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Voyage inattendu

Hugo Zeppeline, Cho

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8 nov. 2015 - 14:32

VOYAGE INATTENDU
_____________


Cho

La nuit tombant, Zalyna réussit à dégoter une bicoque en bois, abandonnée. Cette dernière lui servirait d'abri jusqu'à l'aube.
Elle y installa ses besaces et alluma un feu dans l'âtre. Elle se mit bien au chaud dans sa couchette, calée contre les flancs d'Onyx. Elle n'avait pu se résigner à le laisser dehors. L'étalon avait protesté, comme à l'accoutumée, mais à force de persuasion, il s'était laissé convaincre et avait fini par capituler.
Onyx hennit, en signe d'ultime protestation.

- Mon beau, je sais que tu aimes être dehors plus que tout, mais tu as vu le temps qu'il fait ? Je n'avais plus vu autant de neige depuis longtemps...

Zalyna se retourna et lui sourit

- Et puis, un bon feu et nos chaleurs respectives, ça nous fera pas de mal. Avec le froid et les bourrasques que nous avons eues toute à l'heure...

Elle lui sourit à nouveau et se coucha.

Zalyna dormit bien cette nuit-là. Dès l'aube, elle se leva, rangea ses affaires et une fois le paquetage prêt, elle entreprit de réveiller Onyx. Visiblement, elle n'était pas la seule à avoir bien dormi cette nuit...

- Dehors tu n'aurais pas aussi bien dormi, la prochaine fois ne sois pas aussi têtu, dit-elle en sortant, les besaces sur l'épaule.

Le cheval sortit de la masure et rejoignit Zalyna.
Ils marchèrent toute la matinée en direction du nord. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas vu Gareth, elle avait hâte de lui conter ses aventures !
Elle espérait cependant qu'il ne serait pas trop fâché qu'elle soit partie comme une voleuse, avec un mot sur la table de la pièce commune... Enfin, elle allait bientôt le savoir.

Ils marchaient depuis une demi-journée lorsqu'elle aperçut une bâtisse, grande et majestueuse.

- Un manoir., murmura-t-elle

Elle resta de longues minutes à le contempler, puis, sortant de sa rêverie, se remit en marche en direction du nord. Elle s'arrêta à nouveau, quelques mètres plus loin.

- Onyx, que fais-tu ? Ne traînons pas... Viens.

Elle se retourna et le regarda droit dans les yeux. Elle aussi était intriguée par cette bâtisse, mais cela faisait si longtemps qu'ils n'étaient pas rentrés chez eux...

Devant la supplique silencieuse de l'animal, elle céda, et pris le chemin en direction du manoir.

- Allons-y puisque tu tiens tant à y aller... J'espère au moins qu'il fait chaud à l'intérieur !


Hugo Zeppeline

Hugo Zeppeline était à court d'histoires. Et un conteur à court d'histoires, ça a tendance à se mettre de méchante humeur. Le vieillard bougonnait dans sa barbe alors qu'il arpentait les montagnes, cherchant un ours, un troll ou un orc pour lui causer du souci qu'il pourrait conter le soir à la Taverne.

Seulement, il semblait qu'aucune de ces trois espèces n'appréciait spécialement de se geler les pattes dans ce trou à rat par un temps de misère pareil. Avançant tant bien que mal derrière les tranchées laissées par son chien fidèle, Kazan, il pestait de ne rien trouver à faire. Oh, bien sûr, il aurait simplement fallu qu'il imagine quelque chose, qu'il provoque le destin mais... c'était beaucoup moins marrant quand il n'y avait pas un héros à impliquer!

La neige continuait de déposer son blanc manteau sur la végétation environnante qui pliait sous son joug lorsqu'il aperçut une vieille bâtisse qui trônait à dos de falaise, dominant la montagne. Le genre de bicoque à vous foutre les poils et où il se passait toujours irrémédiablement quelque chose à conter! Le vieil homme sourit comme un dément, en se disant qu'il l'avait peut-être finalement trouvé...

- Ne me dites pas que c'est...

Ou bien était-ce le fruit de son imagination? Il se concentra un peu plus sur Kazan, avant de relever brusquement la tête pour ne pas avoir le temps d'y penser: le manoir était toujours là. Satisfait, il murmura:

- Le manoir du rôle play... alors ce sephirien ne mentait pas.

S'avançant toujours plus avant, il aperçut un être et sa monture se déplacer vers la bâtisse: voilà que le ciel lui apportait ses héros! Il imagina une potion de vitesse et la but afin d'arriver aux abords du Manoir bien avant elle. Quand la femme se présenta devant le Manoir, il l'accueillit avec ces mots:

- Ah les braves bêtes! Toujours attirés par la magie comme s'ils s'en délectaient. Regardez donc ce brave Kazan tourner en rond de joie à l'idée d'y entrer!

Il se tut un instant afin qu'elle se remette de sa surprise et le toise suffisamment longtemps que pour évaluer son absence de ressources apparentes. Il reprit avec un sourire enjôleur:

- Mais il paraît qu'il fait dangereux, à l'intérieur. Je ne suis pas sûr qu'une jeune dame telle que vous ose y pénétrer...

