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12 août 2016 - 08:31

Travaux en cours

Bonjour,

je vais poster un premier sujet. Prévenez moi en cas d'erreur de forme ou de présentation. J'ai choisi un petit texte burlesque que j'ai choisi de présenter en trois partie pour faciliter la lecture, jamais aisée sur un écran d'ordi. Bonne lecture, ou bon courage (c'est selon)


TRANSFORMATION FANTÔMATIQUE

Partie 1

Je ne suis pas absolument certain de me souvenir des circonstances exactes ayant précédées ma transformation en fantôme, mais j’étais suffisamment enivré ce soir là pour avoir entraîné une bonne copine dans une fâcheuse tentative de vérification du principe de la gravité.

Laissant mon enveloppe charnelle ridiculement démembrée sur le bitume de la cité, je m’étais élevé dans les airs en compagnie de l’âme – ou de quelque chose qui y ressemblait – de ma tendre amie, l’air de rien et en toute discrétion.

Quand je dis amie, je me dois d’admettre que notre affection réciproque avait un peu pris du plomb dans l’aile et que ce fut cette nuit là l’ultime fois où nous nous envoyâmes en l’air ensemble.

Mais qu’importe, ceci s’avère être un futile détail. Je constatai d’ailleurs rapidement que l’âme de ma bien aimée avait stoppé son ascension pour amorcer une trop apparente descente. S’était-elle ainsi désolidarisée de moi ? Oh, ingratitude, nuisance de nos certitudes !

Nos chemins s’étaient donc séparés. Après un temps qui me parut plus court qu’un exposé de mon oncle Albert sur l’influence du fauvisme dans la pratique de l’art pictural urbain de la banlieue brestoise du vingtième siècle, je me retrouvai dans une cellule, toute de volutes brumeuses fermée.

Il ne s’agissait pas de mur comme là-bas, chez vous, en bas ; des murs ou des cloisons de pierres, de parpaing ou de briques argileuses de haute vienne. Que nenni ! J’étais cerné par la vapeur, enfermé dans un hammam ou une sorte de sauna pénitentiaire.

Nulle brume aussi épaisse puisse-t-elle être n’a jamais constitué un obstacle infranchissable, me susurrerez-vous. Surement vous rassurerai-je. Probablement pour les vivants, mais pour les morts, l’affaire est toute autre. Et il s’avère que j’étais décédé et bien décidé à le rester. Quoique… J’aimais bien ma vie de vivant avec des murs solides derrière lesquels je jouais à la bête à deux dos en compagnie de mon ancienne bonne amie.

J’en étais là de mes réflexions animalières lorsqu’il intervint, avec sa voix d’outre-monde : « Bienvenue ici-haut, Jean-Robert – J’en profite pour vous révéler mon doux prénom – Vous vous trouvez dans le bureau des ressources humaines de l’au-delà, et je suis votre DRH du jour. »
– Un Directeur des ressources humaines ! Au ciel ?
– Ciel ou Compagnie Invisible pour l’Equité des Lois. Raymond, tu baisses le niveau de l’écho, s’il te plait. C’est sinistre, n’effarouchons pas la clientèle.
– Les lois ? interrogeais-je.
– Les Lois divines, évidemment ! me répondit l’autre.
– Dieu existe-t-il donc ?
– J’sais pas. Jamais rencontré. De toute façon, je suis agnostique.
– Pas possible, vous travaillez pour lui !
– Qui vous a dit une sottise pareille ?
– Personne ! Mais c’est évident, l’assurais-je.
– Ah ! Bon, si vous voulez, je m’appelle Saint Pierre et…
– Ah, vous voyez. Vous êtes démasqué !
– Je plaisantais, mon brave monsieur. Billevesées que toutes ces croyances et autres superstitions ! Revenons au sujet du jour. Vous jouez au golf ? me demanda-t-il après un moment.
– Euh, non.
– Dommage, j’avais une place de taupe qui se libérait.
– Mais… C'est-à-dire ? Vous vouliez me réincarner en animal ! C’est hors de question ! m’écriais-je, effrayé.
– Il ne va pas falloir se montrer trop difficile, mon bon monsieur. Vous avez tout de même voulu entraîner une gentille demoiselle dans votre chute mortelle.
– C’était un accident ! assurais-je.
– Mais oui. Vous dites tous ça.

