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30 janv. 2016 - 19:58

UNE AVENTURE INSIGNIFIANTE DE LADY DEADPOOL






Je m'appelle Wanda Wilson. J'habite le quartier de Kerfeuteun à Kersaint-Roméo, Illinois, dans un appartement juste au-dessus d'un bar-tabac-PMU-presse. Ne cherchez pas cette ville sur googlemap, elle n'existe probablement que sur Terre-3010. Si vous ne connaissez pas le numéro de votre Terre, ou si vous ignorez tout du multivers, faites comme si je n'avais rien dit.

Mais tu l'as dit !

Mais ta gueule, toi hé ! C'est moi qui raconte.

Je m'appelle Wanda Wilson et un jour je me suis battue contre un sac à vomi. Je ne parle pas bien entendu d'un sac à merde comme le Général America ou d'autres troufions du Congrès, de la Cour Suprême, du Sénat ou de l'Agence Fédérale des Poids et Mesures. Non. Je vous parle d'un vrai sac à vomi. Dans un avion. D'ailleurs j'ai rarement vu de sacs à vomi ailleurs que dans des avions.

Si ! Une fois t'en as vu un dans les chiottes d'un bateau à aubes sur le Mississippi.

Ta gueule, toi aussi ! Et puis comment tu peux savoir ça ? T'étais même pas née : je me souviens très bien de cette journée sur le Mississippi et à cette époque-là j'étais pas frappadingue ou même schizophrène et j'avais même pas encore les premiers symptômes de trouble de la personnalité borderline. Je le sais, hein ! C'est vrai !

Oui, mais si tu peux t'en souvenir, alors nous aussi.

Pfff... pouvoirs à la con ! C'est bon ? Je peux raconter mon histoire ?

C'est celle qui se finit avec toi à poil sur une couverture en peau de chameau ?

Bah bravo, merci ! Comme ça maintenant tout le monde sait comment ça se termine. Est-ce bien encore la peine que je poursuive ?

Y'a bien un ou deux lecteurs qui la connaissent pas ton histoire !

D'ailleurs si tu étais parfaitement honnête, Wanda, tu avouerais tout de suite que tu es un personnage à peine omniscient de rien du tout, et que l'auteur de la nouvelle ne sait même pas comment se termine l'histoire !

Il va se galérer à trouver une fin qui finit avec toi à poil sur une peau de chinchilla maintenant.

On avait pas dit que c'était sur une peau de chamois ?

Non, je te jure, relis plus haut. On a jamais parlé de peau de chamois.

VOS GUEULES, VOIX DANS MA TÊTE ! Laissez dv... euh, laissez-moi raconter l'histoire !

Ok, c'est bon !

Quelle chieuse celle-là alors.

Tout ça parce que c'est la seule de nous trois à pouvoir manipuler le corps.

Moi, si je pouvais manipuler le corps, je boufferais des glaces toute la journée.

Moi, je pense que je fouetterais des mecs en caleçon en leur demandant de m'insulter en bavarois.

T'es trop cheloue, ma vieille.

Chut... je crois qu'elle attend qu'on la laisse parler.


Je m'appelle Wanda Wilson, j'ai XX ans (ça ne vous regarde pas), j'habite quelque part en Pennsylvanie, entre Dijon et Montpellier, et avant j'étais caissière à Géant Casino.

En fait, non. Pas tout à fait. C'était un stage de découverte d'entreprise quand j'avais seize ans (ouais, j'ai redoublé et alors ? Ça te pose un problème, connasse ? Tout le monde est pas parfaite comme toi !).

À cette époque j'avais pas encore la paire de nichons rocambolesques que j'ai aujourd'hui (et que je caresse voluptueusement au moment même où tu lis ces lignes... Des seins parfaits, tendus, divinement galbés avec des aréoles comme tu les aimes et des tétons dressés un peu à cause du froid sur ma peau nue et aussi un peu par excit... pourquoi je raconte ça, moi ? Encore un coup du scénariste ! Pfff... phallocrate de mes deux !).