Le défi était lancé. Qui dompte un cheval ne recule pas si facilement. Hugo en avait la certitude. Dans son esprit, un stylo mental prenait déjà note de l'introduction de l'aventure qui commençait.


Cho

- Mais il paraît qu'il fait dangereux, à l'intérieur. Je ne suis pas sûr qu'une jeune dame telle que vous ose y pénétrer...

Zalyna fixait toujours le vieil homme. Quel étrange personnage... Et provocateur, par dessus le marché. Si elle avait fait ce chemin jusqu'à l'entrée de la bâtisse, c'est qu'elle comptait bien y entrer. Elle était beaucoup trop intriguée par ce qui s'en dégageait.
Elle se tourna vers son cheval qui trépidait toujours d'impatience, puis répondit :

- C'est mal nous connaitre, mon bon monsieur. Onyx et moi-même sommes très curieux... Toujours avides de découvrir et d'en apprendre davantage.

L'animal hennit, en signe d'approbation. L'homme semblait quelque peu déconcerté. Il avait prêté plus d'attention à la jeune femme aux cheveux d'un noir de jais jusqu'à maintenant pour s'en apercevoir, mais la bête avait quelque chose... d'humain. En tout cas, il comprenait les paroles de sa cavalière. Même son regard était intense, profond... Et ce dernier en disait long.

Zalyna avait l'habitude de l'effet que son lien avec Onyx pouvait provoquer chez autrui. Après tout, c'était bien normal. Il était loin d'être un étalon comme les autres. Ils étaient liés, depuis leur naissance...
Elle caressa son encolure, ferma les yeux et communiqua avec lui par la pensée. Elle lui demanda de ménager l'homme... Et puis, ils ne connaissaient rien de lui, et ils avaient appris, avec l'expérience, à se méfier des inconnus.

Elle rouvrit les yeux. L'homme fixait toujours Onyx d'un regard intense.
Elle brisa le silence qui s'était installé :

- Vous semblez connaitre ce lieu... Et vous dites qu'il est dangereux. Cela vous dirait-il de nous y accompagner ?

Le vieil homme la regarda, et après quelques instants, il lui sourit.

- Ah oui... Je me nomme Zalyna, et lui, c'est Onyx.


Hugo Zeppeline

Ce cheval avait décidément l'air peu commun et Hugo s'en réjouit. La constatation de la complicité et de la compréhension qui régnaient entre la maîtresse et son animal le déconcerta un temps, mais il reprit vite contenance. La jeune femme venait de se présenter à lui et il convenait qu'il en fasse autant.

- Hugo Zeppeline, pour vous servir. Quant à lui, il se prénomme Kazan.

Le berge allemand aboya un coup à l'entente de son nom et remua de la queue. Hugo crut bon d'apporter quelques précisions:

- Je ne connais pas ce lieu. En fait, je n'en connais que la légende. Cette bâtisse, dit-on, n'apparaît qu'à sa guise devant les aventuriers. Il semble qu'elle renferme une puissante magie ancestrale et qu'elle renferme des secrets bien enfouis. Peu d'explorateurs en sont ressortis. Néanmoins, les tutélaires du coin ainsi que certains rôlistes sont parvenus à l'apprivoiser et à occuper le hall et son bureau. Les seules pièces qui semblent tolérer leur présence sans leur jouer des tours. Autant vous dire que le conteur que je suis est ravi qu'elle apparaisse enfin!

Il frotta ses mains l'une contre l'autre, autant de contentement que pour les réchauffer. Enfin, histoire de mettre à l'aise l'inconnue, il décida de lui montrer que lui non plus n'était pas ordinaire.

- Maintenant Kazan, si tu voulais bien te donner la peine de nous faire entrer, je pense que Zalyna et Onyx ne seront pas contre un peu plus de chaleur, n'est-il pas?

Le chien s'avança alors jusqu'à la porte, se releva sur ses pattes arrières dans une position peu animale avant d'appuyer sur la clenche de ses deux pattes avant. Ceci fait, il leur fit la révérence afin de les inviter à entrer. Hugo émit un petit grognement de satisfaction.


Cho

Zalyna avait déjà la bouche grande ouverte depuis quelques secondes avant qu'elle ne s'en rende compte et ne la ferma.
Elle jeta un coup d'oeil à Onyx et ils entrèrent. En passant devant le chien, la demoiselle lui adressa un grand sourire autant pour le remercier que pour lui montrer son ravissement. Il avait l'air lui aussi incroyable, elle avait hâte d'en découvrir davantage.

