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28 oct. 2015 - 21:02

Quid de la magie



Vulgarisation d'étude contemporaine à l'attention des futurs apprentis ou des bonnes gens curieux.

Par Célestin Von Hüber, Mestre et conférencier de l'Université du Savoir Général d'Asmary





Avant-propos

De presque tous les points de vue, la magie s’est imposée dans le monde d'aujourd'hui comme la force de productivité par excellence. Elle est une solution directe et efficace à la plupart des problèmes que rencontrent les habitants, et ses pratiquants ont logiquement gagné un statut et une influence non négligeables sur la société.

Influence que les pouvoirs successifs ont veillé à limiter, en particulier depuis les évènements de la Grande Guerre Thaumaturgique de la Sixième Époque. Ces derniers avaient conduit à la fois à la destruction totale d’une cité (1) mais également au bannissement des mages et sorciers des cercles du pouvoir. Et si la pratique des arcanes a pendant une longue période été considérée avec méfiance, elle s’est peu à peu émancipée de cette image de « science occulte et dangereuse » pour devenir une sorte d’outil, toujours scientifique et occulte, mais indubitablement plus utile que dangereux (2).

Être mage diplômé d’un Collège de magie est donc en soit un cursus on ne peut plus convenable et plein de débouchés : que l’on choisisse un poste de surveillant de foyer dans les grandes distilleries ou d’incendiaire dans les forces armées, tout ne sera question que de dosage parfait de la flamme. Un chercheur thaumaturgique étudiant les réactions des corps organiques aux stimulis peut faire carrière dans le milieu médical comme dans l’entreprise de l’érotisme. Des géomanciens sont employés en masse chaque année par les grandes propriétés agricoles pour analyser la terre puis la redisposer de manière à assurer les meilleures récoltes. On ne prendra même pas la peine de parler de l’industrie florissante des MTLD (Messages Téléportés à Longue Distance) qui font le bonheur des classes aisées et surtout pressées dans leurs échanges. Nous citons ici des professions et carrières très respectables, assurant un revenu légal et régulier, bien loin de ces fariboles de « mages aventuriers » dont la jeunesse malheureusement a la tête farcie.
L’ancien proverbe, « à chaque problème sa solution », s’est finalement vu complété par « qui fait quelques lumières et un bruit bizarre, mais rapide et pas cher, payable en plusieurs fois ».

Il convient donc pour toute personne qui se respecte de connaître un minimum de chose concernant cette puissance qui nous entoure, à la fois si commune et si complexe à appréhender.


1. La Cité d'Umutra, dont les ruines pittoresques sont encore visibles de nos jours, une fois atteint les grandes étendues marécageuses de l'Ouest. Attention à ne pas s'y risquer, l'endroit est remplie de serpents venimeux, de créatures repoussantes et surtout d'une quantité astronomique de sorts entropiques.

2. On ne citera jamais assez les travaux déterminants du grand Pylémé de l'Atlane dans cette réhabilitation, père de la médecine moderne et vainqueur de l'épidémie de Langue Pourpre de la Septième Époque.


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Message posté le 23:11 - 29 oct. 2015

Magie et définitions

Il ne vous aura pas échappé que nous allons aborder dans les lignes ci-dessous des principes et des notions appartenant à la culture populaire. N'importe quel homme, femme ou enfant sait ce qu'est un mage, ou sorcier comme ils disent dans les bourgs reculés. Pareil pour la magie, il s'agit d'un phénomène classique et reconnue. 
Le problème est que la culture populaire est aussi répandue qu'incomplète, quand elle n'est pas tout simplement inexacte. La magie n'est pas « ce qui sort du doigt d'un mage », comme on me l'a trop souvent répété (3). La magie ne se définit tout simplement pas par le mage, bien au contraire.

