[CNE] Fête de la survie

Heureuse comme on peut l'être quand on est libre comme l'air après avoir trop travaillé, Luyten s'était presque jetée dans les lieux les plus garnis de monde. Elle goûtait la promiscuité et se mêlait aux conversations qui ne la concernait pas pour le simple plaisir de partager quelques mots ou un simple sourire. Les courses de motos n'avaient pas encore commencées et n'étaient pas prévues avant quelques heures. Elle décida donc d'aller boire un verre.
Lorsqu'on est seule dans la foule, on peut être vite repérée. Elle s'installa près d'un groupe de jeunes femmes qui chantaient, leur verre en main. Elle souriait en les enviant un peu.

Soudain le nom Ediator parvint à ses oreilles. Cherchant de toutes parts d'où provenait le mot, elle finit par repérer un homme de haute stature attablé à quelques pas d'elle avec deux jeunes femmes plutôt jolies. En écoutant mieux, Luyten fut convaincue qu'elle avait devant elle des membres de son propre clan.
La solitude lui pesa soudain.
Elle observa la petite équipe encore un moment, oubliant le monde alentour. Puis n'y tenant plus, elle plongea vers eux en tendant la main vers la première venue.

- Bonjour ! Excusez-moi de vous déranger.

Elle avait pourtant bien l'impression d'être un cheveu fort dérangeant sur la soupe et l'homme grimaçait déjà. Avalant sa salive, elle poursuivit :

- Je m'appelle Luyten Ediator...

Le cheveu sur la soupe parut se perdre pour laisser place à un intérêt modéré.

- Je réfléchissais que nous étions du même clan et que... Peut-être... C'est rare... Peut-être que nous pourrions rassembler nos capacités et participer aux concours ensemble. Nous sommes un petit clan, mais nous sommes astucieux, n'est-ce pas ? C'est l'occasion ou jamais de nous faire remarquer. Si nous nous lancions dans la lutte contre les Afférents ! Ils sont trop forts, c'est sûr, mais peut-être qu'avec un peu plus de chance...

Son entrain qui était monté à des sommets d'enthousiasme redescendait au fil de son monologue devant le silence qu'elle avait suscité dans le groupe.

Meylis était joyeuse, et bien que l'alcool y ait fortement contribué, il n'était pas seul responsable. Elle s'estimait chanceuse d'avoir croisé Sawel dans ce bar. Elle passait un excellent moment ! De plus, elle avait pu faire la connaissance de Kellen, une femme des plus adorables.

Ayant pas mal dansé, Meylis décida de faire une petite pause et de commander une boisson désaltérante. Kellen fit de même. Pour s'assurer un lendemain paisible, il fallait apprendre à alterner avec des boissons sans alcool. C'était la règle ! Et puis, autant ne pas gâcher d'avance la journée du lendemain avec un mal de crâne monumental.

Le sujet de la discussion s'orienta à nouveau vers leur clan. Elle s'apprêta à expliquer en détail son travail au sein de l'entreprise lorsqu'une femme fonça droit sur leur table. Elle s'approcha, surexcitée et gênée à la fois, et serra la main de Kellen. Elle se présenta à eux. Elle s'appelait Luyten Ediator et était donc originaire du même clan qu'eux. Meylis observa les deux autres. Visiblement, eux non plus ne la connaissait pas. Devant l'absence de réponse de la part de ses interlocuteurs, Luyten enchaîna. Elle proposait une alliance de nos talents pour participer aux concours scientifiques de la Fête de la Survie. Une fois qu'elle eut terminé, un nouveau silence gêné s'installa dans le groupe. Meylis fut la première à le rompre et tendit une main chaleureuse vers la jeune femme.

- Bonjour Luyten. Je me présente : Meylis Ediator. Je suis médecin au sein du clan.

Elle jeta un regard à Kellen et son supérieur. Leurs visages étaient à nouveau plus ouverts et Kellen souriait timidement à Luyten. Meylis considéra qu'elle pouvait donc se permettre de l'inviter à leur table.

- Je t'en prie, assieds-toi avec nous. Tu veux boire quelque chose ?
Pardonne ma réaction lente, tu es tellement spontanée et énergique que, pour le coup, tu nous as tous surpris !

