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[WIP] Sous la peau

grand défi TA

Tags : FRONTIERE2017
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10 avr. 2017 - 19:33

Travaux en cours

Sous la peau


Cela faisait maintenant trois jours que le groupe d'exploration était parti vers ce qui ressemblait à une faille. Trois jours d'espoir. Était-ce un passage vers cet Éden tant vanté ? Allait-on enfin pouvoir passer et assurer notre survie ?

Je regardais autour de moi : nous étions dans une forêt clairsemée, pâle, nous protégeant à peine des rayons nocifs du soleil. Le sol, d'un blanc tirant sur le doré, n'offrait que peu de ressources. Nous nous affaiblissions. Chaque jour passé ici emportait plus d'une cinquantaine des nôtres et le manque de nourriture ne permettait pas à notre population de se renouveler. Les plus jeunes avaient déjà six jours. Il fallait rapidement trouver un passage à travers la Frontière qui nous séparait de l'Intérieur, chaud, humide et obscur, propice à notre expansion.

Les autres ne faisaient pas un bruit, ni ne bougeaient, économisant leurs forces pour une éventuelle traversée. Nous n'étions plus que cent soixante treize. C'était peut-être déjà trop peu pour survivre aux dangers des premiers jours à l'Intérieur. Nous le savions, cet Éden, il fallait le mériter. D'abord il faudrait éviter les Sentinelles, suffisamment longtemps pour que nous soyons plus nombreux. Ce n'est qu'à ce moment là que nous pourrions les attaquer. Alors nous nous répandrions dans tout l'Intérieur, profitant pleinement de son abondance. Nourrie, chauffée, protégée, notre espèce pourrait se multiplier et prospérer, permettant l'apparition des mutations salvatrices.

Mais pour l'instant, nous attendions, déshydratés, cuits, affamés, que les éclaireurs nous confirment que la voie était ouverte. Les heures passaient, écrasantes de chaleur, augmentant le risque de voir apparaître cette mousson dévastatrice qui avait lieu la plupart du temps quelques heures après le lever du soleil mais qui pouvait aussi survenir à tout moment quand il faisait trop chaud.

Là ! Oui, là ! Ils arrivent ! Ils reviennent ! Un, puis deux, puis trois sortent de la Faille. Celle-ci est recouverte d'un dôme noirâtre d'où suinte un peu de liquide rouge. C'est de là qu'ils émergent, nos braves éclaireurs. Rapidement, ils nous expliquent la situation : oui le Faille traverse bien la Frontière, mais elle se referme ; une partie du groupe est restée dans l'Intérieur pour surveiller les Sentinelles, nombreuses comme toujours aux abords des Failles. Il va donc falloir faire vite mais discrètement. Pas sûr que nous puissions tous passer. Il en va de la survie de notre espèce. Si certains restent à l'Extérieur, ils devront attendre l'ouverture d'une nouvelle trouée. Elles apparaissent aléatoirement sur la Frontière, à n'importe quel moment et lieu. Toutefois, des années d'étude ont montré que leur fréquence d'apparition augmentait avec l'allongement des jours et qu'elles semblaient plus fréquentes sur les Tumulus 1, 2, 3 et 4 ainsi que sur les excroissances droites. La Frontière s'étendait d'année en année même si cette croissance s'était ralentie dernièrement. Toujours est-il que les chances de survie sont minimes à l'Extérieur. C'est pourquoi nous nous mîmes directement en marche sans faire de commentaires.

Le passage était impressionnant : il fallait se glisser sous les bords du dôme, irréguliers, tranchants et instables ; pénétrer dans le liquide visqueux et froid qui ralentissait tous vos mouvements ; nager entre les parois de la Faille que vous voyiez se rapprocher lentement de vous, comme des mâchoires se refermant ; et enfin atteindre un interstice sécurisé par le reste du groupe d'exploration. Au final, nous sommes cent soixante sept. Plus que ce que je redoutais. Un bon point pour nous. Tout le monde a gardé son calme et a suivi le plan : d'abord les plus jeunes, plus aptes à la survie et en dernier les générations les plus anciennes, dont le potentiel génétique est le plus abîmé.

