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[Science fiction] Eautar Cie

Cassiopée, Akhésaë, Taliesin, Haalysse

  • 120 sujets
  • 105 réponses

4 nov. 2015 - 21:59

Cassiopée


Kha souffla comme un rat mort, elle cracha toutes ses tripes pour réussir à achever la série de mouvements attendue. L’entraînement était rude, mais nécessaire. L'étroitesse de son habitacle lui imposait de pratiquer chaque jour toutes les activités prévues par le centre sportif du vaisseau.
Elle ne pouvait se permettre d'arriver toute ramollie sur Echter.
En nage, elle se faufila sous la douche sèche.Vaporisée et nettoyée des moindres parcelles de sueur, elle en ressortit quelques minutes plus tard, le corps reposé et parfumé. La sensation d'être propre après l'effort lui procura un plaisir intense. Elle aimait ces moments là, où elle se donnait à fond pour sentir le réconfort après la tension.
La taille de son vaisseau était très réduite, mais elle avait réussi à y installer un miroir. Bien que petit, celui-ci occupait les deux tiers de la surface murale de sa cabine, mais elle s'en moquait. Elle s'observait en train d'enfiler à même la peau la combinaison qui habillait parfaitement les formes de son corps sans gras. Impossible de faire du gras avec le régime d’ascète et l’entraînement sportif qui lui étaient imposés. Elle remonta sa longue chevelure blonde, presque rousse, et tressa savamment sa tignasse avant de lier les nattes par un lourd ruban élastique phosphorescent.
Mais elle devait se dépêcher aussi donna-t-elle un dernier regard sur ses lèvres asséchées par l'atmosphère en perpétuel recyclage, puis elle cligna des yeux, fermant la porte à la clarté profonde du bleu qui s'y cachait.

Son engin spatial était plus une capsule qu'un vaisseau de ligne. Ainsi l'avait-elle voulu lorsqu'elle avait achevé ses études de spationaute écologique l'an passé. Le petit briseur de ligne qu'elle avait acheté aux frais de l’Établissement recruteur était bien plus performant pour se faufiler dans les recoins de l'Arche de la Sonde que les gros véhicules lents et bourlingueurs. Elle équipait son briseur d'une barge pour transporter les minerais utiles ou les débris à récupérer lorsque le besoin s'en faisait sentir. Mais ici, elle était en simple reconnaissance et la maniabilité de sa machine était un atout indéniable.

***


Kha refit les calculs de tête. Elle avait dû se tromper. Pourtant le compte y était, il n'y avait pas à dire, elle avait sous ses yeux les coordonnées d'une source d'eau. Elle n'en revenait pas. Cette part de la galaxie était réputée pour sa non viabilité par manque d'oxygène et d'hydrogène.
La planète, qu'elle avait baptisée Echter lorsqu'elle l'avait découverte lors de son expédition de zonage, n'était pas très grande. Elle faisait partie des planètes moyennes. Le CEDIS (Centrale d'Exploitation et de Développement d'Incursion Spatiale) lui avait donné l'autorisation de poursuivre plus avant les recherches car elle détenait peu d'information sur le champ spatial du Xéron.
Sur ce caillou, elle découvrait de l'eau ! La CEDIS allait pouvoir la porter au nues ! Cette découverte ouvrait un potentiel extraordinaire pour étendre la conquête spatiale au delà de Xéron. Elle résolvait le délicat problème de fourniture en oxygène indispensable à la survie des hommes et en hydrogène pour alimenter à moindre coût les vaisseaux en carburant.

Le visage de Kah rayonnait de bonheur alors qu'elle équipa sa navette d'une couverture magnétique avant d'entrer dans la magnétosphère d'Echter. La planète rose paraissait bien sèche à première vue pour les yeux avertis de la spationaute. Mais un coup d’œil à ses calculs la rassura aussitôt. L'eau devait sans doute être souterraine. Elle visa la plaine située au pied d'une formation rocheuse relativement récente si elle en croyait les reliefs escarpés.

Un très léger choc informa l'unique occupante de la capsule qu'elle venait d'atterrir sur la terre qui ferait sa gloire. Kah chargea dans son coffre à dos les sondeurs et carroteurs, quelques rations de survie pour le cas où la recherche lui prendrait plus d'une journée et enfila sa combinaison de voyage. C'était celle qu'elle préférait car elle est légère et le masque conservait une certaine souplesse et une excellente visibilité a contrario de celle qu'elle utilisait pour travailler dans l'espace.

Puis, elle posa un premier pied sur la poudre ocre rose de sol.


Haalysse

Il était là. Tout seul.

Il se prélassait en s’étendant de tout son long et en se mélangeant avidement aux petites mottes d’argile sèche et de sable fin qui surmontaient cette zone aride de son territoire.

Il aimait percevoir chacune de ses particules se mélanger à celles, inertes, de cette terre. Il avait alors la impression intime d’être cette terre. D’être lui aussi inanimé et indolent.

Il aimait s’y dilater précieusement lorsque la chaleur était telle qu’il pouvait la sentir s’échapper insidieusement vers cet atmosphère si captivant pour monter, monter toujours plus haut. Il lui était arrivé de la suivre, de s’élever en elle. Mais il n’avait pas pu aller bien loin, l’air se refroidissant et redescendant inévitablement pour le ramener au sol…

Comme à son habitude, il ne s’était pas éloigné de la marre d’eau souterraine dans laquelle il occupait le plus clair de son temps. Il avait à présent l'aspect d’un nuage poussiéreux et rose, et sa couleur se mélangeant à celle plutôt ocre de la berge enjolivait tout particulièrement cette baie rocailleuse. A quelques mètres sous lui, soigneusement cachés sous cette terre poreuse, il pouvait deviner ses compagnons végétaux de toujours. Celle qu’il préférait entre tous était cette immense et sinueuse racine à la peau orangée. Il aimait se tenir contre cette fibre ligneuse, se coller à elle et discerner dans son propre corps les vibrations de sa sève s’infiltrer bestialement et voluptueusement dans ses vaisseaux pour aller fortifier ses extrémités esseulées et recouvertes d’une poudre de bauxite. Il rêvait d’un jour fusionner totalement avec son amie pour comprendre comment celle-ci pensait, ce qu’elle ressentait. Il souhaitait ardemment saisir la sensation d’avoir un liquide chaud et nourricier le pénétrer de part et d’autre. A ces pensées, la brume aux nuances saumon frissonna longuement de plaisir.

Un léger vent frais passait en lui, entre lui, et le caressait agréablement tout en s’introduisant partout. Entièrement soumis à un léger balancement, il heurtait gentiment sur le sol, avant de s’élever de quelques centimètres, pour s’affaisser à nouveau un peu plus loin. Quelques frêles tiges encore tendre d'herbe bleue éphémère osaient occasionnellement le chatouiller et le rafraîchir, avant de décéder face à l’aridité de cet espace.

Décontracté et calme, il se délectait de cette inactivité enivrante. Il se détendait et il se laissait ensorceler par les courant d’air froids et chaud qui se chamaillaient autour de lui.

