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Pygmalion

Cassiopée, Redofre

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5 nov. 2015 - 12:12

PYGMALION
__________


Cassiopée

Le silence infini...
La tête plongée dans les étoiles, Cassiopée communiait avec le temps et son inexorable mouvement. Son esprit se liait aux astres en un élan d'amour créateur. Elle reprenait sa place, assise ainsi que la reine de Saba sur le trône de sa constellation. Elle s'identifiait au monde dans un bien-être total.

C'est le bruissement d'un galet bousculé qui la ramena à la réalité. Elle se releva d'un bond et perçut alors le bruissement des vagues qui venaient ramper à ses pieds. Le ressac incessant martelait la rive. Elle se remit en route. L'eau froide sur sa peau nue la ramenait à l'espace tangible. La nuit était totale, sans lune.

Ses pas la menaient inéluctablement vers la source du bruit qui l'avait ramenée vers son corps.
Au loin, une silhouette se découpait sur le ciel d'encre. Plus sombre encore.
Instinctivement, la sienne se mit à luire d'une lumière douce et claire. Puis, elle s’enveloppa d'un voile de brume.



Redofre


Asregorh pansait ses idées, comme les sables, érodées et balayées sans fin durant son assoupissement. Un Deleguhl qui dort tient en cercle autour de lui le fil des heures, le chaos des années et des mondes. Il les consulte capricieusement en s' éveillant et y lit en un cycle le point de la terre qu' il occupe, une vague perception du mouvement global qui s' est écoulé. Mais les rangs parfois se mêlent, se rompent, s' érodent et se lissent, sculptant un corps, une cuisse, un pied, un égrégore et le souffle de choeurs élémentaires. Des choeurs sylphides en fin de Sabbat, Asregorh caressa une altération d' un mouvement de griffe. Un galet roula, et il se tint ainsi attendant que le sylphe sorte de son oreille interne.

(Merci à mr Mars El Proust pour le prêt ;)... )



Cassiopée

Marcher dans l'eau, les pieds nus est la chose la plus délicieuse qui soit, le soir sans clair de lune. Aussi Cassiopée prenait-elle tout son temps. Rien ne pressait. La silhouette était immobile, indécise dans la nuit. Un but sans en être un. Une rencontre peut-être.
L'eau l'appelait, mais l'air précieux l'enveloppait d'une douce caresse.
Plus elle approchait, moins la masse sombre avait de consistance à ses yeux. Comme une illusion dans un désert. Son esprit chercha à l'atteindre. Mais elle n'atteint qu'un chaos insondable.
Elle stoppa son élan et attendit.



Redofre

Tentant de se faire aussi inéluctable que possible, en réponse au choeur qui avait caressé ses oreilles, il focalisa son attention immémoriale sur une aile, la mouvant doucement. A peine frissonnante, et glissée au long des sables séculaires, celle ci roula quelques galets et créa une vague qui recouvrit la berge sur une vingtaine de mètres. Encore mi assoupi, Asregorh restait en son lit, respirant lentement, créant des mouvements de brume légers. Surement, un autre frisson ébranla ce qui semblait être de loin, une falaise. D' un simple murmure, perceptible au niveau des germes de gazon.



Cassiopée

La vague submergea Cassiopée avant qu'elle ressente la secousse sous ses pieds. La terre tremblait.
L'écume traçait dans la nuit des aspects fantomatiques qui venaient lécher la digue puis se dispersaient en tous sens dans un fracas sonore.
Trempée de la tête aux pieds, Cassiopée avait résisté au choc de la lame qui s'était abattu sur elle.
Elle remonta sur l'estran tout en gardant un œil vers l'ombre qui se précisait sur la plage.
Comme sorti de terre, à moins qu'il ne soit issue de la terre elle-même, l'être se révélait à sa perception. Le mouvement tellurique extrayait du sol une étrangeté qu'elle avait du mal encore à définir.
Inquiète sur ce que le magma lui réservait, elle leva les yeux vers les étoiles comme pour les appeler à son aide.



Redofre

Peu avisé de la présence, ne sachant l' assimiler à une manifestation élémentale, à une quelconque entité agrippée aux limites de son sommeil , Asregorh se décida à s' étirer, arquant lentement ses immenses ailes, dépeçant la côte en extirpant sa queue du sable et des rocs, dirigeant enfin sa tête à l' opposé de la gravité. Décollant son ventre de la terre, contractant ses cuisses, le sol s' ouvre en deux, révélant des flots de magma où l' océan a tôt fait de s' engouffrer. Une détonation puissante se fait entendre et Asregorh disparait dans des projections de tailles variées, ne laissant que vapeur et chutes. Les ailes puissantes s' appuient sur l' atmosphère et le propulsent vers les étoiles. Il prend une lueur blafarde dans les rayons du soleil se reflétant sur les eaux d' en bas, encore percées de jets de vapeur. Se profilant pour le voyage cosmique il range ses ailes, se fait rond, laissant sa propre masse modeler sa forme. Il se laisse ensuite filer entre les objets célestes, en ramassant quelques uns au passage.