La joie, la curiosité et la faim se lisent sur chacun d'entre nous. Pourtant nous savons qu'il nous faut rester prudents. La dernière fois, nous nous sommes faits repérer en quelques heures. Ça a été l'hécatombe. Nous étions pourtant plus de deux milles. Les Sentinelles nous sont tombées dessus avec leurs armes spécialisées : les Ac 731, une arme chimique redoutable qui nous a décimé en vingt-sept minutes. Quelques survivants ont réussi à fuir par le canal d'évacuation et ainsi regagné l'Extérieur. Avec la rage au ventre. L'envie de revenir et de gagner cette fois. Tout a été planifié minutieusement.

C'est pourquoi nous nous séparons en cinq groupes. Chacun doit trouver un lieu où fonder une colonie. Et chaque colonie devra essaimer lorsqu'elle atteindra une population de cinq cents. Par petits groupes, nous pourrons plus facilement échapper aux Sentinelles et si un est détruit les autres pourront poursuivre la conquête de l'Intérieur.

J+5. Cinq jours que nous sommes rentrés. La colonie où je suis a déjà essaimer trois fois. Nous avons trouvé un lieu parfait, au carrefour de deux grandes voies de circulation. Nous pouvons ainsi facilement nous ravitailler sans nous faire repérer : il y a tellement de flux que quelques ressources en moins passent inaperçu. Cela facilite aussi l'essaimage, nos petits groupes se fondent dans la masse. Je sens que les choses avancent bien. J'ai confiance. Nous allons réussir. A l'Intérieur, il fait chaud. Régulièrement, nous dépassons les 37°C. C'est parfait, tout à fait le climat qui nous convient.

J+10. Nous sommes maintenant des millions et nous sortons au grand jour. Les Sentinelles nous attaquent. Pour chaque mort, dix se lèvent et prennent sa place. Le Système Intérieur est dépassé. Tout tremble. La chaleur monte. 40°C. 41°C. Même pour nous il commence à faire chaud. Mais nous ne faiblissons pas. Nous vaincrons les Sentinelles et l'Intérieur sera à nous. Il deviendra notre Eden où tous nos besoins seront pourvus et où nous ne craindrons plus rien.

J+11. Les Sentinelles perdent pied. Nous croisons de plus en plus de leurs cadavres. La Victoire est là.
42°C. L'intérieur est secoué d'un violent tremblement. Les flux de circulation s'arrêtent brutalement. La pulsation qui habitait l'Intérieur s'éteint. Nous avons gagné ? Ça y est, le Système se rend ? C'est la liesse autour de moi. Tout le monde se jette sur la nourriture et les naissances s'envolent.

J+11, 35°C. Les flux n'ont pas repris, le froid s'installe, il n'y a plus d'alimentation, l'Intérieur se délite et meurt. En quelques heures la joie a fait place à la peur. Que se passe-t-il ? Nous avons pourtant bien suivi le plan. Alors pourquoi ? Pourquoi l'Intérieur ne remplit plus ses fonctions ? Pourquoi notre Éden se refuse à nous ?

J+12, 0°C. Nous mourrons. Les plus forts rentrent en hibernation avec l'espoir de se réveiller et de repartir à la conquête d'un nouvel Intérieur. Mais nous avons échoué. Nous avons tué Éden.


Identité : MARTIN Éden
Date de naissance : 21 juillet 1999
Date du décès : 7 août 2015 à 13h53
Cause du décès : infection tétanique fulgurante

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Message posté le 19:36 - 10 avr. 2017

Voilà le texte pour le défi. J'ai abandonné l'idée de l'humour, c'est vraiment pas mon style. Ce n'est qu'un premier jet, fait en 1h30 environ pendant que mes élèves faisaient un devoir ^^. Je pense qu'il y a des soucis de temps, je ne sais pas trop comment le gérer.