Et il restait là. Relaxé. Sans notion de temps.

Tout à coup, il sentit un énorme mouvement d’air chaud venir d’en haut le plaquer sauvagement au sol. Il ne compris pas tout de suite ce qu’il se passait, mais il sentit toutes ses particules élémentaires se mélanger chaotiquement et s'exciter violemment dans tous les sens, ne sachant quel flux suivre. Affolé, il se força à revenir au calme et réussit à reprendre sa place. Toutefois, il se trouvait beaucoup plus petit et n’arrivait plus à s’étirer sur toute sa longueur.

Tandis qu’il tentait de comprendre ce qu’il s'était produit, il réalisa qu’un élément exogène s’était posé sur sa rive. Il supposa que cet objet inconnu était la source du vacarme et de l’affolement qu’il éprouvait en lui et autour de lui. Curieux, il décida de rester là où il était, à proximité de cette chose afin de comprendre ce que ça pouvait bien être.

Son premier contact physique, bien que prudent et timide, avec ce tiers exotique l’effraya. Il n’avait pas l’habitude de toucher des surfaces froides et opaques. Ses molécules s’en était promptement éloignée. Il tenta à nouveau l’expérience et fut, cette fois-ci, séduit par la douceur et la fermeté de la substance qui s’offrait à son appétit vorace. Épousant amoureusement la partie basse de cet objet, il continua à parcourir ces formes alléchantes.

Il discerna soudain une agitation au sein de son objet de fantasme : aussi étonnant que cela puisse lui paraître, ce motif à questionnement venait de changer de forme ! Il comprit instantanément que celui-ci s’ouvrait.

Il s’ouvrait ? Comment était-ce possible ? Était-il vivant ?

Cela lui paraissait absurde. Du peu qu’il avait examiné, il ne semblait pas y avoir de vie circulant entre ces molécules de métal. Car il avait bien reconnu ce matériau, bien qu’il fut moins brut et plus raffiné que celui qu’il avait l’habitude de croiser lors de ses rares pérégrinations montagneuses.

Il allait continuer son exploration langoureuse - et peut être même avoir l’audace d’y pénétrer plus en amont - quand il remarqua un nouveau corps étranger émerger. Cet être indéterminé descendait à présent vers le sol. Et il était, lui, bel et bien vivant. Il en était sûr. Mais, il lui paraissait très singulier, tellement singulier. Et surtout sans gêne : il lui marchait allègrement dessus, sans considération pour ses pauvres petites particules. Vexé, il choisit de rester sous sa forme vaporeuse, attendant de voir ce qu’il allait se dérouler.

Il ne resta pas statique bien longtemps. L’être inconnu s’avança alors précautionneusement de quelques pas puis se pencha vers lui.

M’aurait-il enfin remarqué ?

Il sentait grandir en lui une forte excitation et il ne put retenir un frisson. L’alien s’arrêta alors un instant avant de reprendre son mouvement. Il lui présentait un objet des plus incongru que la nuée frivole s’empressa bien entendu de découvrir en s’en approchant, prudemment. Cela ressemblait étrangement à du silicium, mais cela avait quelque chose de différent. Il n'aurait su dire quoi.

Hélas, soudain, il se rendit compte qu’une partie de lui venait de se retrouver enfermée dans cet objet sableux !

Que m’arrive-t-il ? Quelle est cette sensation d’emprisonnement ? Que faire ?


Lyo

Une nouvelle journée commençait, il était une heure du matin et comme chaque jour, le virus cybernétique lançait sa procédure de routine.
[13-11-153 01:00:00:000] - INFO - Lancement : maintenance auto.
[13-11-153 01:00:00:100] - INFO - En cours : maintenance auto.
[13-11-153 01:04:56:950] - INFO - Fin : maintenance auto.
[13-11-153 01:04:57:002] - INFO - Lancement : Tests unitaires.
[13-11-153 01:05:45:015] - INFO - En cours : Tests unitaires.
[13-11-153 01:04:57:002] - INFO - Fin : Tests unitaires.
[13-11-153 01:04:57:010] - INFO - Lancement : Mise à jour et synchronisation des pare-feu anti-intrusion.
[13-11-153 01:05:00:009] - INFO - Fin : Mise à jour et synchronisation des pare-feu anti-intrusion.


Ce n’était pas vraiment le matin pour lui ; en informatique on ne dort jamais vraiment. C’est ce qui est pratique avec la colonisation d’un corps biologique. L’on peut prendre part aux rêves de ce dernier et vivre ainsi dans l’illusion d’un sommeil peuplé de pensées chaotiques.
Soudain l’alerte se déclencha, forçant l’entité à reléguer ses considérations biologiques à un niveau de priorité moindre.

[13-11-153 04:07:37:627] - ALERT - Tentative n°001 d’intrusion == Niveau 4 ; Serveur M0203L60. 
[13-11-153 04:07:37:628] - INFO - Lancement : Protocoles de sécurité.
[13-11-153 04:07:37:629] - INFO - Activation de la barrière de sécurité V.
[13-11-153 04:07:37:631] - INFO - Échec de la tentative d’intrusion.
[13-11-153 04:07:37:631] - INFO - Lancement : Temporisation à 60 minutes. 
[13-11-153 04:07:38:895] - ALERT - Tentative n°002 d’intrusion == Niveau 5 ; Serveur M0203L60.
[13-11-153 04:07:38:895] - INFO - Fin : Temporisation à 60 minutes. 
[13-11-153 04:07:38:896] - INFO - Échec de la tentative d’intrusion.
[13-11-153 04:07:38:896] - INFO - Lancement : Temporisation à 60 minutes.
[13-11-153 04:07:40:006] - ALERT - Tentative n°003 d’intrusion == Niveau 6 ; Serveur M0203L60.
[13-11-153 04:07:40:006] - INFO - Fin : Temporisation à 60 minutes
[13-11-153 04:07:40:007] - INFO - Activation de la barrière de sécurité VII.
[13-11-153 04:07:40:008] - INFO - Échec de la tentative d’intrusion.
[13-11-153 04:07:40:008] - INFO - Lancement : Temporisation à 60 minutes.
[13-11-153 04:07:41:125] - INFO - Lancement : Tentative n°01 : Identification intrus. 
[13-11-153 04:07:41:125] - INFO - Echec : Tentative n°01.
[13-11-153 04:07:41:125] - INFO - Lancement : Tentative n°02 : Identification intrus.
[13-11-153 04:07:41:125] - INFO - Fin Tentative n°02.
[13-11-153 04:07:41:125] - INFO - Identification intrus : adresse IP : 301.007.42
[13-11-153 04:07:41:803] - INFO - Envoi message ; à :  301.007.42 ; de : inconnu ;
[13-11-153 04:07:41:804] - INFO - Début transmission : 
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[13-11-153 04:07:41:999] - INFO - Fin transmission.
[13-11-153 05:07:40:009] - INFO - Fin : Temporisation à 60 minutes.
[13-11-153 05:07:40:632] - INFO - Fin : Protocoles de sécurité.
[13-11-153 05:07:40:632] - INFO - Tempo : 1 == 00:00:01:264 , 2 == 00:00:01:110 , 3 == 01:00:00:0000 ; 
[13-11-153 05:07:41:565] - INFO - Bilan : Temps moyen inter-tentative : 1 seconde et 187 millièmes == Tentative d’intrusion par humain cybernétisé assisté par IA. 
[13-11-153 05:07:41:784] - INFO - Lancement : Reconfiguration des routeurs.
[13-11-153 05:11:50:043] - INFO - En cours : Reconfiguration des routeurs.
[13-11-153 05:15:12:432] - INFO - Fin : Reconfiguration des routeurs.
[13-11-153 05:15:12:552] - INFO - Lancement : Protocole de reconnaissance de l’IA.
[13-11-153 05:22:58:123] - INFO - Fin : Protocole de reconnaissance de l’IA. 
[13-11-153 05:22:58:124] - INFO - Lancement : Reconfiguration des pare-feu anti-intrusion ; intégration du protocole de reconnaissance de l’IA.
[13-11-153 05:22:59:899] - INFO - Fin : Reconfiguration des pare-feu anti-intrusion.
[13-11-153 05:23:01:058] - INFO - Lancement : Sauvegarde : Serveur primaire = configuration de sécurité.
[13-11-153 05:23:01:058] - INFO - Fin : Sauvegarde.
[13-11-153 05:23:01:059] - INFO - Réattribution : adresses IP aléatoires.
.


Le cyberorganisme n'avait jamais essuyé de pareilles attaques. Ces dernières étaient d'un si haut niveau qu'elles ne pouvaient provenir que d’un membre du gouvernement. Et si l’identification lui avait pris plus de temps que prévu, Cyvi avait malgré tout fini par percer leurs protocoles de sécurité. L’indicatif 301 de l’adresse IP avait levé le voile sur l’identité de son agresseur ; il s’agissait bien d’un agent de l’état.
Le cybervirus chercha, mais ne trouva pas de cause tangible aux tentatives d'intrusion, illégitimes et sans sommation du gouvernement, dans l'une de ses nombreuses bases de données.
Devait-il sonder plus en amont dans le réseau de l’Inter Solar System Police pour comprendre les raisons de ces attaques ? Une deuxième vague d’agressions simultanées sur plusieurs de ses serveurs acheva de le convaincre de poursuivre ses recherches.

La protection supplémentaire mise en place grâce aux empreintes laissées par l’Intelligence Artificielle dans la barrière de protection, avait rempli son office ; aucune infraction à déplorer ; Cyvi récupéra les information résiduelles de l’attaque pour compléter sa base de données sur ses agresseurs et mis à jour les pare-feu.



Taliesin

Taliesin fixait le petit insecte de métal d'un regard meurtrier.

- Bouge...

Il ne bougea pas.

- Bouge !

Toujours pas. Taliesin *força* mentalement sur ses implants neuronaux, et commença à... pousser. Si ses hommes l'avaient vu à ce moment là, les railleries auraient durées pendant des heures. Cette pensée l'énerva encore plus et il craqua.

- TU VAS BOUGER CO...

Son cri fut interrompu par la sirène qui retentit dans le cockpit de son vaisseau. Taliesin abandonna son petit robot sur le tableau de bord, saisit son comlink et se brancha sur la fréquence de ses hommes.

- Messieurs dames, nous avons un client ! Préparez-vous à l'accueillir, mais en attendant, silence radio !

A peine eut-il finit sa phrase que la Gate qu'ils avaient trafiqué s'illumina et trois vaisseaux réintégrèrent l'espace normal : un transporteur et deux chasseurs.
Ces derniers réagirent au quart de tour et se positionnèrent en formation de défense. Taliesin bascula alors son communicateur sur la fréquence large et parla avec son air le plus distingué :

- Messieurs, bienvenue dans mon domaine. Tout passage nécessite le paiement d'une taxe ! Comme je suis quelqu'un de raisonnable, je me contenterai de la moitié de votre chargement. Ne me remerciez pas, je suis grand seigneur !

Taliesin était seul, dans son chasseur, à découvert, face aux trois vaisseaux, ce qui ne leur échappa pas. Sans même lui répondre, ils commencèrent à se mettre en mouvement. Le transporteur se dirigeait vers la Gate suivante qui lui permettrait de repartir sur l'autoroute de l'espace tandis que les deux chasseurs se déplaçaient en crabe, gardant le vaisseau du pirate en ligne de mire.

- Allo ? Y a-t-il quelqu'un au bout du fil ?

Taliesin rapprocha le micro des enceintes, ce qui eut pour effet de causer un sifflement suraigü dans les cockpits de toutes les personnes branchés sur sa fréquence. Taliesin rit intérieurement en pensant à ses hommes qui devaient se forcer à endurer cette torture en silence. Les pilotes du convoi ne firent pas preuve d'une telle maîtrise. Quelques cris de douleur en guise de réponse le convainquirent d'arrêter.

- Ah ! Ça se réveille ! Bon les guignols, j'en ai marre d'attendre. Le tarif vient de monter à 75% de votre chargement ! Et un de vos chasseurs ! Et un sandwich, il est quasiment midi et je crève la dalle.
- Tu délires pirate ! Tu peux aller faire tes courses en enfer !

Le chasseur ennemi lança une torpille ciblant le chasseur de Taliesin. Un signal visuel se mit à clignoter sur son tableau de bord quand son ordinateur détecta l'attaque. Taliesin sourit.

- Toi d'abord !

C'était le signal qu'attendait ses hommes. Une contre-mesure fut lancée depuis une zone située à proximité de la seconde Gate, celle vers laquelle se dirigeait le transporteur. La torpille explosa à une distance respectable du chasseur de Taliesin tandis qu'une dizaine de vaisseaux abandonnaient leurs camouflages pour se lancer à l'attaque du convoi. Taliesin se rassit dans son fauteuil, coupa son comlink et tourna la tête vers son insecte métallique.

*Bouge !*

L'insecte bougea légèrement la patte arrière. Taliesin sourit et garda en mémoire l'impression que ce bref contact lui avait laissé. Une courte impulsion cérébrale et l'insecte bougea à nouveau la patte, de façon nettement plus marquée.
Quand le pirate s’intéressa de nouveau à ce qu'il se passait du côté des Gates, la bataille était fini. Un des chasseurs était intégralement détruit, et l'autre avait été paralysé. Taliesin dirigea son chasseur vers le transporteur dont les moteurs avaient été pulvérisés. Il s'arrêta en tête à tête avec lui et ralluma son comlink.

- Salut, comment ça va ? La forme ?
- S'il vou...
- Tu te sens con hein ?
- Laissez-moi en vie et je vous...
- Trop tard !

Taliesin déchargea ses blasters sur la cabine et sourit de son air le plus sadique. Un grésillement retentit dans son comlink, indiquant que des gens se connectaient sur son canal de communication.

