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[Ouvert] Eveil

Lothindil, Exodus(...)

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5 nov. 2015 - 11:45

Résumé :

Comment réagiriez-vous si, après êtes aller vous coucher simplement dans votre lit, vous vous réveillez dans un sarcophage de glace et que le monde tel que vous le connaissiez a continué d'évoluer plusieurs centaines d'années ?

Les auteurs :

Elyandra est jouée par Lothindil
Louis J. Brodet est joué par Exodus (...)

Couleurs des dialogues :


Elyandra : #03DBC9
Louis J. Brodet : dodgerblue


Compte utilisé par l'équipe rôliste.
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Message posté le 15:50 - 12 mars 2016

Lothindil a dit :

(Bonne nuit...)

Tel fût sa dernière pensée, comme tous les autres soirs. Dormir, que demander de mieux après une journée chargée à écouter les conseillers et les paysans se plaindre, sans compter la tonne de bannerets qui voulait tous la voir, en urgence. Mais ce n'était que le quotidien d'une Reine dans un royaume pacifiée, et demain serait identique à la veille, à l'avant-veille et à tous les autres jours qui avait suivi son sacre quelques années auparavant.

Mais la nuit lui paraissait longue désormais. Non qu'elle se soit éveillée ou ait été prisonnière dans un mauvais cauchemar. Rien de tout cela, la nuit lui semblait juste vouloir s'éterniser et les rêves se multiplier...

Elle s'éveilla étrangement épuisée quand le soleil se leva enfin. La tête lui tournait et elle avait faim. Sans prendre la peine d'ouvrir les yeux, elle claqua des doigts pour qu'on vienne l'apprêter, comme tous les matins. Mais ce matin n'en était pas un, et certainement pas comme les autres. Les voix qu'elle entendait n'étaient pas celles de ses esclaves, puis elles semblaient étouffée, comme si elles venaient d'une autre pièce. Puis ce lit n'était pas le sien. Aucune couverture de satin pour cacher son corps parfait, aucune soierie sous elle non plus. Non, juste un simple matelas de pailles recouvert d'une couverture de laine qui gratte, à peine plus large qu'elle et un sarcophage de glace glacial au toucher. Elle a l'impression de mourir, d'étouffer. Elle n'a jamais aimé les petits espaces. Son palais était constitué de quatre pièces, d'un minimum de 20 pas chacune.

Il ne lui restait plus qu'à sortir, mais comment sortir d'un sarcophage de glace ?


Exodus(...) a dit :

Le petit homme au crâne dégarni repositionna ses lunettes sur son nez et examina plus en avant ce qui se trouvait devant lui. La paroi de cristal lui permettait de voir le corps allongée d'une femme élancée et de grande beauté, et dont la longue chevelure noire descendait jusqu'à ses hanches. Le verre ondulait de manière fort à propos aux endroit dont la morale avait la préoccupation, et malgré ses mouvements de tête discret l'homme à la cravate n'avait pas réussi à les faire disparaître. Les lois narratives pouvaient parfois être agaçantes.
En s’attardant sur le visage de la femme conservée - à défaut de pouvoir assurément dire endormie - il ne pouvait toutefois pas manquer l’impressionnant canevas de cicatrice qui entourait presque tout le côté droit. Un vrai gâchis, songea-t-il. Brûlure? Mauvais coup? Accident de rasage? Dans tout les cas, cela avait dû être aussi douloureux que répugnant pour les spectateurs. Et pourtant, malgré cette incongruité dermatologique, son visage paraissait si parfait, si serin. Presque... royal.

Louis J. Brodet chassa de sa tête la dernière remarque qu'il savait étrangère à son processus de pensée habituel. Ces foutus lois narratives étaient décidément trop entreprenante en ces lieux.