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Message posté le 13:24 - 14 avr. 2017

Je suis sur tablette donc je te ferai la correction détaillée de la forme plus tard.
Concernant ton problème de temps : passe au présent. Cela accentuera, pour le lecteur, l'effet de découverte des lieux en même temps que les personnages.

La chute : je l'ai vue arriver de loin et le passage dans la narration à un décompte des jours est alors devenu un peu grossier. Tu as envisagé d'écrire le tout en format journal de bord ? Du fait que tout repose sur la fin, le protagoniste n'est pas développé, ce qui est un point négatif lorsque la chute est attendue.

À combien de caractères tu es ?


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Message posté le 09:10 - 15 avr. 2017

Merci pour ton retour.
Je note pour le présent, c'est ce que je me suis dit au final mais je préférai avoir un autre avis.
Pour le journal de bord, ça m'a traversé l'esprit, je pense que je vais le faire.
Pour le personnage... j'ai du mal à voir comment le développer, mais je vais y réfléchir.
J'en suis à 6940 caractères donc j'ai encore de la marge (ça me semblait bien plus long quand c'était écrit sur des feuilles ^^).

Je m'y remets rapidement. Merci

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Message posté le 11:55 - 15 avr. 2017

Je pense que le principal soucis en l'état, est que tu joues sur trop de formes à la fois : narration à la première personne, journal, compte rendu d'exploration. Du coup, il n'y a pas de cohérence globale. C'est assez casse-gueule comme choix sur un texte aussi court.

Dès les premières lignes il y a une succession de sujets différents qui rendent difficile l'accroche : cela, on, notre, je, nous. Du coup, on ne peut pas se fixer sur un sujet précis pour suivre le déroulement. Un des principes de la nouvelle (surtout si elle est très courte), c'est qu'il faut se baser sur un seul personnage central. Or, le tien est assez mal défini et n'a pas d'individualité propre ; il est surtout défini à travers les constatations et les descriptions de l'univers et les actions d'autres personnages plus actifs mais peu développés (les éclaireurs, les autres individus d'âges différents, les sentinelles...). Pour rendre le tout plus accrocheur, il faudrait le rendre unique et intéressant à l'aide de quelques détails permettant de l'individualiser (genre : il a des rejetons, il a déjà un background à propos de la précédente tentative d'infection échouée... ce genre de petits détails qui peuvent être brièvement évoqués sans être forcément développés).

La temporalité est aussi un des aspects principaux à revoir : comme l'a relevé Mike, un passage au présent et à la première personne serait un bon moyen de lisser le tout avec une seule dimension temporelle chronologique. C'est une option classique mais efficace avec ses avantages et inconvénients ^^

Perso, je trouve que ça permet une construction maîtrisée et progressive, mais d'un autre côté elle rend plus difficile le dynamisme et l'efficacité d'une chute surprenante.



"J'ai une âme solitaire"
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Message posté le 13:25 - 15 avr. 2017

Merci dvb, je note tout ça. Je pense que ce que j'ai du mal à retranscrire c'est cette notion de communauté, de conscience globale et en même temps d'individus. C'est pourquoi j'ai essayé de parler en je et nous (même si visiblement j'ai eu quelques ratés ^^). Est-ce que si je garde seulement des deux sujets ça sera plus clair? Surtout, il m'a été difficile (et d'ailleurs ça semble raté aussi) de garder un certain anonymat pour retarder le moment de la compréhension.

Bref, y'a du boulot ;)

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Message posté le 14:26 - 15 avr. 2017

Je vois ce que tu veux dire.

Il y a deux principes qui me paraissent intéressants à exploiter et qui pourraient t'aider dans ton histoire : celui de conscience collective et de celui de colonie clonale.

