Alerte sanitaire
Alerte concertée
Mission : Un gang revend un peu partout une drogue très nocive sur le Wilmar. Les joueurs doivent enrailler ce commerce avant que les services sanitaires ne fassent appel à la sécurité intérieure et son manque de tact.
Temps : 4 semaines
Division des messages : 10 messages par joueur
Joueurs :
- Grendelor avec Silitel
- Cassiopée avec Luyten
- Méli avec Kellen
Couleurs dialogues :
- Silitel : #2C75FF
- Luyten : turquoise
- Kellen : #FF5B2B
- Sawel : #FDF1B8
Date limite : 28 avril 2017
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[Entrée DDA#0019823]
11-12-486 // 5 décès – 18 états graves
13-12-486 // 8 décès – 43 états graves
14-12-486 // 7 décès – 76 états graves
15-12-486 // 21 décès – 102 états graves
16-12-486 // 30 décès – 148 états graves
17-12-486 // 41 décès – 239 états graves
18-12-486 // 63 décès – 403 états graves
19-12-486 // 89 décès – 655 états graves
20-12-486 // 124 décès – 1003 états graves
Bilan provisoire :
388 décès – 1003 états graves
Statut sanitaire :
Expertise en cours.
Aujourd'hui, une autre mère de famille désespérée meurt sur le bas côté d'une coursive d'overdose d'une nouvelle drogue issue tout droit de la fange de l'aile gauche du Wilmar. Cette dernière est hautement psychotrope et toxique, même avec des glandes curatives, et les morts commencent à se faire de plus en plus nombreux. Une rumeur commence à se répandre autour de son utilisation qui permettrait de percevoir le passé. Certains consommateurs affirment avoir été spectateurs de la fuite d'Aelis, de la construction du vaisseau, des ténèbres qui régnaient à l'époque, d'autres se voient discuter avec Zaquarou, l'illustre ancêtre.
La sécurité sanitaire commence à se pencher sur le problème qui est posé. Cependant, si cela doit virer en purge par la Sécurité Intérieure, tout le monde redoute le carnage et la brutalité qui va en sortir.
[FinDial#]
13:05 - 31 mars 2017
Kellen était concentrée sur son tableau de compatibilité. Depuis plusieurs dizaines de minutes déjà, l’erreur dans ses comptes refusait de se révéler . Cela l’agaçait au plus haut point. La jeune femme avait relu plusieurs fois le tableau, vérifié les commandes, le nombre de produits, mais le résultat continuait d’être faussé. Marmonnements et jurons se faisaient fréquents à mesure qu’elle perdait un temps précieux. Elle avait déjà tant de commandes en attente qu’elle devait effectuer chaque jour des heures suppl’ depuis deux semaines et la fatigue commençait à sérieusement impacter sur son humeur et sa patience.
D’ailleurs, c’en était trop. Kellen décida de prendre sa pause avant de détruire quelque chose. Elle fit pivoter son fauteuil pour se lever et se diriger vers la sortie quand elle remarqua l’agitation inhabituelle dans le laboratoire.
Son bureau se trouvait dans une très grande pièce où évoluaient chercheurs, assistants, chefs de projets, etc.. Pour les expériences plus techniques, différents laboratoires fermés existaient, mais il s’agissait ici de la recherche plutôt théorique. Le chef de département pensait qu’un environnement ouvert permettait le partage d’idée et donc favorisait les progrès plus rapides. Kellen admettait volontiers une certaine vérité dans l’argument, mais parfois, pouvoir se concentrer dans le calme était un luxe dont elle rêvait. Force était de constater cependant qu’elle s’était habituée au brouhaha ambiant et savait l’occulter quand nécessaire.
Mais à l’instant, il ne s’agissait pas de l’agitation travailleuse habituelle. Elle pouvait voir les traits tendus de ses collègues qui murmuraient tout en jetant des regards anxieux sur la sortie. La jeune femme s'apprêtait à interroger son chef d’équipe sur la situation quand la porte du bureau s’ouvrit assez rudement et provoqua un silence anxieux.Trois hommes à la carrure imposante firent une entrée ordonnée, scrutant attentivement toute la pièce. Aucun doute n’était permis, à divers endroits de leur uniforme était clairement visible l’insigne de la Sécurité intérieure. Un frisson parcourut le dos de Kellen. Il était rarement bon d’avoir affaire avec les hommes de la Sécurité intérieure. A leur suite, deux hommes en civil avaient suivi, bien moins impressionnants mais cependant assez hautains. Derrière eux, deux autres gars de la Sécurité fermaient la procession.