Le hall d'entrée était grand et peu commun. Elle n'en avait jamais vu de semblable auparavant. Elle qui aimait voir des choses plutôt atypiques, elle était servie !
Plusieurs personnes s'y trouvaient, ci et là. Elle continua à avancer et croisa le regard d'un homme qui se trouvait à quelques pas d'eux. Ce dernier les dévisagea tous les quatre un instant, puis s'avança vers les nouveaux arrivants et leur adressa la parole :

- Bien l'bonjour chers voyageurs. Un vieil homme, une jeune femme, un cheval et un chien : un quatuor hors du commun. Qu'êtes v'nu vous faire ici ? Curieux voyageurs égarés ou aventuriers intrépides et téméraires ?

Le chien aboya un coup, ce qui fit sursauter autant l'homme que Zalyna. "C'est comme s'il faisait comprendre à cet individu que la réponse était évidente" songea-t-elle en souriant. Hugo, quant à lui, ricanait :

- Nous désirons tous en apprendre plus sur ce lieu. C'est pour cette raison que nous sommes entrés, n'est-ce pas Zalyna ?

Il avait cessé de rire et la fixait d'un regard intense... un regard de défi ! Décidément...

- Oui, nous penchons donc pour le côté aventurier ! Ce hall étant si intriguant... Il ne peut donner qu'envie d'en découvrir plus. Je ne savais pas qu'un tel endroit existait si près des terres de mon enfance... Je suis maintenant impatiente. Les animaux ne dérangent pas ?

- Qui veut entre, qui peut sort. Je vous souhaite bonne chance !

Sur ces paroles, l'homme s'éloigna.

Zalyna respira profondément et se retourna vers son compagnon.

-Toujours partant j'imagine ? Je vous suis reconnaissante de nous y accompagner en tous cas.


Hugo Zeppeline

Hugo se frotta les mains en signe de ravissement et prit les devant, faisant signe de la main à Zalyna de les suivre, Kazan et lui.

Ils marchaient depuis à peine dix minutes dans le couloir menant aux autres pièces qu'Hugo sentit la magie opérer. Puissante et suffocante, elle s'imposait à quiconque sans qu'on puisse y résister. Le vieillard se retourna vers Zalyna:

- Nous marchons depuis dix minutes maintenant. Nous n'avons effectué aucun changement de direction. Dix minutes, c'est long pour un couloir... Mais voyez derrière vous le plus étrange encore: le hall d'entrée n'est plus visible, seul un mur ferme ce couloir.

Hugo se tut un instant pour réfléchir, la main droite caressant sans vraiment y faire attention son ami fidèle.

- Je vois... C'est un piège somme toute assez grossier.

Il explicita ses propos afin de permettre à la jeune femme de décider:

- Je pense qu'il s'agit d'une altération magique de la perception. En fait il est fort à parier que nous avons fait à peine dix mètres dans le couloir. Si nous criions de toutes nos forces, sans doute que quelqu'un du hall nous verrait, nous prendrait pour des fous, avant de nous lancer une corde pour revenir... Ou alors, il nous faut accepter de jouer le jeu de la maison en s'enfonçant toujours plus avant dans la maison. Nous sommes bien au centre du couloir, mais si nous nous rapprochons des murs...

Il mima ses paroles et à son approche, le mur découvrit une porte.


Cho

Zalyna était fascinée. Elle ne s'était pas attendu à ce que cet endroit si étrange commence à se révéler aussi vite. Après tout, ce couloir lui avait semblé des plus normaux.
Elle sentait son taux d'adrénaline augmenter, et elle adorait ça. Sur quoi allaient-ils tomber ? Quels mystères se cachaient derrière ces portes cachées ?

Il était hors de question d'hurler et d'appeler à l'aide les hommes présents dans le hall d'entrée. Passer pour des lâches ? Et puis quoi encore ?

Elle regarda la porte puis son regard croisa celui d'Hugo. Ce dernier put voir un immense sourire sur le visage de la demoiselle.

- Mon bon Monsieur, une porte est faite pour être empruntée, n'êtes-vous pas de cet avis ? dit-elle, affichant toujours un sourire bien large. Qui plus est, une porte apparaissant d'une manière aussi étrange ...

Zalyna ne sut dire pourquoi elle se sentait aussi excitée... Elle était venue jusqu'au Manoir pour satisfaire la demande d'Onyx, mais maintenant c'était bien différent. Elle crevait d'envie d'en découvrir plus.

Elle s'approcha et se saisit de la poignée pour ouvrir la porte. Pendant quelques secondes, ils furent tous éblouis par une forte lumière. Lorsque leurs yeux s'habituèrent à cette dernière, ils virent qu'ils se trouvaient dans une salle de classe. Le plafond était tellement haut que Zalyna n'arrivait même pas à l'apercevoir. Y en avait-il seulement un ?

Elle se tourna vers son guide :

- Une salle de classe ? Vraiment ? Qu...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'Hugo pointa le tableau du doigt. Elle se retourna et put voir que des écritures à la craie apparaissaient dessus, comme par magie...


Hugo Zeppeline

Hugo Zeppeline n’en croyait pas ses oreilles : cette gamine était décidément sans peur. Comme s’il lui manquait une case, ou bien, un peu d’histoire. Il se dit alors qu’il faudrait qu’il pense à utiliser ce périple pour la connaître un peu mieux : un personnage sans passé, ça n’intéresse que si c’est tragique. Si un conteur tel que lui omet ce genre de choses avec quelqu’un d’ordinaire, il est fort à parier que son auditoire ne répondra pas à son art.