Cassiopée

Le grondement sonore enfla l'air avant que la terre ne s'exhausse. Cassiopée se sentit soulevée du sol, emportée dans le fracas du roc brisé. S'accrochant vaille que vaille aux aspérités qui se trouvaient sous ses mains, elle réussit à ne pas être emportée dans le gouffre qui s'ouvrait sous ses pieds. Le corps collé à la pente, agrippée à une roche encore solide, elle évita de justesse le courant marin qui l'aurait entraînée vers les profondeurs de la terre.
C'est alors qu'elle perçut que la roche s'élevait et quittait le sol. Serrant plus fort son caillou à plein bras, elle sentit la peur l'envahir. Une peur mêlée de joie.
Sous sa main, le rugueux de la roche s'égraina. Dessous, une peau grumeleuse, douce au toucher apparut. Le vent venait fouetter sa face et bien que le masse sur laquelle elle se tenait semblait s'être stabilisé, elle ne put lâcher sa prise sans risque d'être emportée. Elle montait toujours plus haut vers les cieux, s'éloignant du rivage et des eaux qu'elle pouvait encore apercevoir au loin.



Redofre

Enfin stabilisé par sa propre masse, sa propre gravité, Asregorh se laissa dériver dans le vide, s' augmentant peu à peu de tous les corps cosmiques qu' il rencontrait dans sa course sans référents. Quel infini bonheur qu d' être libre. être à la fois soi et tout. Etre la gravité et n' être soumis à rien. Etre le déplacement et n' être plus soumis à aucun référent. Etre la terre, et enfin dédouané de l' eau, l' air, le feu. Asregorh prenait ainsi ses petites vacances, comme un instant tranquille sur un hamac après un petit déjeuner sur un îlot désert et accueillant, lumineux.
L' obscurité du cosmos valait un peu pour ça, à l' échelle d' Asregorh. Au besoin les battement de son coeur lui servaient d' astre. Il pouvait être le chaos, ou se former à partir de lui. Il pouvait être la forme, le fond. L' esprit, le coeur. Rien ne manquait à son niveau car il n' avait guère le besoin d' exister non plus. Tout était tellement, tellement simple. Dans cet état, flottant, conscient de battre, simplement.



Cassiopée

Collée à la paroi qui l'avait emportée, Cassiopée n'avait plus conscience de la réalité des événements. Elle dormait du sommeil du bienheureux, bercée par les battements rythmés d'une vie intérieure.
Le Deleguhl dérivait dans le vide spatial sans se soucier du temps, de son mouvement.
Seules les étoiles veillaient encore.
Points lumineux dans l'infini, elles dessinaient le champ des possibles afin de préserver leur protégée.
Dans les méandres de l'esprit de Cassiopée, un rêve prenait forme.

Sa silhouette n'était plus que rayonnement. Un rayonnement à la fois condensé et d'une brillance intense. Elle tenait en équilibre dans le vaste cosmos ainsi qu'une étoile. Elle tendait la main vers l'inconnu qui résidait près d' elle. C'était un inconnu aussi sombre qu'elle était lumineuse, d'une compacité dense. Elle sentait sa présence sans la craindre et l'invitait au voyage.



Redofre

Asregorh sentit qu' en effet quelque chose se passait. Il n' ouvrit pas les yeux, étrangement il semblait qu 'il y ait trop de lumière pour ça, mais estima sa situation: quelque étrange flammèche semblait brûler tout contre lui et des milliards d' étoiles l' encerclaient. Assez stupidement son premier réflexe fut de se dérouler et s' étendre, fuir du champ de lumière par une extrémité de son corps. Il s' étendit donc, le plus qu 'il put, sans bien sur arriver à dépasser la lumière. Sa seconde tentative fut la colère, se sentant pris au piège il se mit à trembler, et telle une déflagration, toutes les écailles se relevèrent en une vague. Sans guère de résultats, il travailla donc sur l' acceptation. Pour preuve il se retourna vers l' étrange flammèche qui ne semblait pas issue de lui et la regarda briller à travers ses paupières fermées. Il approcha doucement son museau, réalisant qu' elle ne brûlait pas vraiment, jusqu' à la toucher presque, et huma doucement. Enfin, il tenta d' ouvrir les yeux.