Ils se dirigèrent directement au fond de la pièce, dans le bureau du chef de département, laissant les deux derniers du groupe surveiller la porte à l’extérieur. Aucun n’avait osé bouger durant tout le processus. Ce n’est qu’au ralenti, et après quelques minutes, que chacun reprit ses activités en évitant soigneusement de regarder les gardes. Kellen n’avait jamais entendu cette zone aussi silencieuse depuis qu’elle y travaillait.
Elle jeta un regard anxieux à son chef d’équipe qui haussa les épaules et lui fit signe de reprendre son travail tout en articulant silencieusement un “Plus tard”.
La jeune femme finit tardivement son travail mais même alors, les hommes de la Sécurité intérieure n’étaient pas sortis de leur réunion quand elle quitta son bureau. Ses collègues, comme elle, avaient peu à peu repris leurs habitudes de travail, en restant toutefois assez silencieux. Quand par malheur un objet tombait, tous les regards se tournaient avec crainte vers les deux gardes. Pourtant à aucun moment elle ne fut capable de les voir réagir. Ils restèrent comme figés des heures durant.
Elle quitta le bâtiment à la fois soulagée et frustrée. Soulagée de s’éloigner de cette tension et de ce que tout son corps appréhendait comme un danger, mais frustrée de partir sans en savoir davantage. “La curiosité est un vilain défaut !” se sermonna-t-elle.
Enfin chez elle, confortablement installée dans son divan, elle décida d’appeler Luyten pour lui raconter son étrange après-midi.
18:59 - 31 mars 2017
Luyten Ediator était plongée dans la manipulation de la pâte à former avec laquelle elle tentait de composer un trèfle à quatre feuilles de 8mm de diamètre et pas un de plus. Voici déjà trois fois qu'elle recommençait le modèle, elle ne réussissait pas à le maintenir dans la taille exigée. Soit trop petit, soit trop gros. Mais elle était fatiguée et commençait à regretter d'avoir ramené du boulot à la maison.
Sa maison, en l’occurrence était une cellule restreinte dans l'aile gauche du vaisseau et elle travaillait à l'étroit sur un plateau posé sur ses genoux, elle-même installée sur son lit. Quand, enfin, son dernier essai ressembla à la forme escomptée pour ce fichu cachet, elle repoussa le plus loin possible son micro atelier pour étendre ses jambes et allumer les visioinformations du soir. Le mur qui lui faisait face s'alluma et le son arriva avant l'image. Les infos n'étaient pas très réjouissantes. Ces derniers temps beaucoup de wilmariens ruminaient leur enfermement. Certains s'organisaient en espérant un prochain essaimage, d'autres semaient la pagaille par leur agressivité et quelques rassemblements montraient clairement leur mécontentement. Ils opéraient des dégradations volontaires sur les bâtiments. La Sécurité intérieure était sans pitié pour de tels agissements. Les mécontents étaient considérés sur le champs comme saboteurs et tués dans l'heure.
Luyten s’intéressait tout particulièrement à la pharmacologie, par son métier puisqu’elle concevait le conditionnement et les emballages des produits Ediator. Mais ces derniers mois, une étrange lubie l’avait conduite à se plonger dans des études de chimie. Elle écouta donc attentivement un reportage sur une drôle de drogue qui laissait sur la chaussée de plus en plus de cadavres.
L'information la laissait interrogative. Pourquoi ces gens utilisaient cette drogue tout en sachant qu'elle pouvait les tuer facilement par overdose et surtout pourquoi aller jusqu'à l'overdose ?
Sans réponse à sa question, elle éteignit le mur d'infos et ferma les yeux pour se reposer.
13:51 - 1 avr. 2017
Les yeux rivés sur son écran, Silitel suivait les dernières informations officielles tout en parcourant les sites non contrôlés. En recoupant toutes les données, Silitel avait remarqué l'apparition de la drogue et de sa nocivité dès le 13-12-486. C'est en lisant des témoignages d'utilisateurs non décédés qu'il s'y était intéressé. Cette drogue semblait donner accès à des souvenirs communs à l'espèce humaine. C'est en tout cas comme cela qu'il l'avait interprété. Cette idée l'avait littéralement renversé. Il haletait encore des efforts fournis pour se remettre debout. Il fallait qu'il en sache plus, qu'il analyse quels neurones s'activaient, comment réveiller cette mémoire génétique. Et surtout, il devait analyser cette drogue afin de la rendre inoffensive et de pouvoir s'en servir.