- Tu fais chier !

C'était Gart, le préposé au transport des marchandises.

- On aurait pu récupérer le transporteur et ça nous aurait éviter le transfert !

Taliesin l'ignora.

- Le pilote du chasseur encore entier est en vie ?

Une voix de femme lui répondit. C'était Sly, sa seconde.

- Ouep, tu as une idée pour lui ?
- On va le soumettre à un jugement, ça nous divertira un peu !

Quelques rires retentirent dans les hauts-parleurs. Un mini-croiseur sortit de la seconde Gates. Il était aux couleurs des pirates.

- Tous à bord et commencez le transfert immédiatement, amenez le pilote du chasseur sur le pont.

***


Une fois le chargement terminé, Taliesin rejoignit le pont et fit un signe de tête à Sly. Elle s'assit dans le fauteuil du capitaine et donna les instructions du départ. Taliesin se tourna vers le prisonnier qui avait été ligoté et balancé dans un coin. Il observait attentivement tout ce qui se passait, comme s'il espérait pouvoir faire un jour un rapport sur sa mésaventure. Taliesin lui sourit, méchamment, et lui ôta son bâillon.

- Comment tu t'appelles ?

Avant qu'il ne puisse répondre, l'officier en charge des communications interpella Taliesin.

- Chef, une communication pour toi en provenance de la base.

Le pirate remit le baillon au pilote sans ménagement et se dirigea vers une console libre.

- Ici Taliesin, je vous écoute.
- Les jumeaux ont quelque chose pour vous, je vous transmets leur rapport.

Taliesin le parcourut rapidement et reprit le micro :

- C'était 'y a combien de temps ?
- Avec les jumeaux, impossible de savoir, mais ils étaient tout excités, ils sont quasiment sortis eux-même de leur plongeon !
- Dit leur de se tenir prêts pour quand on arrivera sur place.

Il se tourna vers Sly :

- Changement de cap ! Je te transfert un ensemble de coordonnées, trouve-moi la plus proche et on y va. Gin, contacte le responsable de l'inventaire et transfert le sur ma console.

L'officier des communications tapota quelques instants et une communication se lança sur la console. Taliesin ne s’embarrassât pas de formalités.

- Est-ce qu'on a des amplificateurs de signal et des traceurs de logs ?
- Je dois avoir ça qui traine ouais... Faut que je cherche un peu quoi...
- Je les veux prêts à l'usage et à pleine puissance le plus vite possible, priorité maximale. Les jumeaux vont avoir besoin d'outillage pour leur prochain plongeon.

Sly se tourna vers Taliesin :

- C'est bon chef, on est en route, arrivée dans une heure. On sera dans une zone civile, je lance la procédure de camouflage.

Taliesin dégaina son arme et le pointa vers le prisonnier.

- Désolé, on a pas le temps de s'amuser.

Le pilote écarquilla un bref instant les yeux, ayant juste le temps de réaliser qu'il allait mourir avant que le rayon mortel ne l'atteigne.

- A tout l'équipage ! En route !

Gart entra à cet instant sur le pont et regarda le pilote mort, la cervelle éclaboussant les environs.

- Tu fais chier ! C'est moi qui suis de corvée de nettoyage aujourd'hui !

Taliesin souriait quand le vaisseau entra dans la Gate.



Cassiopée

Kha quitta l'espace restreint de la base de la capsule et s'essaya à quelques pas de danse. Le contact avec le sol et une pression différente de son quotidien l'enivrait. Elle virevolta pendant quelques secondes secouant ainsi la poussière rosée qui semblait s'étendre au sol. Celle-ci lui camouflait une partie du paysage. Alors, elle décida de commencer par elle l'étude de la planète.
Son œil attentif, à l'abri derrière un masque étanche, suivait les mouvements de la masse poussiéreuse. Elle aurait apprécié pouvoir l'appréhender sans gant. La poussière était très proche du nuage, mais un nuage à l'opacité perceptible. Elle se décida à parler dans son dictaphone intégrée à sa combinaison.

- Contact avec une masse de poussière gazeuse aux reflets nacrés et saumonés.


Elle s'arrêta après avoir émis cette première description car parler de poussière gazeuse lui paraissait un tantinet absurde. Cependant aucune autre expression ne lui venait à l'esprit. Ce gaz lui semblait à la limite de la sublimation.
Puis, prenant un tube à essai de sa sacoche, elle le remplit d'une dose de cette substance et s'empressa de le fermer de manière étanche afin de ne pas en perdre.
Lorsqu'elle leva les yeux du tube, le nuage de poussière s'était estompé et le paysage lui parut plus net.

Elle se trouvait près d'un amoncellement de roches, elle s'en approcha donc et slaloma entre les monticules rocheux non sans prendre un échantillon du sable d'un rose orangé au plus bel effet. Il lui fut plus difficile de prélever un morceau très dur du roc noir qui émergeait du sol.
Le passage sablonneux descendait maintenant en pente assez forte, et elle dût parfois enjamber avec difficulté des aspérités relativement tranchantes. Les dents rocheuses prenaient des allures de verre sombre assez différentes de la structure externe qu'elle avait extrait un moment plus tôt.

Consultant sa montre, elle constata qu'il lui restait une heure de liberté avant d'envisager le retour. Son altimètre indiquait qu'elle avait descendu de près de 25 m par rapport au niveau du sol de son laboratoire et la pente poursuivait son lacet. Elle glissa sa main dans sa poche frontale et prit un cliché de la vue descendante avant de s'y engager.

A ses pieds semblait courir ce même nuage de poussière qui prenait ici des couleurs d'abricot. Mais Kha n'en avait cure. Seul ce qu'elle trouverait en bas l’intéressait à cet instant et elle dévala la pente comme si elle rejoignait son promis. Elle avait le cœur léger. Le rose d'Echter se reflétait sur son humeur. Elle s'enfonçait à présent dans la roche comme on pénètre dans une large caverne. Seul, le minéral dominait : rose orangé et noir.

Quand soudain, le nuage rosé fit place à une large masse sombre.

Cette fois-ci, elle se mit à courir, soulevant la poussière sur son passage, pour atteindre ce que ses yeux émerveillés avaient reconnu au premier coup d’œil : de l'eau. Une étendue d'eau noircie par les reflets basaltiques de la roche, inerte, semblable à un immense miroir éteint.
La discrète alarme de sa montre l'obligea à rapidement prendre un échantillon et des clichés du coin. Elle nota avec précision l'emplacement des brins fanés et du morceau de racine qu'elle préleva.
Puis elle rebroussa chemin.

La remontée fut plus compliquée, son poids et celui de son attirail semblaient s'être alourdis pour le retour. Et elle escalada avec difficulté les derniers mètres qui la sortaient du trou. Le ciel avait pris des teintes irisées à la limite du sol et sa capsule était maintenant environnée d'un nuage dont l'aspect avait perdu ses tons nacrés et qui semblait parsemé de remous indistincts. Elle nota tout ceci dans son bloc vocal et remonta à bord.