À cette époque je travaillais pour le FBI, ou la NSA, ou l'Agence Fédérale des Ponts et Chaussée, je sais plus trop. Le fait est qu'un jour je faisais une enquête de terrain assez banale.


Deux semaines plus tôt à Cheverny-en-Delaware :


« Agent Wanda ? Vous m'entendez ?
- Oui, Monsieur le Directeur Adjoint.
- Parfait. Votre mission de ce matin, sera d'aller me chercher un latte-vanille et le Ouest France.  En passant vous voudrez bien me ramener un paquet de malbiches et un sagittaire à gratter : c'est l'anniversaire de ma femme aujourd'hui.    
- Et s'il n'y a pas de sagittaire ?
- Euh... prenez un numéro deux, c'est son chiffre porte-bonheur.
- Et s'il n'y a pas de numéro deux ?
- Prenez un sagittaire à gratter.
- Et s'il n'y a ni numéro deux ni sagittaire ?
- Prenez ma main dans ta gueule et mon pied au cul, triple idiote ! S'il n'y en a pas, tu vas en chercher dans un autre tabac !
- Et si l'autre tabac ne fait pas les jeux à gratter ? Je vous rappelle qu'on est à Wingfield-sur-Oise ou un truc du genre. Chez les ploucs de l'Arkansas, quoi.
- C'est pas faux ! Bien vu, agent Wilson. Vous irez loin dans le métier.
- Merci, Monsieur le Directeur Adjoint. Tenez, votre latte-vanille.
- Vous avez fait vite, Wanda.
- C'est une vue de l'esprit.
- Comme pour les négationnistes du 11 septembre ?
- Ça, c'est vous qui le dites. Personnellement Jean-Marie Bigard m'a toujours fait l'effet d'un homme franc et honnête. Pas le genre à mentir à la télé sur des sujets sensibles.
- Et vas-y, tire son mon doigt !
- Je n'en ferai rien, Monsieur le Directeur Adjoint.
- Dommage, j'en avais un tout prêt, là. Comme on parlait de Bigard...
- Nous parlions de vue de l'esprit, Monsieur le Directeur Adjoint.
- Comme pour les révisionnistes de la guerre de Corée ?
- Cette guerre n'a jamais eu lieu, et vous le savez pertinemment, Monsieur le Directeur Adjoint.
- Vous faites partie du complot, je le savais !
- Ne mettez pas ma patience à l'épreuve, Monsieur le Directeur Adjoint. Vous savez très bien qu'aux tests de self-control, j'ai fait échouer l'examinateur.
- Il est vrai. Veuillez pardonner cet enfantillage, Mademoiselle Wilson.
- C'est tout naturel, Monsieur le Directeur Adjoint. Après tout je n'ai que seize ans selon les lecteurs avertis qui ont retenus le détail au début de l'histoire.
- Quelle histoire ?
- Celle où je finis à poil sur la couverture en peau chez moi.
- Ah, celle-là. C'est pas ma préférée.
- À moi non plus, Monsieur le Directeur Adjoint.
- Quand bien même, Mademoiselle Wilson, vous devez arrêtez ces terroristes.
- Quels terroristes, Monsieur le Directeur Adjoint ?
- Il en va de la survie du peuple américain.
- Je ne suis pas certaine de vous comprendre, Monsieur le Directeur Adjoint.
- Peu importe ! J'ai une mission pour vous, agent Wilson.
- Vous allez me demander d'aller chasser des terroristes c'est ça ?
- C'est parce que votre syndrome de personnalité borderline n'arrive pas à remettre les lignes de dialogues dans le bon ordre.
- Je vous en prie, poursuivez.
- Je savais que vous étiez l'homme de la situation, Wanda.
- Ça y est ! Ça commence à me venir, la logique de cette conversation.
- Ce sont des trafiquants de méthamphétamines bleues et ils en sont déjà à l'épisode seize de la saison cinq.
- Ah en fait, non. Comprends rien.
- J'ai laissé un dossier sous le siège de votre avion.
- C'est dans dix minutes ça ! Faut que je me grouille !
- Vous décollez à neuf zéro zéro.
- Bien, Monsieur le Directeur Adjoint. J'y vais de ce pas.
- Brave fille... »