Le fonctionnaire responsable de l'OTACV (Office Ter-aelissiene de Contrôle de Vraisemblance) regarda autour de lui. Il y avait cette espèce de sarcophage, des tubes le reliant à plusieurs machines sous doute hautement compliquées et encore plus de câbles et de tubes les reliant les unes aux autres. Les longues traînés noire des gainages avait conquis les murs avant de s'en prendre au plafond, pour finalement retomber en direction du sol, tout ça pour finir sous les semelles du visiteur.
Et le pire, se disait-il, c'est qu'ils ne servent sans doute à rien pour la plupart d'entre eux. Juste du matériel d'ambiance, du vent.

Lorsque qu'une équipe de l'Office avait trouvée cette salle dans Wilwarin, ils pensaient avoir découvert une nouvelle salle des machines désaffecté, encore un artefact crachant de la fumée et rappelant à tous à quel point ce qui séparait la Cité volante d'une chute titanesque tombait lentement en décrépitude. Ils avaient eue tord, et comme tout bon fonctionnaire dans cette situation, ils avaient fait remonter l'information, et donc la responsabilité, à leur supérieur. Tout ça jusqu'à Brodet, qui lui ne pouvait pas faire monter le dossier plus haut.

Aussi se trouvait-il là, seul après avoir chassé les équipes présentes, occupé à se demander ce qu'il allait bien pouvoir faire avec tout ça.

Il resserrait sa cravate fuchsia autour de son coup malingre tout en réfléchissante lorsque que le corps ouvra les yeux. Un magnifique œil bleue jeta des regards inquiets de tout côté, mais apparemment sans voir le petit homme fatigué qui se tenait devant l'engin.

Brodet soupira et se mit à le recherche d'un moyen d'ouverture.

Ah, là, l'espèce de rune verte.

- Forcément, murmura-t-il en pressant la pièce qui s’enfonça légèrement, une saloperie de rune verte.

La vapeur envahie alors la pièce.


Lothindil a dit :

Tandis que la belle se débattait en jurant de faire écorcher vif avec les couteaux en sel les cinglés qui avaient osé l'emprisonner dans ce sarcophage glacé, le couvercle dudit-sacrophage se soulèva enfin. Elyandra aspira une énorme bouffée d'air et réalisa, surprise, sentant le souffle du vent sur sa peau qu'elle était parfaitement nue, mais surtout que la moitié de son visage ne ressentait absolument plus rien. Elle ouvrit les yeux et découvrit une salle qui n'a rien à voir avec son palais, ni même avec l'architecture de son pays. En plus, il y avait un homme, petit, rien avoir avec ses géants guerriers protecteur, le crâne aussi dégarni que les vieillards de la ville.

Après avoir repris son souffle, elle hurla un ordre dans une langue proprement incompréhensible pour ceux qui vivaient à l'époque de son interlocuteur. Elle s'assit sur le rebord, les joues rougissant de colère, cherchant de quoi se couvrir où simplement où elle était...


Exodus(...) a dit :

La voix avait tonné, impérieuse, portant en elle l'héritage de millénaires d'ordres donnés et expressément exécutés. Si on prenait garde aux plus profonde des harmoniques, on pouvait y lire le sort qui serait réservé à quiconque oserait alors contre - ou pire, ignorer! - cet ordre.

Malheureusement pour la jeune femme, le fait que l'homme qui se trouvait devant elle n'en comprenne pas un traître mot gâchait toute la scène.

- Et allez... comme si ça ne suffisait pas, on nage dans les langues perdues maintenant! J'vous jure. Bon, premièrement, couvrir la dame...

Il sortit de la poche haute de sa chemise une minuscule fiole transparente, celée à la cire. Moins grande que son petit doigt, elle semblait totalement vide. Il fit sauter le bouchon de cire et l'infime goûte de narration pure s’échappa alors de sa prison. Il n'eue pas à se concentrer trop fort et trouva un sac contenant fort commodément un ensemble gris, apparemment sans âge, qu'il tendit à la jeune femme.

- Deuxièmement, régler le problème de communication. Madame? MA-DAME! Vous voulez bien me regarder s'il vous plait?