C'est avec cette idée en tête que Silitel quitta son logement, un deux-pièces (une chambre avec douche et une cuisine) adapté à sa corpulence situé dans un quartier pas encore sécurisé de l'aile tribord, pour un bar pas trop malfamé : l'Aile Bleue. Ici il espérait pouvoir trouver d'éventuels consommateurs au cerveau pas trop détruit par les autres drogues.
18:06 - 9 avr. 2017
Elle n'avait pu que raconter brièvement les événements à Luyten avant qu'un double appel de son chef de service, Sawel, ne vienne interrompre la conversation. Si Kellen avait d'abord ignoré l'appel, un message en majuscule lui intimant de répondre "fissa" la fit revenir sur sa décision. Il n'était pas dans les habitudes de ce dernier d'agir ainsi.
Sawel lui expliqua rapidement et nerveusement que sous ordre des plus hauts supérieurs du clan, une partie du personnel du laboratoire devait assister les chercheurs et revenir immédiatement au travail. Elle en faisait partie et devait préparer une valise pour quelques jours, rien ne garantissant qu'elle ait le temps de rentrer. Et il raccrocha sans plus d'information ni même un aurevoir.
Persuadée que la visite de la Sécurité intérieure n'était pas étrangère à cette soudaine mobilisation, elle prépara ses affaires négligemment, une boule d'anxiété grandissant au creux de son estomac et prit la direction de son laboratoire. Durant le trajet, elle prit le temps de prévenir quelques amis de son absence et de s'excuser après de Luyten de la soudaine interruption de leur conversation.
Arrivée sur son lieu de travail, elle remarqua immédiatement le changement de gardes à l'entrée du bâtiment. La zone avait toujours été sécurisée, des produits hautement dangereux y étaient entreposés, mais jamais en personne par des hommes de la Sécurité intérieure. Elle remarqua également une ambulance, elle aussi gardée, garée près de l'entrée principale.
Sa boule au ventre d'anxiété devint de la peur et elle accéléra le pas. Elle ne vit aucun signe de combat sur le trajet jusqu'à bureau mais la présence de l'ambulance continuait de la tourmenter.
Sawel lui sauta littéralement dessus dès qu'elle franchit les portes de sa salle. Il la pressa de se mettre rapidement au travail, que tout un tas de commandes devaient être urgemment livrés. Voyant que Kellen restait ahuri devant son écran, il prit un fauteuil, se posta devant elle, posa ses mains sur les épaules de la jeune femme, prit une grande respiration et lui expliqua, avec tout le calme dont il était encore capable malgré ses propres craintes :
"Kellen, c'est sérieux là ! la drogue, tu en as entendu parler n'est ce pas ? Ils sont là pour ça, les gars de la SI. Ils ont demandé plusieurs choses au labo, je sais pas tout, mais il y a plusieurs équipes de chercheurs. Là y'en a au moins une qui s'occupe d'un de ses drogués en plein délire. Mais nous ... nous on doit absolument découvrir la recette de cette drogue." Il marqua une petite pause, la regardant droit dans les yeux et la secoua un coup avant de poursuivre : "C'est sérieux Kellen ! c'est la SI ! Ils demandent pas seulement un antidote, ils veulent le contenu... les chercheurs vont tourner non stop en analyse et TU dois faire en sorte qu'ils aient tout le nécessaire. L'avenir du clan est en jeu..."
Les pression qu'exerça Sawel sur ses épaules finit par la ramener à la réalité. Si la peur n'avait pas totalement refluer, elle n'était plus paralysée. Elle jeta un oeil aux commandes qui clignotaient déjà partout sur son écran, venant de plusieurs labos de son service. Elle se secoua, hocha la tête en signe de compréhension à son chef de service, et commença à travailler. Vite, très vite...
17:01 - 22 avr. 2017
L'hologramme de Kelen disparaissait à peine que le brassard de Luyten se mit à clignoter. Elle fut bien tentée de ne pas répondre à l'appel n'ayant pas envie d'être dérangée. Puisque Kelen n'était pas très disponible, elle souhaitait profiter de son temps libre pour étudier.