Cassiopée

Ah ! Voilà ce que tu es !

Cassiopée n'avait pu retenir sa voix quand les naseaux s'étaient approchés. Elle distinguait maintenant la tête gigantesque qui se tournait vers elle.
Alors, les yeux s'ouvrirent. Lentement. Avec peine. Comme si l'être sortait d'un sommeil profond.
Les paupières tannées et sombres s'abaissaient pour laisser place à un voile blanchâtre.
Tous les mouvements de la bête étaient d'une lenteur infinie. Elle découvrait Asregorh qui s'était lourdement déplié.
Elle avait vu surgir de l'amas qui la cernait une longue queue qui prolongeait le dos sur lequel elle se tenait. Elle apparaissait ainsi qu'une silhouette menue, condensé de lumière, dans l'immensité noire. Puis à l'autre extrémité, un cou puissant et écailleux avait lentement fait son apparition. Le mastodonte déployait sa masse. De l'endroit où elle était, elle ne pouvait concevoir l'entièreté du géant. Elle ne distinguait pas ses pattes qu'elle pouvait deviner griffues. Mais elle découvrait un corps recouvert de larges plaques vernissées qui lui rappelait l'onyx.

Le souffle de la bête créait un vent qui éliminait les restes d'une Terre encore accrochée aux écailles de cuir. Puis, le voile remonta. Insensiblement, pas à pas, il découvrait la vie contenue que l’œil révélait. Il avait la profondeur d'un puits sans fond dans lequel dansait une ronde de diables rouges plus vivants que le feu qui s'en dégageait.



Redofre

Il la poussa du bout du museau pour tester les réactions ou saluer ou on ne sait trop quoi, vraisemblablement pas agressif. Quelques frissons remuèrent des bouts de terre et de végétation qui avait commencé à se développer entre les écailles, depuis l'intense lumière. Terraformation stoppée par son éveil, les lambeaux d' atmosphère s'écartant dans le vide peu à peu.
Il regarda la flammèche un moment, ne fit aucun son, hésitant encore, mais hasarda quelques pensées, les laissant passer à travers ses yeux, n' étant pas certain de la nature de la chose qui se trouvait en fac de lui, l' avait réveillé et semblait gesticuler d' une étrange manière.
Pour être sur il décida d' un test comme un autre: ouvrir la gueule avançant lentement sa langue autour de la flammèche.



Cassiopée

Non ! Cria l'esprit de Cassiopée. Elle frappa le sol du talon et le mouvement l'emporta dans un saut léger. Sorte de bulle lumineuse échappant à une langue fourchue qui cherchait à la toucher. La gueule ouverte de la bête lui révélait de grands crocs d'ivoire presque aussi hauts qu'elle. Un bourrelet de chair sombre tremblotait devant la vision d'un gouffre monstrueux faisant office de gorge. Au fond de son rêve Cassiopée était trop immatérielle pour sentir les odeurs des gaz qui s'échappaient des profondeurs.

Alors que le cri de Cassiopée se perdait dans le cosmos, son esprit s'emparait des images invraisemblables qui l'atteignaient. Elle était en contact avec un monde qui la déroutait. Le silence y régnait au sein d'une harmonie totalement dissonante. Il s'agissait d'une culture, d'une conception nouvelle qui pourtant lui rappelait Issac.
L'image d'Issac prit soudain force avec une intensité incroyable dans son esprit, comme une réponse à la bête qui l'avait inspiré. Or, elle n'avait pas pris conscience de son Noz depuis que la magie avait détruit un part de son univers. C'était comme si Issac s'était replié si profondément en elle qu'il ne formait plus qu'un petit roc dur et impénétrable. Réveiller le Noz signifiait allumer un feu douloureux. La bête perçut la brûlure.



Redofre

Asregorh surpris remua la tête, manquant éternuer et ayant senti une vive douleur aigue en son sein. Il regarda l' étrange flammèche partir en faisant un son étrange. Il donné un gigantesque coup de queue, étendit ses ailes et la poursuivit, tel une truite devant une mouche filant dans le courant. Elancé dans les airs à la suite de la flammèche, qu' il rata une seconde fois, refermant ses dents sur le vide, il ressentit un trouble profond, mélange d' injustice, de douleur, de peine, de regret, de vide et de brûlure, telle celle du froid.
Agacé par les sensations nouvelles il s' élança encore plus rapidement donnant de cataclysmiques coups de patte dans le vide et tentant d' attraper cette étrange lumière dans sa gueule. Le réveil était un peu abrupt, mais cela faisait bien longtemps qu' il ne s' était pas amusé ainsi... le sport lui manquait.
Cependant, entre chaque éclat de lumière, des choses différentes perlaient du fond de lui. De la peur. De l' adrénaline. Du désespoir. De l' abandon. De la colère. Des frissons insoutenables, sans qu' il fut capable de comprendre d' où ceux ci provenaient. Il continua à poursuivre la flamme assez rapide et agile émettant toujours des bruits, mais commença à donner ses coups de dents plus pour sentir ce qui perlait au fond de lui que réellement intéressé par la course.