Il sortit de la même poche une deuxième fiole, cette fois légèrement plus grosse. Il la secoua devant les yeux méfiant de la jeune femme avant de l'ouvrir d'une pichenette et de lui jeter le contenue à la figure.
Cette fois c'était à elle de faire le travail, et elle y parvint à merveille, se redressant et lançant une série de mots plus violents les uns que les autres, que Brodet écouta avec attention.
Allez, juste un petit effort, elle n'a qu'à trouver les mots les plus proches des idiomes actuelles et... Gagné! Le dernier mot était un juron ressemblant à s'y méprendre à l'argot Kiulm du sud d'Echoriath, et, "comme par hasard", Louis J. Brodet y avait passé suffisamment de temps dans sa jeunesse pour pouvoir tenir un discours dans cette langue si l'envie lui en prenait. Modifiez l'accent, rajoutez une ou deux règles grammaticale exotique et vous obteniez la langue de la jeune femme.
Ils allaient enfin pouvoir communiquer!

Il sortit un écritoire d'une sacoche qu'on aurai juré être absente quelques secondes auparavant.

- Bon, ma petite dame, dit-il dans sa langue mais avec un accent particulièrement nasillard, on va pouvoir commencer, hein? Alors dans l'ordre, j'aurais besoin de votre nom, prénom, âge et surtout provenance. Et vite si possible, j'aimerai bien être rentré pour le café.


Lothindil a dit :

Elyandra s'énervait de plus en plus, son teint de lait se teintait d'une pourpre et ses yeux semblaient virer au rouge eux-même. Elle ne comprenait rien à ce qui se passait, rien à ce que ce mufle à tonsure baragouinait et surtout rien à l'endroit où elle était ! Où étaient ses gardes, ses trésors, ses caméristes, ses bijoux, son sceptre, sa couronne, son palais,... Où était ses affaires ? Ou plutôt où était-elle et qui la retenait prisonnière ? Parce que manifestement, elle était prisonnière, otage d'un bandit ou d'un prétendant repoussé comme tous les autres ou même d'un royaume voisin qui voulait annexer ses terres, à elle !

Elle semblait même se calmer, un peu, quand l'abruti chauve se décida à lui trouver de quoi s'habiller. Une robe, grise, ressemblant à rien. La coupe étaient affreuse, tellement, exotique et banale; le toucher lui-même étaient banal; rien de ressemblant avec la soie sauvage de la forêt du Nord et encore bien plus loin de l'Erltar, ce tissu des Dieux dont on tissait la cape des rois. Manifestement elle était bien en prison, c'est le genre de tenue digne d'un prisonnier, pas d'une Reine. Mais à défaut de grive, on mange des merles, à défaut d'Erltar, elle décida d'enfiler, seule, vu que l'homme ne semblait pas vouloir l'aider, cette robe grise. A défaut, c'était une tenue de femme, elle n'aurait que difficilement toléré des peaux de bêtes et des pantalons.

L'être chauve l'interpella dans un idiome fade, digne d'un rustre des montagnes, elle lui jeta un regard noir qui fût accueilli par... un jet de liquide. Comme si la tenue ne suffisait pas, il l'humiliait maintenant. Sans jamais le toucher, c'était ses gardes qui appliquait les sanctions, jamais elle n'aurait pris le risque de s'abîmer la main sur la peau d'un être inférieur, elle se répandit en insulte et en menaces variées.

Elle ne s'arrêta que quand elle vit que, manifestement, personne ne réagirait à ses ordres et que ses menaces n'effrayaient pas le moins du monde le chauve. Epuisée, et affamée en cadeau, elle finit donc par s'asseoir et par détaillé son interlocuteur.

Du métal sur les yeux, l'épaisseur d'une peau de chat, l'attitude d'un scribe qui attend, il n'avait guère l'air dangereux, à première vue du moins. Il lui posa une question dans sa langue, il lui sembla que c'était la première fois qu'elle entendait ces mots depuis des siècles, peut-être des millénaires et malgré un accent particulièrement déplorable et quelques accords douteux, elle comprenait le sens... Mais elle mit un temps à réaliser ce que l'humain lui demandait, à croire qu'il ne savait pas qui elle était; mais elle buttait sur le dernier mot, qu'elle n'avait jamais entendu :

"Café ?" répéta-t-elle en cherchant à comprendre le sens de la dernière phrase de son interlocuteur. Cependant, elle décida quand même de répondre à ses questions.