Plongé dans ses réflexions, il accusa le coup lorsque Zalyna lui pointa du doigt ce tableau sur lequel apparaissait des écritures étrangement illisibles. Il se retourna et constata que leur entrée avait disparu, sans que la salle de classe ne présente d’autre sortie.

- Ca sent le roussi.

Comme pour appuyer ses dires, Onyx s’agita et Kazan regarda son maître d’un air inquiet.

- Je pense que nous sommes le nez au milieu d’un piège. Cette salle va nous en faire baver…

Il aperçut alors un placard au fond de la classe. Comme si ce dernier attendait d’être vu, il en sortit soudainement des frotteurs et des balais franchement menaçants qui filèrent droit sur eux comme des flèches lancées par un arc invisible. Hugo avait vaguement conscience que quelque chose d’autre se produisait, mais l’attaque à leur encontre occupait toute sa réflexion et ses capacités motrices. Comment devaient-ils se défendre face à des objets inanimés ?

Pendant ce temps, terré sous un banc, effrayé, un enfant pleurait en silence des torrents de larmes qui ne tarderaient pas à inonder la pièce qui se para, pour l’occasion, d’un tout nouveau plafond.

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Message posté le 00:23 - 11 nov. 2015

Zalyna n'en croyait pas ses yeux. Toute la salle semblait devenir folle.
Ses compagnons étaient aux prises avec des manches à balais...

Elle s'avança pour leur prêter main forte et sentit l'eau lui lécher les chevilles. D'où venait-elle ? C'était insensé...
Les bruits venaient de tous côtés. Elle entendit Onyx se cabrer, Kazan lacérer le bois. La craie continuait, elle aussi, de crisser sur l'ardoise. Un message était apparu, trop petit. Elle ne parvenait pas à le lire de l'endroit où elle se trouvait. Elle entendit des pleurs, provenant de sous une table. Elle se pencha pour regarder.
Elle n'en crut pas ses yeux ! C'étaient des pleurs, que provenait toute cette eau !
Elle entendit également Hugo parler, mais avec tout ce brouhaha, elle ne parvint pas à le comprendre.

Beaucoup trop de choses se déroulaient simultanément sous leurs yeux, ils n'avaient décidément pas de temps à perdre avec le contenu animé d'un maudit placard à balais.
Elle avança de quelques pas et posa ses paumes sur l'armature métallique d'un des nombreux bancs d'école, que la classe avait gracieusement mis à sa disposition.

- Bon, le métal j'en fais mon affaire...

Zalyna murmura quelques mots et les métaux se déformèrent, puis s'assemblèrent pour former une cage solide autour des bouts de bois agités.
Les planches des bancs désossés gisaient sur le sol inondé. Elle s'avança doucement vers les quelques tables dont elle ne s'étaient pas servie et s'assit.
Elle respirait plus difficilement que la minute précédente...

Elle leva la tête vers ses compagnons et dit :

- Une vraie promenade de santé... ! Je pense que les brosses et les balais ont leur compte pour le moment...

Elle hocha la tête en direction du tableau.

- Que fait-il inscrit... ?

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Message posté le 17:02 - 15 nov. 2015

Hugo sourit à la question aux accents très verviétois, reconnaissables à l'utilisation du verbe faire comme auxiliaire. Il s'en amusa un court instant avant de se rendre compte de la situation.

- Il n'y a rien d'inscrit du tout. Ou plutôt rien d'intelligible.


L'eau montait, montait, le gamin qui pleurait avait pourtant disparu. Hugo estima qu'après Zalyna, il pouvait bien lui aussi faire quelque chose. Il se concentra sur le pouvoir que Zalyna avait démontré et le mima, cette fois avec les morceaux de bois. Il lui suffisait d'imaginer ce qu'il se passerait avec un tel pouvoir et les morceaux de planches de bancs s'assemblèrent pour former une embarcation de fortune. Les êtres humains et le cheval montèrent. Zalyna sembla chercher du regard Kazan. Hugo le remarqua et lui précisa:

- Derrière vous.

Pendant qu'il imaginait ce pouvoir, il avait oublié le chien...

- Je doute que cette arche de noé de fortune nous mène quelque part, le plafond se rapproche dangereusement, Zalyna. Nous ferions mieux de bien analyser la situation...

Il réfléchit, réfléchit longuement... l'eau montait et le plafond pouvait à présent être touché simplement en se relevant. Zalyna était calme et semblait réfléchir mais son regard manifestait de l'inquiétude. Hugo prit une grande inspiration. Le tableau. La grande lumière en entrant. Le gamin disparu. Les frotteurs fous. La salle de classe. Et le tout qui semblait si étrange et familier.