L'évocation d'une lutte contre le clan Afférent avait éveillé sa curiosité. Elle brûlait d'envie d'en savoir plus.

Adriel se lança sur le circuit une première fois. Les courses il n'y a que ça pour se sentir vivant. L'adrénaline, la liberté en pièces maîtresses, il y alla un peu avec retenue au début avant de se laisser complètement prendre aux jeux et aux divers circuits.

Lors de sa première course, il avait terminé 5ème. Insuffisant pour prétendre gagner un beau caillou aux teintes bleutés. Il était désormais temps, de passer à un cran supérieur. Il y avait des blessés, la sécurité des circuits étant, en somme, toute relative. Il trouva cela d'ailleurs étrange. Dans l'aile bâbord, les pilotes étaient protégés. Ici, on semblait ne pas s'en faire.

la prochaine course commençait dans une heure. Le garçon des fanges alla donc refaire le plein de son engin avant de se diriger au prochain circuit. Il s'enregistra sur le prochain départ. Il lui restait maintenant quarante minutes avant de s'aligner pour le départ. Le temps que les parieurs envoi leurs pronostics. Quelques rares personnes avait parier sur lui. le départ lui semblait être dans une éternité.

Il pensa à Elis. Il se dit qu'il n'avait plus le droit à l'erreur et cette fois, il terminerai sur le podium, ou mieux il finirai premier se lança-t-il comme défi. Cela impliquait donc une plus grande prise de risque mais aussi les gains tant attendus qu'il espère.

A mon tour, c'est pas trop tôt...

Joan avança en direction de l'estrade, et se présenta face au jury. Il semblait parfaitement à l'aise, et installa son projecteur holographique avant de prendre la parole d'un débit soutenu.



- Mesdames, Messieurs, bonjour, c'est un honneur et je suis très honoré d'être là. Sans plus attendre, je vous présente l'un de nos derniers prototypes pour lequel mon laboratoire souhaiterait des financements. Il s'agit d'un prototype de munition létale appelé C-One, vous comprendrez pourquoi. Je passe sur les détails classiques d'une munition, le percutant, le revêtement, bla bla bla. Ce qui m’intéresse, vous intéresse, nous intéresse ici est la partie terminale de la balle. Vous voyez ici en rouge un compartiment rempli de mélange incendiaire dont je ne peux vous dévoiler la composition. Ce mélange, lors du choc avec la cible, active toute la partie violette, qui est un mélange RX-52 de Pentaerythritol tetranitrate. Oui, il s'agit d'une munition explosive. Mais sa particularité vient de la couverture en gris rayé que vous pouvez voir autour. Il s'agit d'un revêtement en nanofibres de carbone qui, lors de l'explosion, pénètrera les tissus jusqu'à environ 35 centimètres de distance.

Il reprit son souffle quelques secondes, le temps de laisser digérer à ses interlocuteurs la quantité d'information, puis reprit :

- L’intérêt d'un tel dispositif est de provoquer un dysfonctionnement général des organes internes lors de la perforation par la balle. Outre les dégâts classiques occasionnés par une munition explosive, le potentiel létal de la munition est très largement augmenté par les déchirures tissulaires occasionnées, ainsi que par la contamination par les nanostructures de carbones du milieu interne de la cible. D'après les simulation, pour une personne moyenne, en imaginant que l'impact ne tue pas, et que des premiers soins superficiels soient effectués assez rapidement, les dégâts internes et les nanorésidus seront suffisant pour provoquer un décès en quelques heures seulement. La puissance d'arrêt relativement faible de la munition est très largement compensée par sa très forte létalité, vous comprendrez donc pourquoi il s'agit d'un projectile d'un très grand intérêt pour la sécurité, notamment pour l'élimination d'individu à fort potentiel dangereux.

Il éteignit rapidement son projecteur, et l'air satisfait, il termina :

- Nous avons également de bon projets d'amélioration futurs, notamment en améliorant les nanostructures avec des composants biologiques pathogènes, mais pour l'instant ces améliorations en sont à un stade trop précoce pour que je puisse vous en faire part. C'est pourquoi le financement que mon laboratoire gagnera nous sera très utile. Sur ce, je vous remercie de votre attention.

