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Braquage à la belle thilienne

[Cho + Green (+Grendelor)]

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15 nov. 2015 - 14:17

Résumé :

Liz et Montague sont à bord d'un train reliant les Cories à la Grande Belle Thil. Après avoir partagé quelques discussions au sein du même compartiment, leurs routes se séparent... et se recroisent à nouveau plus tard dans la journée lorsque, suivant leurs plannings respectifs, ils se retrouvent à braquer le Club des Sociétaires simultanément.
Une impasse mexicaine, quelle en sera l'issue ??

Aparté

Les auteurs :

- Montague Greenberg (le Grand Qosmo) est jouée par Green.
- Liz Redburn est jouée par Cho.


Couleurs des dialogues :

Montague Greenberg : #008E8E
Liz Redburn : #CC55CC


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Message posté le 21:48 - 16 nov. 2015

Green Partizan

En ce début mois de novembre, le neige commençait déjà à recouvrir silencieusement les pavés et les toits de la cité industrieuse des Cories. Cette poudre blanche qui tombait contrastait beaucoup avec les fumées noires de la ville qui ne cessaient jamais de s’élever. La gare principale était installée dans la partie Sud, à flanc de montagne. En contrebas à l’Est s’étendait la vallée de la Jougle, pas encore gelée à cette époque de l’année. Ce passage entre les massifs laissait entrevoir l’un des grands lacs de la région de l’Ifer, à quelques dizaines de kilomètres, et au-delà, les plateaux intermédiaires qui ouvraient sur les plaines du Sud.
La locomotive du train de 9 heures était prête à partir, la chaleur irradiant de son enveloppe sombre dans l’air glacé des montagnes. Quelques voyageurs en profitaient même pour se réchauffer, se tenant auprès d’elle sur le quai, discutant en se frottant les gants. Le départ était imminent.
Montague Greenberg arriva discrètement du bout du quai, enveloppé dans une grande veste d’hiver brune, vêtu d’une écharpe pourpre et coiffé d’une paire de lunettes de voyage. Il avait les cheveux noués court sur la nuque, et ce sourire en coin qui annonçait les grandes journées.
Il s’avança délicatement à hauteur d’un agent de l’Union des Chemins de Fer, pour faire poinçonner son ticket, puis monta à bord du dernier wagon du train.
Celui de 9h n’était pas le premier de la journée, mais il était bondé. Seules quelques places libres étaient disséminées çà-et-là, souvent occupées par des bagages, des piles de manteaux, ou de petits animaux dans des paniers. Montague traversa plusieurs wagons pleins, avant d’apercevoir une place, dans le sens inverse de la marche. Il n’était chargé que d’une petite sacoche en cuir attachée à sa ceinture, qu’il accrocha à une patère. Enfin, alors que le train se mettait en branle, il se laissa tomber dans un fauteuil des plus confortables, bien qu’il se trouvât en seconde classe. Il releva alors la tête, et en face de lui se trouvait une inconnue dont l’apparence accrocha immédiatement son regard.




Cho


Liz avait enfin réussi à trouver un wagon vide, mais avec le monde présent sur le quai il ne tarderait pas à se remplir.
Elle choisit sa place, une de celles qui faisaient face à la locomotive. Les meilleures, selon elle. Elle prit soin également de prendre la place qui avait le meilleur angle de vue sur tous les passagers du wagon, ainsi que sur la porte. Par habitude.

Elle détacha sa cape couleur crème, ôta son bonnet, et avec sa main droite fit passer sa longue tresse devant son épaule. Elle préféra laisser ses lunettes de voyage autour de son cou, pour ne pas les perdre.
Une fois installée elle appuya son front sur la vitre. Sur le quai la foule s'amassait aux portes pour embarquer. Certains se bousculaient, d'autres juraient. Ils avaient beau pousser pour passer les premiers, la porte n'était pas assez large. Ils devaient être trop occupés à essayer de se faufiler pour le remarquer.
Stupide.

Les familles, les amis se collaient aux vitres voisines pour saluer leurs proches, fraîchement entrés dans son wagon.
Enfin... Son wagon...
Elle avait hâte que le départ soit donné. Elle allait avoir trop chaud. Il allait y avoir trop de monde, trop de bruit, trop de voix... Trop d'odeurs... Le train, c'était pas son truc.

Elle inspira profondément. Quelle foutue râleuse elle pouvait être tout de même ! Elle regarda un des trois cadrans de sa montre et sourit.

- Enfin...

Les passagers étaient presque tous montés à bord. Le départ était imminent.
Un homme s'engouffra dans le compartiment et s'installa en face d'elle. Il avait les joues rosies par le froid.
Elle était toujours en train de le détailler lorsqu'il releva la tête. Leurs regards se soutinrent et elle sourit.