Il réfléchit un bon moment puis : J’ai ce qu’il vous faut ! Vous serez fantôme. Au revoir, Monsieur. Au suiv…"

Le Saint Pierre agnostique n’avait pas terminé sa phrase que ma nébuleuse cellule se dissolvait et que je me retrouvais dans une chambre à coucher sobrement meublée, comme soudainement sorti d’un cauchemar nocturne. L’endroit me parut sinistre. Le bois des meubles était par endroit craquelé et avait une teinte sombre et irrégulière. Les tentures aux motifs désuets pendaient tristement au devant de l’unique fenêtre de la pièce, frémissant au gré d’un courant d’air. Un air glacé, me parut-il.

Je m’approchai de l’ouverture. Le plancher craqua sous mes pas. Un pas qui me parut lourd et malaisé. Je ne fus dès lors guère surpris de découvrir fixée à ma cheville, une chaîne elle-même rattachée à un massif boulet noir.

Décidé à quitter cet endroit, je me dirigeais quasi prestement vers la porte de la chambre. Je n’avais pas encore posé ma main sur la poignée que le lourd battant s’abattit contre moi. Hélas… pas contre moi, mais à travers moi.

"Veuillez excusez ma présence inopportune et malheureuse devant vos nobles personnes, jeunes gens. Sachez que nul ne fut ma volonté de porter mes pas en cette chambre, funeste hasard qu’il s’agissait là. Mais, sachez, sachez…"Apparemment ma présence ne perturbait en rien l’enthousiasme effréné du monsieur qu’avait déjà commencé à défeuiller la dame au consentement pareillement enthousiaste. Surprise et gène mêlées, je fis un pas en arrière et me retrouvai dans un long et sombre couloir.

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Message posté le 14:57 - 15 août 2016

J'ai apprécié la lecture. L'histoire est intéressante et ton style est agréable. Toutefois, j'ai relevé une manie que tu as (en rouge dans le spoiler) qui est de rythmer les phrases par des des virgules et des propositions incises et subordonnées relatives. Sauf qu'à force d'abus il en ressort une construction syntaxique répétitive potentiellement nuisible. Du reste, il arrive que certaines virgules placées amènent une pause inutile, notamment celles qui viennent encadrer les propositions subordonnées. C'était pour le point négatif, tout le reste est nickel (;

Par ailleurs, la clef sur les forums, s'agissant de la mise en page des textes, est l'aération. La balise « indent » permet en outre de faire des retraits de première ligne, si tu veux gagner davantage de clarté.





La suite, la suite !


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Message posté le 13:15 - 17 août 2016

Merci bcp pour tes remarques. Je vais corriger et essayer d'en tenir compte pour la suite...

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Message posté le 09:50 - 24 août 2016

Je n'ai pas grand chose à redire à ce texte sinon que j'aime le charme désuet de ton écriture. L'humour est assez fin et réussi. Hâte de lire la suite, si suite il y a.


Plus qu'ailleurs, ici.
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Message posté le 08:27 - 25 août 2016

Voilà donc la seconde partie. Bon, je ne parviens toujours pas à faire mes retraits de première ligne. On a "indent" contre moi ?
Pour le même prix, j'ai ajouté la troisième partie...

Partie 2

J’étais donc devenu fantôme. Un statut et un état qui m’étaient naturellement inconnus et que je devais apprendre à maîtriser. Pour commencer, je décidai de partir à la découverte des lieux de mon errance éternelle. Une éternité effrayante. Comment concevoir un temps sans limite pour celui qui s’était toujours évertuer à en limiter la longueur. Question philosophique essentielle pour moi qui avait vécu de mon vivant, à très grande vitesse, de crainte que mon temps compté n’empêche la réalisation des plus fous de mes projets que j’avais en grand nombre. J’avais par exemple projeté de repeindre le plafond de mon salon, de rendre visite à tante Joséphine, de repasser mon bac pour la quatrième fois et d’entamer une carrière de rocker qui m’aurait tout naturellement assuré une multitude et exceptionnelle série de conquêtes féminines. Le tout pour le seul mois de juin 2016. Et bien, je devais y renoncer, la mort dans l’âme…

Un fantôme possède-t-il une âme ? Il me semblait illusoire de le croire. Je ne l’avais pourtant pas vendu au diable. Je ne l’ai pas rencontré celui-là, d’ailleurs –, non je pense que le Saint-Pierre DRH l’avait gardé chez lui. Peut-être fait-il du trafic d’âme. "Nouvelle arrivée d’âmes, âmes en stock, propose âme jeune, état neuf…". Et si j’essayais de racheter mon âme ? Je fus soudainement apostrophé :