Il quitta derechef l'estrade, sans laisser le temps au jury de poser des questions, ou même de réagir à sa présentation. Il déposa une carte personnelle contenant des informations pour le contacter sur le bureau, et s'en alla précipitamment vers la sortie, en laissant la place au suivant.

Bien. J'ai été bon, mais la prochaine fois, je n'irais pas moi-même, quelle purge...

Sawel Ediador se frayait un chemin dans la foule et les trois filles se suivaient de près. Elles avaient toutes trois peur d'être semées en route. Sawel se faufila jusqu'à une petite porte gardée par un homme au teint rouge. Son ventre rebondi n'avait d'égal que les muscles des biceps proéminents de ses bras nus. Il se tenait droit et imposant devant la porte, les bras croisés sur la poitrine.
Sawel lui parla à l'oreille tout en lui glissant un billet dans la main. Il montra d'un geste large les jeunes femmes qui attendaient.
L'homme se glissa sur le côté sans dire un mot et la porte s'ouvrit sur une salle enfumée.
Le niveau sonore de la pièce était à son comble. Les hommes criaient en annonçant leurs paris.
Luyten ne fut pas longue à s'apercevoir que le taux des paris dans cette salle étaient sans commune mesure avec ceux qui prévalaient dans la rue.
Elle glissa une main incertaine vers la poche intérieure de sa veste pour tâter sa carte de crédit. Elle grimaça en pensant au solde mensuel, mais haussa l'épaule l'instant suivant en pensant qu'elle ne serait pas débitée avant une bonne semaine, Fête de la survie oblige. Ce qui la mènerait au mois prochain.
Ce constat en tête, elle écouta avec avidité les offres.

D'un signe de tête, Sawel leur intima de le suivre vers un homme à l'allure élégante en discussion avec un vieux bonhomme qui râlait en secouant la tête en tous sens. Quand ce dernier s'éclipsa, Sawel salua le personnage qui se leva quand il le vit. Il marchait avec la souplesse d'un félin et son sourire, destiné aux jeunes beautés qui accompagnait Sawel, fit battre leur poitrine plus vite.
Il s'adressa cependant à Sawel pour dire :

- Ah ! Te voilà ! Je savais que cette course serait un tollé, mais je n'avais pas imaginé à ce point.

Il s'approcha plus près de Sawel pour lui souffler quelques mots à l'oreille.
Le patron de Kellen sourit jusqu'aux oreilles et cligna d'un œil à son employée.

- J'espère que vous avez de quoi parier les filles...

– Cardésis … Hum innovation dans l’armement non ? Nous avons eut vent de quelques informations ce qui ne vous étonnera point. Au fait, je suis Afel Omni, chargé de sécurité informatique pour le clan.

Un petit clan d’après ses souvenirs, peut être pouvait-ils réussir à avoir des contacts voir récupérer une mission pour son clan. Cela lui vaudrait l’estime de son chef d’équipe, ce serait un début. Voir des matchs de polygone lui rappellerait sa vie au sein du clan Hackerios et si l’homme s’y connaissait réellement des gains substantiels pouvaient être obtenus.

– Des matchs de polygone dîtes-vous ? Pourquoi pas cela fait un moment que je n’en ai pas vu. Votre proposition est honnête et nous laissera le temps de faire plus ample connaissance avant de décider de miser ensemble ou non sur la finale de balle 3D.

Afel resservit Varistan et lui-même et lui proposa d’étaler ses connaissances sur le polygone le temps qu’ils se rendent sur le lieu des matchs où ils pourraient parier.

Un spot informatif dédié aux sports s'affiche sur les écrans et brassards connectés au réseau de la Fête de la Survie. Les résultats des matchs de balle 3D et de polygone apparaissent, une voix les commente en même temps :

Kellen s'était décidée à parier et Meylis put observer que Luyten hésitait également dans ce sens. Après tout, ce n'était pas la Fête de la Survie tous les jours : elle pouvait bien se permettre de faire don de quelques crédits. Autant partir défaitiste, de toute façon les paris n'étaient pas sa tasse de thé et elle avait toujours perdu à ce jeu. Du moins, les quelques fois où elle s'était laissée tenter.
La musique était entraînante et Meylis était presque incapable de lui résister !
Cette ambiance finirait tôt ou tard par la convaincre. Plus tôt elle pariait, plus tôt elle pourrait se laisser aller au rythme endiablé de la salle.