- Bonjour !

Réaction réflexe. Après tout, il était mal vu, pour la plupart des gens, de dévisager autrui de la sorte. Le sourire changeait tout, car on passait en quelques secondes du dévisagement à l'amabilité.
"Aussi simple que ça" se dit-elle.
Elle regarda sa montre puis se replongea dans la contemplation du paysage qui commençait à défiler. Elle était bien décidée à se montrer peu loquace et couper court à toute discussion éventuelle. Elle était concentrée. Elle était impatiente.

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Message posté le 22:44 - 16 nov. 2015

- Bonjour !

Montague fut un peu décontenancé par cette interaction inattendue, d’autant qu’elle le surprit dans sa contemplation du visage de l’inconnue. Il se rendit compte que son regard fixe était discourtois, et il détourna les yeux quelque peu maladroitement. Il hésita sur la réponse à donner, chaleureuse, car cette femme était aimable, ou plus froide, car il n’était nullement d’humeur à flirter. Mais du fait de cette hésitation, il était trop tard pour se fendre d’un simple « bonjour », et elle avait déjà tourné la tête. Aussi, il choisit d’être plus audacieux.

- Bonjour à vous, madame. Pardonnez mon manque de politesse, votre amabilité m’a surpris, voyez-vous. D’ordinaire, les inconnus que je rencontre dans les trains ne se montrent pas particulièrement affables, quand ils ne sont pas tout simplement impolis, grossiers ou querelleurs.

Il lui adressa un sourire bref. En la détaillant d’un coup d’œil, il constata qu’elle ne venait pas d’un milieu aisé, bien que sa tenue ne fût pas celle d’une pauvrette. Son apparence donnait le sentiment immédiat qu’il s’agissait d’une femme d’action : vêtements serrés et ajustés, bottes de cuir montantes, un habillement tout de même raffiné mais néanmoins éloigné des codes sociaux des femmes de son âge. Du moins dans la région des Cories.


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Message posté le 18:36 - 19 nov. 2015

D'habitude, la technique du "Bonjour sec désintéressé" était infaillible. Cet homme l'avait pris pour de l'amabilité. C'était bien sa veine.
Au lieu de la tranquillité escomptée elle se retrouvait face à un début de conversation. Elle n'avait pourtant pas du tout la tête à ça. Elle ne devait pas se déconcentrer.
Devait-elle tout de même lui répondre ? Et ainsi éviter d'attirer l'attention sur elle ? Un sourire silencieux ferait l'affaire. Après tout, même en étant "aimable" elle attirait l'attention sur elle visiblement... Quelle ironie.
Elle répondit donc d'un sourire, qu'elle voulut courtois mais bien peu engageant.

Elle appuya son front contre la vitre et ferma les yeux, faisant mine de dormir. Elle croisa les bras sur sa poitrine et s'installa confortablement. Elle s'assurait ainsi de ne plus être distraite. Elle savait pertinemment ce qu'elle lui aurait répondu en d'autres circonstances. En y pensant, elle ne put s'empêcher de sourire. Elle apportait encore une fois la preuve qu'elle se suffisait à elle-même en terme de "distraction". Elle n'avait nullement besoin de rajouter un tierce dans l'équation. Elle en profita donc pour se pincer la peau entre les côtes et ainsi diriger ses pensées ailleurs. Après tout, elle avait des affaires bien plus importantes sur le feu. Et le temps passait. Elle pourrait bientôt se mettre au travail.

Cela faisait un moment que ses yeux étaient fermés, elle allait devoir bientôt les ouvrir à nouveau pour consulter sa montre et voir où elle se trouvait, en fonction du paysage. Et puis si elle continuait comme ça, elle allait vraiment finir par s'endormir... Ce qui était exclu.
Elle s'apprêtait à les ouvrir lorsque, tout à coup, quelqu'un tomba sur elle.

- Aïe !

Elle avait ouvert yeux et détaillait l'homme. Suite à une secousse du wagon il avait perdu l'équilibre et avait atterri sur sa banquette. Vu l'odeur, il était bien entamé par l'alcool. Liz, déjà à cran, oublia ainsi toutes ses bonnes résolutions.

- Vous pourriez quand même faire attention, non ? J'ai l'air confortable ?
- S'cusez, m'dam'.

Il se releva et partit en titubant. Elle se frottait la cuisse droite, à l'endroit où cette dernière avait accueilli le coude de l'homme. Elle put voir avec soulagement que personne ne s'était soucié de prêter attention à l'incident, hormis... son voisin d'en face. Il la détaillait de ses yeux étonnés. Elle rosit, très gênée. "Caractère de merde" ne put-elle s'empêcher de penser.
Elle lui sourit timidement.