La conscience collective est un niveau de conscience supérieure qui se trouve partagée dans un ensemble d'individualités négligeables. C'est à dire que la conscience se trouve dans le groupe tout entier et non au niveau de ses sous-parties. C'est un exemple qu'on trouve dans les coraux ou chez certaines espèces d'insectes dits sociaux et qui vivent en essaims ou en colonies (abeilles, termites et fourmis pour les plus connus). Dans ces sociétés, ce n'est pas la reine ou les individus qui prennent des décisions, mais la conscience collective et partagée (la reine n'est qu'une classe d'individu comme les autres classes spécialisées et elle peut être remplacée en cas de mort accidentelle par un individu asexué proche d'elle et qui peut développer spontanément une transformation en individu sexué... à condition d'avoir vécu à proximité des phéromones de l'ancienne reine).

Une colonie clonale est en fait un seul et unique organisme constitué d'individus identiques et tous issus de ce même organisme d'origine. C'est le cas de certaines colonies de bactéries (comme dans ton histoire) ou de manière plus étonnante, dans le cas de l'arbre Pando. Cet arbre (un peuplier faux-tremble qui existe en Amérique du Nord) est un organisme singulier qui prend la forme d'une forêt toute entière. Pando est considéré comme l'organisme vivant le plus vieux et le plus lourd qui ait jamais existé sur Terre avec une estimation de sa masse à 6,000 tonnes et de sa longévité à 80,000 ans !

Du coup, puisque ces exemples existent réellement sur Terre, ça peut être une solution pour dessiner un personnage principal avec une caractéristique marquante et une individualité propre partagée entre sa conscience collective et sa multiplicité d'individus:)

Ce sont des concepts parfois utilisés en science fiction et qui ont déjà fait leurs preuves ^^



"J'ai une âme solitaire"
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Message posté le 16:03 - 27 avr. 2017

Je n'ai pas l'impression d'avoir vraiment progressé. Il faudrait que j'y consacre plus de temps, ce que j'ai du mal à faire. Voici où j'en suis.


S657


Je suis le porteur de mémoire du groupe S657. Tout ce que notre groupe apprend est encodé dans mon génome afin d’être transmis aux générations suivantes. J’ai déjà donné naissance à cinq porteur de mémoire, pour les groupes S658 à S662, qui continuent d’explorer la Frontière, comme nous.

Cela fait maintenant trois jours qu’un détachement d'exploration est parti vers ce qui ressemble à une Faille. Trois jours d'espoir. Est-ce un passage vers Éden ? Allons-nous enfin pouvoir passer et assurer notre survie ?

Je regarde autour de moi : nous sommes dans une forêt clairsemée, pâle, nous protégeant à peine des rayons nocifs du soleil. Le sol, d'un blanc tirant sur le doré, n'offre que peu de ressources. Nous nous affaiblissons. Chaque jour passé ici emporte plus d'une cinquantaine des nôtres et le manque de nourriture ne permet pas à notre population de se renouveler. Les plus jeunes ont déjà six jours. Il faut rapidement trouver un passage à travers la Frontière qui nous sépare de l'Intérieur, chaud, humide et obscur, propice à notre expansion. Sinon, nous mourrons.

Autour de moi, les autres ne font pas un bruit, ni ne bougent, économisant leurs forces pour une éventuelle traversée. Nous ne sommes plus que cent soixante treize. Tous issus du porteur de mémoire S656, avec un seul objectif en tête : conquérir Éden. C'est peut-être déjà trop peu pour survivre aux dangers des premiers jours à l'Intérieur. Nous le savons, cet Éden, il faut le mériter. D'abord il faudra éviter les Sentinelles, suffisamment longtemps pour que nous soyons plus nombreux et que des mutations protectrices soient apparues. Ce n'est qu'à ce moment là que nous pourrons les attaquer. Alors nous nous répandrons dans tout l'Intérieur, profitant pleinement de son abondance. Nourrie, chauffée, protégée, notre espèce pourrait se multiplier et prospérer.