Si l'on reprend la définition donnée par Théodule Dumontronosum dans son Grand Dictionnaire Thaumaturgique à usage des gens aux pensées simples, la magie est « la manifestation dans le plan physique concret de l'Essence arcanique, ceci dans une forme variable et plus ou moins appréciable à l’œil nu ». Cette définition a deux avantages : elle expose la magie séparément de toute manipulation préalable d'un incantateur potentiel, autorisant le caractère spontanée de son apparition, et introduit la notion d'Essence. La définition de cette Essence arcanique par Dumontronosum est hélas bien moins compréhensible et l'on serait tenté de la résumer comme de suit : elle correspond à l'énergie primaire qui circule dans le monde, dont une quantité infime réside en toute chose, permettant de maintenir un lien entre le vivant et quasiment tout le reste (4). Intangible et presque indécelable, elle reste néanmoins omniprésente et navigue, plus ou moins fortement, entre les moindres points de notre monde – et même des autres pour ce que l'on en sait.

Le mage, sorcier ou pratiquant des arcanes, va alors être celui capable de ressentir et manipuler cette Essence, d'user de sa manifestation en notre plan physique pour l'influencer par la suite. Le mage use de la magie brute, lui donne forme, mais ne la crée en aucun cas ! Cette nuance a été longtemps une source de dispute entre les milieux concernés, car accepter que le thaumaturge puisse créer à partir de rien revenait à lui conférer des pouvoirs quasi-divins, ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes relationnels par la suite, comme peuvent s'en douter nos lecteurs les plus dévots.

Pour résumer : le mage est celui qui emploie la magie brute, issue de l'Essence, dans un but précis.


3. Ni du doigt, ni d'aucun endroit dudit mage.

4. Toutes ces affirmations ont depuis longtemps été débattues et confirmées par des chercheurs forts intelligents et ennuyeux, lors de conciliabules interminables. Toute personne soucieuse de vérifier ces théories peut feuilleter ces compte-rendus s'il le souhaite, à condition de disposer de beaucoup de temps libre.



Aparté : à propos de l'Essence.

L'Essence en soi est au cœur d'un débat houleux entre les penseurs, qu'ils soient mages ou non. La question est de savoir ce qu'est l'Essence, et sur la question deux écoles s'affrontent : la première la définie comme un condensé de tout ce qui est ou pourrait être, une dimension des possibles dans laquelle le mage appelle à lui l'Essence sous une forme qu'elle connaît déjà ; la seconde affirme que l'Essence est une matière brute ayant servi à la création du monde, et qu'elle peut prendre la moindre forme qu'on lui suggère. Cette dernière définition garde aujourd'hui la faveur des penseurs, car elle justifie au passage le phénomène d'entropie qui caractérise un sort lancé sans contrôle suffisant : un chaos sans nom qui semble essayer d'obtenir une image précise sans y parvenir.


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Message posté le 23:26 - 29 oct. 2015

Magie et formations

La décision est prise : vous serez mage. Vous avez une affinité pour la manipulation de l'Essence, un cerveau plus ou moins fonctionnel et savez vous exprimer sans difficulté (5). Qu'il s'agisse d'un choix personnel ou du souhait d'un parent autoritaire, il vous faudra dans tous les cas intégrer une formation minimale, ne serait-ce que pour apprendre à éviter d'exploser tout seul – accident hélas trop fréquent même chez les mages diplômés.

Notre pays recèle justement en son sein des établissements spécialisés dans ce domaine, communément appelés Collèges, héritiers de traditions plus que centenaires et à la réputation inébranlable. Tout jeune homme – ou jeune femme, le métier est fort heureusement mixte – souhaitant maîtriser les bases de la discipline devra passer par l'un d'eux. Ils sont toutefois tous très différents, dans leurs enseignements comme dans leur philosophie, et il est donc très important de réfléchir à son propre caractère avant de jeter son dévolu sur l'un de ces établissements.