"Elyandra Es'Taroumin Kar Arsimarina Ers'Chaminarn dite Elyandra II, reine de Satartis, maîtresse absolue des 12 couronnes de l'Orient, grande prêtresse de Naastira, chevalière d'honneur de l'ordre des quinze, porteuse du manteau divin d'Erltar, couronnée d'Artin dans le temple de Nestira, guide suprême de l'ordre des marchands d'Orient et guide d'honneur de la guilde des marchands d'Occident, chef des ménestrelles de Charmia, Capitaine des gardes de Sarthiir. Mon peuple a célébré mon 30ème été voilà deux lunes et la dernière fois que j'ai pu m'endormir c'était dans la soie du palais d'été de Nestira. Mais si vous m'avez enlevé, je suppose que vous deviez déjà le savoir." Son parler était parfait, sa voix douce et parfaitement modulée, à la limite du chant, cette impression de perfection se brisa net quand, une poussière de seconde après avoir fini, son estomac poussa un rugissement propre à réveiller une armée de mort.

"Vous auriez à manger ? Je ne ferais pas la difficile pour une fois."

Après les menaces, Elyandra s'essaya à une autre technique qu'elle maniait presque aussi bien : la minauderie teintée de douceur et de timidité...


Exodus(...) a dit :

Il fouilla de nouveau dans son porte document et en sortie un sandwich triangulaire qui semblait avoir passé trop de temps coincé entre deux feuilles. L’emballage était humide et le pain sans doute mou, mais le filet de Ciorum fumée qu’il renfermait suffirait à faire oublier la texture. De plus, Brodet avait pris garde qu’aucune tranche de concombre ne viennent se glisser entre la chair rose et tendre du poisson et le pain, mode culinaire ô combien écœurante à son gout et hélas prisée par le chef cuisiner du Siège de l’OCTAV.

- Tenez, majesté, dit-il en accentuant exagérément le ton révérencieux, tout en lui tendant le paquet. Ça devrait vous tenir quelque temps dans l’estomac. Et pour le café, on verra plus tard, n’est-ce-pas votre seigneurie ?

Ça lui fermera le clapet pendant quelques instants, songea-t-il avec un agacement qui le surprenait lui-même.

Le visage de la jeune femme, qui était devenue tout de sucre et de miel au moment de sa supplique, se referma brusquement tandis qu’elle lui prenait sèchement le sandwich des mains. Apparemment, l’apprentissage du sarcasme et la moquerie n’avait pas été écarté de son éducation par une cour royale trop flatteuse, ce qui était une surprise en soit.

La règle narrative voulait que les princesse et reines pouponnées soient des petites poupées mignonnes et fragiles, tyrannisées par un conseiller malhonnête et exceptionnellement laid, dans l’attente du prince charmant. Et le coup du cercueil de verre, c’était un classique. Bon, la version « sarcophage à vapeur » jurait un peu par rapport aux canons du genre, mais vu le décor on pouvait y trouver une tentative d’adaptation narrative plus qu’autre chose.
Et pourtant... Et pourtant cette affaire commençait à lui poser des problèmes. Comme un doigt insistant qui tapoterait son épaule, une idée essayait de lui faire comprendre que quelque chose ne collait pas.

Rapidement, alors qu’elle mangeait en silence la première moitié du sandwich, il tourna une page de son écritoire et se mit à fouiller la liste inscrite juste derrière. Elyandra II… Satartis… Les noms défilaient à toute vitesse sur la feuille, l’encre semblant rouler derrière le papier pour réapparaitre quelques instants plus tard en bas de la page, dans une forme différente. Pas de résultat. Il tenta une recherche plus général, à base de mot clefs et en utilisant les termes religieux employés précédemment par la souveraine. Les cultes étaient généralement les dénominateurs communs et de là il pourrait remonter à… rien. Peau-de-balle. La feuille persistait à faire bouger l’encre, de plus en plus vite, sans parvenir à s’arrêter sur les mots qu’il recherchait. Et ça c’était nouveau. Inquiétant, mais nouveau.