Elle regarda les écrans et essaya de faire son choix parmi toutes les éventualités qui se proposaient à elle. Elle se décida à parier sur la course de moto et son choix se porta sur Adriel. Il était loin d'être le favori, mais c'est justement ça qui lui plaisait, 10 000 crédits feraient l'affaire.
Les rares paris qu'elle avait entrepris dans le passé s'étaient basés sur des côtes, il était temps de varier un peu les plaisirs !
Et puis si le motard venait à lui faire remporter la mise, elle irait le féliciter en personne et lui paierait un verre.

Elle apostropha Sawel et lui signala qu'elle s'était décidée à miser.

- Je ne peux rien te refuser ! lui cria-t-elle en souriant.

Elle finit son verre d'une traite et montra du doigt à son collègue ainsi que ses nouvelles amies la piste de danse qui se trouvait à une dizaine de mètres plus loin.

- Ca vous tente ?? cria-t-elle, commençant à trémousser au rythme de la musique.

Le ton grave du brouhaha allié à la fumée et la promiscuité tournaient la tête de Luyten. Elle repoussa un peu brusquement l'individu qui venait de lui marcher sur le pied. Réflexion faite, elle n'aimait pas trop cette ambiance un peu surfaite où chacun s'exprimait soit en hurlant, soit en chuchotant à l'oreille de son voisin.
Elle avait tout autant envie de parier que partir d'ici dans l'instant.
Mais elle était si heureuse d'avoir trouvé des membres inconnus du clan Ediator qu'il n'était pas question pour elle de les abandonner. Elle aurait préféré un autre genre de pari. Un pari qui aurait donné un coup de punch à son clan en le forçant à sortir le meilleur de lui-même. Mais, Sawell avait d'autres idées en tête.
Pourtant Luyten se sentait l'esprit rebelle. Aussi, quand elle entendit Kellen choisir de miser une part de ses crédits dans la course de moto, elle fouilla dans son sac pour soupeser sa carte de crédit et se dirigea d'un pied ferme vers le contact de Sawell et le regarda bravache :

- Je vais parier 8 000 crédits sur Adriel moi aussi.

Elle savait qu'elle allait sans doute perdre une part de ses économies, mais elle ne pouvait s'empêcher de défier du regard les deux hommes qui l'encourageaient depuis un moment à tout miser sur les Harpies. Elle désirait agir a contrario de ces deux conspirateurs pour le simple plaisir de se sentir libre. La liberté n'a parfois que le prix de la bêtise.

Quand elle entendit la mise de Meylis, elle se sentit d'un seul coup digne membre du clan Ediator.

C'est avec un grand sourire qu'elle la rejoignit sur la piste de danse.

- Tu n'as pas peur de tout perdre en pariant sur Adriel ? Lui cria t-elle par dessus la musique.

Et tout en se tortillant au rythme d'une mélodie venue des enfers, elle décida de boire pour se rasséréner.

L'ambiance commençait à être survoltée. Les gens dansaient, s'alcoolisaient, la musique crachait, saturée, et commençait à lui casser les oreilles. Adriel se concentra alors sur les tableaux de parieurs. Son nom s'affichait, comme à chaque fois, sur la dernière ligne. Personne n'osait parier sur lui. Pourtant, il était arrivé jusqu'à cette course. Il s'était qualifié sans soucis et ne comptait pas s'arrêter là.

Il voyait les paris fleurir. Son nom clignota soudain. Quelqu'un venait de parier sur lui. IL clignota deux autres fois. Il levait les sourcils, surpris et heureux que quelqu'un, le pensait capable de finir cette course.

Il haussa les épaules, souria et termina de faire le plein de son engin. Quelques autres pilotes dont les bolides avaient surchauffer commençaient à regarder sa moto avec envie. Celui qu'Adriel surnommait "le surveillant de course" dans sa tête, arrivait sur lui tout sourire.