5. Les bègues sont le plus souvent disqualifiés d'office.



L’École de l'Obsidienne : la force dans l'harmonie

L’École de l'Obsidienne est le collège situé le plus au nord du pays, encastré dans le flanc d'une montagne située dans la périphérie d'Eschorie. La cité est d'ailleurs la principale source de revenu du collège, qui lui loue régulièrement ses membres pour des travaux de précision au sein de ses colossales fonderies.

Cet établissement est surtout connu pour la fascination qu'exercent les flammes sur ses membres, et de nombreuses personnes ne savent faire la différence entre un membre de l'Obsidienne et un dangereux pyromane (6). Considérer ces pratiquants comme de simples boutefeux serait toutefois insultant et très réducteur. La tradition de l'Obsidienne repose sur le principe de l'équilibre : un esprit fort, à même de contrôler l'Essence dans une forme aussi pure et délicate que la flamme, se doit d'être complété par un écrin tout aussi puissant. C'est cette harmonie entre le corps et l'esprit qui donne selon eux la discipline nécessaire pour faire jaillir les flammes. Ainsi, les disciples de cette école sont le plus souvent des gens sains et en très bonne condition physique, portant des vêtements près du corps. De quoi égratigner l'image du thaumaturge gringalet.

L’École de l'Obsidienne fonctionne sur un principe hiérarchique simple : le maître enseigne à des groupes d'élèves une matière dont il est reconnu comme expert, et ce jusqu'à ce qu'un autre membre de l'École ne lui dispute son titre au cours d'un défi. Cette forme très simple de promotion professionnelle se retrouve jusqu'à la tête de l'établissement, et les défis peuvent prendre toutes les formes, à condition de respecter deux règles : user de magie et ne pas viser directement la mort de l'un des deux participants.

Le maître actuel de l’École de l'Obsidienne est un humain, Dumnamos Epion, dit « Le Brûlé », en poste et invaincu depuis bientôt sept ans.

Les débouchés pour un mage diplômé de cette école seront le plus souvent l'aide magique en industrie de toute sorte, ou l'engagement militaire lors d'expéditions contre les tribus montagnardes. Voire un poste de garde du corps d'un riche noble soucieux de sa sécurité. 


6. Les dangereux pyromanes explosent rarement en quand ils ne parviennent pas à allumer leur briquet.



L'Académie d'Ivoire : la dévotion au service de son prochain

L'Académie d'Ivoire est le Collège situé le plus à l'est du pays, logé autour d'une oasis comprise dans les murailles de Sul-Atre. Elle gère également le vieil Hospice des Dunes, le plus ancien centre de soin gratuit érigé sur nos terres, et bénéficiant des faveurs de nombres des riches marchands locaux.

L'Académie d'Ivoire est certainement le plus réputé et le plus apprécié des Collèges : ses élèves sont formés à l'art de prévenir et guérir les blessures, ainsi que les maladies, en renforçant le pouvoir régénérateur naturel de leurs patients, quitte à le nourrir du leur. Cette profession leur vaut donc une profonde affection de la population, et une diligence toute particulière des différents pouvoirs, lesquels n'osent imaginer un monde dans lequel personne ne ressouderait par magie les membres de leurs sujets. Quand il n'y a aucune plaie à résorber ou de crise de fièvre du Lilas à apaiser, les membres de l'Académie d'Ivoire dirigent des recherches visant à créer de nouveaux sorts ou renforcer les anciens. La discipline de ces pratiquants repose par conséquent sur une abnégation totale et un sens du sacrifice puissant, afin d'affronter sans risque la peine de leurs semblables. En apparence, du moins.

Car il est de notoriété publique que cette noblesse d'esprit ne s'applique pas à leurs proches collègues. En effet, un enseignant de l'Académie d'Ivoire va non seulement enseigner à une classe d'élèves volontaires mais également mener des recherches à hauteur des crédits qui lui sont alloués. Crédits dont le montant augmente nécessairement avec l'importance hiérarchique et dont les détails de leur utilisation n’intéressent pas grand monde (7). La compétition pour l'élection de Maître d'Académie, laquelle a lieu tous les deux ans, est donc farouche, et les candidats ne reculeront devant aucune bassesse pour discréditer leurs concurrents. Hormis les blessures physiques, qui ne sont que rarement incommodantes dans ce corps de métier.