Mais pour l'instant, nous attendons, déshydratés, cuits, affamés, que les éclaireurs, ceux dont les mutations leur permettent de se déplacer plus vite que le reste d’entre nous, nous confirment que la voie est ouverte. Les heures passent, écrasantes de chaleur, augmentant le risque de voir apparaître cette mousson dévastatrice qui a lieu la plupart du temps quelques heures après le lever du soleil mais qui peut aussi survenir à tout moment quand il fait trop chaud. Pendant ce temps, j’encode, faisant attention à n’oublier aucun détail afin que, si nous échouons, le prochain groupe soit mieux préparé.

Là ! Oui, là ! Ils arrivent ! Ils reviennent ! Un, puis deux, puis trois sortent de la Faille. Celle-ci est recouverte d'un dôme noirâtre d'où suinte un peu de liquide rouge. C'est de là qu'ils émergent, nos braves éclaireurs. Rapidement, ils nous expliquent la situation : oui le Faille traverse bien la Frontière, mais elle se referme ; une partie du groupe est restée dans l'Intérieur pour surveiller les Sentinelles, nombreuses comme toujours aux abords des Failles. Il va donc falloir faire vite mais discrètement. Pas sûr que nous puissions tous passer. Il en va de la survie de notre espèce. Si certains restent à l'Extérieur, ils devront attendre l'ouverture d'une nouvelle trouée. Elles apparaissent aléatoirement sur la Frontière, à n'importe quel moment et lieu. Toutefois, des années d'étude ont montré que leur fréquence d'apparition augmentait avec l'allongement des jours et qu'elles semblaient plus fréquentes sur les Tumulus 1, 2, 3 et 4 ainsi que sur les excroissances droites. La Frontière s'étendait d'année en année même si cette croissance s'était ralentie dernièrement. Toutefois les chances de survie sont minimes à l'Extérieur. C'est pourquoi nous nous mettons directement en marche sans faire de commentaires.

Le passage est impressionnant : il faut se glisser sous les bords du dôme, irréguliers, tranchants et instables ; pénétrer dans le liquide visqueux et froid qui ralentit tous vos mouvements ; nager entre les parois de la Faille que vous voyez se rapprocher lentement de vous, comme des mâchoires se refermant ; et enfin atteindre un interstice sécurisé par le reste du groupe d'exploration. Au final, nous sommes cent soixante sept. Plus que ce que je redoutais. Un bon point pour nous. Tout le monde a gardé son calme et a suivi le plan établi par S573, plusieurs générations auparavant : d'abord les plus jeunes, plus aptes à la survie et en dernier les générations les plus anciennes, dont le potentiel génétique est le plus abîmé.

La joie, la curiosité et la faim se lisent sur chacun d'entre nous. Pourtant nous savons qu'il nous faut rester prudents. La dernière fois, nous nous sommes faits repérer en quelques heures. Ça a été l'hécatombe. Nous étions pourtant plus de deux milles. Les Sentinelles nous sont tombées dessus avec leurs armes spécialisées : les Ac 731, une arme chimique redoutable qui nous a décimé en vingt-sept minutes. Quelques survivants ont réussi à fuir par le canal d'évacuation et ainsi regagné l'Extérieur. Avec la rage au ventre. L'envie de revenir et de gagner cette fois. Tout a été planifié minutieusement. Par moi, le premier né du groupe S657, porteur de la mémoire de la lignée S656.

Nous nous séparons en cinq groupes, auxquels je fournis un porteur de mémoire à partir des dernières réserves de nourriture. Chacun doit trouver un lieu où fonder une colonie. Et chaque colonie devra essaimer lorsqu'elle atteindra une population de cinq cents. Par petits groupes, nous pourrons plus facilement échapper aux Sentinelles et si un est détruit les autres pourront poursuivre la conquête de l'Intérieur.

Cinq jours que nous sommes rentrés. La colonie où je suis a déjà essaimé trois fois. Nous avons trouvé un lieu parfait, au carrefour de deux grandes voies de circulation. Nous pouvons ainsi facilement nous ravitailler sans nous faire repérer : il y a tellement de flux que quelques ressources en moins passent inaperçu. Cela facilite aussi l'essaimage, nos petits groupes se fondent dans la masse. Je sens que les choses avancent bien. J'ai confiance. Nous allons réussir. A l'Intérieur, il fait chaud. Régulièrement, nous dépassons les 37°C. C'est parfait, tout à fait le climat qui nous convient.