– Vous êtes nouveau dans la maison ? Bien le bonjour, je m’appelle Huguette, fantômette de seconde classe.
– Enchanté, Jean-Edouard de Kerinou, fantôme en formation. Seconde classe, c'est-à-dire ?
– Je suis en formation. On ne devient pas fantôme du jour au lendemain, mon ami. Il faut au minimum obtenir son master, soit trois classes ou trois siècles de pratiques avant d’espérer la titularisation. Pour ma part, d’ici quarante sept petites années, si je ne commets pas d’imper bien évidemment, je devrais passer première classe !
– Un imper ?
– Une faute de goût, comme un acte de bonté ou une pensée charitable. Un imper comme ça et c’est la veste assurée à l’examen de fin de cycle. Vous ais-je conté ce qui m’a amené ici, mon mignon ?
– C’est la première fois qu’on se rencontre, lui répondis-je.
– Parfait. Sachez que j’adorais les araignées, en bas. Pas mon mari, l’imbécile ignorant. Il se trouve que je m’étais liée d’amitié avec une de ces charmantes bêtes, Zerba, une araignée, d’une intelligence, d’une classe… Je n’vous raconte pas. (Ben, si, justement, elle me racontait, pensai-je dubitativement) Bref, mon sinistre mari qui ne l’aimait guère et qui était un fumeur invertébré…
– Invétéré, intervins-je. L’araignée est invertébrée, pas votre mari.
– Mon mari est mort, laissez le en dehors de tout ça, je vous prie.
J’acquiesçais en soupirant. Cette femme me fatiguait.
– Donc, ce mari en question s’évertuait à souffler sa fumée de cigarette à la tête de Zerba, la pauvre fille.
– Elle n’aimait pas ?
– Si peu qu’elle en est morte ! Des suites d’une longue maladie ais-je fais graver pudiquement sur sa pierre tombale du fond du jardin.
– Vous êtes très pudique…
– Merci, jeune homme. Avouez que mourir d’un crabe, pour une araignée, ce n’est pas joli, joli. Limite paradoxal.
– En effet, Madame. (La passion de cette bonne femme pour les araignées était telle que j’imaginais bien son malheureux cerveau en abriter un exemplaire. Et celle-là devait même avoir invité des copines à elle pour venir déranger les circonvolutions cérébrales locales.)
– Ne vous étonnez pas après ça que je me résolus à occire mon idiot de mari. Vous avais-je dit qu’il était idiot ?
– Il me semblait vous avoir entendu émettre cette opinion, oui. Vous l’auriez donc tué.
– Jésus-Marie-Joseph ! Non, évidemment. J’ai simplement convaincu une mygale de mes amies de lui faire une petite piqure de rappel. Rappel à Dieu, évidemment. Ciel comme j’ai le sens de l’humour. Mais le pauvre homme a peu souffert en comparaison de ce qu’a pu endurer Zerba.
– Et cette action ne vous a pas conduit directement en enfer ?
– Le témoignage d’une mygale n’est pas recevable devant les juridictions divines. Je fus condamnée à l’errance fantomatique, au bénéfice du doute.
– Permettez-moi de changer de sujet, chère Madame, mais avez-vous déjà eu connaissance d’une réappropriation d’âme ? Sachez que je suis en fantaisie de vouloir récupérer mon âme qui m’a injustement été dérobée.
– Dérobée ! Vous allez fort, mon mignon. Votre nouvelle situation est immuable. Tenter de reconquérir son âme est peine perdue… A moins que… Etes-vous passé par le bureau des réclamations, c’est le bureau qui suit le bureau des objets trouvés, dans le couloir à droite, près de l’accueil.
– L’accueil ?
– Au fond du couloir, prenez l’escalier, montez au troisième, rentrez dans la chambre rose, ignorez le mauvais goût de la décoration, accroupissez-vous et poussez fort sur vos deux jambes en vous relevant, vous traverserez la toiture de notre château, traverserez la barrière du temps d’abord, celle de l’espace ensuite, et vous retrouverez à l’accueil du purgatoire. Là, vous demandez René, c’est un ami. Si votre cas mérite réflexion, vous pouvez lui faire confiance…