Le Maître d'Académie actuel est le vainqueur surprise de la dernière élection de 1058, l'orc Nalkul Rosh'Et, Maître du laboratoire incubateur et vice-responsable de la section des chairs vives.

Un jeune diplômé de l'Ivoire peut prétendre sans soucis à un poste de chef hospitalier en province, d'enseignant-chercheur, ou de responsable des soins dans les forces armées. Les plus doués peuvent même devenir médecin personnel de puissants seigneurs.


7. Les riches marchands n'ont pas à être embarrassés par des détails, comme par exemple que leur généreuse donation annuelle a permis d'immuniser les hortensias contre le mildiou du désert. Ni du fait qu'aucun hortensia ne pousse dans le désert.



Le Collège du Corail : la magie au service de vos rêves.

Au sud du pays, il n'existe pas de Collège plus impressionnant, plus éblouissant que le Collège du Corail, lequel est perché sur un des colossaux piquets de pierre occupant l'archipel de l'Atlane, à quelques minutes seulement de l'île capitale : la Talente. Des oiseaux fabuleux volettent à toute heure du jour et de la nuit autour des flèches de cette incroyable bâtisse de marbre et de pierre marine, éclairées à tout instant par une foule de lumières multicolores. Le plus beau ? Rien n'est vrai.

Le Collège du Corail est le plus célèbre, le plus riche mais certainement aussi le plus cruel des établissements de magie : il forme des spécialistes de l'Essence aqueuse, de l’illusion et, aussi, de la domination. Ses élèves sont souvent engagés par les navires marchands, lesquels sont généralement heureux de savoir quand et par où la prochaine tempête arrivera, mais également par de nombreux diplomates : l'art de suggestion et de l'illusion fait généralement merveille dans ce genre de profession. Enfin, il n'est pas rare qu'un membre du Corail fatigué de son établissement parte parcourir les campagnes, où sa maîtrise relative de l'eau est toujours appréciée. Enfin, point à souligner : les adeptes du Corail sont bien souvent leurs premiers clients.

L'enseignement au sein de ce Collège a cela de particulier que c'est l'enseignant qui se choisit un groupe d'élève, qu'il formera à toutes les matières qu'il juge nécessaire. Ce groupe lui servira alors de façade aux yeux de ses collègues, prouvant son savoir et son charisme. Toutefois, le Collège du Corail se distingue aussi par son fonctionnement hiérarchique : les postes occupés le sont à vie, et en cas de décès c'est le collègue situé juste en dessous dans l’organigramme qui prend alors la place. Inutile de préciser que se lancer dans l'enseignement revient à marcher dans un nid de vipère : tous les coups sont permis pour monter en grade, la seule règle étant de ne pas se faire prendre. Le poste le plus convoité reste évidemment celui de Recteur du Collège, puisque ce dernier touche un pourcentage, même minime, de chaque salaire perçu par le moindre membre de son Collège.

Le Recteur actuel a l'apparence d'une juvénile Noctarii d'à peine douze ans, répondant au doux nom de Maetissa Lupius. Le fait qu'elle soit en poste depuis presque vingt ans est un détail dont les gens souhaitant rester en bonne santé évite de parler.

Un diplômé de l'Académie du Corail saura sans mal trouver un emploi au service des corporations marchandes, des navires au long cour ou encore d'interrogateurs pour la police politique d'un camp ou d'un autre. La place de secrétaire particulier pour de nobles ambitieux est également une valeur sûre, bien que les places soient rares et le plus souvent dangereuses.



L’École du Jonc : la souffrance pour le bien commun.