Dix jours après, nous sommes maintenant des millions et nous sortons au grand jour. Les Sentinelles nous attaquent. Pour chaque mort, dix se lèvent et prennent sa place. Le Système Intérieur est dépassé. Tout tremble. La chaleur monte. 40°C. 41°C. Même pour nous il commence à faire chaud. Mais nous ne faiblissons pas. Nous vaincrons les Sentinelles et l'Intérieur sera à nous. Il deviendra notre Éden où tous nos besoins seront pourvus et où nous ne craindrons plus rien.

En à peine une journée, les Sentinelles perdent pied. Nous croisons de plus en plus de leurs cadavres. La Victoire est là. Il fait 42°C. L'intérieur est secoué d'un violent tremblement. Les flux de circulation s'arrêtent brutalement. La pulsation qui habitait l'Intérieur s'éteint. Nous avons gagné ? Ça y est, le Système se rend ? C'est la liesse autour de moi. Tout le monde se jette sur la nourriture et les naissances s'envolent.

35°C. Les flux n'ont pas repris, le froid s'installe, il n'y a plus d'alimentation, l'Intérieur se délite et meurt. En quelques heures la joie a fait place à la peur. Que se passe-t-il ? Nous avons pourtant bien suivi le plan. Alors pourquoi ? Pourquoi l'Intérieur ne remplit plus ses fonctions ? Pourquoi notre Éden se refuse à nous ?

En quelques heures, la température chute à 0°C. Nous mourrons. Les plus forts rentrent en hibernation avec l'espoir de se réveiller et de repartir à la conquête d'un nouvel Intérieur. J’espère qu’un de mes enfants aura plus de chance et que la mémoire que je leur ai transmise leur permettra de réussir. Nous, nous avons échoué. Nous avons tué Éden.


Identité : MARTIN Éden
Date de naissance : 21 juillet 1999
Date du décès : 7 août 2015 à 13h53
Cause du décès : infection à Staphylocoque doré

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Message posté le 13:27 - 28 avr. 2017

J'ai lu directement le texte retravaillé.

Tout d'abord j'ai bien aimé l'idée ^^.
J'ai eu un peu de mal à me pousser à lire la première partie jusqu'à "
Là ! Oui, là ! Ils arrivent ! Ils reviennent ! ", alors qu'ensuite j'ai lu d'une traite. Je pense que c'est lié à des phrases longues et peut-être un peu répétitives sans savoir où on va, même si je comprends pourquoi c'est fait ainsi.
Mais comme le but est quand même de tout lire, je préfère partager mon impression.

Le rythme m'a ensuite bien plu comme je disais. Quelques phrases mériteraient d'être divisé en deux je pense.

J'ai compris la fin à partir de "Dix jours plus tard" à peu près, ce qui ne me semble pas trop tôt.

Bravo ^^


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Message posté le 10:37 - 1 mai 2017

Merci Méli. Je note, je vais tenter de revoir ça dans les deux semaines qui viennent.

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Message posté le 20:18 - 15 mai 2017

Je n'ai pas réussi à changer grand chose. J'en resterai là, je n'aurai pas le temps de m'y remettre.


S657


Je suis le porteur de mémoire du groupe S657. Tout ce que notre groupe apprend est encodé dans mon génome afin d’être transmis aux générations suivantes. J’ai déjà donné naissance à cinq porteur de mémoire, pour les groupes S658 à S662, qui continuent d’explorer la Frontière, comme nous.

Cela fait maintenant trois jours qu’un détachement d'exploration est parti vers ce qui ressemble à une Faille. Trois jours d'espoir. Est-ce un passage vers Éden ? Allons-nous enfin pouvoir passer et assurer notre survie ?