- Ma chère madame, je vais vous demander de venir avec moi, se dépêcha-t-il de prononcer tout en attrapant la jeune femme par le poignet, alors que celle-ci mastiquait sa dernière bouchée.

Si celle-ci comptait s’y opposer, elle n’en n’eut pas le loisir. Brodet l’attira jusqu’à la porte métallique de la pièce et, de sa main libre, enfonça ce qui semblait être un bouton de porte dans le métal. Il tourna ensuite d’un coup sec la poigné et tira vers lui.

La salle crasseuse et encombré de tuyauterie de Wilwarin fit place à un large couloir blanc tapissé de moquette bleu, entrecoupé de nombreuses portes et casiers. Des fenêtres coupaient les murs et quelles décorations au goût discutable couvraient la majeure partie du mur. Des gens  circulaient en tous sens, bruyamment, les bras chargés de documents ou de tasses contenant un liquide brun et fumant. Louis J. Brodet fendit au milieu de la foule, mu qu’il était par une excitation qu’il pensait éteinte depuis bien longtemps.

Trainant toujours une jeune femme sous le choc par le bras, il finit par se diriger au bout de quelques secondes vers une porte que rien ne différenciait des autres et l’ouvrit brusquement. Il s’y lança avec sa protégée et leurs pieds foulèrent alors un gazon tendre parsemé de fleurs. La porte n’était plus. Le couloir avait fait place à son tour à une espèce de clairière enchanteresse, encadrée d’arbre au ramage imposant et verdoyant. Deux chaises ainsi qu’une table de jardin les attendaient, accompagné d’un étrange objet cylindrique en métal et de deux tasses.

- Je vous en prie, installez-vous, invita Brodet. Je suis désolé de vous avoir imposé ce petit moment désagréable, mais je pense qu’un cadre apaisant était de circonstance pour ce qui va suivre. C’est joli non ? Un morceau de conte apparu spontanément sur un ilot de Wilwarin : plutôt que de le censurer, on a préféré le reconvertir en salle de repos. Je dois dire que le chant des petits oiseaux me détend moi-même beaucoup, et…

Le regard de la jeune femme était un mélange de colère, de peur et de frustration.

- … et je crois que je ferais mieux d’en venir au fait. Attendez, je vous sers un café. Ecoutez, dit-il en versant le contenu de l’objet cylindrique dans les deux tasses, je me vois dans l’obligation de vous informer d’une chose un peu… perturbante. Mais d’abord je dois savoir une chose primordiale. Quelle est la dernière chose dont vous vous souveniez, avant votre réveil ? Toute votre journée si possible, mais même quelques heures m’arrangerait. Et n’oubliez rien. Passage sur le trône – royal ou de commodité, haha -  passe avec un noble entre deux audiences, odeur, son, il me faut tout savoir. Et si vous voulez j’ai d’autres sandwiches dans ma mallette. Allez-y.


Lothindil a dit :

Pour qui il se prenait celui-là ? se demandait la Reine après avoir répondu. L'homme prétendait ne pas l'avoir enlevé, grand bien lui fasse, Elyandra ne semblait pas savoir si elle devait le croire ou non. Mais si on ne l'avait pas enlever, que faisait-elle dans cette salle trop petite avec cet homme si étrange ? Puis la question de où on était, elle ne l'avait toujours pas résolu, et c'était pourtant la seule question qui l'importait, à l'heure actuelle.

L'homme lui tendit un paquet étrange, avec ce qui devait être de la nourriture. Quand elle parlait de manger, elle imaginait plutôt un superbe festin avec de l'ours rôti, des tartes aux poissons et aux épices, des fruits,... pas... ça.