- Mh... Pardonnez-moi... Je suis un peu à cran. Je reviens d'une visite chez mon frère qui est malade...

Elle avait sorti la première excuse qui lui venait en tête. Elle espérait ainsi capter l'attention de l'homme sur un autre sujet. Comme elle n'était pas douée pour mentir, elle décidé de faire diversion en reportant son attention sur sa cuisse, qu'elle massait légèrement.

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Message posté le 22:18 - 20 nov. 2015

Montague avait assisté à la scène d’un air amusé. Il avait donc vu juste, la personne en face de lui était une femme d’action, une femme forte, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds ou – en l’occurrence – écraser par un ivrogne qui titube. Il essaya de l’entraîner sur un registre plus léger, pour qu’elle se détende. Car elle semblait en effet assez préoccupée.

- Je vous en prie, il a bien mérité de se faire tancer un peu, je crois. Mais, ce genre d’individu n’est pas rare, même en seconde classe. Je crois que nous nous sommes mis vous et moi, un peu trop près du wagon-bar !

Il parvint tout de même à faire apparaître un sourire sur le visage de la jeune femme, agrémenté d’un rire timide. Il se pencha en avant pour lui tendre une main gantée d’un cuir pourpre.

- Je m’appelle Mas Galdian.
- Liz Dwight, enchantée.


Elle lui retourna son invitation, mais lui serra la main d’une poigne ferme, plutôt que de la tendre paume vers le bas comme pour un baise-main. Une femme d’action, décidemment. Son regard indiquait qu’elle était très confiante, tout en restant bien sur la défensive. Montague essaya de se montrer le plus amène possible.

- Vous dites être venue rendre visite à votre frère. Vous n’êtes pas des Cories ?


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Message posté le 13:54 - 23 nov. 2015

Cet homme avait décidément des réactions peu banales. Dans la majorité des cas, les gens étaient outrés voire scandalisés d'assister à de telles réactions de la part d'une femme. Sa grand-mère maternelle n'avait cessé d'essayer de lui inculquer les bonnes manières. Liz avait beau les connaitre, elle ne les appliquait pas pour autant. Cet apprentissage lui avait au moins permis d'analyser les réactions de ses interlocuteurs.
Ce Mas Galdian avait pleinement attisé son intérêt. Non seulement il avait paru amusé tout du long par sa réaction, mais en plus il ne fit aucun commentaire sur sa poignée de main. Une première.

- Vous dites être venue rendre visite à votre frère. Vous n’êtes pas des Cories ?

- Non, en effet. Je suis originaire de Gav'Orn. Mon frère, quant à lui, vit dans les Cories.

Liz ne donna pas trop de détails. Après tout ce train quittait les Cories, cet homme pouvait très bien en être originaire. Son mensonge pourrait tomber à l'eau et éveiller des soupçons sur ses intentions. De plus, elle se méfiait de cette région, il y avait beaucoup trop d'hommes liés à toute cette clique de bourgeois... Après tout, ses manières collaient parfaitement au profil. Seuls sa présence en 2ième classe et son côté avenant faisaient tâche dans le décor. Elle voulait en avoir le coeur net :

- Et vous ? Vous êtes originaire des Cories ? Je vous vois bien occuper un poste à responsabilités au vu de vos manières distinguées.

Elle lui sourit. Elle avait voulu son ton un tantinet flatteur. De cette manière, s'il était réellement originaire des Cories, il ne pourrait résister à l'envie de le confirmer.
"Le lourd fardeau des riches coriens..." pensa-t-elle ironiquement.

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Message posté le 17:50 - 23 nov. 2015

Paraissait-il si distingué pour qu’elle le prît pour un notable ? Il était pourtant habillé sobrement, ayant même négligé de prendre un haut de forme, chapeau qui se prêtait assez peu aux aventures musclées.

- Eh bien, je vous remercie pour cet éloge, dit-il avec une pointe d’embarras. Néanmoins, je ne suis ni natif des Cories, ni membre de la classe dirigeante de cette région.

Il se rendit compte que son vocabulaire, particulièrement son utilisation du terme « classe » trahissait son éducation socialiste. Face à lui se trouvait une femme visiblement subtile et perspicace, inutile donc de chercher à se cacher.