L’École du Jonc est l'établissement le plus ancien de Ter Aelis. Second Collège du sud, il est également celui qui a connu le plus de revers dans son histoire, subissant les traumatismes consécutifs de la Grande Guerre de 608 et de l’Épidémie de Langue Pourpre de 676. Leurs bâtiments se dressent sur une île de l'estuaire de l'Yrio, relié à Galeon par une succession de passerelles enjambant les marais.

Les adeptes du Jonc ont pendant longtemps souffert d'une réputation quelque peu infondée de pratiquants des arts noirs et des sciences occultes (8). Il est vrai qu'à l'époque de sa création il amena à lui une quantité non négligeable de chamanes, nécromants et mages psychopathes, et que certains d'entre eux devinrent les mages sombres les plus puissants de leur temps... Mais il s'agit d'un passé que l’École du Jonc refuse de laisser se répéter, et elle a depuis plusieurs siècles rediriger son champ d'action sur la compréhension des maux affligeant les vivants. La différence principale avec l'Académie d'Ivoire est qu'un adepte du Jonc va personnellement s'infliger les affres d'une infection pour apprendre à la contrer : l'objectif est que le corps devienne un terrain d'étude en lui-même, qu'il serve à déceler les faiblesse du bacille pour mieux l'éradiquer. Un mage confirmé du Jonc peut facilement amener sur lui des dizaines de maladies et n'être en conséquence que légèrement enrhumé. La population, même si elle continue à croiser les doigts étrangement en les voyant, a appris à apprécier la présence de ce qu'elle qualifie de « vaccin sur pattes ». À noter que l’École du Jonc n'a pas non plus renoncé à l'enseignement d'arts moins présentables au public, tels que le contrôle sur les masses grouillantes ou la nécromancie appliquée (9). Après tout, amener des cadavres à se jeter par eux-mêmes dans le feu pour éviter une épidémie reste dans leur credo.

La méthode d'enseignement de cette école a également de quoi surprendre : à chaque arrivée de nouveaux élèves, les maîtres viennent choisir parmi eux un à deux disciples, qui les accompagneront dès lors dans tous leurs travaux. Le maître décidera alors seul du moment où son disciple aura terminé son apprentissage. La course hiérarchique est en revanche bien moins effrénée qu'ailleurs, car le Grand Maître reçoit l'insigne honneur de tester sur lui seul toute nouvelle forme d'infection, secondé par ses condisciples. S'il ne survit pas à l'expérience, c'est un des enseignants qui est désigné au hasard. 

Le Grand Maître actuel est l'Elante Pholymede, dit « Bouffe-vérole », en place depuis le temps record de quarante-deux ans.

Un diplômé du Jonc va sans mal trouver des emplois dans les branches médicales et vétérinaires, voire même dans l'agriculture. Il existe également de nombreux postes à pourvoir dans les forces publiques, car des enquêteurs n'hésitent pas à faire appel à des nécromants confirmés pour augmenter sensiblement le nombre de témoins.


8. Entendez par là : plus occulte que les autres Collèges.

9. La matière reste évidemment très encadrée, les nécromants laissés sans surveillance finissant toujours par développer quelques difficultés de discernement entre les états de vie et de mort, et principalement concernant leurs collègues.



La Voie de la Racine : l’apprentissage dans l'errance.

La Voie de la Racine est une école particulière dans le sens où elle en a bien le nom mais pas le bâtiment. Les disciples de la Racine sont des apôtres de la nature. Ils vagabondent par monts et par vaux pour parfaire leur savoir et aider leur prochain.

Un membre de cette école se doit d'avoir pour première qualité des mollets solides et une bonne paire de chaussures. Il s'agit effectivement d'une école « nomade », sans siège fixe et dont les membres n'accordent que peu d'importance aux cours magistraux. Un jeune adepte de la Racine apprendra à développer son lien avec l'Essence présente en toute chose, domptant les êtres sauvages, la terre et les vents colériques : ils sont tous druides, dresseurs, géomanciens et, parfois, un peu fous. Même si d'apparence il semblera pouilleux et mal nourri, un mage de la Racine reste un puissant thaumaturge, et bien mal en prendrait à celui tenté de s'en moquer. L'isolement peut toutefois les pousser à chercher la compagnie de leurs proches, et ils se font alors engager comme saisonniers dans les grandes propriétés agricoles ou dans les compagnies bûcheronnes. 

