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Un début

Prose poétique

Tags : poesie
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15 nov. 2015 - 00:42



Un début


Ils partagèrent tous les blés de la terre avec ces pauvres hères. Ils sifflotèrent des airs, des ritournelles printanières lors des fêtes de fin d’hiver. Dissimulé dans les fourrages, ils se souvinrent leurs visages qui scrutaient les nuages. Ils se remémorèrent le réveil des vents de l’océan. Mais cette ardente liesse, veille de tristesse, fût rompue par les remous indécis d’instants décadents, d’amants volages. Ils devinrent esclaves de leur désir, se noyèrent dans l’égoïsme de leur plaisir. Puis la monotonie et la déliquescence de leurs sentiments, le truisme de leur allégresse s’annonça. Au gré de l’honnie solitude, égarés, dans les couloirs de l’angoisse, à la recherche des clés de l’anatonie, ils sombrèrent dans cette folie noire.
Lui, ce sournois matois.
Elle, cette hypocrite Hippolyte.
Ils rêvèrent l’amer.

De ce bois galbe, sur un banc, aux effluves framboise, dans le vent, de ces pupilles grivoises, d’amants... Ils se souvinrent leurs regards partagés, hagards, le long des quais de la gare. L’étau de leur moralité, leur volonté morcelé par la peur, ils se toisèrent de loin. Et puis ils virent moins le sable de ces plages, enfantement de l’ire, de la colère comme un adage; l’écume des opiacés, les heurts de leurs verres. Assez.... Et puis ils se dévisagèrent secrètement, scrutant, affables, le pinceau qui traçait alors leur petite mort, la rancune. Et puis vînt l’heure sans plus de lacunes où ils comprirent leur malheur.
Lui, ce sournois matois.
Elle, cette hypocrite Hippolyte.
Ils imaginaient la mer.

Et dans l’obscurité mort née, teint blafard, ce goguenard Judas tripote son Agrippine. Elle opine la putain, lui offre sa glotte et ses seins. Ni sotte, ni Joffre, elle succombe. Souplesse, aisance, elle hoche la tête, d’un sourire, lui fauche quelques sous. En do, en ré, en sol en si, elle chante. Elle rit comme elle danse, la bougresse. Puis avec style, progresse, ôte ses bas, lui laisse ses reins, effleure son pistil de ses bras...

Et tous les blés partagés de la Terre furent ainsi oubliés.
Lui, ce sournois matois.
Elle, cette hypocrite Hippolyte.
Pourtant, il était père. Elle était mère.
Longtemps ils se hantèrent.


Tr0n, Dieu, ou Sainte Catherine (parce qu'elle est so cute).
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Message posté le 13:40 - 15 nov. 2015



Ils partagèrent tous les blés de la terre avec ces pauvres hères. Ils sifflotèrent des airs, des ritournelles printanières lors des fêtes de fin d’hiver. Dissimulé dans les fourrages, ils se souvinrent leurs visages qui scrutaient les nuages. Ils se remémorèrent le réveil des vents de l’océan. Mais cette ardente liesse, veille de tristesse, fût rompue par les remous indécis d’instants décadents, d’amants volages. Ils devinrent esclaves de leur désir, se noyèrent dans l’égoïsme de leur plaisir. Puis la monotonie et la déliquescence de leurs sentiments, le truisme de leur allégresse s’annonça. Au gré de l’honnie solitude, égarés, dans les couloirs de l’angoisse, à la recherche des clés de l’anatonie, ils sombrèrent dans cette folie noire.
Lui, ce sournois matois.
Elle, cette hypocrite Hippolyte.
Ils rêvèrent l’amer.

De ce bois galbe, sur un banc, aux effluves framboise, dans le vent, de ces pupilles grivoises, d’amants... Ils se souvinrent leurs regards partagés, hagards, le long des quais de la gare. L’étau de leur moralité, leur volonté morcelé par la peur, ils se toisèrent de loin. Et puis ils virent moins le sable de ces plages, enfantement de l’ire, de la colère comme un adage; l’écume des opiacés, les heurts de leurs verres. Assez.... Et puis ils se dévisagèrent secrètement, scrutant, affables, le pinceau qui traçait alors leur petite mort, la rancune. Et puis vînt l’heure sans plus de lacunes où ils comprirent leur malheur.
Lui, ce sournois matois.
Elle, cette hypocrite Hippolyte.
Ils imaginaient la mer.