- Je viens de la Grande Belle Thil, je suis un fils du peuple. Et vous êtes la première femme de Gav’Orn que j’ai le privilège de rencontrer. Vous-même semblez être une femme tout à fait raffinée, bien que dotée d’une forte personnalité. Vous ne correspondez pas du tout à l’image que je me faisais des gens de la côte. On dit que les conditions de vie sont difficiles, là-bas, et qu’il n’est pas rare de croiser des mendiants et des gens qui meurent de faim dans les rues. Est-ce vrai ?

Sa tirade était peut-être un peu exagérée, tout de même. Mais à chacun son tour de se faire renvoyer dans ses cordes. Il souhaitait la tester, tester son répondant et son sang-froid. Et cela lui permettrait de s’éloigner un peu d’une conversation qui s’apparentait à du badinage.
Tout en scrutant sa réaction sur son visage, il jeta un bref coup d’œil à sa montre. 9h51. Il avait encore largement le temps. Il ne passerait pas à l’action avant une petite heure.
Au dehors, les paysages enneigés et montagneux continuaient de défiler, au son du ronronnement du train, parfois ponctué du
claclac-claclac caractéristique.


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Message posté le 15:40 - 25 nov. 2015

Une femme raffinée ? Elle ? Liz sourit. Elle aurait beaucoup aimé savoir en quoi sa personne évoquait un certain raffinement. Selon elle, ça ne pouvait venir ni de son répondant, ni de sa tenue vestimentaire.
En tout cas il lui avait joliment renvoyé la balle. Cette attitude lui plaisait.

- Mr Galdian, si je peux me permettre un conseil... Vous devriez vous rendre sans plus attendre sur les côtes de Gav'Orn . Vous ne me semblez pas être le genre d'homme à croire les on-dit. Encore moins à les répandre. Je dirais, au contraire, que vous êtes plutôt du genre à attester de la véracité des faits. Ai-je raison ?

Il acquiesça et le sourire de Liz s'élargit. Il demeura néanmoins silencieux, l'incitant à continuer sa tirade.

-Je vous invite donc à visiter la cité portuaire. Et si, lors de votre visite, vous avez besoin d'un guide, vous pouvez toujours vous renseigner pour voir si une certaine "Liz Dwight" est disponible.

Gav'Orn était une ville très riche, et même si elle n'était pas aussi impressionnante au premier abord que Sûl-Nacre ou encore La Talante, elle valait le détour. Elle réunissait d'ailleurs chaque année énormément de visiteurs et de participants pour le rallye Gav'Orn - Grande Belle Thil ou encore les courses de bateaux. Lorsqu'elle ne participait pas, Liz aimait y aller pour profiter de l'ambiance festive ou encore pour parier.

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Message posté le 17:00 - 25 nov. 2015

Montague sourit devant cette proposition. Malgré lui, il trouvait Liz décidément très charmante. Cette dernière invitation, mi-sérieuse mi-grivoise, était des plus délicieuses, bien qu’il eut visité Gav’Orn de nombreuses fois, du plus infâme des rades du port jusqu’au salon de réception orné d’or de la Chambre de Commerce de la Métallurgie.
Cependant, il devait prendre garde de ne pas se laisser entraîner dans une situation qui entraverait sa capacité à disparaître rapidement de sa place. Comme par exemple, une trop plaisante conversation.
Au cours de ses voyages hors de la cité-Merveille, comme on l’appelait, il avait eu l’occasion d’éprouver les codes de séduction de chaque pays. Difficile de savoir si cette Liz Dwight était bien de Gav’Orn, néanmoins, elle tranchait nettement avec les conventions sociales de la cité-état qui voulaient que les jeunes femmes restassent en retrait, et qu’elles laissassent aux hommes la tâche de faire la conversation, d'engager une relation, et bien entendu, de leur faire la cour. Cette facilité chez elle à s’adresser aussi simplement à un inconnu, qui serait passée ailleurs pour une forme d’effronterie, lui plaisait.
Il tâcha de garder une certaine distance, pour ne pas se laisser enivrer.

- Votre proposition est fort aimable. Puisque nous parlons de voyage, dites-moi un peu, si le cœur vous en dit, ce qui vous amène à la Grande Belle Thil ? A moins que vous ne vous arrêtiez dans une localité entre ici et là-bas ?


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Message posté le 19:00 - 29 nov. 2015

Liz avait voulu tester son compagnon de voyage et garder une certaine distance dans les échanges. Cependant, une conversation des plus agréables s'était installée avant même qu'elle en prenne conscience...
Il était facile de converser avec cet homme. Il ne s'offusquait ni de ses manières, ni de son répondant. Elle pouvait visiblement demeurer fidèle à elle-même, sans jouer de rôle quelconque. C'était aussi agréable que dangereux. Elle n'était pas là, à bord de ce train pour le simple plaisir du voyage.