- Je crois que j'ai compris, Zalyna. Nous rêvons. C'est pour ça que nous ne pouvons pas lire. Si le gamin qui pleurait a disparu, c'est parce que le rêve change. Il est influencé par nos deux vécus. Visiblement, cette eau indique que l'un d'entre nous, à moins que nous ne soyons deux dans ce cas, a eu son lot de tristesse, et a manqué se noyer dans ce chagrin. Maintenant, réfléchissons... qu'est-ce qui nous permettrait de nous en sortir, de ne pas se laisser engloutir par cette tristesse?

Au moment où il disait tout ça, Hugo se rendit compte que dans sa vie, la seule chose qui lui avait permis de s'en sortir était souvent son audace et sa chance. Il plongea alors tête la première et entreprit de chercher quelque chose, la petite chance qui faisait défaut à cette situation. Il sentait son souffle lui manquer, mais il gardait à l'esprit que puisqu'il rêvait, il ne pouvait pas vraiment se noyer... même si la magie du lieu rendait cette certitude toute relative. Alors qu'il se sentait sur le point de flancher, il aperçut en fin au fond de la pièce... un trou de souris.

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Message posté le 21:24 - 19 nov. 2015

- Qu'est-ce qui nous permettrait de nous en sortir, de ne pas se laisser engloutir par cette tristesse?

Une fois ses interprétations formulées, Hugo plongea. Zalyna le vit chercher quelque chose au fond de l'eau. Le temps passait, le plafond se rapprochait dangereusement et il n'était toujours pas revenu à la surface. Elle pensa à plonger pour lui venir en aide lorsqu'il disparut. Elle avait beau chercher elle ne distinguait plus sa silhouette.
Onyx se mit à hennir, elle se retourna. Kazan avait disparu lui aussi. Que se passait-il ?

Le temps pressait. Visiblement l'homme avait trouvé le moyen d'échapper à cette pièce. Elle repensa à ce qu'il avait dit.

- Nous sommes en train de rêver... Nous pouvons donc influencer le cours des évènements...

Elle réfléchissait à voix haute. Onyx et elle avaient également failli être englouti par leur tristesse à une époque. Quelle avait été leur force ? Ils avait toujours été ensemble. C'est ce qui leur avait toujours permis d'aller de l'avant. C'est grâce à ça qu'ils se sont toujours relevés. Ils avait toujours fait en sorte d'avoir une porte de sortie. Quant à la résolution des problèmes rencontrés, ils la trouvaient ensemble.
Elle se tourna vers lui et déchiffra son esprit.. Ils étaient sur la même longueur d'onde, une fois de plus.

Elle plongea à son tour, laissant Onyx sur l'embarcation. Si son raisonnement était juste, Onyx la suivrait comme Kazan avait suivi son maître.
Elle atteignit le tableau à la nage et subtilisa une craie qui n'avait pas encore été dissoute. Elle s'approcha du fond et dessina une évacuation. Une trappe apparut. Elle sourit, l'homme avait vu juste...
Elle la souleva et l'eau commença à s'évacuer. Elle se laissa emporter par le courant. Après quelques minutes interminables dans ce qui semblait être un conduit d'évacuation, elle aperçut une lumière.

Elle atterri, fesses les premières, sur ce qui semblait être de l'herbe, ses cheveux dégoulinaient. Onyx, Kazan et Hugo se trouvaient à côté d'elle. Onyx lui huma les cheveux, content de la voir. L'homme souriait d'un air moqueur. Quelle entrée peu flatteuse !

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Message posté le 22:07 - 22 nov. 2015

Le conteur avait eu raison: ils étaient bien plongés dans une espèce de rêve douteux. Alors que Zalyna s'en sortait par ses propres moyens, lui atteint le trou de souris dans lequel il plongea tête la première. Dans les deux cas, les 4 compères atterrirent dans une autre pièce au charme particulier. Hugo nota mentalement que bien qu'un rêve, ils étaient tout de même tous trempés: pas sûr qu'il n'aurait pas pu se noyer précédemment.

- Eh bien, voici une façon très honorable d'atterrir, Zalyna, s’esclaffa-t’il pour détendre l'atmosphère. Voyons voir, où sommes-nous exactement?

Hugo porta un regard circulaire aux alentours... De l'herbe, verte comme jamais aussi verte ailleurs. Une légère brise persistante. Un ciel d'un bleu saphir. Rien d'autre. Un univers de vide.

- Heum... il semblerait que nous allions devoir marcher longtemps.


Il invita Zalyna à se relever en lui présentant sa main et ils se mirent à marcher droit devant, sans but précis. Il n'y avait rien qui semblait changer dans ce paysage, ils finirent par avoir faim et soif, mais ils gardèrent leurs besoins pour eux, histoire de ne pas rendre le manque plus concret qu'il ne l'était. Puis enfin survint quelque chose:

- Là, indiqua-t'il d'un signe de tête.