La formation au sein de ce collège est également unique en son genre. C'est à l'élève de trouver son maître, de rester à ces côté aussi longtemps qu'il le désire, le temps d'apprendre ce que son aînée a à lui montrer. En échange, l'élève lui lègue un fragment de son propre pouvoir, lien qui ne sera jamais totalement brisé même une fois qu'il quittera son maître. Il n'y a aucun cours mais de nombreuses leçons, toutes d'importance, qu'elles soient ou non dans le domaine magique. Tous les cinq ans, se tient une réunion connue des mages seuls regroupant tous les suiveurs de la Voie. Pendant une semaine, ceux qui le souhaitent narreront leur exploits, preuves à l'appui, et celui qui aura le plus convaincu ses paires sera sacré Marcheur, modèle pour ses frères et sœurs et porteur d'une fraction de leur pouvoir, transmis au cour de la cérémonie.

Le Marcheur actuel est une Marcheuse, Yulda K'enr, doyenne Kor d'un âge plus que vénérable, en place depuis quinze ans.

La carrière d'un mage de la Racine est toujours une surprise. Ils peuvent exceller dans presque toute profession mais n'ont pas tendance à rester longtemps au même endroit. Ils sont en revanche très appréciés des explorations scientifiques, qui usent et abusent de leurs dons pour redécouvrir des secrets perdus loin de toute civilisation.



La Tour Éthérée : la voix multiple de la raison

La Tour Éthérée n'est pas en soi une réelle école. Construite il y a moins de deux ans sur une île de l'Yrio en amont de Belle-Alliance, ce Collège de magie a pour but d'offrir un lieu d'expression aux mages des différents Collèges du pays. 

Cette initiative est née du besoin des mages de clarifier leurs positions par rapport aux nouveaux fronts politiques qui séparent alors le pays. Le but de la Tour est de veiller à ce qu'aucun mage ni aucun Collège ne prenne parti pour le Grand Duché d'Eschorie ou pour la Principauté d'Aelis, conservant avec eux des relations purement commerciales et aidant les populations sans distinction. Dans les faits, la Tour est donc un lieu de cris et d'insultes réguliers, mais également d'échanges inédits entre les Collèges. De nombreux mages ont depuis effectué des séjours d’apprentissage auprès de leurs semblables pour varier leurs connaissances, et certaines classes permanentes ont même vu le jour. Toutefois ces classes sont à privilégier pour les mages d'expériences et ne conviennent donc pas aux jeunes vocations.

À noter que pour faire appliquer leurs décisions, le conseil formé par la Tour Éthérée s'est garanti le service des Juges d'Airain, un groupuscule de mages volontaires ayant renoncé à leurs pouvoirs en échange de la projection constante d'un seul sort : la Négation de Ter. Ce sort invalide toute magie autour d'eux et les protège donc des mages dit « renégats » qu'ils chassent impitoyablement. Pour ce faire ils s’entraînent principalement au combat physique et sont par conséquent des maîtres d'armes redoutables, d'autant plus qu'ils sont secondés par des armes et armures enchantées de la meilleure facture. Avant leur rattachement à la Tour, ils avaient la fâcheuse habitude de traquer n'importe quel mage aux méthodes non orthodoxes, aussi les différents Collèges sont bien heureux d'avoir réussi à contrôler leur champ d'action.

La Tour Éthérée n'a pas de dirigeant à proprement parler : elle est représentée par un conseil composé de représentants désignés par leurs Collèges respectifs.



L’École du Vide : la pureté de l'Essence


Il est pour certains pratiquants des arcanes des limites qui sont insupportables, des visions d'esprit trop étriquées pour percevoir pleinement le potentiel de l'Essence. Ce sont ces mages qui fondèrent il y a maintenant deux cents ans l’École du Vide à Vaelin.