Haalysse

Que m’arrive-t-il ? Quelle est cette sensation d’emprisonnement ? Que faire ?

C’était la première fois qu’un événement aussi dramatique lui arrivait. L’objet siliceux avait hermétiquement emprisonné une partie de ses molécules. Il les avait sentit se séparer de lui, être cruellement arrachées à lui, et mourir à mesure que l’être animé qui manipulait le tube sableux le remontait. Il avait ensuite caché cette source de torture sous une peau visiblement biologique mais non vivante et intelligemment agencée.

De surprise face à cette atteinte à son intégrité, il ne su que faire et il resta statique. Son énergie le quittait petit à petit et il se morfondait en s’effondrant sur le sol.

De réflexe, les particules qui le composaient s’étaient en effet fortement rapprochées. Il sentait qu’il se contractait sur lui-même pour ne former qu’une membrane relativement solide, beaucoup plus lourde, qui épousait parfaitement le sol, et qui en prenait la couleur ocre nuancée de rose.

Il demeura prostré dans cette position un certain temps. Il n’aurait pu être plus précis, il avait perdu toute notion de temps et d’espace.

Une partie de moi est morte ! Je le sens. Et c’est cet être qui a tué mes particules ! Que puis-je faire maintenant ? Suis-je encore moi ? Avec ces particules en moins, suis-je devenu autre ?

Tandis qu’il se perdait dans ses réflexions, son corps semblait se réveiller et la nuée à présent érodée se rapprocha imperceptiblement du géant de métal.

Je dois trouver qui je suis, je dois comprendre. Peut être que si mes particules volées entrent à nouveau en contact avec moi, tout ira bien ?

Il se décida à entrer dans la sculpture minérale afin de trouver des réponses à ses questions. Les pensées qui l’animaient le torturait intensément et son aspect gazeux avait perdu ces belles nuances ocrées qui le définissait habituellement. Des soubresauts réguliers le parcouraient et il avait du mal à s’approcher de son objectif. Au moment où il allait enfin y entrer, il ressentit l'air vibrer différemment et il comprit que le sujet de tous ses maux s’avançait derrière lui.

Il pensa l’agresser. Il pensa le détruire. Mais il ne savait pas comment s’y prendre. Et puis à quoi bon ?

Il choisit donc de l’attendre.

De l’attendre et de le suivre dans son antre. Il était démoralisé et ne voyait qu’elle autre direction prendre.

Une fois dans cette structure exogène, la curiosité du nuage aux reflets grisés lui fit un temps oublier sa détresse et il s’approcha de l’alien, comme s’il reniflait cet être pour mieux le déchiffrer. Cette approche malhabile effraya son interlocuteur qui eut alors un léger mouvement de recul.

L’aurais-je effrayé ? Il faut que je sois plus prudent. Et il faut que je réussisse à percevoir comment cet être biologique communique, si je veux tenter de récupérer mes particules perdues.

A cette pensée, la brume se rétracta et se concentra attentivement pour observer cet autre qui se tenait au milieu de la pièce qu’ils occupaient. Il ne l’avait pas remarqué au premier abord, mais celle-ci lui semblait à présent particulièrement oppressante. Petite, elle était constituée d’un mélange de métal purifié, d’une texture inconnue mais anciennement basée sur des fossiles, de ce silicium singulier qu’il appréhendait dorénavant et de quelques autres matières qu’il n’avait encore jamais rencontré. Toutes ces surfaces avait un point commun : elles étaient finement et très solidement entrelacées, ce qui, d’une certaine manière, l'empêchait de pleinement s’épanouir. Il avait plutôt l’habitude d’évoluer dans des milieux naturels, auprès de structures parfois poreuses, parfois condensées, mais jamais aussi ordonnées.

Soudainement, il fut à nouveau pris au piège : l’antre étrange et démoniaque s’était refermée sur lui. Il commença à s’affoler à nouveau et les convulsions qui l'avaient abandonné revinrent bien vite. Mais il sentit ensuite que son compagnon d’infortune restait tout à fait calme. Il cala alors son comportement sur celui-ci et se détendit.


Cassiopée

Kha s'engouffra dans sa navette, pressée par le temps car ses réserves d'oxygène arrivaient malheureusement à leur termes. Une fois dans sa cabine de pilotage, elle n'ouvrit pas tout de suite sa visière car elle voulait conditionner ses échantillons pour les conserver. Parmi les prélèvements qu'elle avait fait, l'un d'entre eux avait perdu sa jolie couleur oranger et son aspect vaporeux pour devenir un amas plutôt compact d'une couleur verdâtre saumoné. Lorsque les éléments furent à l'abri, elle ferma hermétiquement la porte de son transporteur et vérifia le taux de toxicité de son air ambiant.

104. C'était trop. Elle ne pourrait enlever son casque qu'au dessous de 100. Pour y arriver, elle dut utiliser l'assainisseur. Le taux ne passa qu'à la troisième tentative dans la norme autorisée.
Enfin débarrassée de son équipement de survie, elle démarra son engin pour regagner son vaisseau.

Le décollage de sa navette s'accompagna d'un grand soulèvement de poussière orange.

Confinée dans sa capsule exiguë, Kha avait à la fois le nez sur ses cadrans et sur ses éprouvettes. L'échantillon grisonnant avait encore perdu un peu de sa teinte rosée et Kha fit la grimace.

Enfin le noir presque total environna son engin. La nuit sans fin de l'espace. Alors, elle poussa un peu la luminosité ambiante et s'installa plus confortablement sur son siège pour l'aboutissement de la traversée. Elle s'enfonça dans le moelleux du coussin et appuya sa tête sur le dossier en fermant les yeux le temps d'un soupir.
Quand elle les ouvrit, son vaisseau prenait déjà un bel espace dans la vision qui s'offrait à son regard par le hublot de la capsule.
Contente d'être de retour chez elle pour prévenir la station et trouver un peu de repos après son éprouvante randonnée, elle perçut sans trop s'y arrêter une pellicule orangée qui descendait du plafond jusqu'au sol sur plusieurs centimètres de large.
Cette découverte la contraria légèrement, mais occupée à satisfaire à toutes les manœuvres d'approche et d'abordage, elle repoussa ce sentiment pour se concentrer sur ce qu'elle faisait.
Elle avait hâte d'appeler le CEDIS pour crier sa presque certaine victoire : Elle détenait de l'eau ! C'était pour elle, presque une certitude. Elle n'avait qu'une idée en tête, être dans son laboratoire pour effectuer les analyses le prouvant.

Alors qu'elle s'apprêtait à quitter sa navette pour entrer dans son vaisseau spatial, elle jeta un regard vers le dépôt orangé, mais celui-ci avait disparu. Elle ne prit pas garde à la bille qui roulait derrière ses pieds lourdement chaussés.