Contrariée, elle ne résista pas très longtemps devant l'insistant éclat à répétition. Elle ne brancha pas l'holographe et se contenta du son :
- Réseau 284. Ici Luyten Ediator.
- Réseau 426. Vous êtes exactement la personne à qui je désirais parler. Je me présente, je suis Volterian Ediator.
La voix de l'homme était sourde et grave, mais le ton était plutôt jovial.
Nous ne nous sommes encore jamais rencontrés, mais j'ai entendu parler de vos talents professionnels et j'ai le besoin urgent de mise en conditionnement d'un produit à mettre sur le marché. Comme l'urgence est grande je court-circuite les démarches habituelles. Mais rassurez-vous, je fais ceci avec l'aval de notre hiérarchie ! Je vous prie donc de m'excuser de pénétrer ainsi dans votre espace-temps privé. Je dois dire à votre avantage que cette démarche semi privée aura le net intérêt pour vous d'être payée en fonction. Je vous assure que les termes du contrat que je vous propose sont particulièrement avantageux.
Luyten tendit l'oreille à cette information car ces derniers temps ses comptes étaient bien bas. Elle décida donc que l'aubaine valait la peine d'être étudiée.
- Je vous remercie d'avoir pensé à moi pour une telle urgence. Il se pourrait que le travail m'intéresse. Pourrait-on se rencontrer afin de discuter en visu de l'affaire ?
- Avec plaisir. Comme nos secteurs sont relativement éloignés l'un de l'autre, je vous propose un rendez-vous intermédiaire à la terrasse du Colplace en secteur 3. C'est un lieu de rencontre que j'utilise souvent en affaire car il est discret et relativement soigné. Cela vous conviendrait-il ?
Luyten accepta la proposition non sans avoir réclamé quelques explications complémentaires pour s'y rendre car elle ne connaissait pas le lieu.
Quand elle coupa son capteur elle était d'humeur guillerette. Elle appréciait avoir été choisie pour l'opération et plus encore l'idée de s'enrichir un peu.
11:10 - 27 avr. 2017
Cela faisait bien 48h qu'elle n'avait pu se reposer, à peine quelques micro-siestes sur son bureau. La sécurité intérieure s'était faite discrète, si tant est qu'on puisse utiliser cet adjectif à leur égard, les premières heures. Mais rapidement, leur présence était devenue imposante et effrayante. La tension montait proportionnellement à l'absence de résultat en fonction du temps qui passé inexorablement.
Dorénavant, leurs gardes ne se contentaient plus d'un regard noir quand ils prenaient une pause, mais avançaient d'un pas de façon menaçante. Il n'y avait plus que les urgences toilettes que s'autorisait le personnel terrorisé.
Cependant, il y avait tout de même des progrès, la plupart des composants de cette drogue avaient été trouvés mais, ils le découvrirent très vite, ce qui intéressait vraiment la sécurité intérieure, c'était la substance qui permettait d'accéder à des souvenirs du passé. Et à ce niveau, absolument aucun progrès n'était rapporté...
Plusieurs chercheurs avaient émis l'hypothèse que la substance se trouverait dans le conditionnant et non dans le produit lui-même. Des recherches étaient effectuées dans ce sens.
15:09 - 27 avr. 2017
Silitel regardait autour de lui d'un air pénétrant. Il observait les visages en cherchant qui portait les stigmates d'une vie dopée sans pour autant être devenu un zombie sans personnalité. Quand il voyait quelqu'un qu'il pensait correspondre à son profil, il braquait vers lui ce qui ressemblait à un téléphone portable mais n'était autre qu'un scanner portatif qui permettait de connaître l'état de la masse cérébrale du candidat. La plupart n'était pas de toute première fraicheur. Une jeune femme d'une trentaine d'années, blonde, au physique suffisamment agréable pour qu'on la remarque mais pas assez pour qu'on l'ennuie avec, fut sa première touche.
Il se leva poussivement de son siège pour s’approcher d’elle. Elle leva ses yeux verts vers lui avec un air las. Silitel s’installa en face d’elle sans cérémonie.