L’École du Vide n'est pas un lieu de formation : si l'on en croit ses membres au nombre très réduit, c'est un lieu d'illumination. Là, en cette ville aérienne regorgeant de plus d'Essence que tout autre point, ils apprennent à tisser l'Essence, à en extraire une magie pure, une énergie sans lien avec un quelconque élément ou philosophie. Une puissance brute, dans les mains de quelques initiés. Les mages déçus de leurs Collèges, ou bien lassé d'un pouvoir stagnant, se rendent en ce lieu pour s’entraîner auprès de leurs pairs, tirer le savoir antique de livres oubliés et dompter les flots de l'Essence elle-même. 

Accéder à ce Collège n'est pas chose aisée. L’École du Vide occupe en effet le dessous d'un des blocs volants composant Vaelin, et aucun système mécanique n'en permet l'accès. La charge naturelle d'Essence de cet îlot est quand à elle tellement élevée que pas un animal n'ose s'en approcher. Moralité : la seule solution pour y accéder est de parvenir à voler de façon magique jusqu'à sa passerelle. Un test à la fois simple et très efficace pour s'assurer du talent des nouveaux candidats. Le Maître de l’École du Vide est simplement celui capable d'appeler à lui – et surtout de contrôler – le plus d'Essence arcanique en un seul sort.

Le Maître actuel de l’École du Vide est un Ael, Dimsit Goel, en poste depuis un an suite à la fâcheuse explosion de son prédécesseur.


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Message posté le 23:28 - 29 oct. 2015

Magie et environnement social

Évidemment, comme il fut écrit ci-dessus, la pratique de la magie entraîne une aura prestigieuse que nombre de ses adeptes sont tentés d’accroître : les gens de pouvoirs sont donc régulièrement courtisés par quelques mages et sorciers ambitieux, n’hésitant pas à mettre leurs dons au service des désirs plus au moins légaux de leurs protecteurs. Bien sûr, l’interdiction aux arcanistes de prétendre aux pouvoirs politiques – ou même financiers – les oblige à rester dans l’ombre, mais certains savent très bien s’accommoder du rôle de l’éminence grise, et les nombreuses purges organisées par les Collèges au sein de leurs rangs révèlent bien souvent des positions plus que confortables et influentes.

Cette séparation entre pouvoir et magie se fait souvent plus floue à mesure que l’on s’éloigne des sphères d’autorités des grandes cités : les petites localités isolées sont souvent l’abri de praticiens évoluant hors-collèges, héritiers d’une forme de magie rudimentaire mais efficace et souvent d’un statut d’autorité inné. De moins en moins nombreux à mesure que les routes et les relais s’agrandissent, ils n’en sont pas moins présents et quiconque les négligerait risquerait de le payer au prix fort. D’autant qu’ils ne sont pas réprimés par les Collèges, qui estiment avoir assez de travail au sein même de leurs organisations.

En revanche les Collèges et le Conseil de la Tour font une chasse obstinée à deux catégorie de mages : les renégats à leurs propres doctrines, souvent d'anciens membres en fuite s'étant fait prendre à piocher dans la caisse ou à abuser des nouveaux élèves, et surtout les thaumaturges fous qui tyrannisent un ou plusieurs villages isolés. Qu'un patricien ayant été formé hors-collèges dirige une communauté éloignée est une chose. Qu'un mégalomane force les habitants à porter du mauve le samedi pour le distraire sous peine d'une boule de feu sur leur chaumière en est une autre. C'est principalement pour ces missions que le Conseil fait appel aux Juges, qui se font une joie de passer ledit renégat au fil de l'épée et de brûler sa tour, sous les regards satisfaits des paysans (10).


Enfin concernant l'actuel conflit larvé entre la Principauté et le Grand Duché, rappelons juste ce qui fut abordé plus haut : le Conseil veille à la neutralité la plus pécuniaire, et quiconque se verrait surpris à prendre le parti d'un des deux camps sans rémunération préalablement validé par son Collège se verrait immédiatement pourchassé par les Juges. Une règle simple quand on y pense.