- Prendre le train reste le moyen le plus rapide de rejoindre la Grande Belle Thil lorsqu'on provient des Cories.
Ce n'est évidemment qu'une escale, je compte prendre le bateau pour rejoindre Gav'Orn. Ma mère attend impatiemment des nouvelles de mon frère, et je préfère les lui donner de vive voix.


Liz regarda discrètement sa montre. Cette dernière affichait 9h55. Elle avait besoin de temps pour se préparer, il fallait qu'elle reste vigilante. Il fallait surtout qu'elle cesse de se laisser distraire par cet inconnu, le temps passait si vite... Elle chercha ainsi un moyen efficace pour couper court à la discussion, ainsi qu'un prétexte plausible pour s'éloigner du wagon. Elle pourrait ainsi s'en servir dès que cela s'avérerait nécessaire. Le wagon restaurant semblait être la bonne solution.
Pour l'heure elle avait encore un peu de temps devant elle. Elle en profita pour satisfaire sa curiosité :

- Et vous Mr Gualdian, si je puis me permettre ? Qu'êtes-vous donc venu faire dans les Cories ?

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Message posté le 20:25 - 30 nov. 2015

- Je suis négociant en vin pour le gouvernement de la Grande Belle Thil. Je représente les intérêts des coopératives viticoles du Sud. Je suis venu démarcher de nouveaux clients, mais, je vous en prie, ne parlons pas de travail.

Il avait d’une seule main produit un mensonge et assuré celui-ci en coupant court à la discussion.

Leur conversation continua un long moment, tandis qu’ils évoquaient la beauté des coteaux vignerons des bords de la Jougle, le coucher de soleil sur le Port de Gav’Orn, ou pestaient contre les tarifs prohibitifs pratiqués par la Hanse des Bateliers. Leur discussion était jalonnée de rires, flirtant même parfois avec les limites de la bienséance. Montague appréciait ce badinage, d’autant plus qu’il avait la saveur exquise de l’éphémère. Car d’ici quelques moments, il disparaîtrait de ce train, sans doute pour ne plus jamais revoir Liz.
De temps à autres, un bagage tombait des filets sur un passager, déclenchant l’ire de celui-ci. Liz et Montague repartaient alors de grands rires. Ce dernier raconta cette anecdote imaginaire mais néanmoins hilarante de la fois où une bouteille de vin s’était brisée dans sa valise, et où ses vêtements maculés de pourpre l’avait bientôt fait accuser de meurtre, par la police ferroviaire. Une histoire qui s’était terminée par une remise en liberté pour erreur judiciaire, moins deux ou trois bouteilles sacrifiée à la cirrhose des policiers !
Vers 10h31, il y eut un premier arrêt dans une minuscule localité installée au fond d’une vallée. Alors que Liz s’abîmait le cou à tenter d’en lire le nom sur un panneau situé au bout du quai, Montague en profita pour remonter discrètement sa montre – à contrecœur, puisqu’il dut pour cela quitter des yeux les séduisantes mimiques de sa voisine – afin de démarrer son compte à rebours.

L’heure approchait. Bientôt, il enfilerait le masque du Grand Qosmo, le bandit du Nord. Quelques minutes encore à profiter d’une conversation agréable, puis il passerait à l’action, il deviendrait un autre. Il décida de pousser encore un peu leur jeu, avant de se quitter.


- Chère Liz, je ne vais – à mon grand regret – pas pouvoir passer le reste de la journée en votre compagnie dans ce train. Je descends au prochain arrêt, je dois voir un client, nous déjeunons ensemble. Je repars avec le train suivant. Que diriez-vous de nous revoir ? Prenez-vous un bateau demain à l’aube pour rejoindre votre cité ? Ou accepteriez-vous de rester, disons une journée de plus à la Grande Belle Thil, afin que je vous fasse visiter un peu le foyer du peuple ?


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Message posté le 19:23 - 1 déc. 2015

Lorsque son compagnon de voyage évoqua son débarquement précoce, le coeur de Liz se mit à s'accélérer et elle regarda sa montre. Le temps passait beaucoup trop vite lors de discussions plaisantes comme celle-ci... Elle s'était laissée bien trop distraire par Mas. Ses palpitations n'étaient cependant pas seulement dues à son inquiétude soudaine. Sa compagnie lui manquerait. "Mmh... Au moins le temps de trouva une autre occupation" pensa-t-elle, minimisant l'impact de sa rencontre.

- Je trouve dommage que vous me quittiez déjà. On se reverra peut-être dans le futur, qui sait...
Je suis cependant navrée, je ne pourrai guère m'attarder à la Grande Belle Thil. Ma mère attend impatiemment mes nouvelles vous comprenez...