Autour de moi, une forêt clairsemée, pâle, nous protégeant à peine des rayons nocifs du soleil. Le sol, d'un blanc tirant sur le doré, n'offre que peu de ressources. Nous nous affaiblissons. Chaque nouveau jour emporte plus d'une cinquantaine des nôtres et le manque de nourriture ne permet pas à notre population de se renouveler. Les plus jeunes ont déjà six jours. Il faut rapidement trouver un passage à travers la Frontière qui nous sépare de l'Intérieur, chaud, humide et obscur, propice à notre expansion. Sinon, nous mourrons.

Autour de moi, les autres ne font pas un bruit, ni ne bougent, économisant leurs forces pour une éventuelle traversée. Nous ne sommes plus que cent soixante treize. Tous issus du porteur de mémoire S656, avec un seul objectif en tête : conquérir Éden. C'est peut-être déjà trop peu pour survivre aux dangers des premiers jours à l'Intérieur. Nous le savons, cet Éden, il faut le mériter. D'abord il faudra éviter les Sentinelles, suffisamment longtemps pour que nous soyons plus nombreux et que des mutations protectrices soient apparues. Ce n'est qu'à ce moment là que nous pourrons les attaquer. Alors nous nous répandrons dans tout l'Intérieur, profitant pleinement de son abondance. Nourrie, chauffée, protégée, notre espèce pourrait se multiplier et prospérer.

Mais pour l'instant, nous attendons, déshydratés, cuits, affamés, que les éclaireurs, ceux dont les mutations leur permettent de se déplacer plus vite que le reste d’entre nous, nous confirment que la voie est ouverte. Les heures passent, écrasantes de chaleur, augmentant le risque de voir apparaître cette mousson dévastatrice qui a lieu la plupart du temps quelques heures après le lever du soleil mais qui peut aussi survenir à tout moment quand il fait trop chaud. Pendant ce temps, j’encode, faisant attention à n’oublier aucun détail afin que, si nous échouons, le prochain groupe soit mieux préparé.

Là ! Oui, là ! Ils arrivent ! Ils reviennent ! Un, puis deux, puis trois sortent de la Faille. Celle-ci est recouverte d'un dôme noirâtre d'où suinte un peu de liquide rouge. C'est de là qu'ils émergent, nos braves éclaireurs. Rapidement, ils nous expliquent la situation : oui le Faille traverse bien la Frontière, mais elle se referme ; une partie du groupe est restée dans l'Intérieur pour surveiller les Sentinelles, nombreuses comme toujours aux abords des Failles. Il va donc falloir faire vite mais discrètement. Pas sûr que nous puissions tous passer. Il en va de la survie de notre espèce. Si certains restent à l'Extérieur, ils devront attendre l'ouverture d'une nouvelle trouée. Elles apparaissent aléatoirement sur la Frontière, à n'importe quel moment et lieu. Toutefois, des années d'étude ont montré que leur fréquence d'apparition augmentait avec l'allongement des jours et qu'elles semblaient plus fréquentes sur les Tumulus 1, 2, 3 et 4 ainsi que sur les excroissances droites. La Frontière s'étendait d'année en année même si cette croissance s'était ralentie dernièrement. Toutefois les chances de survie sont minimes à l'Extérieur. C'est pourquoi nous nous mettons directement en marche sans faire de commentaires.

Le passage est impressionnant : il faut se glisser sous les bords du dôme, irréguliers, tranchants et instables ; pénétrer dans le liquide visqueux et froid qui ralentit tous vos mouvements ; nager entre les parois de la Faille que vous voyez se rapprocher lentement de vous, comme des mâchoires se refermant ; et enfin atteindre un interstice sécurisé par le reste du groupe d'exploration. Au final, nous sommes cent soixante sept. Plus que ce que je redoutais. Un bon point pour nous. Tout le monde a gardé son calme et a suivi le plan établi par S573, plusieurs générations auparavant : d'abord les plus jeunes, plus aptes à la survie et en dernier les générations les plus anciennes, dont le potentiel génétique est le plus abîmé.