"-Fais attention, gamin, les regards commencent à se tourner sur toi. Et un gamin qui a du potentiel attire les convoitises.
-Je suis juste là pour gagner assez de cailloux bleus pour être tranquille
-Tu vois ses hommes assis sur la gauche ?

Adriel apercevait alors quatre hommes qu'ils n'avaient pas remarqué avant.

-Ils sont du gang des harpies noires, ils sont là pour s'assurer que leur coureur arrive dans les cinq premiers pour la dernière course.
-Mais ...
-Gamin, laisse moi t'éclairer : ces courses ne sont pas légales, elles sont justes tolérées en cette période de fête. Alors l'état dans lequel, les gosses comme toi terminent une course, n'intéresse que ta famille si tu en as une."

Et il était retourné à son poste, laissant le jeune homme, terminer de se préparer. Adriel enfonçait son casque et se dirigeait anxieux vers la ligne de départ.

Jusqu'à maintenant, il n'avait eu aucun ennuis, les gens n'osaient pas s'approcher de lui et il ne lâchait pas sa moto, ni aucun mot. Il se contentait de hocher la tête quand quelqu'un le saluait. Il ne connaissait personne ici. Il reconnaissait bien quelques célébrités des fanges.

Ces chances de réussite étaient bien mince mais il était plus que jamais motivé à se sélectionner pour la course folle. Voir des gens parier sur lui, lui donna d'avantages envie de se donner à fond pour cette course.

Les autres s'installaient aussi sur la ligne de départ. Il démarra son engin et quelques concurrents faisait tourner leur moteur à plein régime, dans le but d'attirer le maximum de regards. Les deux tours de chauffe allaient maintenant commencer.

Adriel se concentrait et se lançait avec les autres au signal du départ. Le parcours n'était pas très longs : 3km200 mais semés d'embuches, de virages serrés. Pendant le premier tour, il aperçu les quelques hommes vu plus tôt à la sortie d'un virage en épingle. la course se faisait sur quatre tours. Une course rapide et dangereuse, où il faut absolument être attentif à tout.

Luyten et Meylis avaient tout parié sur un unique concurrent, Adriel ; faisant fi des conseils de Sawel. Kellen se demanda si elle avait eu raison de jeter ainsi son argent et de faire confiance à son chef. Peut-être ses deux compagnes de soirées avaient-elles eut d'autres informations.

Elle les suivit sur la piste de danse encore pensive quand elle entendit la question de Luyten. Finalement, ce ne semblait être qu'un pari à l'aveugle également ! Elle n'avait pas moins mauvaise conscience de sa dépense sur un coup de tête mais au moins, elle ne regretterait pas d'avoir suivi son chef plutôt qu'un pari d'un total hasard.

La musique bien trop forte, alliée aux lumières et à la fumée, eurent bien vite raison de ses petites voix intérieures la sermonnant et la jeune femme se laissa rapidement entraîner par le rythme, oubliant tous ses soucis.

Une sonnerie suffisamment forte pour se faire entendre malgré le vacarme de la salle annonça le départ prochain de la course. Tout de même curieuse, Kellen s'éloigna de la piste de danse pour rejoindre Sawel près des projections permettant d'observer l'évolution de la course et les paris.

La voyant arriver, Sawel s'approcha et proposa de sortir voir directement le spectacle près de la ligne d'arrivée. La voyant hésitante, il lui fit un clin d’œil en ajoutant "On te fera rien avec moi à côté ma belle !".

La course débutait maintenant. Les drapeaux étaient baissés et les concurrents partaient du mieux possible. Chacun sachant qu'un bon départ pourrait faire toute la différence. Adriel était au milieu sur la ligne de départ, assurément l'une des plus mauvaises mais depuis le début les organisateurs n'avait pas été très juste avec lui.

Il amorçait les premiers virages et déjà, il sentait que tout le monde n'arriverait pas au bout de la course. il se concentrait sur sa course et son environnement, il ne valait mieux pas trop approcher des autres concurrents.

Il les voyait se pousser avec les pieds et se donner des coups. Il compris alors ce que lui disait le grand baraqué des contrôles juste avant. Il fronça les sourcils et prit une posture moins agréable mais augmentant sa vitesse. Il était encore en troisième position après un tour et demi. Il lui fallait accélérer et mieux négocier ses virages.

Juste devant lui il remarqua la moto du Baron Ratus, il tentait une approche par la gauche pour le doubler par l'intérieur au prochain virage. Sa roue avant était presque arrivée à la hauteur de celle du Baron quand la moto de se dernier s'encastra dans un fracas immense contre une plaque métallique qui venait de tomber. La plaque rebondit sur sa moto, fissurant son système de refroidissement. Adriel évita de justesse le pire. Il glissait de sa moto, le liquide coulant sur lui. Il dérapait sur près de cinq cent mètres, deux concurrents lui passant devant.

Cette plaque n'est pas tombée toute seule, il remarquait des personnes s'afféré autour du concurrent certainement très gravement blessé ou plus probablement mort. Il ne lui restait maintenant plus qu'un seul tour pour remonter dans la course. Il jura tout ce qu'il pouvait, il avait accumulé trop de retard mais deux concurrents était très proche devant lui. Il pouvait encore sauver les meubles.

IL mit les gaz au maximum, ne réfléchissant plus vraiment, il lui fallait terminer cette course dans les cinq premiers pour espérer faire un résultat à la suivante. IL roulait beaucoup trop vite mais il avait de bons réflexes. Il doubla Salanres sans la moindre difficulté. Stef Édificant lui posa plus de soucis, se rabattant sur lui à la moindre occasion il le faisait ralentir. Cependant Adriel changeant de technique d'approche et attendit un virage en épingle, il savait qu'il lui passerait devant à se moment là. Il affectionnait ce type de virage, et il mit les gaz à la sortie extérieure de la tête d'épingle laissant Stef derrière lui.

Il ne restait que neufs cents mètres de courses et quatre concurrents devant lui. Elice était un peu en retrait et Adriel joua sur l'effet de surprise pour lui passer devant.

Il était furieux : un réservoir à colmater, un circuit de refroidissement à vérifier et du liquide à racheter. Heureusement qu'il avait fait quelques améliorations céramiques à ses pièces sinon jamais il n'aurait terminé la course.

Et surtout il était furieux à cause de cette quatrième place. Les plaques de métal ne tombent pas du ciel. Il appris que le Baron était encore vivant mais qu'il était très gravement blessé et qu'il ne pourrait jamais remonter sur une moto, ni même marcher. Il regarda avec haine en direction des harpies noires.

les hommes était revenus sur la ligne d'arrivée et clamait leur champion. Adriel avançait vers eux avec l'envie sauvage de leur mettre, à tous, un poing dans le ventre ou la figure. Il posa sa moto près de la piste de danse et se dirigea vers le clan en enlevant son casque.

Il sentit une main l'alpaguer.

-Non, lâcha la voix du surveillant de course

Adriel se retourna et hurla

-Ils ont triché

Le surveillant de course, lui tenait maintenant le bras de façon ferme. Il le tira de l'autre sens et le jeta sur les poubelles voisines.

-Calme toi, tout le monde le sait.

-Pourquoi vous ne faîtes rien alors ?

-Parce que personne ne tentera quoi que se soit contre les Harpies.

Adriel était alors encore plus en colère. Il n'avait rien mais il lui fallait frapper sur quelque chose et se fut le métal de la benne juste a côté qui résonna. Il serra les dents et fronça les sourcils. Il venait de se faire très mal. Il regarda son petit doigt gauche visiblement cassé sous le choc. Il se tourna vers l'homme qui depuis l'aidait sans rien savoir de lui.

-Va t'amuser, ça va te calmer, gamin

-Je m'appelle Adriel pas gamin

Sa dernière réplique avait été tranchante. L'homme ne s'en offusqua pas pour autant. Il lui tendit une main pour le relever.

-Je suis Extan, et maintenant décampe.

Adriel retourna à sa moto amer et finalement content d'être, tout de même, qualifier à la course folle et d'être encore entier, à l'exception de son petit doigt.