Le train s'arrêta quelques instants plus tard. Mas Gualdian se leva et serra la main de la jeune femme. Il regarda la poignée de mains et sourit. Il sortit du wagon et Liz essaya de l'apercevoir sur le quai. En vain.
Lorsque le train démarra, elle sentit comme un vide dans son compartiment. Elle chassa cette pensée négative et se concentra à nouveau sur le travail qu'elle avait à faire... Elle avait du retard dans le repérage qu'elle avait prévu initialement de faire. Elle y remédia, ramassa ses affaires et se leva.

Elle sortit du compartiment et se rendit dans le wagon restaurant. Ce dernier était bondé. Le bruit des rires, des discussions et des couverts qui s'entrechoquaient remplissait l'espace. Elle ne s'y arrêta pas et continua sa route à travers les différents wagons...

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Message posté le 22:40 - 1 déc. 2015

En descendant du train, Montague fut saisi par l’air glacé. Ils n’avaient voyagé que deux heures, pas assez donc pour atteindre des latitudes plus clémentes. Il resserra sa veste et réajusta son écharpe. En enfilant ses lunettes de voyage, il sentit au passage de sa main le parfum de Liz laissé sur sa peau au moment de leurs adieux. Une odeur aussi enivrante que leur rencontre. Mais il devait prendre garde à ne pas se laisser distraire par ses souvenirs, maintenant qu’il s’était sorti de cette langoureuse mais piégeuse conversation.
En entendant le sifflet du chef de gare, il reprit ses esprits. Il se glissa alors discrètement au bas du quai, sous le train, puis passa de l’autre côté. Il remonta le train le long des rails, accroupi afin de ne pas être vu des passagers. Le train démarra avant qu’il ait pu atteindre la locomotive, mais il mettrait du temps à prendre de la vitesse. Son but était d’accompagner le train hors de la gare, et de grimper à la queue des wagons une fois hors de vue. L’opération était délicate, en ce qu’il devait rester accroupi, malgré l’obligation d’avancer de plus en plus vite, à mesure que le train accélérait.
Mais Montague avait bien préparé son plan et choisit son moment pour frapper : un tunnel se présentait au devant. Une fois dissimulé à l’intérieur de celui-ci, il s’arrêta pour laisser le train le doubler. Lorsque l’avant-dernier wagon le dépassa, il se mit à courir pour reprendre de l’élan. Malgré tout, quand enfin la queue passa à côté de lui, il dut déployer toute son énergie pour rattraper le train et réussir à s’accrocher à la porte arrière.
Il resta collé contre la porte jusqu’à être sorti du tunnel, pour reprendre son souffle. Dès que le jour réapparut, il entreprit de grimper sur le toit du wagon. Déjà le train prenait de la vitesse et le vent lui fouettait le visage. Il ferma son col jusqu’au nez, et se mit en quête de progresser, lentement. La vue était superbe au devant, bien que le paysage défilait à une vitesse vertigineuse. Les paysages montagneux commençaient à céder peu à peu la place aux grands plateaux. Un grand lac se dessinait nettement, à quelques kilomètres de la voie de chemin de fer. La vue vers le Sud n’était désormais plus masquée que par quelques collines se détachant sur la ligne d’horizon.
Sa marche était très instable, et il devait s’allonger à chaque virage pour éviter d’être éjecté. Sauter d’un wagon à l’autre était également très périlleux, et il devait attendre que le train prenne une ligne droite pour pouvoir se mettre debout et s’élancer. Malgré tout, il ne se pressait pas, il avait le temps. Allongé dans un large virage, il en profita pour regarder le compte à rebours sur sa montre. Il lui restait 25 minutes pour atteindre le wagon du Club des Sociétaires, faire son affaire, et sauter du train. Il avait prévu large. Ledit wagon était à huit sections devant lui. Il devrait même attendre avant de frapper.


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Message posté le 22:58 - 4 déc. 2015

Lors de son embarquement, Liz avait pris soin d'arriver en avance afin de pouvoir cacher son sac à bord, loin des regards indiscrets. Elle n'avait pas voulu prendre le risque de le garder tout ce temps près d'elle. Il valait mieux rester prudent.

