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[Tradi] Détails d'un Van Eyck
Travail en atelier au Louvre
Je continue mes ateliers au Louvre et celui dure sur plusieurs séances, donc je me suis dit que ce serait intéressant de poster les différentes étapes :)
Cet atelier porte sur la peinture à l'huile des primitifs flamands.
On a eu un premier cours sur la peinture à l'huile (sa composition, sa découverte, ses + et - et leurs prises en compte par les artistes) et l'évolution des différents type de peinture au cours du temps.
Ensuite, le conférencier nous a expliqué que la peinture à l'huile telle que pratiquée par les primitifs flamands s'expliquait par la technique des icônes byzantines, celle des vitraux et celles de l'enluminure (pour les outils de précisions) :
Comme pour les icônes byzantines, c'est de la peinture sur bois, que l'on "travaille" (abrasion et encollage avec de la colle animale) avant d'y déposer plusieurs couche de gesso, un mélange de plâtre "mort", de colle et d'eau.
Pour les icônes byzantines, il y avait une étape de marouflage supplémentaire, car la toile ainsi marouflée permettait de consolider les planches lors du travail des parties dorées (le poinçonnage).
Lors de cette première séance nous avons donc préparé notre planche de contre-plaquée (moins classe que celles en chêne et autres qu'ils utilisaient :p ) avec du gesso. Je n'ai pas pris de photo car je n'ai pas particulièrement intéressant une planche blanche ^^
Lors de la seconde séance, il nous a parlé des techniques des icônes byzantines, pour mieux comprendre les primitifs flamands. Nous avons même été voir certaines oeuvres dans le Louvre, notamment La Pietà de Villeneuve-lès-Avignon de Quarton qui illustre bien la transition entre l'icônographie byzantine classique et les techniques picturales des primitifs flamands (même si c'est un français ;) ) :
Il y a la même préparation du support, un marouflage, un travail à la dorure "classique", mais l'aplat de couleurs réponds plus aux techniques de travail des vitraux de l'époque, avec le jeu de translucidité de la matière picturale. De même, à la manière de Cimabue, il s'éloigne des canons irréaliste de l’iconographie byzantine (qui utilise la panimétrie centrale) sans pour autant maitrise la perspective à point de fuite centrale.
Exemple d'un Cimabue qui ne s'éloigne pas encore de l'iconographie sacrée byzantine :
Lors de cette séance, nous avons choisi un détails d'une œuvre que nous souhaiterions reproduire parmi les proposition du conférencier; j'ai choisi un drapé d'un Van Eyck :
L’œuvre :
Le détail :
Et la suite au prochain épisode ! :) (la semaine prochaine donc ^^)
I must not fear. Fear is the mind-killer. Fear is the little-death that brings total obliteration. I will face my fear. I will permit it to pass [...] through me. And [then] only I will remain.
Et voici la suite de l'atelier :
Nous avons reporté le dessin sur le gesso avec du fusain (en s'aidant d'un calque pour gagner du temps), et nous avons préparé notre grisaille. C'est de l'encre que l'on dilue dans la petite plaque tout en haut de la photo qui suit. ça permet d'avoir un gradient d'encre :
(le modèle :
Ensuite, il s'agissait de ne travailler que les ombres, en commençant à les faire très claire, puis en les assombrissant pour augmenter le contraste. Il fallait aussi veiller à ce que les éléments de premier plan soient plus contrasté que ceux de second plan :
Je ne suis pas du tout satisfaite de ce que j'ai fait. J'ai passé trop de temps a essayer de travailler les ombres de manière claire avant que le conférencier nous dise "il reste 10 min" et j'ai du assombrir le tout très rapidement, ce qui donne un drapé qui n'en est pas un : on ne voit pas le volume. Enfin, au moins je comprends la technique ;)
A la prochaine (et dernière) séance, nous appliquerons la couleurs avec de la peinture a l'huile translucide et nous irons admirer des œuvres des primitifs flamands dans le musée.
J'adorerais suivre cet atelier avec toi.
C'est vrai que tu as peu poussé tes teintes sombres. Elles manquent dans le rendu final. Sinon, tu as bien su reporter les ombres en elles-mêmes. C'est l'intensité qui manque de profondeur.
Merci beaucoup pour ce partage, Haalysse. J'apprécie beaucoup le suivre.
Pour tes ombres, non seulement les valeurs plus sombres ne le sont pas mais il te manque toutes les valeurs intermédiaires! Regarde:
En fait dans ce détail de peinture, il n'y a pas de blanc. Tu pouvais recouvrir l'entièreté de ton papier avec un gris clair moyen directement, en laissant des petits détails blancs ou gris clair pour les reflets des dorures si tu voulais (quantité absolument infime comparé au reste des valeurs).