Partie 3
Je n’écoutai pas la suite de son discours, bien content de fuir sa compagnie, mais tout en ayant dans l’idée de suivre son conseil, et par la même, le chemin susceptible de me faire quitter ce sinistre endroit.
La décoration de la chambre rose était, en effet, très particulière. Qu’importe, tous les mauvais goûts sont dans la rature et n’empêchent pas le monde de mal tourner. Agissant comme me l’avait conseillée la fatiguée du bol à neurones, je quittais le château pour, très rapidement, me retrouver plongé au sein d’une symphonie lumineuse. J’eus quelque difficulté à m’en extirper, soudainement charmé comme l’eut été une étoile de mer mise en présence d’une nébuleuse céleste (ce qui n’est guère fréquent). L’instant de grâce passé, je parti à la recherche du bureau d’accueil du purgatoire. L’endroit était très couru. Des anges, des diablotins, des ventripotents, des barbus, des sorcières, des décharnés, des squelettes à demi momifiées, tout ce petit monde se mouvait en tous sens, apparemment déterminé et sûr de sa destination.
C’est un être ventripotent, barbus, au squelette semi apparent et à l’haleine putrescible qui me renseigna : "René ! Il se trouve à l’accueil, sur votre gauche, après le bureau des objets trouvés. "
– Merci beaucoup, le remerciai-je.
Je tentai de me frayer un passage dans la cohue lorsque le violent et brusque coup d’épaule donné par un zombie mal poli et néanmoins pressé me projeta à l’intérieur du bureau contigu à celui de l’accueil. La porte se referma violemment à la barbe que je n’avais pas.
Personne dans la pièce, juste des étagères pleines d’objets variés ou avariés, abimés ou en bon état, verts ou gris, ou rouges, ou bruns, ou jaunes, ou mauves, ou un peu de l’un et de l’autre, ou beaucoup de l’autre et un peu de l’un, ou… noirs, ou blancs ou blancs et noirs… Passons, j’étais enfermé dans le bureau des objets trouvés.
Une étagère attira plus particulièrement mon attention. Sur celle-ci trônaient d’étranges luminescences vaporeuses, de formes, de couleurs et de dimensions, à chaque fois différentes. Je m’en approchai. L’étagère, qui allait apparemment se perdre jusque dans les tréfonds de l’espace divin, semblait ne pas avoir de fin. "Ames non recyclables, en attente de désamantage". L’écriteau placé au dessus de l’étagère m’avait éclairé. J’étais en présence d’âmes en perdition et irrécupérables, donc intéressantes pour le quêteur que j’étais devenu.
Je repérai une âme aplatie, comme compressée, ténébreuse, inquiétante. Sur son étiquetage, je ne fus pas surpris de lire le nom d’Adolphe Hitler. Je ne prendrai pas celle-là. Pas plus que ses plus proches voisines, celle de Joseph Staline, Napoléon Bonaparte, Gustavo Pinochet ou encore Maximilien Robespierre. J’avais l’impression de me promener sur la croisette de Cannes, à la recherche d’empreintes célèbres, mais aux origines peu flatteuses.
Un peu dépité, je m’écartai de ces détestables âmes pour me rapprocher de la catégorie suivante : "Ames douteuses, en attente". Voilà qui pourrait m’intéresser, me dis-je à moi-même. Ma surprise fut à la taille du bonheur qui, prestement, m’inonda lorsque je découvris mon patronyme s’inscrire sous la misérable petite nébuleuse couleur gros rouge cinq étoiles avachie et difforme qui me faisait face. Mon âme, ma chère petite âme adorée. Son apparence était certes ingrate, mais elle était Mon âme, celle qui m’a habité avec fidélité depuis mon premier cri et, qui sait, même peut être avant.
La chance me souriait, restait à conclure, me réapproprier mon âme, mon essence, l’émanation de mon moi intime. Devais-je la prendre sous le bras et passer fièrement devant le Saint Pierre agnostique, l’air de rien et sûr de moi, content d’avoir changé mon misérable destin ? Devais-je me la mettre sur la tête, l’avaler par petites bouchées, l’embrasser, la cajoler, la lustrer, la décorer, lui parler, l’adopter… ? Je ne savais en définitive quelle attitude adopter. Mais, Elle, le sut. Je vis la petite forme vaporeuse, progressivement, se décomposer, puis disparaître dans une grande explosion lumineuse. Je la sentis reprendre possession de son corps originel. Je compris soudain que je venais de retrouver mon intégrité physique et intellectuelle.
Intégrité physique, c’est vite dit. Lorsque je repris connaissance à l’hôpital de la charité, dans le quatorzième arrondissement de Brest, et qu’une infirmière me renseigna sur mon triste état, il me devint évident que mes quatorze fractures ouvertes, mon traumatisme crânien, ma perforation du poumon droit, mon ablation de la rate, du testicule gauche et d’un petit orteil droit, allaient singulièrement ralentir pour quelques temps ma vie sociale et affective. Bah, qu’importe, ma petite expérience fantomatique m’offrait certaines perspectives dans le domaine du spiritisme, voir de la politique, où l’illusion fait le projet. Ne traînez plus votre boulet, voter Jean-Robert Laffet. C’est un bon slogan, ça !
Allez, vive moi et… vive la vie !


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