Haalysse

La structure de métal dans laquelle il se trouvait l’avait littéralement emprisonné et il avait sans succès tenté de caler son comportement sur celui de son tortionnaire involontaire et compagnon d’infortune. Hélas, une frayeur sournoise grandissait en lui, ce qui se traduisait chez lui en une contraction instinctive, à l’aspect inquiétant et verdâtre.

Il faut que je retrouve mes cellules. Il le faut. Ou peuvent-elles bien être ? Qu’est-ce que je vais devenir? Et lui qui ne change pas. Il semble trouver cette séquestration normale...

Où sont-elles à la fin ?


Des frisson intempestifs l'empêchait d’être efficace dans sa recherche et il restait lamentablement englué au sol froid de sa prison. Tout à coup, il sentit des vibrations lui parcourir le corps, et l’air qui l’entourait semblait happé vers le haut.

Qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce que …

Littéralement paniqué, il eut tout de même la présence d’esprit de se jeter contre un renfoncement heureux pour ne pas être lui aussi aspiré, et il attendit patiemment que cette singulière tempête passe.

Où est-ce que je suis ? Quel est cet endroit ? Pourquoi...

Ah, tiens, l’Autre enlève enfin sa couche de fossile mort. C’est quand même étrange cette habitude qu’il a d’enfermer son corps -
et le corps des autres ! - dans des contenants aussi artificiels...


Tandis qu’il se perdait dans ses pensées métaphysiques sur les habitudes probables de vie de l’alien, l’agitation de la pièce se calmait peu à peu.

Puis, bien que confortablement calé contre une protubérance métallique à la texture et à la courbure assez agréable, il décida de continuer sa mission de sauvetage. Cependant, alors qu’il s’avançait au milieu de la pièce, beaucoup plus détendu qu’il y a quelques minutes, il ressenti un mouvement étrange transcender la structure qui le portait et il ne put que se laisser mener par celui-ci, soumis.

A présent redevenu à l’état d’un nuage de poussière orange, il mit un temps certain pour s’habituer à l’étrange gravité qu’il devinait. Elle ne semblait plus assurée par la planète mais par une sorte de rotation liée à un mouvement d’élévation de l’objet. Il ne connaissait pas cette force et fut séduit par les sensations qu’elle induisait insidieusement en lui tandis qu’il tentait de la comprendre.

Complètement absorbé par cette étude excitante, il ne vit pas son ravisseur s’intéresser à ses molécules esseulées. Celles-ci semblaient avoir perdu toute vie et étaient de plus en plus grisâtes.

Il ne revient à l’actualité de ce qu’il se passait autour de lui qu’après un certain moment d’absence.Son compagnon s’était confortablement installé et il ne put résister à l’envie de l’observer d’un peu plus près.

Juste un tout petit peu. Là, tout doux.

Tiens, il ne semble pas à l’aise. Il est tout compact.

Mais qu’est-ce qu’il doit être énorme ! Vu son niveau de compression, quand il se détend, il doit bien pouvoir recouvrir tout mon territoire. C’est incroyable.

Et si je m’approchais encore ?


L’être gazeux s’avançait de plus en plus. A mesure que sa curiosité et que son excitation grandissait, il se déployait, jusqu’à surplomber totalement l’objet de son intérêt. Il eut même l’audace de le frôler légèrement … avant de d’éloigner promptement et de se coller au plafond : l’autre avait bougé ! Terrorisé, il dégoulina ensuite vers le bas avant de se contracter totalement en une petite boule qu’il espérait non repérable.

Qu’est-ce que que j’ai fait ? Je suis sûr qu’il m’a repéré maintenant.

Contredisant cette crainte, le géant compacté ne le remarqua pas. Et après qu’un tremblement ait parcouru l’ensemble des parois de leur prison, celle-ci s’ouvrit et l’autre amorça une sortie prudente. La bille orange ne pensa alors plus qu’à s'échapper elle aussi.


Cassiopée

Le laboratoire du vaisseau n'était pas bien vaste. Il consistait en un simple réduit coincé délimité par deux cloisons légères entre la couchette et la salle de navigation. Kha avait mis son vaisseau sous pilote automatique pour prendre le temps de faire les analyses. Elle était si excitée à l'idée de découvrir la preuve de sa trouvaille qu'elle en devenait malhabile.
Nerveuse, elle sortit le tube à essai estampillé « eau » de sa sacoche. Le liquide était relativement limpide. Seuls quelques débris noirâtres flottaient en surface et quelques matières en décomposition étaient visibles à l’œil nu.
Elle versa l'échantillon dans la coupe prévue à cet effet et commença l'analyse. Il ne lui fallut pas longtemps pour être certaine que le monoxyde dihydrogène soit isolé. La solution quelle avait devant être contenait une forte part d'H2O.
Kha poussa un cri de victoire et se mit à danser sur place. Puis elle courut à la salle de navigation les données précieuses en main.

-Allo, Allo, CEDIS 8-4-3, ici Kha Sii Opey, Ravon 107 B - Secteur de l'Arche de la Sonde.

-Bien reçu Kha.

-Suis en marge de la planète nouvellement nommée Echter. Descendue, sur sol aujourd'hui. Nombreux échantillons de molécules pouvant être vivantes. Analyses encore à faire. Mais....

A ce moment, le rythme cardiaque de Kha était à son comble. Elle n'y teint plus et dévida toute sa pensée sans se préoccuper des codes.

-J'ai trouvé de l'eau ! Vous entendez, j'ai un échantillon d'eau en main au fin fond de cette galaxie.
Vous savez ce que ça veut dire ? Ça veut dire que non seulement il y a des fortes chances que mes échantillons soient effectivement vivants ce qui est génial, déjà ! Mais en plus si on a de l'eau ici, cela veut dire qu'on pourra séparer l'oxygène de l'hydrogène pour renouveler notre air ! Nous aurons de l'hydrogène en masse pour alimenter en carburant nos vaisseaux ! C'est absolument extraordinaire !

A l'autre bout de la transmission, l'animation allait bon train également. La nouvelle faisait office de révolution dans l'exploration des mondes et la CEDIS allait pouvoir se rendre maîtresse d'un empire galactique.
Kha se sentait reine d'un bal.
Le chef de la station 8-4-3 vint lui parler en personne.

-Kha. Vous allez retourner sur Echter et marque la planète de nos coordonnées. Cette planète doit être reconnue comme nous appartenant officiellement. Nous ferons de même de notre côté.
Vous êtes en permanence sur le secteur. Installez-vous un campement d'urgence.
Finissez les analyses. Qui sait, nous aurons peut-être d'autres aussi bonnes surprises.


Haalysse

La petite bille orange avait suivi son compagnon de voyage vers ce qu’elle espérait être la sortie. Espoir hélas bien vite contredit : il se retrouvait dans une autre structure métallique, légèrement plus grosse que l’autre... Il avait l’impression de flotter en plein cauchemar et craignait de ne jamais s’en sortir.

Ne sachant trop que faire, il suivait donc l’étrange créature qui l’avait mené dans cette situation étonnante. Il sentit ensuite l’être s’animer très fortement et moduler l’air d’une manière étrange et assez grisante.

Imprudent, il s’approcha et tenta de ressentir de manière un peu plus directe ces ondes émises par l’être et qui fendaient harmonieusement l’air. Sa curiosité lui fit prendre des risques et, alors qu’aucune onde ne “sortait” à présent de l’autre, il eut la maladresse de le heurter !

Il recula alors rapidement, oubliant de changer de forme pour passer inaperçu. Une sorte de course poursuite cocasse s'engagea alors entre les deux protagonistes, et il finit immobilisé par l'alien...



Cassiopée

Kha coupa le contact. L'euphorie du moment lui donnait l'impression de flotter dans du coton. Elle resta un petit moment sans bouger, rêvant son futur. Elle était autant excitée à l'idée de monter cette base où elle serait seule qu'un peu apeurée de ne pas être à la hauteur de ce qu'on attendait d'elle.

Tout d'un coup, elle sentit contre sa peau un contact froid. Elle jeta un œil vers la source de la sensation éphémère et vit une bille orange bien étonnante. Cette petite boule semblait flotter dans l'air de la cabine. Mais plus que flotter, elle était mobile. La jeune femme tendit la main pour l’attraper, mais la sphère s'échappa. Intriguée, Kha renouvela son geste qui éloigna encore l'étrange phénomène. La bille voltigeait fébrilement dans toute la cabine à présent cherchant une issue qu'elle ne trouvait pas. Inquiète, Kha se mit en quête d'un filet de capture. Elle dut poursuivre un petit moment sa cible, armée de son filet avant de réussir à le coincer dans les mailles fines et de le glisser dans la petite boite en verre qu'elle ferma précipitamment.

Un peu essoufflée par cette course poursuite insolite, elle posa le boîtier sur la table à carte et posa son menton sur le bord de la table de manière à examiner la bestiole.
C'était un amas très dense de matière. Mais Kha n'aurait su dire si c'était un solide congloméré ou une condensation. Ce qui l'intriguait le plus, c'était l'impression illogique d'être devant un être vivant.
Elle se surprit alors à lui parler :

- Qu'es-tu ? D'où viens-tu étrange chose?



Haalysse

La petite bille orange frémissait de peur dans le compartiment de silice dans lequel elle venait de se retrouver enfermée. Elle tenta de sortir en rebondissant de tous les côté mais se rendit bien vite compte qu'elle n'y arriverait pas.

L'autre se penchait vers elle et il sembla à l'être effaré que celui-ci émettait à nouveau des ondes harmonieuses en sa direction. Il eut alors l'idée saugrenue que ce géant inconnu voulait communiquer avec lui.

Quelle étrange manière de communiquer. Comment espère-t-il que je comprenne ce qu'il veut me dire ? Et comment répondre dans cet environnement restreint ? Je ne peux même pas espérer essayer...

Vite, trouvons une idée ! Qu'est-ce que cet être reconnait comme chaleureux et sécuritaire ?

Ah, la structure de métal dans laquelle nous sommes montés, transformons-nous en une miniature, peut-être y verra-t-il un signe ? Ou est-il d'une intelligence si basse qu'il ne comprendra pas ?


Aussitôt la structure imaginée, la petite bille orange se transforma en une réplique exacte de la structure extérieure qu'il avait jadis longuement parcouru de son corps nuageux. La réplique présentait des reflets violet et tremblotait légèrement, tant l'exercice était difficile dans cette prison siliceuse.



Cassiopée

Happée par les reflets orangés de la sphère qui modulaient des chemins mouvants sur sa surface, Kha ne comprit tout d'abord pas que celle-ci était en train de changer de forme. Mais quand des arêtes commencèrent à creuser la matière, elle resta bouche bée devant le phénomène. Devant ses yeux ébahis, la petite boule se transformait en un petit vaisseau parfaitement reproduit. Elle avait devant elle une miniature parfaitement réussie de son propre briseur de ligne.
De plus en plus convaincue de se trouver devant un phénomène extraordinaire, elle en oublia complètement les principes de précaution les plus anodins et décida de glisser sa découverte dans la chambre d'évolution. C'est ainsi que le petit vaisseau fut placé dans une grande sphère de matière plastique. La chambre possédait plusieurs sas hermétiquement fermés par lesquels elle pouvait glisser les mains.

Elle enfila ses gants et glissa ses bras par les trous les mieux situés pour pouvoir toucher la matière.

Avec une lenteur mesurée elle approcha un doigt près du petit engin spatial si bien imité.

- Allez, petite chose. Montre moi ce que tu es, sens-tu ma présence à tes côtés.


Tout en agissant, elle tâchait d'envoyer à son insolite interlocuteur les ondes plus plus amicales qui lui furent possible d'émettre.



Lyo

Lors de la maintenance programmée toutes les 11644,09 secondes terrestres, le virus cybernétique procédait à un inventaire systématique des balises de surveillance. Ces émetteurs étaient disposés aux nœuds clés de sa toile et la renseignaient sur les paquets d'informations qui transitaient à travers son réseau.

Cependant l'une d'entre elles était gravement endommagée. Elle avait subi une violente attaque qui avait pulvérisé le firewall avant même qu'il ne puisse sonner l'alarme. La défaillance avait habilement été maquillée par l'ajout d'un simulateur, qui envoyait le même paquet d'informations et à la même fréquence que la balise C3950L.

La récupération de données fût très délicate, elle semblait avoir été méticuleusement "nettoyée". Cependant, un fragment d'information avait échappé à la destruction systématique.


J'ai tr..vé d. ..eau

La découverte d'eau sur une autre planète de ce secteur était hautement improbable. Mais si l'information s'avérait exacte, il y aurait vraisemblablement une forme de vie colonisable non répertoriée. Injecter son génome dans celui d’une créature non répertoriée lui permettrait de sauvegarder son patrimoine génétique et de le masquer aux yeux du gouvernement : lorsque l’ADN de la créature serait décodé pour la première fois, on identifierait son code comme celui de l’autochtone.

Scannant les canaux radio de la CEDIS, Cyvi identifia rapidement celui emprunté par Ravon 107B, émetteur des vestiges du message. Le canal était resté ouvert et le cybervirus l’emprunta à tâtons et déboucha dans le vaisseau dans un grésillement d’électrons. Le virus étendit son emprise à travers l’ensemble du système de communication, parcourant les câblages, et aboutit dans le centre visuel du briseur de ligne. Après quelques milisecondes, le flux d’information de la camera 4 lui transmis des images du propriétaire de cette petite boîte de conserve. Elle se situait dans une salle étrange où trônait en son centre, une sphère translucide piquetée de hublots gantés.

Une rapide recherche l’informa que ce genre d’installation servait à l’étude de l’évolution des minerais extrait dans différentes atmosphères.
Un petit vaisseau orangé parcouru de vagues zinzolines tremblotait timidement au sein de l’enceinte transparente.


Serait-ce …?



Taliesin

- Put*** !