Le rouge parfois n'en a pas l'air mais c'est une couleur en fait foncée et même les dalles claires du carrelage sont loin d'être blanches.
Et bien en fait le conferencier m'a "interdit" de toucher au blanc. Il n'arrêtait pas d'insister sur le fait qu'il faut du contraste et garder le blanc du gesso car le rouge assombrira tout.
Pour le carrelage, j'ai tout grisé, mais de manière pâle car il voulait que ce soit peu contrasté et clair pour montrer que c'est un second plan. C'était d'ailleurs très frustrant de ne pas mettre les parties noires en très noire ^^
Mais par contre, ouep, au-delà du fait que j'aurais pu garder du blanc comme conseillé, il manque bcp trop de nuances dans mon drapé. j'aurais voulu le ramener chez moi pour le continuer avant la séance prochaine. Je tenterai de refaire qqch chez moi après le cours ! :) la dernière séance a lieu mercredi prochain :)
Et sinon, oui ce genre de cours sont passionnants mais le conférencier nous a avoué que la nouvelle direction du louvre souhaite leur fin. Ils ne communiquent plus dessus depuis plusieurs années pour diminuer le nombre de participants et les annuler. Ils durent jusque juin de cette année. je trouve cela très dommage que ce genre d'ateliers disparaissent. il ne restera que les visites thématiques et simili pratique du louvre (c-a-d de croquis).
Redofre est installé au fond de la classe et écoute le cours en silence.
Avec des huiles normales tu ne laisserais pas de blanc mais je ne connais pas les peintures transparentes que vous utilisez, ni leur intensité ou opacité. En tout cas c'est captivant, j'ai hâte de voir ce que la suite va donner. C'est dommage qu'ils arrêtent ces ateliers dans le future.
Mercredi soir a eu lieu la dernière séance.
Après la phase maigre des dernières séances (bois, gesso, dessin à la grisaille) il restait la phase de colorisation. Pour cela, le conférencier nous a appris que les primitifs flamands (Van Eyck en tête) s'inspiraient de la technique de fabrication des vitraux en travaillant avec les propriétés reflective du gesso et la translucidité de la peinture à l'huile qu'ils utilisaient. Ils coloraient ainsi leur dessin par application de couches successives de glacis. Par exemple, un même drapé était fait d'une seule et même couleur, les effets de volumes ne venant que du dessin sous-jacent !
Pour travailler, voici le matériel que nous avons utilisé pendant la séance :
Je ne sais pas si vous le voyez mais il faut utiliser très peu de peinture (qui est déjà un mélange de pigment et d'huile de nos jours). Ensuite, les deux godets contiennent un médium (mélange d'huile de noix cuite et de résine) et de l'essence de térébenthine. C'est deux produits servent à créer notre glacis. Il faut environs une part de médium (qui a l'aspect d'un gel jaune) avec une part de peinture puis largement diluer le tout avec de l'essence de térébenthine pour former un glacis très transparent. Et ensuite on applique couche par couche.
Voici ce que ça a donné ce que j'ai fait :
Comme vous le voyez, c'est pas joli-joli ^^ Mais nous n'avons eu que très peu de temps pour le faire. J'avais à peine fini de passer une première couche de bleu sur mon drappé pour lui donner de la profondeur qu'il ne restait que 10 min à la séance, je me suis donc empressée de passer du rouge, bah pour qu'au moins ce soit rouge, mais c'était très frustrant ^^ Mais ce qui compte, c'est que j'ai compris la technique et que j'ai hâte de la mettre en pratique !! :D
Passionnant. Par contre, je vois mal sur l'original, la direction des traits de pinceau (on les voit? c'est appliqué comment?). Sur ton rendu tu les as pas forcément appliqués dans la même direction unie (c'est l'idée du glacis aussi, non?) et si jamais on a parlé de moyens de garder une apparence "glacée" (moins voir les poils brossés)?
Merci pour l'article, c'est génial :)
Alors, sur l'original il n'y a pas de traits de pinceau car plusieurs couches de glacis ont été posés. Apparemment, si je continuais, il n'y aurais plus de coup de pinceau.
Lors de l'atelier, j'ai essayé de limiter les coups de pinceau en appliquant le glacis uniformément mais le conférencier a dit qu'il fallait plutôt l'appliquer selon la forme et que c'était normal qu'au départ on voit les coups de pinceau. A la toute fin, si on fait dans les règles de l'art on ne devrait plus les voir et le fait d'avoir peints dans le fil du dessin aiderait à rendre le volume.
Et puis il y a une sorte de pinceau tout doux à appliquer pour limiter cet effet aussi, mais je n'ai pas pris le temps de le faire. Voici le pinceau "miracle" :
(à appliquer lorsque le glacis est pas sec et avec un pinceau sec lui)
Voila voila (: