bêtes sont bien sensibles on dirait. Que feraient-elle face au moindre danger si elles se carapatent quand je les approche. Je cherche deux chevaux capables de faire face à la vie. Vous avez ça ?
L’homme la dévisagea ouvertement. Bien que grande, Cassiopée était fine et seul son port en imposait. La noblesse des traits transparaissait sous la laine de ses habits.
-Vous êtes prêtes à payer correctement ?
- Si je trouve les chevaux appropriés pourquoi pas.
L’homme lui fit signe de la suivre. Ils circulèrent parmi les chevaux peureux. Le marchand grognant constamment face aux réactions de ses bêtes. Il la regardait en coin, méfiant.
Il s’arrêta devant un box placé à l’écart.
- Celui ci n’aura pas peur… gronda le maquignon.
Les chevaux étaient au fond de l’abri. Noirs sur fond noir. L’un d’eux tourna la tête vers eux en montrant les dents et tapant du sabot.
- Un peu agressif non ?
- Ce sont des chevaux guerriers. Il faut savoir ce que vous voulez.
Cassiopée fit un pas vers le cheval qui se dressa sur ses pattes arrière.
- Hooo, Fougueux ébène ! Dit-elle en levant le bras. Alors qu’elle poursuivait son chemin vers lui d’un pas assuré, Issac sortit la tête et émit un pépiement que Cassiopée arrêta de la main.
Cependant le cheval, à nouveau sur ses quatre pattes l’avait entendu et baissant la tête s’approcha de Cassiopée.
-Whoua ! Vous êtes douée ! Je vous embauche pour les dresser ceux là si vous voulez ! s’exclama le marchand.
Cassiopée émit un rire clair qui contrastait avec l’autorité qu’elle venait de déployer. Mais elle n’avait pas du tout l’intention de préciser au vendeur qu’elle n’y était que pour peu de choses.
Trouver un deuxième cheval parmi ses semblables guerriers ne fut pas difficile.
La négociation sur le prix de vente fut lui beaucoup plus rude. Le maquignon était roublard au possible.
Elle acquit cependant deux belles juments guerrières aussi sombres l’une que l’autre pour un prix qu’on pouvait estimer correct et se dirigea vers le lieu de rendez-vous prévu, une bride dans chaque main.
14:04 - 5 mars 2022
Lùthien vit arriver Cassiopée suivie de deux juments noires. A leur large poitrail, elle reconnut des chevaux de guerre et sourit. C'était exactement ce qu'il leur fallait. Seulement, elle n'était pas sûre qu'elles pouvaient s'en payer. Cassiopée visiblement avait pu. C'était les seuls capables de supporter son odeur de loup sans broncher. Cependant, elle n'avait encore jamais essayer d'en monter et ne savait pas comment la jument réagirait.
Parfait, fit l'elfe. Attachons-les ici, montrant une écurie prévue à cet effet avec deux gardiens, j'ai repéré les boutiques à quelques pas d'ici.
Payant les gardiens d'une pièce d'argent (ils avaient déjà un salaire mais un pourboire assurait un bon traitement, surtout à deux bêtes pareilles), les deux femmes se dirigèrent dans une rue serpentant sur leur droite. Là, s'étendaient les tailleurs et marchands de cuir.
Lùthien s'acheta deux capes fourrées et huilées, noires bien entendu. Elle fit ressemeler ses bottes et acheter une paire de rechange au cas où. Elle prit aussi une paire de chausses fourrées, deux chemises à manches longues et un autre pull en laine. Elle craqua sur une magnifique écharpe en soie noire irisée et regarda son pécule fondre avec horreur. Lùthien acheta aussi des fontes pour les chevaux afin de mettre tout leur bardas dedans, bardas qui commençait à être conséquent. Mais on ne part pas sur les routes pendant 2 à 3 mois sans préparation.
Le soir tombait quand elles finirent leurs emplettes.
Je propose de nous trouver une auberge pour la nuit et de partir au lever du soleil demain. Qu'en penses-tu?
19:50 - 6 mars 2022
Chargée de son lourd paquetage qu’elle tenait à plein bras et qui débordait du grand sac en toile qu’elle avait acheté, Cassiopée acquiesça de la tête. Elle n’avait pas souvenir d’avoir un jour été en possession de tant de vêtements d’hiver. Tout cela était bien lourd et encombrant. Mais elle avait scrupuleusement suivi les conseils de son acolyte.
Elles récupérèrent les chevaux qui avaient été nourris et soignés. Payer le palefrenier fut une nouvelle dépense qui bien que minime greva leur budget restant. Elles ne pourraient pas se payer un palace pour la nuit. Elle optèrent donc de quitter le centre. Avant de partir, elles choisirent la jument qui leur reviendrait afin de les charger de leurs bagages.
Cassiopée élut pour compagne de voyage la jument qui avait si bien répondu à l’injonction discrète d’Issac et la baptisa Ténébreuse.
Elles optèrent pour une petite auberge qui servait des repas simples mais copieux.
Une fois la soupe garnie de pain et de fromage engloutie, elles montèrent directement dans leur chambre où les attendait un grand lit qu’elle se partageait.
Il y avait bien longtemps que Cassiopée n’avait pas eu de matelas aussi confortable même si celui-ci ne consistait qu’en un sanglage minutieux de paille et qu’elles durent utiliser leurs propres couvertures.
La nuit venait à peine de tomber mais le sommeil les assena brutalement. La prochaine aube les tirerait du lit bien assez tôt.
19:05 - 8 mars 2022
Le coq n'avait pas encore chanté que déjà Lùthien secouait Cassiopée pour la réveiller. Après un petit déjeuner chaud, elles allèrent récupérer leurs juments. Celle de l'elfe broncha en la sentant approcher mais dansa à peine quand Lùthien y accrocha ses fontes. La menant par la bride le temps de sortir de la ville, elle lui parlait doucement en elfique afin de la rassurer. Elle renâclait de temps en temps quand Lùthien s'approchait trop.
Une fois sorties, Lùthien les fit se mettre sur le bas-côté de la route.
Il est temps de voir si elle peut me supporter.
Et d'un mouvement souple, l'elfe se mit en selle. La jument hennit et roula des yeux, dans sur place mais ne se cabra pas. Lùthien lui fit faire quelques pas et la jument répondit. Avec un sourire, l'elfe lui parla doucement tout en lui flattant l'encolure.
Bien, ce sont de très bonnes juments de guerre que tu nous as trouvées. Bronwe pourra me prendre en cas de besoin. Maintenant, nous allons tester leur allure. Si possible, nous ferons le trajet au trot jusqu'à midi pour voir leur endurance.
D'un claquement de langue, Lùthien fit partir Bronwe au trot et la ramena sur la route où elle partit d'une foulée bien cadencée.
10:15 - 17 mars 2022
La route serait longue pour atteindre Eschorie. La plaine semblait à présent se fondre dans l’horizon. Les derniers labours battaient leur plein. La terre prête à recevoir sa semence fumait encore sous le soleil matinal. Le printemps faisait bourgeonner les plantes et dans les bosquets les oiseaux s’en donnaient à cœur joie.
Sensible à la nature Cassiopée entendait battre le pouls de la terre et s’en imprégnait. Elles suivaient le cours de l’Yrio, remontant vers le Nord depuis quelques jours déjà. Le temps leur avait été clément et leur équipement leur permettait de passer les nuits encore froides sans soucis.
Tout semblait à sa juste place. Pourtant une angoisse étreignait le ventre de Cassiopée dès qu’elle laissait son esprit se perdre. Seul Issac parvenait à lui faire reprendre pied dans la beauté du monde.
Elle était incapable de nommer les causes du nœud qui se formait en elle, mais il était là, toujours présent.
Elle écoutait tranquillement les clapotis de l’eau qui courait à leurs côtés quand cette boule se serra avec une telle brutalité qu’elle se retint de gémir. Sa respiration coupée par l’angoisse qu’elle provoquait se fit hachée. Il lui fallait de l’air.
Elle talonna son cheval sans trop y réfléchir jusqu’à l’amener à galoper à toute allure. Elle l’encourageait du talon à poursuivre son envolée et l’air qui sifflait sur ses joues envahissait ses poumons. Le vent ! Le vent était si bon ! Il la purifiait, la vidait.
Sa Ténébreuse filait vers un petit bois sans se soucier d’abandonner Lùthien derrière elle. Issac, se cramponnait à son épaule en enfonçant ses griffes dans sa peau mais elle s’en souciait peu. Soudain, celui-ci siffla un avertissement et Cassiopée liée à lui par l'esprit et sentant l'urgence de l'appel arrêta violemment la course folle de sa jument.
- Qu’y a t-il ? Questionna t’elle en chuchotant.
Elle n’était plus qu’à quelques mètres du bois. Que se cachait-il à l’intérieur ?
19:09 - 24 mars 2022
Lùthien avait vu Cassiopée partir à vive allure sur sa jument sans s'en émouvoir. Cassiopée semblait morose et l'elfe pensait que ce brin de folie lui ferait du bien. Elle-même marchait d'un pas allègre à quelques distances de Bronwe qui s'habituait à sa présence. Lùthien avait chassé le jour précédent et sa jument était chargée des restes d'un jeune cerf.
Elle suivit des yeux la course folle de Cassiopée et repéra le bois vers lequel elle semblait se diriger. Un coup de vent lui fit parvenir une odeur qui lui dressa les poils sur les bras. Elles étaient 5, un mâle, deux femelles et 2 bébés. C'est ce qui poussa Lùthien à se mettre à courir à toute vitesse. D'un sifflement, elle incita Bronwe à la suivre.
Quand elle rejoignit Cassiopée, celle-ci venait juste de stopper à l'entrée du bois, Issac sur son épaule roulant des yeux. L'elfe posa doucement une main sur la jambe de Cassiopée.
Un groupe de Licornes. Attention, il y a des bébés. Leur odeur est... bizarre. Comme souffrante. Elles risquent d'attaquer et elles sont de féroces combattants, surtout avec des jeunes à défendre. Chuchota-t-elle.
Un hennissement strident leur parvint, suivi d'un bruit de cavalcade. Les licornes les avaient entendues.