Ce cri de rage échappa à Taliesin quand le signal disparu de son écran. Cela faisait près de cinq heures qu’ils installaient des pièges et des contre-mesures et tout ce travail venait de tomber à l’eau quand la singularité s’était évanouie. Le croiseur des pirates se trouvait sur une portion très empruntée de l’autoroute spatial et il n’allait pas tardé à attirer l’attention des autorités.

Quelques jours plus tôt, les jumeaux, des drogués du SSW qui passaient leurs vies à s'immerger dans l’Internet Galactique, avaient détecté des perturbations inhabituelles au cours de l’un de leurs “plongeons” dans le monde virtuel. Ils avaient remonté la piste jusqu’à découvrir l’existence d’une entité informatique autonome et très probablement consciente. Du moins, c’est ce que le capitaine espérait. Si ses hommes et lui arrivaient à capturer cette entité, ils pourraient la vendre suffisamment cher pour tous s’offrir une vie de luxe.

Ils avaient alors commencé à mettre en place une stratégie pour la capturer. Heureusement pour les pirates, les plongeurs comme les jumeaux étaient monnaie courante sur l’Internet et ils ne devaient pas trop éveiller les soupçons de l’entité. Ils avaient pu étudier ses habitudes et ses routines et prévoir à peu près ses déplacements.

En cherchant le meilleur moment pour la capturer ils étaient tombés sur un routeur récemment détruit que l’entité vérifiait à intervalles réguliers. Le temps que prendrait l’entité à analyser ce qui restait de la balise devrait leur permettre de passer à l’action.

Ils avaient piégé toutes les connexions résiduelles sortantes de la balise et avaient même installé des charges explosives au niveau des câbles pour couper physiquement l’entité de son monde virtuel et l’empécher de fuir.

Mais au moment fatidique elle avait disparu d’un coup, si vite qu’ils n’avaient pas pu réagir à temps.

Taliesin prit une profonde inspiration pour se calmer et commença à taper quelques lignes de texte dans le programme qui permettait de communiquer avec les jumeaux :

- Où est-elle partie ? Vous pouvez la retrouver ?
- On est en train d’analyser les logs des routeurs.
- Elle nous a repérés ? C’est pour ça qu’elle s’est enfuie ?
- Nous ne pensons pas être la cause de sa fuite, il semblerait que c’est le message contenu dans la balise qui l’a... survoltée.
- Il disait quoi ce message ?
- Un truc du style “J'ai tr..vé d. ..eau “... Super nouvelle, de l’eau... Surtout pour un programme je ne vois pas en quoi c’est si génial.

Taliesin avait raté un battement. Les jumeaux étaient peut-être les meilleurs dans le monde virtuel mais c’étaient des crétins dès qu’on parlait du monde réel. Il ne s’était pas demandé pourquoi la balise avait été détruite mais si le message en était la cause alors cette découverte valait une fortune au moins équivalente à la découverte d’une entité consciente dans le réseau informatique. De l’eau. Peut importait où elle avait été découverte du moment que ce n’était pas sur Terre. Taliesin avait du mal à contenir son excitation et de légers tics nerveux agitait ses mains quand il tappa :

- Qui est le propriétaire de la balise ? Pouvez vous retrouver la source de la transmission originelle ? Est-ce que l’entité est allé vers cette source ?
- Il va nous falloir quelques minutes.
- Prenez votre temps, j'en veux la certitude.

Taliesin sortit de la salle de commandement dans laquelle il avait suivit le déroulé des opérations de capture et se dirigea vers le pont. Sa Seconde était présente, en train de vérifier avec Gart la liste des fournitures qu’ils avaient récupérée lors de leur dernière opération de piraterie.

- Préparez vous, on va bouger.

Toutes les personnes présentes sur le pont se mirent en mouvement et en quelques minutes tout l’équipage était paré au départ. Il ne manquait plus que le message des jumeaux pour indiquer une destination.

Une ligne de texte apparu dans le programme de communication. Taliesin sourit.

- Que la chasse commence...

Et le vaisseau se mit en route.



Haalysse

Alors que le nuage venait d'adopter les formes envoûtantes de sa prison, celui-ci se sentit transporté précipitamment et enfermé dans un autre compartiment, plus petit. Décidément, c'est une manie chez cet être étrange... L'air y évoluait en cercle fermé, c'était suffisamment bizarre pour qu'il n'ose pas changer de forme et explorer son nouvel environnement.

Tout à coup, une forme proéminente et étrangement constituée de matière fossilisée s'approcha dangereusement de lui. Il frémit mais ne ressentis pas de haine. Seulement de la curiosité. La même que lui ? Il décida de répondre à cette question gestuelle et se déforma pour se loger autour de sculpture mobile. Il en épousa la forme le plus fidèlement possible. Cela pour marquer sa reconnaissance de la présence de l'Autre.

Il essaya ensuite de trouver un moyen plus efficient pour communiquer. Sachant que son vœux était de retrouver son moi manquant et de sortir de cette prison, il s'écarta de son interlocuteur. Et il imita, le plus fidèlement possible, la géographie de la zone où l'intrus l'avait dérangé. Il avait tant parcouru la topographie de son environnement que cela ne lui demanda pas un grand effort de mémoire. Ensuite, il repris sa forme de nuage au reflets rosés et se sépara en deux avant de se ressouder. Il refit son mime une seconde fois puis attendit la réaction de l'Autre.

Avait-il compris ?



Cassiopée

L’excitation à son comble, Kha maîtrisait difficilement sa joie. Elle était à présent certaine de se trouver devant un phénomène extra-terrestre unique. La masse prisonnière dans la chambre d'observation dessinait des paysages. Elle pouvait reconnaître les décors traversés quand elle était descendue vers la caverne où l'eau stagnait. A présent, la masse se dissociait en deux parties. Ébahie d'être à même de comprendre le cheminement de l'aventure qui se déroulait devant elle, elle découvrait un dédoublement de la masse devenue nuageuse.
Les nerfs au summum de leur tension, elle sortit les mains de la chambre en prenant quand même soin de clore hermétiquement les ouvertures et plongea vers les échantillons rapportés de son expédition. Elle prit celui qui renfermait l'extrait de gaz opaque et orange aux allures à présent brunâtre.

Dans la chambre, la masse nuageuse s'était étalée sur toutes les parois de la bulle étanche. Lorsque Kha rapprocha le tube de la paroi, la masse se contracta en un amas dense et compact et se positionna au plus près de l'orifice du tube. Une paroi les séparait, mais Kha pouvait presque certifier scientifiquement qu'une attirance et une volonté étaient ainsi exprimées.

Kha tremblait de tous ses membres.

Elle était confrontée à une entité extra-terrestre.
Cette entité était dissociée en deux parties dans son véhicule spatial.
Et surtout, elle était en communication avec l'entité... Et qui plus est, la communication était presque facile ! L'entité avait été capable de formuler un souvenir, une chronologie et de se faire comprendre. Cette entité était non seulement un être vivant, mais aussi un être pensant !


Compte utilisé par l'équipe rôliste.
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