C'est ainsi que je me retrouvais embarquée à bord d'un DC-10 de la compagnie Wombats, la compagny lowcost la plus wombastique de l'espace publicitaire aérien.  

Je n'avais pas trouvé le dossier top secret promis par mon Directeur Adjoint sous mon siège. La comptable de l'Agence Fédérale des phares et balises, pour des raisons de réductions budgétaires, m'avait réservée une place près de la sortie de secours latérale droite, pour bénéficier de quinze pour cent de réduction supplémentaire sur le prix du billet. Ainsi que deux s'miles sur son compte perso à elle, la bitch ! Pour les culs-terreux qui n'ont jamais pris l'avion de leur vie, les sièges situés près des sorties de secours sont les plus chiants à occuper : il faut ouvrir soi-même la porte en cas d'avarie et ne garder aucun sac de voyage dans le passage pour ne pas encombrer le suicide collectif des connards qui espèrent s'en tirer en se jetant dans le vide à dix mille pieds d'altitude au dessus du lac de Genève. Enfin bref, ça me pète les ovaires ce genre de conneries.

Du coup, le dossier top secret, s'était retrouvé sous le siège d'un chiard, deux rangées derrière moi. Je l'avais très vite repéré parce que je me souviens avoir distinctement perçu une conversation dont voici la teneur :

T'as vu, elle fait des phrases un peu comme dans les nouvelles à la con de Lovecraft. Ça lui va pas du tout.

Chut ! J'ai envie de savoir la suite moi maintenant.

« Madame ? Ohoh ! S'il vous plait, Madame ? Hôtesse ?
- Maman ! Tu me donnes un papier pour faire le coloriage ?
- Yes, Ma'am. What can I do for you ?
- Vous parlez pas américain ?
- No, sorry : équipage Sri Lanka. Low Cost. Remember, slut ?
- Ah yes. I am so confused. Est-ce que vous avez du papier pour colorier ? C'est pour mon petit garçon.
- Of course, Ma'am : what kind ? A4 : ten sheets for only nine ninety nine.
- Euh... Nine quoi ?
- Euros, Ma'am.
- Putain de low cost. Ça va, ça ira, merci.
- Suck yourself, whore !
- Merci, vous aussi.
- Maman ? Elle a dit quoi la dame ?
- Tiens, t'as qu'à dessiner là-dessus. C'est un dossier top secret d'une agence fédérale mineure. »

À ce moment-là très précis, j'ai voulu me lever pour arracher des mains de ce gosse le document officiel, mais néanmoins vital, que l'indélicate comptable avait placé sous le mauvais siège.

Mais fasten your seat belt quoi ! J'avais zappé. J'ai dû me débattre comme une folle pour arracher cette ceinture de sécurité de ma chatte et enjamber la rangée de sièges.

Comme un hasard n'arrive jamais par hasard deux fois seul, l'avion est tombé dans un trou d'air exactement au même instant. Et je me suis éclatée le genou contre la tablette dépliée du fauteuil derrière le mien*. Quand j'ai voulu me redresser, ma botte est restée coincée entre la tablette, le dossier et la pochette en tissus où on range les magazines, les fiches de sécurité et les sacs à vomi.

Putain ! Tout ça pour ça !

C'est là que je me suis battue contre un sac à vomi. Pendant au moins trente secondes.

Et puis ?

Après ?