Sa mauvaise humeur se manifesta d'un coup sec quand elle saisit malgré tout ce qui lui servirait de repas. Elle passa les minutes suivantes à hésiter entre mordre dedans ou cracher dessus. Finalement, elle décida qu'elle avait trop faim et goba quasiment le premier morceau de pain. Elle mangea plus correctement la deux partie, pris le temps de faire semblant de le déguster, trouva qu'il manquait franchement de goûts et jura intérieurement sur les rustres incapables de faire à manger correctement.

Mais l'homme chauve aux éclats de verre sur les yeux ne lui laissa qu'à peine le temps d'achever sa dernière bouchée. Il l'agrippa par le poignet, lui faisant mal au passage. Mais elle ne dit rien, on ne râle pas la bouche pleine quand on a de l'éducation. Tandis qu'il la trimballait dans divers passages plus étranges encore que cet être déjà bizarre, elle s'imaginait entraîner vers des tortionnaires, peut-être même des violeurs, ou des écorcheurs. Elle chercha à se débattre, mais elle était tellement faible qu'elle parvenait en fait qu'à peine à suivre le pas rapide de l'homme sans s'effondrer.

La tête lui tournait et le bruit extérieur lui parvint enfin, l'assommant encore plus. Des gens, plein de gens, des odeurs totalement étrangères, des langues inconnues,... tout était trop neufs, tout était trop différent, il n'y avait désormais plus rien à quoi elle pouvait se raccrocher, à part l'homme qui la traînait toujours par le bras, seule part connue dans ce qui semblait un monde totalement inconnu.

Il lui fit passer une porte et ils finirent par se retrouver à l'extérieur, dans une clairière, avec des arbres, des fleurs, de l'herbe et même des chants d'oiseau. Elle resta un instant totalement interdite, ne pouvant pas croire que la simple vision d'un extérieur pu lui paraître tellement enchanteur. Même si aucune des espèces présentes ne ressemblait à celles de chez elle, c'était toujours mieux que d'être entouré de métal.

Elle n'avait plus rien dans son attitude de la Reine des douze couronnes qu'elle était, cette traversée des couloirs l'avait secoué. Elle s'effondra dans l'herbe, et s'assit le dos à un arbre, la position lui paru des plus agréables directement. A nouveau l'homme lui parla, et pour la première fois, il avait pour elle quelque chose de rassurant. Elle vit en lui une branche où se raccrocher, à défaut de mieux. Elle accepta la tasse de liquide chaud avec un petit sourire qu'elle voulu gentil. C'était donc ça du "café" ? Elle n'aimait pas le goût, elle trouvait même ça assez dégoûtant, trop amer, pas assez épicé, mais elle le but, par politesse autant que par soif.

Elle ne comprit le mot sandwich qu'après avoir eu la tête dans la mallette, mot qu'elle ne compris d'ailleurs que par le geste de la main de son interlocuteur. Elle repris un emballage, c'était pas franchement ragoûtant, mais ça nourrissait et pour l'instant il lui fallait de la force.

Il lui fallu faire un effort pour se souvenir de ce qu'elle avait fait la veille, ou plutôt la dernière fois qu'elle avait été éveillée, comme si un millénaire était passé entre temps. Elle ferma les yeux, pour tenter de se remémorer le plus possible de détails intéressants :

"Nous sommes le premier jour de la moisson. Je me suis levée comme tous les jours dans mon palais d'été, à Nestira. Les draps étaient en soie sauvages bleues. C'était un cadeau de la délégation de la guilde des marchands d'Occident, venue douze jours auparavant. Ce jour-là, Haalys m'avait appris que les Mordris acceptaient enfin de se rendre. Elle m'avait apporté le traité signé du sang de Hewyn fille de Céohild. Ce traité de paix mettait fin à douze années de guerre.
En ce jour de la moisson, j'ai donc mis ma plus belle robe rouge, mon manteau d'Erltar et ma couronne d'Artin. En effet, Hewyn fille de Céohild est arrivée la veille au soir, avec son fils aîné, Themcas. Le traité prévoyait en effet une union durable entre nos peuples, une union royale. Son fils allait devenir mon septième et dernier époux. L'union divine selon les astrologues -bandes de fous-."