Vous avez un cerveau parfait, lui dit-il, ce qui déclencha un regard incrédule puis curieux de la part de la femme quand il lui montra le scanner. Aucune lésion grave, aucun signe de maladie dégénérative et la drogue ne l’a pas encore altéré. Elle fronça les sourcils. Oui, certains signaux, fit-il en pointant du doigt des zones rouges, montrent l’activation de zones liées à l’utilisation de drogues. Oh, ne vous en faites pas, je ne vous juge pas, ni ne cherche à vous envoyer en prison. En fait, c’est tout l’inverse. Je cherche des testeurs. Un éclair d’envie brilla dans les yeux verts. Je vous propose de tester, sous étude clinique, la drogue aux souvenirs qui se répand actuellement. Vous serez payée 500 crédits. Un nouvel éclat illumina le regard de la femme. Je vois qu’on se comprend, fit Silitel en lui tendant une carte. Rejoignez-moi dans 3h à cette adresse.
Sans rien dire, la jeune femme hocha la tête et prit la carte. Silitel retourna à sa table et recommença son manège avec trois autres personnes, qui acceptèrent toutes les trois. Il se fit la réflexion que malgré les risques, les gens semblaient vraiment intéressés par cette drogue. Il devait maintenant s’en procurer suffisamment pour sa petite expérience. Il se dirigea vers le Colplace, en secteur 3, où il savait pouvoir trouver des revendeurs sérieux.
15:42 - 1 mai 2017
Luyten mit un moment à atteindre le Colplace. Il n'était pas à côté de chez elle et elle dut chercher son chemin pour l'atteindre.
Le lieu avait la particularité d'avoir une terrasse en hauteur qui surplombait la voie mobile. Elle grimpa le grand escalier d'un métal reluisant pour arriver sur une petite esplanade à l'architecture particulière. La terrasse n'était pas construite d'un seul tenant, mais composée de petits îlots positionnés à différents niveaux. Le paysage montrait une vingtaine de disques placés à des hauteurs variées et reliés entre eux par des passerelles.
Ne sachant pas où aller, elle s'arrêta sur la dernière marche, laissant les gens qui la suivaient la doubler.
Elle n'attendit pas longtemps avant que deux hommes élégamment vêtus l'abordent.
Le premier lui tendit la main en disant :
- Bonjour, Vous êtes bien Luyten Ediator n'est-ce pas ? Je suis Volterian. Je vous présente Fourmian Ediator.
Luyten eut le temps de voir l'écran du visiophone du second avant qu'il l'éteigne. Elle y avait reconnu son image.
Les présentations faites, Volterian les guida le long des passerelles pour les placer sur une petite terrasse où n'étaient installées que quatre tablées. Il était encore tôt dans l’après-midi et aucune n'était encore occupée.
Les deux hommes étaient tous deux vêtus de gris. Si leurs costumes avaient des coupes dernier cri, ils ne suivaient pas la mode des couleurs saturées qui prévalaient dans les nouvelles tendances. Seul Volterian arborait une écharpe orange sur l'épaule. Il attendit que leurs consommations soient commandées pour entrer dans le vif du sujet après avoir jeté un regard inquisiteur à son environnement.
- Tout ce qui va être révélé ici doit rester secret. Il s'agit d'un produit pouvant faire une révolution dans le marché pharmaceutique et il n'est pas question de divulguer nos informations. Vous devrez être extrêmement discrète. Il s'agit d'une drogue pour lutter contre les maux des airs. Elle n'est pas encore totalement au point et est encore en période de test. Mais nous avons suffisamment avancé pour que le conditionnement puisse être maintenant envisagé.
Fourmian sortit un petit cube noir d'une petite bourse. On aurait dit du plastique. Il poursuivit l'exposé entamé par son confrère.
- Jusqu'ici l'article que nous souhaitons mettre sur le marché nous est fourni sous cette forme. Mais nous aimerions que vous étudiez une autre tournure pour ce médicament afin qu'il soit plus attrayant et plus facilement assimilable. C'est un composé qui peut aisément être divisé. Aujourd'hui, pour le consommer, le client serait obligé de le faire fondre. Ceci est trop compliqué.
Par ailleurs, vous devrez étudier comment le faire voyager en grande quantité sans que le paquetage soit volumineux.
Le travail était fort intéressant pour Luyten car il s'agissait d'un package complet qui incluait le produit lui-même. Luyten, enchantée de l'aubaine, interrogea les deux hommes afin de combler toutes les petites interrogations qui surgissaient.
Enfin, vint la signature du contrat.
Celui-ci lui octroyait un revenu supplémentaire consistant. Payé pour moitié à la fin des travaux. L'autre moitié lui fut versé sur son compte dans l'instant. Elle vit avec joie son relevé doubler de valeur. Quand tout détail fut réglé, Fourmian lui remit la petite bourse. Le contrat stipulait qu'elle avait une totale interdiction de perdre la moindre parcelle du médicament, mais qu'elle pouvait en modifier la forme sans altérer la structure fondamentale. Elle pouvait chauffer, congeler, morceler les cubes, mais ne devait pas en perdre.
Luyten avait pour mission de leur apporter ses premières études quatre jours plus tard à la même heure.
En rentrant à ses appartements, elle se plongea aussitôt dans l'étude des travaux qu'elle était plus que ravie d'entreprendre.
12:51 - 7 mai 2017
Arrivé au Colplace, Silitel passa de plateforme en plateforme, avant de repérer la personne qu'il lui fallait. Il s'assit en face de l'homme et lui tendit la main comme pour le saluer. Seulement, au creux de sa paume se trouvait une liasse de billets. En même temps, il lui dit :
Je pense que vous pouvez m'aider à retrouver mes souvenirs...
Avec un hochement de tête, l'homme attrapa sa main, la secoua et prit les billets. Il n'eut besoin que d'un coup d'oeil pour évaluer la somme. Il farfouilla un instant dans son attaché-case et en sortit un paquet carré de la taille d'un poing.
Le mode d'emploi est avec.
Silitel hocha la tête à son tour et se leva. Il lui fallut encore 30mn pour rejoindre le point de rendez-vous qu'il avait donné à ses cobayes. C'était un entrepôt dans la zone économique. Beaucoup de circulation, mais personne ne fait attention à ce qu'il s'y passe, tout le monde est bien trop occupé. Silitel ouvrit la porte grâce à un badge magnétique. A l'intérieur, tout était immaculé, matériel informatique dernier cri, caméras, fauteuils bardés de capteurs. Siltel s'installa derrière les écrans et prépara tout ce qu'il lui fallait, à commencer par la drogue. Il n'était pas chimiste, aussi il ne s'intéressa pas à l'analyser directement. Non, ce qu'il voulait enregistrer, c'était ses effets sur le cerveau. Savoir à quelle dose les souvenirs remontaient et quelle(s) partie(s) du cerveau s'activaient à ce moment-là. Il se posait aussi la question de l'overdose, non pas qu'il fasse grand cas de la vie des gens mais son objectif était de pouvoir utiliser cette drogue pour activer spécifiquement les souvenirs. Il aurait donc besoin de ses cobayes le plus longtemps possible afin de bien comprendre le processus. Il ne fallait donc pas qu'ils meurent.
Ses préparatifs lui prirent une bonne heure. Quand le premier cobaye se présenta, il était en train de boire un ersatz de café, aussi mauvais qu'efficace. Il allait avoir besoin de toute sa concentration pendant les prochaines heures. Comme tout drogué, les gens qu'il avait recrutés ne parlèrent pas. S'ils furent surpris de voir d'autres personnes, ils gardèrent leurs questions pour eux. Surtout une fois que Silitel leur eut donné la moitié de leur argent. Le reste serait donné à la fin de la session. Silitel resta discret aussi sur ce qu'il comptait faire même s'il ne leur cacha pas le protocole : prise croissante de drogue, surveillance IRM ainsi que ECG pour éviter toute défaillance de leur corps. Il expliqua rapidement à quoi servait chaque appareil mais les yeux de ses cobayes revenaient régulièrement vers le cube noir qui trônait sur une table. Celui-ci était entamé et quatre seringues remplies de liquide reposaient à côté.
Silitel installa les quatre sujets sur les fauteuils, les barda avec les capteurs et leur posa un casque sur la tête. Ensuite, il commença son expérimentation. Il lui fallut deux heures pour déterminer les doses adéquates pour chacun d'entre eux afin que des souvenirs enfouis remontent. Ses sujets pendant ce temps là arboraient des sourires éblouis et un regard totalement ailleurs. Il s'approchait du but. Il avait encore de longues heures de travail devant lui.
17:19 - 17 mai 2017
Le rythme imposé par la sécurité intérieure aux différentes équipes commençait à faire connaître ses effets : de nombreuses erreurs apparaissaient de plus en plus rapidement jusqu'à provoquer de graves accidents. Les chercheurs épuisés, n'avaient plus l'ombre d'une idée, ni même assez d'énergie pour craindre la menace permanente exercée par les brutes en noirs.
Le directeur du centre, accompagné des différents chefs d'équipes, se résignèrent à négocier avec la sécurité intérieure, il était nécessaire de permettre un véritable repos s'ils souhaitaient obtenir des avancées significatives. La SI se montra d'abord inflexible et redoubla de violence pour "motiver" les travailleurs. Mais la peur n'avait plus qu'un effet à court terme, l'épuisement reprenant rapidement le dessus.
Les représentants essayèrent à nouveau à plusieurs reprises sans plus de succès, n'obtenant qu'une escalade dans la menace. Certains eurent même des sous-entendus sur la sécurité de leur famille s'ils s'obstinaient.
Ce n'est qu'une violente explosion provoquant un vaste incendie de plusieurs laboratoires qui convainquirent leurs gardes sans coeur. Davantage du fait du chômage technique en résultant que par véritable volonté d'accorder un repos.
Tous ne purent quitter le laboratoire, le départ était conditionné à une méconnaissance des informations essentielles sur les résultats obtenus. Kellen fit partie des chanceux autorisés à partir, bien qu'en vérité, du fait de son poste, elle savait quels produits étaient dorénavant commandés et donc étudiés. Elle se garda bien d'en faire la remarque et supposa qu'elle devait sa chance qu'à Sawel, qui avait su convaincre ses supérieurs de son manque de connaissances.
Elle ne vit pas le chemin du retour, rentrant tel un automate, jusqu'à son petit appartement, pour s'effondrer dans son lit sans même se sustenter ou se changer.
20:37 - 8 juin 2017
Les heures passaient sans que Silitel ne perde son enthousiasme et sans perdre un seul cobaye. Les doses avaient été augmentées très lentement, sujet par sujet. Les topographies neuronales étaient éclatantes de couleurs, selon le lieu d'activation et le type de neurone activé. Cependant, aucun de ses sujets ne montraient de souvenirs tirés de cette fameuse mémoire collective.
Silitel rongeait son frein. Malgré l'avancée de son travail, il allait devoir faire une pause, permettre à tout le monde, lui compris, de prendre un vrai repos. Heureusement, tout était prévu sur place, repas et lits. Ses cobayes n'étaient pas très bavards entre eux, ce qui était à la fois surprenant et bienvenu.
Après, 8h de sommeil, il reprit le fil de ses observations. Aucun sujet ne lui fit défaut, tous étant ravis d'être fournis et payés en plus. Enfin, alors qu'il arrivait à des doses limites (les effets secondaires sur le rythme cardiaque et la gestion des fonctions autonomes du corps commençaient à se faire sentir), un premier sujet vécut une réminiscence du décollage du Wilmar depuis la Terre. Le coeur de Silitel se mit à battre très fort en observant les IRM. Un groupe de neurones de l'amygdale s'était activé pour la première fois. Il fallait recommencer pour avoir une confirmation. Il fit appel à un médecin de sa connaissance afin d'avoir quelqu'un capable d'assurer la survie de ses cobayes. Et il continua ses expériences avec un seul sujet à la fois, par prudence mais aussi pour voir si l'activation de ces souvenirs avaient un impact sur les autres sujets, même sans drogue.
Au bout de cette deuxième longue journée, Silitel avaient suffisamment de données pour comprendre ce qu'il se passait. Il libéra donc ses sujets et les paya. Une fois seul, il se frotta la figure de ses longs doigts boudinés. La fatigue lui pesait mais l'excitation de ses découvertes le maintenait en éveil. Il décida d'aller prendre un verre afin de réfléchir plus posément.
Devant sa bière, il passa en revue ce qu'il avait vu et compris : la drogue activait un groupe particulier de neurones situé dans l'amygdale, le siège des émotions. C'était toujours le même, quel que soit le souvenir ou le sujet. Quand on évoquait ses souvenirs en détail, ceux qui écoutent voyaient aussi leurs neurones s'activer mais bien plus faiblement, sans faire resurgir le souvenir. C'était très intéressant.
Silitel ne savait pas encore comment il allait tirer parti de ces informations mais il était sûr que tout le monde se les arracherait...
19:17 - 9 juil. 2017
Kellen n'eut le loisir de se reposer d'un sommeil profond que quelques heures avant que la tension des derniers jours lui provoque des cauchemars. Elle se réveilla le cœur battant à tout rompre.