Bah après j'ai récupéré mon dossier top secret tout dégueulassé et je suis retournée m'asseoir. L'avion a atterri, je suis entrée dans le hall de l'aérogare, j'ai attendu que les terroristes qui étaient sur le même vol que moi, mais en première eux, réceptionnent leurs valises sur le tourniquet mécanique et puis je les ai massacrés un par un à tour de rôle tous les deux. J'ai fait des pirouettes pour amuser les gamins dans le hall, j'ai signé un ou deux autographes et j'ai posé sur les photos des smartphones. Après je suis rentrée chez moi avec l'avion suivant. J'ai pris un taxi jusqu'à la maison. Je suis passée au tabac en-dessous mon appartement, j'ai acheté un paquet de clopes et un cancer à gratter et puis je suis montée prendre une douche. Et c'est là en revenant de la salle de bain que je me suis cognée le genoux contre la table basse et que je suis tombée à poil sur le tapis en peau de zébu.

Nulle à chier ton histoire !

Oh ben c'est bon quoi ! J'avais seize ans quand c'est arrivé, je savais pas encore manier les épées et faire des trucs de ouf pour remplir les pages des scénaristes !

J'espère que ça sera mieux la semaine prochaine...

Ouais, ben ça on verra.


* En fait techniquement, la tablette est fixée au dossier de mon fauteuil, toi-même tu sais, fais pas chier.



"J'ai une âme solitaire"
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Message posté le 21:06 - 30 janv. 2016

Citation de dvb :
UNE AVENTURE INSIGNIFIANTE DE LADY DEADPOOL






Je m'appelle Wanda Wilson. J'habite le quartier de Kerfeuteun à Kersaint-Roméo, Illinois, dans un appartement juste au-dessus d'un bar-tabac-PMU-presse. Ne cherchez pas cette ville sur googlemap, elle n'existe probablement que sur Terre-3010. Si vous ne connaissez pas le numéro de votre Terre, ou si vous ignorez tout du multivers, faites comme si je n'avais rien dit.

Mais tu l'as dit !

Mais ta gueule, toi hé ! C'est moi qui raconte.

Je m'appelle Wanda Wilson et un jour je me suis battue contre un sac à vomi. Je ne parle pas bien entendu d'un sac à merde comme le Général America ou d'autres troufions du Congrès, de la Cour Suprême, du Sénat ou de l'Agence Fédérale des Poids et Mesures. Non. Je vous parle d'un vrai sac à vomi. Dans un avion. D'ailleurs j'ai rarement vu de sacs à vomi ailleurs que dans des avions.

Si ! Une fois t'en as vu un dans les chiottes d'un bateau à aubes sur le Mississippi.

Ta gueule, toi aussi ! Et puis comment tu peux savoir ça ? T'étais même pas née : je me souviens très bien de cette journée sur le Mississippi et à cette époque-là j'étais pas frappadingue ou même schizophrène et j'avais même pas encore les premiers symptômes de trouble de la personnalité borderline. Je le sais, hein ! C'est vrai !

Oui, mais si tu peux t'en souvenir, alors nous aussi.

Pfff... pouvoirs à la con ! C'est bon ? Je peux raconter mon histoire ?

C'est celle qui se finit avec toi à poil sur une couverture en peau de chameau ?

Bah bravo, merci ! Comme ça maintenant tout le monde sait comment ça se termine. Est-ce bien encore la peine que je poursuive ?

Y'a bien un ou deux lecteurs qui la connaissent pas ton histoire !

D'ailleurs si tu étais parfaitement honnête, Wanda, tu avouerais tout de suite que tu es un personnage à peine omniscient de rien du tout, et que l'auteur de la nouvelle ne sait même pas comment se termine l'histoire !

Il va se galérer à trouver une fin qui finit avec toi à poil sur une peau de chinchilla maintenant.

On avait pas dit que c'était sur une peau de chamois ?

Non, je te jure, relis plus haut. On a jamais parlé de peau de chamois.

VOS GUEULES, VOIX DANS MA TÊTE ! Laissez dv... euh, laissez-moi raconter l'histoire !