Et dans l’obscurité mort née, teint blafard, ce goguenard Judas tripote son Agrippine. Elle opine la putain, lui offre sa glotte et ses seins. Ni sotte, ni Joffre, elle succombe. Souplesse, aisance, elle hoche la tête, d’un sourire, lui fauche quelques sous. En do, en ré, en sol en si, elle chante. Elle rit comme elle danse, la bougresse. Puis avec style, progresse, ôte ses bas, lui laisse ses reins, effleure son pistil de ses bras...

Et tous les blés partagés de la Terre furent ainsi oubliés.
Lui, ce sournois matois.
Elle, cette hypocrite Hippolyte.
Pourtant, il était père. Elle était mère.
Longtemps ils se hantèrent.

Voici ce que j'ai relevé :
"se souvinrent de leurs visages"
l'expression d'amants volages qui n'a aucune résonance au niveau des sons et qui donc perturbe la lecture
anatonie? je ne connais pas, ça me perturbe aussi
morcelée? morcelées?
ire et colère à la suite, comme une explication, c'est désagréable

J'ai beaucoup aimé, ces jeux de sonorités et en même temps le semblant d'histoire que j'ai compris (en poésie, j'ai toujours beaucoup de mal).

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Message posté le 14:26 - 15 nov. 2015

Merki Sandy ! C'est noté pour les erreurs. Pour le sens, il ne faut pas forcément s'y apesantir; chacun y comprend ce qu'il a envie d'y comprendre. Pour moi, c'est le début de la fin de l'amour.


Tr0n, Dieu, ou Sainte Catherine (parce qu'elle est so cute).
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Message posté le 00:12 - 16 nov. 2015

C'est un texte très agréable au toucher. Je lui ai trouvé de la texture.

J'ai aimé les jeux de sonorité et la richesse du vocabulaire qui ne se force pas trop (car je trouve que parfois une trop grande richesse devient prétentieuse et écrasante).

J'ai noté beaucoup de sonorité "d".
Ici, le "d" m'a un peu perturbé.

Mais cette ardente liesse, veille de tristesse, fût rompue par les remous indécis d’instants décadents, d’amants volages.


C'est un avis purement personnel et je ne saurais te l'expliquer mais ici par exemple, j'aurais aimé une sonorité en "m" derrière remous pour avoir une impression de mélange. Le "d" rebondit pour moi.... (Je me sens un peu ridicule à te dire ça ainsi, mais j'essaie de t'exprimer la raison de cette petite remarque).

Assez.... Et puis ils se dévisagèrent secrètement, scrutant, affables, le pinceau qui traçait alors leur petite mort, la rancune.


Par contre ici, le serpent est tapi derrière les mots. C'est bon.

J'aurais écrit : leur visage plutôt que leurs visages. Un chacun ?

Le titre est tout à l'opposé de la fin d'une histoire. Quel espoir ! A toute fin vient un commencement...


A mon goût, c'est un très beau texte.


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Message posté le 11:18 - 16 nov. 2015

j'aurais aimé une sonorité en "m" derrière remous pour avoir une impression de mélange. Le "d" rebondit pour moi


Pas idiot du tout effectivement. Un m serait le bienvenue pour se marier avec remous. Ça mérite réflexion.

J'ai aimé les jeux de sonorité et la richesse du vocabulaire qui ne se force pas trop (car je trouve que parfois une trop grande richesse devient prétentieuse et écrasante).


J'évite les mots trop compliqués ou leur surabondance; et surtout je cherche le mot le plus juste pour évoquer chaque idée. Ça change effectivement de la trop grande richesse qui, pour moi aussi, est, soyons honnête, inutile et mauvaise. J'ai toujours eu la problématique de trouver un juste équilibre entre le jeu avec les mots et la complexité que cela peut induire. Avec le temps, tout s'affine; j'ose espérer.


Tr0n, Dieu, ou Sainte Catherine (parce qu'elle est so cute).
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