10. Généralement des gens simples, sachant apprécier un spectacle quand ils le voient.


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Message posté le 23:32 - 29 oct. 2015

Magie et concurrence

La technologie a majoritairement stagné ces derniers siècles, étouffée qu’elle est par l’omniprésence de la magie. Les améliorations techniques existent, évidemment, mais elles se sont concentrées sur les manières d'employer l'énergie thaumaturgique de façon optimale et non sur ses possibles palliatifs. Ainsi une communauté privée de mage ou de sorcier local va vite se trouver limitée dans ses possibilités de croissance par le nombre d'animaux de trait dont elle dispose. Il existe pourtant dans des contrées lointaines des découvertes scientifiques majeures, l'histoire récente nous l'ayant prouvé – notamment à coup de boulets d'acier dans les gencives. On peut donc avec raison se demander ce que serait notre grand pays si ces avancées pouvaient éclore dans nos frontières, bien qu'une telle candeur soit réduite rapidement au silence devant les faits : les Collèges ont depuis longtemps compris où se situaient leurs intérêts et surveillent de très prêt tout ingénieur agricole un peu trop intéressé par les principes sacrilèges du mouvement à répétition autonome (11).

On peut toutefois noter les travaux de certains mages dans le domaine de l'armement notamment. Si l'enchantement d'armes et d'armures est depuis longtemps pratiqué, il est une invention récente qui continue d’émoustiller au plus haut point les généraux : la pierre chargée. Il y a maintenant vingt ans, un mage dont on taira le nom (12) réussit l'exploit de cristalliser un sort très simple : l'Amorce de Gideon, un sort mineur consistant à produire une très faible explosion, rarement utilisé jusque là. Son génie fut non seulement de condenser l'Essence du sort sous la forme d'une pierre plus petite que le point mais également de l'adapter sur une de ces armes dangereuse et inélégante d'au delà des mers. Le résultat fut à la hauteur de ses espérance et, grâce à un percuteur gravé d'une rune d'activation, la première arme à projectile magiquement propulsé vit le jour. Certes, la pierre demande plusieurs mages à sa création et se décharge lentement au fil du temps, mais elle permet plusieurs tirs sans recharge et reste utilisable par quiconque sait utiliser ses dix doigts – ou moins s'il a été l'infortuné victime d'une entropie cristallisée, ce qui arrive parfois lorsque l'on produit les sorts à la chaîne.

Le seul secteur qui ne rentre pas en concurrence avec les pratiquants des arcanes reste sans doute le domaine médical : les herboristes et soigneurs traditionnels n'opèrent tout simplement pas à la même échelle que les mages soigneurs, et même ces derniers sont bien heureux de trouver parfois un cataplasme aux herbes ou un baume malodorant lorsque la maladie les empêche de formuler le moindre sort sans tousser l'intégralité de leurs poumons. Les deux disciplines ont même réussi à progresser parallèlement, les découvertes du grand Pylémé en terme de médecine ayant pu facilement être appliquées aux méthodes non-thaumaturgiques. En découle une sorte d'accord : les apothicaires traditionnels gèrent les soucis de santé de tous les jours et laissent les grands mages soigneurs faire des expériences sur les propriétés hallucinogènes des bacilles mutants de Nekosii, en attendant la prochaine grande épidémie. On ne va tout de même pas déranger les puissants mages pour une angine (13) ?


11. On ne prendra pas la peine de mentionner les alchimistes non-affiliés aux Collèges, ceux-ci réussissant la plupart du temps à disparaître tout seul dans un grand bruit d'explosion et beaucoup de fumée.

12. Mais pas le fait qu'il partit immédiatement vendre sa découverte à toutes les cités et disparut sans verser sa commission au Collège.

13. À la limite pour un membre tranché.


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