Cassiopée

Les étoiles s'éveillèrent. Leur monde silencieux et immuable était perturbé. Quels étaient ces mouvements sans aucune mesure dans leur univers ? Les étoiles n'aiment pas être réveillées brutalement. Dans la constellation de Cassiopée, l'étoile double Cassiopeiae accéléra son mouvement et les deux orange se mirent à tourner plus rapidement l'une autour de l'autre. Tsih, la bleue accentua sa rotation et devint plus lumineuse encore.

Pendant ce temps, Cassiopée, souffrait dans son sommeil sans nom. Elle fuyait devant la mâchoire qui cherchaient à l'atteindre, échappant de justesse aux coups de crocs semblables à des montagnes souhaitant l'écraser. Elle avait beau crier, la bête restait son ennemie. Une bête semblable à un monde.
Tout en fuyant, Cassiopée réfléchissait rapidement pour trouver le moyen d'arrêter cette course sans fin qui risquait de provoquer un tremblement de ciel. Mais comment communiquer avec un monde ?

Une fois, il y a fort longtemps, Cassiopée avait pénétré le monde interdit et froid de Smirtnoff. Elle était entrée dans les profondeurs de l'être de la nuit pour le réchauffer et faire fleurir la terre. Riche de cette seule expérience, elle se décida à user de son pouvoir tout en fusant dans l'espace.

Entre les écailles lourdes et rudes d'Asregorh, un arbre commença à germer. Un tout petit arbre, qui grandit rapidement sous le pouvoir de la Dame des étoiles. Elle lui apporta lumière et eau, tandis que celui-ci puisait ses ressources dans la bête elle-même. Bientôt, à l'échelle de l'univers, un arbre majestueux avait poussé sur le dos de son ennemi du moment.
Alors, comme mue par un désir lointain, elle inversa le monde et pourvut l'arbre d'une source d'eau, comme une source de vie.



Redofre

Asregorh reprit un peu confiance, et se sentit d' un coup moins perdu, comme si une idée avait germé dans son esprit pour dépasser cette tempête de sentiments étrange et de peur. Il continua donc à danser un moment ans l' espace vaguement poursuivant la flammèche et sentit un châtouillis dans son dos, la sensation prenant de l' ampleur et semblant s' allonger. Toutefois il ne pouvait se résoudre à laisser la flammèche filer et changea de technique, il roula sur lui même. Pendant qu' il sentait un truc étrange dans son dos, il prit un peu de vitesse et déboula vers la petite lumière agile, en boule. A défaut de la croquer peut être pouvait-il se gratter un peu sur la lumière. D' autant qu' il se sentait un peu lourd et fatigué...



Cassiopée

Les vagues venaient doucement lécher Cassiopée endormie sur le rivage. Dans ses rêves, une danse s'organisait.

L'immense corps d'Asregorh, recroquevillé en boule sur lui-même prenait des allures d'astre au cuir sombre et luisant. L'arbre, symbole de la vie y avait pris forme et une source d'eau jaillissait du feuillage. De fins ruisseaux circulaient entre les écailles se donnant le temps de capturer les éclats de lumière. L'eau pure irriguait l'être comme une douce caresse.

Alors qu'Asregorth s'élançait vers Cassiopée comme un boulet de canon, les étoiles qui veillaient sur leur protégée dévièrent sa course et l’entraînèrent dans une ronde dont la Dame était le centre. Asregorth venait d'entamer une trajectoire dont le rythme régulier et sans fin le plaçait en orbite autour de la silhouette lumineuse.

Parce que l'Univers et son espace infini était sécurisant pour Cassiopée, elle osa pénétrer plus profondément dans l'esprit du mastodonte sans savoir si elle serait entendue :

- Je te crains car tu m'es inconnu, mais ne me crains pas. Sais-tu que chaque être vivant dans nos mondes tire son énergie vitale d'un astre ? Seuls les rêves les révèlent. Qu'en est-il de tes rêves ? Je te vois dans les miens.