Un minuscule point dans l'horizon. A peine perceptible. C'aurait tout aussi bien pu être un mirage, ou quelques brins d'herbes plus grands que d'autres. Mais l'étrangeté de la similitude des lieux laissaient penser que la suite des aventures se situait là-bas. Zalyna eut le temps de porter son regard dans la direction qu'indiquait l'homme avant qu'un brusque changement dans l'air n'annonce le pire. Le vent souffla incroyablement fort, désarçonnant les deux hommes qui faillirent tomber à la renverse. Zalyna fut retenue dans sa chute par Onyx, qui lui permit de rester sur ses deux pieds. Hugo, lui, planta un bâton sortit d'on ne sait où pour assurer sa prise. La pièce semblait vouloir les emporter le plus loin possible de ce qui se trouvait à l'horizon. Hugo blêmit sous l'effort et confia à sa comparse:

- Bon, je pense que nous pouvons être honnêtes l'un envers l'autre. Inutile de cacher mes dons plus longtemps.


Son sourire qui tentait vainement de masquer son effort pour rester debout demeura, mais tous ses traits et sa taille changèrent, laissant place à un jeune homme séduisant. Il conservait malgré tout cette noirceur singulière sur ses lèvres, ses yeux et ses ongles.

- Je crois que ma force d'antan ne sera pas de trop pour continuer ce périple, glissa-t'il en guise d'explications.

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Message posté le 17:09 - 25 nov. 2015

Zalyna le regardait bouche bée. Elle ne voyait pas l'expression d'Onyx mais elle était certaine qu'elle ne devait pas être plus flatteuse que la sienne. Cet homme était étonnant. Après tout, pourquoi pas.
Hugo commença à marcher en direction du point noir, le corps penché vers l'avant, signe de la résistance et de la force qu'il devait opposer aux bourrasques.
Elle évalua rapidement la situation. Ils allaient mettre du temps à atteindre leur objectif, et plus ils approcheraient de la source, plus le souffle sera puissant. Ce vent puissant avait une odeur particulière qu'elle n'arrivait pas à identifier, mais elle était convaincue que ce n'était pas une simple brise.
L'intensité ne pouvait pas être la même partout... Elle se tourna vers Hugo et lui cria :

- Je vais essayer de m'élever ! Je pense qu'à une certaine altitude, le souffle doit être moins puissant ! S'il s'avère que c'est effectivement le cas, je viendrais vous chercher !

Zalyna monta prudemment sur le dos d'Onyx. Elle y allongea son buste pour éviter un maximum de contraintes au cheval.
Elle tendit sa main droite et la posa sur l'encolure de la bête, à droite également, juste sous sa crinière. Lorsque sa main entra en contact avec le pelage, la marque en forme de pseudo-spirale s'illumina d'un bleu éclatant. La même marque sur l'encolure, juste sous la main de Zalyna s'éclaira en réponse de la même lueur. Une fumée sombre apparut autour d'Onyx et de grandes ailes d'un noir de jais prirent forme.
Le cheval donna un puissant coup de sabot et s'éleva rapidement dans les airs. Chaque battement d'ailes les éloignait un peu plus d'Hugo, victimes de la puissance du flux aérien.
A une centaine de mètres environ au dessus de l'herbe, le vent ne soufflait plus. Elle sourit puis se mit à réfléchir sur la suite des événements.

- Les bourrasques sont trop puissantes, ce serait imprudent de refaire le chemin en sens inverse pour aller chercher Hugo. Essayons de voir si on ne peut pas stopper ce flux d'air !

Onyx vola en direction du point noir. Zalyna se demandait face à quoi ils allaient se retrouver.
Elle eut la réponse quelques instants plus tard. Une énorme tortue faisait route dans la même direction qu'eux, et elle était à l'origine des vents violents qu'ils avaient subits...

- Charmant... Il faut le voir pour le croire...

Onyx virevolta devant la tête de l'animal et attira son attention. Il arriva à faire pivoter légèrement la tortue sur la droite, dégageant normalement le terrain pour Hugo.

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Message posté le 13:52 - 2 déc. 2015

Hugo rit à gorge déployée en voyant Zalyna s'élever sur un Onyx qui volait. Son rire était pareil à celui d'un enfant qui s'émerveille, extatique face à la magie des lieux et du mouvement. Sa compagne mit peu de temps à s'éloigner et réussit à faire cesser le vent pour un instant. Ainsi, ce vent n'était effectivement pas naturel. Jugeant qu'une petite démonstration de pouvoir ne pouvait pas faire de mal, il s'autorisa à rejoindre Zalyna par les grands moyens. Kazan grossit à vue d'oeil, devenant bientôt de la taille d'un éléphant, avec une vélocité féline incroyable. Enfourchant cette monture peu commune, Hugo fila et couvrit la distance qui le séparait de cette tortue géante en une poignée de secondes. Saluant Zalyna d'une main et d'un sourire ravageur, son visage se mua en un rictus froid quand il vit la tortue charger dans leur direction avec une force et une rapidité surprenante compte tenu de sa taille...

- Attention, Zalyna. Je crois qu'elle a aussi faim que nous: il nous faut manger ou être mangés.