Après un coup d'oeil vers son interlocuteur, elle explique rapidement que le nombre sept est sacré et que c'est de cet union-là que naîtrait l'héritière au trône, quelque soit les enfants nés des six premières unions.

Elle explique ainsi à Louis J. Brodet comment s'est passé une journée extraordinaire même pour une Reine avec moult titres, à savoir ses septièmes fiançailles, avec une Cour extraordinairement hypocrite, un futur époux la détestant presque autant que sa future belle-mère, mais faisant comme s'ils étaient les meilleurs alliés et amis au monde. Comment le soir, pour extérioriser sa haine et son agressivité, elle avait fait appliquer les peines de mort de deux traîtres démasqués peu avant en usant d'une violence peu commune; comment elle avait fini par s'endormir auprès d'Eldgard, son troisième époux.

"Après, je ne me souviens de rien. Une impression de froid, intense. Une chaleur et une douleur, intense aussi. Puis plus rien, juste un sommeil qui m'a paru long, très long, mais dont il était impossible de me réveiller..."

Elle ouvrit alors les yeux et les plongea dans les verres de Louis Brodet, qui avait un interlocuteur patient tout le long.

"Je vous ai dit ce que je savais et qui j'étais. Vous avez une dette désormais avec moi. J'ai eu de nombreux présents des marchands d'Occident et d'Orient ces dernières années, j'ai rencontré de nombreux ménestrels parcourant le monde aussi. Je n'ai jamais entendu parler du café, jamais vu du matériel d'écriture comme le vôtre, jamais entendu parler d'une cité comme celle que nous avons traversé. Qui êtes-vous, où sommes-nous et quand ? Combien de temps ai-je dormi ?"

Elle sentait que l'effet de la potion lui permettait de comprendre et d'être comprise ne tarderait pas à cesser, mais elle devait savoir avant.


Exodus(...) a dit :

Louis J. Brodet lâcha un petit soupir. Il avait scrupuleusement consigné tout ce que la Reine Elyandra lui avait décrit, notant chaque mot mais également changement de ton, grimace et haussement de sourcil. Il avait lancé des recherches parallèlement à sa prise de note, profitant des brèves pauses de son interlocutrice.
Rien à faire : les lignes d'encre finissaient toujours par revenir aussi seules sur la page, sans concordance aucune.

Le petit homme saisi les fines branches de ses lunettes et les déposa sur la table. Fermant les yeux et pinçant l'arrête de son nez entre ses doigts, il massa quelques seconde avant de fixer à nouveau la femme qui se trouvait devant lui. Il lisait dans son regard assez de détresse pour effacer le masque impérieux d'un orgueil inscrit en elle depuis sa naissance. Au point que même l'indifférence née de l'ennuie crasse d'un fonctionnaire céda à son tour.

Il prit alors la parole, d'une voix qu'il essaya de faire la plus sincère et compatissante possible.

- Alors voilà... Comment dire...

Bon sang, par où allai-t-il bien pouvoir commence? Quels mots simples choisir pour qu'elle comprennent le noyau du problème?

- Essayons de faire simple : le café. C'est une boisson aux vertus supposées énergisantes, consommé traditionnellement chaud. Elle est issue du fruit d'un végétal particulier et... Non, manifestement je ne vais pas répondre à vos questions dans l'ordre, ce serait pire. Recommençons.

Il se redressa sur sa chaise et tenta un sourire aussi chaleureux que possible, pour un résultat mitigé.

- Je me nomme Brodet. Louis J. Brodet. Mon nom vous semble sans doute étrange, et à raison : je ne suis originaire ni de votre royaume, ni d'un de ses voisins. Mon pays se nomme Ter Aelis, et j'y vis depuis maintenant 52 années. Nous somme en l'an 1058 depuis la Grande Colonisation, selon notre calendrier. Plus précisément, le dix-huitième jour du mois Rouge. Mais je doute que cela nous vous dise rien.

Il tapota son porte document d'un geste affectueux.