Redofre

Asregorh se sentit dévié, dé-voué à sa volonté de mouvement, en faveur d' un élan cyclique qui s' auto gérait. Trop faible pour se mouvoir, hors de cette gravité, cherchant encore ses repères, il vit dans son esprit une masse lumineuse qui semblait creuser l' espace et l' entrainer dans une course circulaire. Toujours en boule, il sentait qu' il roulait en plus sur lui même, comme s' il parcourait entrainé par sa vitesse un drap creusé par la masse lumineuse, en cercle autour d' elle.

Il vit aussi son excitation affolée, sa course, la peur, le malaise, et une seconde conscience parallèle s' extirpa de lui, sous forme d' une petite silhouette lumineuse. Il se posa des questions sous cette forme, silhouette devant la masse sombre dont elle s' était séparée entourée du vide et des lumières lointaines en veille. Il lui semblait la reconnaitre. La masse sombre se retourna d' un coup et ouvrit une gueule infernale, avec sa combativité elle s' échappa du gouffre sombre et dentu qui s' ouvrait, ressentant la peur plus vivement, qui faisait battre une petite énergie en elle à très haute fréquence. Elle rayonnait donc, à intensité variable, victime de ce mouvement incontrôlé et de l' immense et menaçante masse, cherchant désespérément à la pénétrer, la contrôler pour ne pas avoir à la craindre. Mais rien ne semblait percer la carapace qui se mouvait incessamment. Les écailles sombres dansaient un sabbat étrange et inquiétant, la frôlant parfois et éveillant toutes sortes de peurs et troubles. Elle chercha la combativité qui lui restait et fit appel à la lumière autour d' elle, se perçut un instant sous forme d' un petit roc sombre, brûlé, desséché, et douloureux. Elle chercha finalement à l' exposer à la lumière, à la vie, à défaut de pouvoir percer l' altérité inquiétante et pourtant familière. Elle vit une boule sombre se mettre en orbite, moins menaçante avec cette couverture de vie et de lumière en surface. Ce qui lui semblait permettre de la lire mieux. Toujours inquiétante, pas tout à fait plus familière, mais plus accessible, empathique des racines qui semblent survivre sur un sol inconnu.

Asregorh de son orbite laissa le temps accélérer, l' eau couler, les individus naître et pulluler faisant oublier un peu sa masse, ses écailles sous un manège beaucoup plus rapide dont l' intensité de mouvement semblait rassurer la lumière qui entrainait son mouvement cyclique. Il sentait sa conscience fondue en chaque particule de vie, partagée, se cherchant et s' affrayant, en écho aux mouvements et émotions précédentes.

La silhouette elle même partagea sa conscience, à la fois au centre de la course inquiétante du monstre qui semblait se couvrir de danse et lui ouvrir un soupçon d' accès via le pouvoir de son rayonnement, celui des compagnes lumineuses qui l' entouraient et avaient obéi à son désir, la protégeant. Elle était aussi une silhouette au milieu de la danse des consciences crées par la lumière sur les ombres des écailles. Comment allait-elle gérer l' altérité? L' altérité, la perte? Une question semblait faire écho dans chacune de ses impressions, de ses consciences.

Asregorh dormait doucement, jouant du temps, de l' accélération, du rythme, le creusant, tournant autour de la silhouette qui creusait l' espace.



Cassiopée

La question posée par Cassiopée n'avait pas trouvée de réponse au travers des mots. Seul son propre rêve répondait. Ce rêve où les étoiles l'avaient remise à la place qu'elles considéraient être sienne. Et ce rêve la charmait, alors elle s'y complaisait. Elle aimait s'asseoir sur son trône et régner sur son petit bout de ténèbres. Elle aimait se sentir lumière cernée d'un Noz de noirceur.
Mais aujourd'hui, son Noz avait pris des allures de roc. Elle n'était pas habituée à cela. Elle en était même contrariée.
Qui était cet être que dont ses propres rêves se jouaient et qui menait sa danse personnelle sur son territoire ? Elle aurait voulu le connaître mieux, mais n'osait pas lui permettre d'approcher, craignant ses crocs féroces et les griffes qui cherchaient à l'attraper.
Elle le gardait donc à distance grâce à l'aide de ses consœurs les astres tout en se demandant comment l'attendre.
C'est alors qu'un manque cruel altéra le ventre de Cassiopée endormie. Une conscience qui se réveillait. Qu'était devenu Issac ? Où était parti son Noz, son dragon, l'autre elle-même ? Une souffrance sans nom déchirait les entrailles de Cassiopée endormie. L'émotion lui fit rouvrir les yeux.
Elle était étendue sur le sable. Un être à ses côtés.




Compte utilisé par l'équipe rôliste.
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