Ne se départissant pas de son calme et de son courage, Hugo saisit alors Kazan par sa crinière et chargea l'animal, visant les pattes pour essayer de la déstabiliser: chose difficile quand ladite patte fait 10 m de diamètre.

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Message posté le 22:24 - 18 déc. 2015

Il était impossible pour Onyx d'atteindre une taille aussi immense. S'ils voulaient aider Hugo dans ce combat, ils allaient devoir la jouer plus fine. Ils étaient minuscules en comparaison de la tortue, il fallait jouer sur la vitesse. Une vitesse plus grande encore que celle de la créature.
En quelques secondes, le cheval majestueux avait laissé sa place à un félin grand et massif aux allures de panthère. Il était d'un noir profond et son regard scintillait toujours de son éclat bleu azur. Ses muscles étaient proéminents, ses crocs et griffes acérées.

Zalyna grimpa sur son dos et détacha son bâton argenté de sa ceinture. A première vue il s'agissait d'un bâton tout ce qu'il y avait de plus ordinaire, mais lorsqu'elle s'élança à la suite d'Hugo, elle actionna un bouton et deux lames magnifiquement taillées jaillirent des extrémités.
Elle rejoignit Hugo et entreprit de taillader les chevilles de la bête, aidée des coups de griffes d'Onyx.
Elle se tourna vers Hugo et lui cria :

"Je vais plutôt tenter ma chance plus haut!"

Sur les mots de Zalyna, Onyx s'élança sur la patte arrière droite de l'animal et grimpa au sommet de sa carapace grâce à ses griffes tranchantes.

"Mon beau, on va se séparer. Va aider Hugo en bas. Ca te va ?"


Onyx acquiesça et bondit sur le sol. Sans se préoccuper de ce qui se passait en dessous d'elle, Zalyna remonta le long de la carapace jusqu'à atteindre la nuque de la créature. Elle donna de grand coups tranchants, sans résultat. Elle essaya autre chose. Sa marque s'alluma et une de ses lames fut parcourue par la foudre.

"J'espère que tu vas la sentir celle-là !"

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Message posté le 17:28 - 27 déc. 2015

Hugo se sentait plein de vie. Une bataille... ça faisait tellement longtemps! Et celle-ci s'annonçait épique! Tous ses sens étaient en éveil. Il sentait le vent de la vitesse lui fouetter le visage, il respirait à pleins poumons l'air pur des plaines les entourant, il sentait et entendait battre son coeur à plein régime, il sentait ses poings serrés tenir la "crinière" de Kazan, il entendait les rugissements de la tortue et les grognements de son ami fidèle. Il entendait également Zalyna se débattre en hauteur, autour de la tête du prédateur. Si sa lance n'avait pas d'effet, il semblait qu'accompagnée de foudre, cela avait le don d'irriter la créature. Cette scène, un coin de sa tête l'imaginait et il trouvait que ça ferait un tableau incroyable, une image qui marquerait les livre d'histoire ou traverserait les âges.

Comme à son habitude, les bonnes histoires le faisaient rêver, divaguer. C'est toujours dans ces moments-là que la réalité se fait un malin plaisir de se rappeler à vous. L'énorme bête donna un coup de queue venu de nulle part, qu'Hugo et Kazan ne purent éviter. Frappés de plein fouet, Kazan protégea son maître dans sa chute et prit l'essentiel du coup. Il se fit projeter vers l'avant, alors qu'Hugo retombait lourdement sur le sol, sentant la terre irrégulière meurtrir sa chair. Un voile passa sous ses yeux, mais la panique à l'idée que Kazan soit gravement touché tira la sonnette d'alarme dans son cerveau et il parcourut la scène du regard. Kazan avait retrouvé une taille de chiot, vulnérable et blessé, il perçut alors la tête de l'énorme tortue se baisser pour l'embrocher d'une de ses défenses, avant de l'avaler d'une bouchée. Fière de sa victoire, elle rugit de provocation, comme pour sommer les pauvres mortels qui essayaient de l'arrêter de se rendre immédiatement.

Hugo perdit conscience du temps et d'où pouvaient se trouver Zalyna et Onyx. Figé dans un instant d'éternité effroyable, seule la blessure infligée à son esprit suite à la perte de Kazan demeurait réelle à ses yeux. Son regard se glaça, le ciel se chargea de nuages noirs et lourds, et sa voix gronda avec le tonnerre, terrifiante, transperçant les os:

- Tu ne maîtrises pas la bêtise dont tu viens de faire preuve, tonna-t'il à l'égard de la créature. Puis s'adressant à Zalyna: Vise les yeux.

Zalyna obtempéra, muette face à la gravité des évènements. Ne perdant pas son agilité pour autant, elle décrivit un mouvement de descente depuis le sommet de la tête jusqu'à se poser sur le museau de la créature, avant de projeter sa lance de foudre d'un mouvement souple dans l'oeil de la bête. C'est à ce moment que la colère de Hugo s'abattit, amplifiant l'effet de la foudre d'un éclair précis tombé du ciel. Zalyna sauta et se réceptionna sur Onyx, venu à sa rescousse. La bête fût agitée de soubressauts, avant de s'effondrer lourdement sur le sol, soulevant un énorme nuage de poussière...