Elle entra dans le sanitaire situé quelques blocs en amont du wagon restaurant. Elle ferma la porte, enclencha le verrou et se mit à genoux sous le lavabo. Elle déplaça le revêtement mural métallique et récupéra son sac.
Elle sorti une robe en lin blanche aux manches mi-longues, et au jupon légèrement bouffant qu'elle revêtit. Ce dernier s'arrêtait juste au dessus de ses genoux. Sa tresse avait disparu et ses longs cheveux rouges attachés en un chignon serré étaient recouverts d'une perruque brune. Un large bandeau blanc s'était également ajouté à sa coiffure, et elle portait des lunettes à bords noirs rectangulaires. Elle enfila de longs bas blancs qui remontaient jusqu'à la limite du jupon, ainsi qu'un corsage de cuir et les bottes assorties. Elle se releva ensuite pour se contempler et ne put réprimer une grimace. Elle pestait. Si un jour elle avait la chance de tomber sur celui qui avait choisi le costume des hôtesses de ce train, elle prendrait un malin plaisir à lui brûler les yeux. Les goûts de ces bourgeois en matière de mode féminine étaient répugnants. Ses pantalons lui manquaient déjà...
Elle attacha ensuite des sangles sur sa cuisse droite, sous le jupon. C'était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour dissimuler ses armes. Il y avait au moins un avantage à porter ce jupon... Elle devait juste prendre garde à ne rien laisser paraître lorsqu'elle se mouvait.

Elle mis ses affaires dans le sac et le dissimula à nouveau sous le lavabo. Elle déverrouilla la porte et sortit du sanitaire. Elle n'était pas loin du compartiment où se trouvait le Club des Sociétaires et mit quelques minutes à l'atteindre.
Une fois arrivée devant la salle du personnel, petite pièce adjacente au compartiment luxueux réservé à la bourgeoisie, un homme l'apostropha :

- Ah Judith te voilà enfin ! J'allais finir par croire que tu t'étais perdue...

Judith était la nouvelle employée que la compagnie avait récemment engagé et que Liz avait prit soin d'enfermer dans un placard de la gare avant le départ du train.
Liz fit une légère courbette et s'excusa.

- Veuillez m'excusez Monsieur, j'ai eu quelques difficultés à m'acclimater... J'ai le mal du train... Ca ne se reproduira plus.

- Ca vaut mieux pour toi ! Allez, bouge ! Mr Prud'Homme a soif et il déteste attendre. C'est le premier à droite quand tu entres. Le seul qui porte encore son haut de forme. Allez, on se dépêche !

Liz salua poliment le maître de salle et poussa la porte du compartiment.
Personne ne daigna lever la tête lorsqu'elle entra et elle en profita pour observer les lieux. L'espace était luxueux et les fauteuils dans lesquels ils étaient installés étaient larges et confortables. Elle repéra le mini-bar au fond de la pièce et s'y rendit. Elle prit tout son temps pour verser le whisky et continuer ainsi ses investigations...
Tout se déroulait selon ses plans... Elle avait hâte d'avoir terminé.

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Message posté le 11:45 - 10 déc. 2015

Montague était maintenant parvenu à la section précédant le wagon privatif. Il y était presque, néanmoins un obstacle se dressait encore devant lui. Chaque habitacle était précédé et suivi d’une petite plateforme abritée, pour que les voyageurs puissent s’aérer, fumer un cigare ou prendre un peu de solitude. En cette fin d’automne, ces intersections étaient désertées à cause du froid, et les passagers fumaient directement à l’intérieur des wagons.
Devant lui, sur le balcon arrière du wagon privatif, se tenaient debout deux hommes massifs, qu’il identifiait comme des gardes du corps. Il s’était pratiquement laissé surprendre, et avait manqué de se faire voir. Pourtant, il fallait bien s’y attendre.
Les deux hommes n’avaient pas l’air décidé à bouger, ce qui compliquait grandement la tâche. Comment descendre du toit et passer à l’action, ou même sauter sur le prochain wagon sans se faire repérer ? Montague avait une sainte horreur des
négociations musclées. Les meilleurs braquages étaient ceux qui se déroulaient sans coup de poing ni coup de feu. Mais ces deux gaillards semblaient autrement plus solides qu’une vieille bourgeoise effrayée. Il essaya de voir s’ils portaient des armes, mais aucun indice extérieur n’était perceptible. Ceci dit, rien n’indiquait qu’ils n’avaient pas quelques pistolets dissimulés sous leurs vestes épaisses.
Montague vérifia son équipement. Il se déplaçait toujours avec un révolver
semi-automatique, arme rarissime tout droit issue des laboratoires militaires de la Grande Belle Thil. Celui-ci lui donnait un grand avantage sur ses adversaires, de par sa cadence de tir bien supérieure. Il conservait aussi dans la doublure de son pantalon deux minuscules pistolets à un coup, pour les situations désespérées. Ils lui avaient sauvé la mise plusieurs fois, lors de casses qui avaient dérapé.
Néanmoins, il n’avait jamais tué quiconque à sa connaissance. Dans le pire des cas, il lui arrivait de tirer dans la jambe ou le bras de ses agresseurs, pour les dissuader d’engager plus avant les hostilités. Il devait également prendre garde à sa réputation. Un bandit connu pour ne jamais se servir de ses armes est une proie facile, pour celui ou celle qui n’a pas froid aux yeux. Mais il voulait absolument ne pas franchir la ligne rouge entre un braqueur et un meurtrier, c’était en quelque sorte sa limite éthique.