La joie, la curiosité et la faim se lisent sur chacun d'entre nous. Pourtant nous savons qu'il nous faut rester prudents. La dernière fois, nous nous sommes faits repérer en quelques heures. Ça a été l'hécatombe. Nous étions pourtant plus de deux milles. Les Sentinelles nous sont tombées dessus avec leurs armes spécialisées : les Ac 731, une arme chimique redoutable qui nous a décimé en vingt-sept minutes. Quelques survivants ont réussi à fuir par le canal d'évacuation et ainsi regagné l'Extérieur. Avec la rage au ventre. L'envie de revenir et de gagner cette fois. Tout a été planifié minutieusement. Par moi, le premier né du groupe S657, porteur de la mémoire de la lignée S656.

Nous nous séparons en cinq groupes, auxquels je fournis un porteur de mémoire à partir des dernières réserves de nourriture. Chacun doit trouver un lieu où fonder une colonie. Et chaque colonie devra essaimer lorsqu'elle atteindra une population de cinq cents. Par petits groupes, nous pourrons plus facilement échapper aux Sentinelles et si un est détruit les autres pourront poursuivre la conquête de l'Intérieur.

Cinq jours que nous sommes rentrés. La colonie où je suis a déjà essaimé trois fois. Nous avons trouvé un lieu parfait, au carrefour de deux grandes voies de circulation. Nous pouvons ainsi facilement nous ravitailler sans nous faire repérer : il y a tellement de flux que quelques ressources en moins passent inaperçu. Cela facilite aussi l'essaimage, nos petits groupes se fondent dans la masse. Je sens que les choses avancent bien. J'ai confiance. Nous allons réussir. A l'Intérieur, il fait chaud. Régulièrement, nous dépassons les 37°C. C'est parfait, tout à fait le climat qui nous convient.

Dix jours après, nous sommes maintenant des millions et nous sortons au grand jour. Les Sentinelles nous attaquent. Pour chaque mort, dix se lèvent et prennent sa place. Le Système Intérieur est dépassé. Tout tremble. La chaleur monte. 40°C. 41°C. Même pour nous il commence à faire chaud. Mais nous ne faiblissons pas. Nous vaincrons les Sentinelles et l'Intérieur sera à nous. Il deviendra notre Éden où tous nos besoins seront pourvus et où nous ne craindrons plus rien.

En à peine une journée, les Sentinelles perdent pied. Nous croisons de plus en plus de leurs cadavres. La Victoire est là. Il fait 42°C. L'intérieur est secoué d'un violent tremblement. Les flux de circulation s'arrêtent brutalement. La pulsation qui habitait l'Intérieur s'éteint. Nous avons gagné ? Ça y est, le Système se rend ? C'est la liesse autour de moi. Tout le monde se jette sur la nourriture et les naissances s'envolent.

35°C. Les flux n'ont pas repris, le froid s'installe, il n'y a plus d'alimentation, l'Intérieur se délite et meurt. En quelques heures la joie a fait place à la peur. Que se passe-t-il ? Nous avons pourtant bien suivi le plan. Alors pourquoi ? Pourquoi l'Intérieur ne remplit plus ses fonctions ? Pourquoi notre Éden se refuse à nous ?

En quelques heures, la température chute à 0°C. Nous mourrons. Les plus forts rentrent en hibernation avec l'espoir de se réveiller et de repartir à la conquête d'un nouvel Intérieur. J’espère qu’un de mes enfants aura plus de chance et que la mémoire que je leur ai transmise leur permettra de réussir. Nous, nous avons échoué. Nous avons tué Éden.



Identité : MARTIN Éden
Date de naissance : 21 juillet 1999
Date du décès : 7 août 2015 à 13h53
Cause du décès : infection à Staphylocoque doré

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Message posté le 21:51 - 18 mai 2017

Les passages de Mike et dvb sont sans doute plus pointus que ceux que je pourrai te donner, mais maintenant que j'ai achevé mon texte, je vais me plonger dans le tien. Je te dis ce que j'en pense dans le week-end.


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