- Concernant mon petit matériel, je peux vous rassurer en vous disant que même parmi les gens de mon pays bien peu sont ceux à en avoir vu de semblable. En effet je travail pour un bureau assez particulier, nommé l'OCTAV... Vous appelleriez ça un "cabinet royal" je pense, là où des gens de confiance oeuvrent pour la sécurité de votre personne et de votre royaume. La seule différence est que, dans le cas de l'OCTAV, vous n'auriez aucune idée de leur existence, et aucune preuve tangible de leur activé. C'est par là que nous sommes passés, il y a quelques instants.

Il se servit une deuxième tasse de café qu'il huma une seconde avant de reprendre.

- Le monde est compliqué, voyez-vous. Il se compose de tout une multitude d'êtres, d'esprits et d'ambitions. De toutes ces choses naissent les rêves, les idées, les projets et surtout les histoires. Les contes, si vous préférez. Qui n'ont de valeur que parce qu'elles sont des histoires, n'êtes vous pas d'accord? Le problème est alors le suivant : le monde, voir l'univers en général, ne semble pas toujours faire la différence entre le réel et l'histoire, et tente régulièrement de les lier ensemble, par un procédé que nous appelons, au sein de notre bureau, la narration. Elle.. créé des liens, permettant aux histoires de naître et de s'entendre. Hélas, souvent au détriment du réel. C'est là que j'entre en scène, dit-il avec une once de fierté. Je repère les éléments non réel, en capture la narration, et les effaces.

Il sortit de son veston une petite fiole semblable à celles qu'il avait utilisé plus tôt dans la journée.

- Ceci est un fiole de narration concentré. C'est grâce à elle que nous pouvons communiquer : je vous en ai versé sur le nez de manière à ce que "l'histoire" de notre rencontre puisse continuer, vous comprenez? Et je ne vous le cache pas, j'ai d'abord cru en vous voyant avoir affaire à un conte. Vous étiez entouré de narrativité pure, tant dans l'endroit que les circonstance de votre apparition. Mais après coup, je me suis rendu compte que vous, vous étiez réelle. Par là j'entends... vraiment réelle! Je vous crois lorsque vous me parlez de votre vie, de votre royaume et de vos traditions. Et pourtant, pardonnez-moi de vous le dire aussi directement, vous n'existez pas. J'ai fait des recherche sur votre nom, votre royaume vos religions vos guildes et même vos jurons! Mais rien ne sort de nos archives : ni des contes, ni du réel... Vous êtes ce que j'appelle "un cas unique" dans une carrière pourtant longue et fastidieuse.

Il laissa s’affaisser ses épaules et un nouveau soupir s'échappa.

- Pour répondre à votre dernière question, je ne sais malheureusement pas combien de temps vous avez dormis. Car je n'ai tout bonnement pas de date à comparer avec les notre, aucun indice temporel ou géographique. Vous pourriez ne pas appartenir à ce monde, venir... d'ailleurs, qu'en sais-je? Ou, et ce serait là une hypothèse bien pire, venir en effet de ce monde... et en avoir été entièrement effacé. Vous, votre empire, toute trace de la moindre chose qui vous soit lié de prêt ou de loin; dans le passé comme dans le futur. Mais qui pourrait faire une chose pareil, murmura-t-il pour lui-même, et comment? Magie? Narration? Autre chose?

Pour toute réponse il écarta les bras avant de laisser ses mains tomber le long de ses cuisses.

- Alors voilà ou nous en sommes, conclut-il : nous connaissons nos noms, nos professions, mais malheureusement, je n'ai pas d'autre réponses à vous apporter. Je nage dans l'ignorance, tout comme vous. Enfin...

Il déboucha brièvement la petite fiole qu'il avait auparavant posé devant lui. Un petit pilier de marbre se trouvait soudainement à sa droite, comme s'il avait toujours été là, et sur son chef reposait un panier remplie à ras-bord de pain, de viandes et de fruits en tout genres, accompagné d'une carafe argentée.

- ... au moins je peux vous fournir un repas un peu plus consistant que mes maigres sandwichs. Qu'importe d'où vous venez ou depuis combien de temps dans le passé, vous devez avoir faim?


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