Sans envie et sans faim, elle se força à avaler quelques nutriments sans gout. Son sommeil ayant été trop peu réparateur, elle erra sans véritable but dans son appartement, peinant à s'éveiller totalement. Lasse, la jeune femme s'installa dans un fauteuil et téléchargea les derniers titres de son groupe préféré.
La musique la berça agréablement et elle tombait dans un semi-sommeil quand la sonnerie désagréable de son brassard l'informa d'un appel. Grognon, elle répondit sans même prendre le temps de regarder qui était son interlocuteur.
Sawel répondit avec son habituelle bonne humeur à son grognement peu aimable. Si son chef était très sérieux et responsable au boulot, il semblait avec une personnalité aux antipodes dans sa vie privée.
"Ecoute ma belle, je vais te donner un peu de joie, parce que suis comme ça moi, tu m'connais !" Il partit d'un petit rire qui finit de mettre de très mauvaise humeur Kellen...
"Quoi ? pourquoi t'appelles si tôt ? Si c'est pour bosser, dis leur que je suis trop malade pour revenir" aboya-telle.
"Oui et ... non. En réalité, j'ai réussi à les convaincre de te laisser travailler de chez toi. Un colis devrait arriver avec les logiciels nécessaires pour passer les commandes. L'incendie a été suffisamment important pour qu'ils lâchent du lest.
Par contre, pour me remercier, je te laisse pas le choix, ce soir, on sort." Après une petite hésitation : "J'ai des contacts tu sais, cette drogue là, elle m'inquiète, la SI en fait trop pour que ce soit qu'une question de santé... perdre quelques marginaux fait plutôt les affaires des hautes instances que créer un véritable problème. Bref tu m'accompagnes, ce soir 21h". Il raccrocha sans même lui laisser le temps de protester.
Quelques secondes plus tard, toute une équipe de techniciens envahissait son appartement.
14:49 - 31 août 2017
Luyten tournait une nouvelle fois le petit cube dans tous les sens. Elle l'avait soupesé pendant des minutes entières, tâté, caressé, mesuré sa texture et laissé son imagination le transformer à tout va.
Après quelques heures perdues dans une réflexion intense, elle avait entrepris de tester sa résistance.
Elle put sans difficulté couper le cube pour en sectionner une petite tranche qu'elle huma. Le mélange dégageait un parfum acide et un peu écœurant. L'odeur n'était pas à mettre en avant tout comme la couleur, noirâtre qui ne donnait pas envie de consommer la substance. Pas la peine de dégoûter le consommateur avant qu'il avale le produit ! Mais Luyten était experte pour engager les patients à raffoler des médicaments qu'ils n'auraient jamais consommés de gaîté de cœur sans son intervention de manipulatrice.
Fourmian Ediator avait précisé que le matériau devait être fondu pour être ingurgité. Cela compliquait un peu la donne.
Elle décida de chauffer un léger morceau d'échantillon pour voir s'il gagnait de la masse en fondant et si l'odeur persistait. Elle ne fut pas peu surprise de ressentir un dégoût en respirant le parfum nauséeux émanant de la matière en fusion. Il devait étudier un moyen de modifier ceci sans agir sur le produit lui même. Par contre le matériau se liquéfiait à une vitesse incroyable. Il n'était pas besoin de beaucoup monter en température pour voir apparaître des perles semblables à l'onyx noir. Voilà qui était à exploiter !
Après quelques heures de travail, Luyten savait dans quelle direction orienter son labeur. Elle avait décider d'élaborer une capsule destinée à contenir le produit à vendre. Cette capsule aurait la particularité d'être sécable très facilement et d'émettre une forte chaleur au moment où elle serait cassée afin de permettre la création des petites perles. Elle espérait pouvoir utiliser un nouveau combiné jaune vif dont émanait un parfum subtil de citron, surnommé le plasserin. Si elle pouvait s'en procurer elle l'utiliserait pour recouvrir la capsule d'un film coloré. Ceci camouflerait peut-être l'odeur rebutante du produit.
Peut-être que Kellen saurait l'aider à trouver du plasserin et une matière s'échauffant lorsqu'il était brisé. Elle décida d'aller la voir directement.
Ce n'est qu'en route qu'elle pensa à l'appeler pour la prévenir.