Les nuages se dissipèrent rapidement, laissant apparaître Hugo, si petit dans cette immensité, alors que sa voix l'avait rendu si grand. Il semblait fatigué, recroquevillé, la tête dans les mains, cherchant à échapper à ses propres pensées.

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Message posté le 15:09 - 21 janv. 2016

Zalyna n'en croyait toujours pas ses yeux, Kazan avait disparu. Etait-il mort ? Hugo semblait épuisé. Il était toujours sur le sol, recroquevillé. S'il avait besoin d'un moment seul avec ses pensées, elle pouvait lui donner. Il avait également besoin d'un peu de repos, une petite halte autour d'un feu ne serait pas de trop.

Zalyna s'avança vers la créature et après l'avoir enjambée, elle récupéra son arme. Elle fit un petit signe de tête à Onyx en direction des arbres. Ce dernier avait repris sa forme de cheval. Ils se rendirent tous les deux en direction de la forêt et entreprirent de ramasser du bois pour faire un feu.
Pendant qu'ils s'exécutaient à leur tâche, elle observa le ciel qui s'assombrissait. Le temps s'écoulait-il de la même manière à l'extérieur ? La nuit était-elle aussi en train de tomber ? Le fait de ne plus connaitre des détails aussi insignifiants rendait cet endroit encore plus mystérieux. C'était aussi effrayant qu'excitant. Auraient-ils le temps de faire une pause avant de se retrouver projeter dans un autre endroit ? Elle l'ignorait, mais étrangement elle se sentait également confiante à ce sujet.
Elle était persuadée qu'une autre ouverture apparaîtrait lorsqu'ils seraient prêts. On aurait dit que ce lieu les écoutait, les sentait.

Ils revinrent quelques instants plus tard chargés de bois et Zalyna entreprit d'allumer un feu. Hugo avait les yeux fermés et n'avait pas frémi à leur arrivée. Il devait dormir, sans aucun doute.
Onyx était couché près du feu et la jeune fille alla le retrouver une fois ce dernier allumé. Elle se coucha contre son flanc, la tête logée dans son encolure et essaya à son tour de dormir.

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Message posté le 16:27 - 25 janv. 2016

Hugo gardait les yeux fermés, luttant dans un silence intérieur profond contre le cours de ses pensées. Il imagina plus qu'il n'entendit Zalyna se coucher auprès d'Onyx.

Hugo avait un grand besoin de communiquer, mais sa condition actuelle ne le lui permettait pas. S'il baissait la garde, ses pensées risquaient de se déverser sur la réalité comme une mer étrange aux matérialisations aussi improbables qu'imprévisibles.

Tout doucement, il se mit à imaginer Kazan, en se remémorant ce que le chien avait été, lorsqu'il était encore vivant. L'animal l'avait accompagné dans les moments les plus durs de sa vie et lui avait emboîté le pas partout où il s'était rendu. C'était son ami le plus fidèle. Il eut soudain envie de partager tout ça avec ses compagnons de voyage. A l'aide de son imagination, il se matérialisa sous forme astrale et partit à la rencontre de Zalyna et d'Onyx, presque sûr qu'ils partageaient le même rêve. S'immisçant dans celui-ci, il sourit à la jeune fille sans être certain qu'elle se souviendrait de quelque chose demain.

Son esprit changea le rêve et rematérialisa la clairière où ils se trouvaient. Puis Hugo ouvrit la bouche et de celle-ci sortirent non pas des mots, mais des images animées. Il lui montra comment jeune auteur à l'inspiration fanée, il avait maudit les muses. Comment celles-ci, pour se venger lui avaient infligé cette punition. Tout ce qu'il imaginerait prendrait vie, mais jamais plus il ne serait capable d'écrire quelque chose qu'il inventait. Il ne pourrait plus que conter les histoires d'autrui, des morceaux de vie. Et toute l'encre de son avenir vint se loger dans ses lèvres, ses yeux, ses ongles... Et passé, présent, futur se mélangeraient en lui, le faisant paraître tantôt âgé, tantôt jeune. Il lui montra comment il avait été adopté par Kazan, alors qu'il dormait dans la rue. Comment celui-ci lui avait rendu du bonheur, de la gaieté. Comment il mourut une froide nuit d'hiver en le protégeant du froid. Et comment, une fois maudit, il avait matérialisé son chien de manière permanente, comme garde-fou pour empêcher ses pensées de se matérialiser de façon anarchique.

Quand il eut fini de se décharger, Hugo invita Zalyna et Onyx à reprendre leur rêve là où il l'avait interrompu, en laissant dans leur esprit une question persistante:

- Et vous, quelle est votre histoire?

Au petit matin, quand ils ouvriraient les yeux, le conteur était certain qu'ils se trouveraient ailleurs. Et Kazan serait de nouveau avec eux: il y travaillerait toute la nuit.

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