Ces considérations philosophiques ne faisaient pas particulièrement avancer la situation, et le temps filait. Plus que quinze minutes pour frapper, et toujours pas l’ombre d’une piste pour sortir de se marasme. Il allait être très difficile d’entrer dans le wagon. L’éventualité de descendre directement sur la plateforme pour affronter les gardes l’obligerait à se servir de son arme, ce qui donnerait immédiatement l’alerte. Mais à moins que ceux-ci soient soudainement très absorbés par la vue du paysage, il semblait improbable de pouvoir sauter d’un wagon à l’autre sans être immédiatement identifié, et alors adieu le butin. Il se maudit d’avoir si bien planifié un coup aussi grandiose pendant des semaines, sans s’être préparé à ce minuscule détail du scenario.

Désespéré, il s’apprêtait à abandonner l’affaire, lorsque la chance lui sourit enfin. Sortant du wagon où il se trouvait, une hôtesse de bord s’avança vers les deux gardes. Montague banda tout ses muscles pour être prêt à jaillir. Un intervalle de temps parfait s’ouvrit alors : l’hôtesse devait être plutôt jolie, car les deux gardes s’écartèrent pour la laisser passer, non sans la fixer très impoliment du regard, puis se faire l’un l’autre un petit signe de complicité. Avant qu’ils ne fussent retournés, Montague était de l’autre côté et hors de vue, à genoux sur le wagon privatif. Il se félicita silencieusement de cette formidable opportunité, et fut à nouveau empli de cette ivresse aventurière qui le saisissait toujours avant de passer à l’action.
Il s’avança prudemment pour se mettre en position, à l’autre bout du wagon, au-dessus de la plateforme extérieure qui était logiquement vide. En effet, le prestigieux wagon qui abritait le Club des Sociétaires était le premier de la colonne, juste derrière les grands wagons en métal transportant le charbon et le bois.

Il regarda à nouveau sa montre. Il frapperait dans deux minutes.


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Message posté le 23:14 - 18 déc. 2015

Liz avait chaud, elle ne rêvait que d'une seule chose à présent : enlever cette maudite perruque ! Et ses bas la démangeaient... Quelle idée de travailler dans ses conditions. Son idée bien évidemment. Elle se serait mis des gifles.

Après avoir servi le whisky, elle était retournée aussi vite derrière le bar pour préparer les consommations commandées par les autres membres du Club. "Saoûlards..." pensa-t-elle. Au final, Liz se retrouvait à devoir servir à boire à tout le monde. Elle détestait ça, surtout dans cette tenue... Si elle avait su qu'ils étaient aussi friands de boissons, elle aurait certainement pensé à un plan incluant l'absorption de drogue. Cela aurait ainsi rendu l'intervention plus agréable. Elle peinait à garder son sang froid face à leurs regards méprisants.

Elle devait passer à l'action avant de craquer. C'était maintenant ou jamais. Le meuble verrouillé qu'elle visait se trouvait lui aussi au fond du compartiment, juste en face du bar. Elle s'avança dans sa direction et laissa tomber les consommations sur le sol. Le bruit du verre brisé attira l'attention de l'assemblée. Liz fut assaillie de regards consternés. "Ben tiens... Etonnant." pensa-t-elle.

- Veuillez m'excuser... J'ai le mal du train...

- C'est à se demander où le personnel de ce train est recruté, dit une des dames à son voisin d'en face.

Ils se mirent à rire et retournèrent à leurs occupations, ne lui prêtant plus aucune attention. C'était le bon moment. Juste avant de se relever Liz déverrouilla la serrure du meuble grâce à la clé qu'elle avait subtilisé à Auguste-Oswald Prud'homme, lorsqu'elle lui avait servit son whisky. Elle avait toujours eu un donc pour dérober divers objets à autrui, et même si parfois ces objets semblaient impossible à prendre. Comme dans la poche intérieure d'une veste, par exemple.
Elle se releva et fit une courbette puis se pressa d'aller chercher de quoi ramasser les débris de verre. Le deuxième passage serait le bon. Elle pourrait enfin s'approprier le contenu du meuble.

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