Ok, c'est bon !

Quelle chieuse celle-là alors.

Tout ça parce que c'est la seule de nous trois à pouvoir manipuler le corps.

Moi, si je pouvais manipuler le corps, je boufferais des glaces toute la journée.

Moi, je pense que je fouetterais des mecs en caleçon en leur demandant de m'insulter en bavarois.

T'es trop cheloue, ma vieille.

Chut... je crois qu'elle attend qu'on la laisse parler.


Je m'appelle Wanda Wilson, j'ai XX ans (ça ne vous regarde pas), j'habite quelque part en Pennsylvanie, entre Dijon et Montpellier, et avant j'étais caissière à Géant Casino.

En fait, non. Pas tout à fait. C'était un stage de découverte d'entreprise quand j'avais seize ans (ouais, j'ai redoublé et alors ? Ça te pose un problème, connasse ? Tout le monde est pas parfaite comme toi !).

À cette époque j'avais pas encore la paire de nichons rocambolesques que j'ai aujourd'hui (et que je caresse voluptueusement au moment même où tu lis ces lignes... Des seins parfaits, tendus, divinement galbés avec des aréoles comme tu les aimes et des tétons dressés un peu à cause du froid sur ma peau nue et aussi un peu par excit... pourquoi je raconte ça, moi ? Encore un coup du scénariste ! Pfff... phallocrate de mes deux !).

À cette époque je travaillais pour le FBI, ou la NSA, ou l'Agence Fédérale des Ponts et Chaussée, je sais plus trop. Le fait est qu'un jour je faisais une enquête de terrain assez banale.


Deux semaines plus tôt à Cheverny-en-Delaware :


« Agent Wanda ? Vous m'entendez ?
- Oui, Monsieur le Directeur Adjoint.
- Parfait. Votre mission de ce matin, sera d'aller me chercher un latte-vanille et le Ouest France.  En passant vous voudrez bien me ramener un paquet de malbiches et un sagittaire à gratter : c'est l'anniversaire de ma femme aujourd'hui.    
- Et s'il n'y a pas de sagittaire ?
- Euh... prenez un numéro deux, c'est son chiffre porte-bonheur.
- Et s'il n'y a pas de numéro deux ?
- Prenez un sagittaire à gratter.
- Et s'il n'y a ni numéro deux ni sagittaire ?
- Prenez ma main dans ta gueule et mon pied au cul, triple idiote ! S'il n'y en a pas, tu vas en chercher dans un autre tabac !
- Et si l'autre tabac ne fait pas les jeux à gratter ? Je vous rappelle qu'on est à Wingfield-sur-Oise ou un truc du genre. Chez les ploucs de l'Arkansas, quoi.
- C'est pas faux ! Bien vu, agent Wilson. Vous irez loin dans le métier.
- Merci, Monsieur le Directeur Adjoint. Tenez, votre latte-vanille.
- Vous avez fait vite, Wanda.
- C'est une vue de l'esprit.
- Comme pour les négationnistes du 11 septembre ?
- Ça, c'est vous qui le dites. Personnellement Jean-Marie Bigard m'a toujours fait l'effet d'un homme franc et honnête. Pas le genre à mentir à la télé sur des sujets sensibles.
- Et vas-y, tire son mon doigt !
- Je n'en ferai rien, Monsieur le Directeur Adjoint.
- Dommage, j'en avais un tout prêt, là. Comme on parlait de Bigard...
- Nous parlions de vue de l'esprit, [espace en trop] Monsieur le Directeur Adjoint.
- Comme pour les révisionnistes de la guerre de Corée ?
- Cette guerre n'a jamais eu lieu, et vous le savez pertinemment, [espace en trop] Monsieur le Directeur Adjoint.
- Vous faites partie du complot, je le savais !
- Ne mettez pas ma patience à l'épreuve, [espace en trop] Monsieur le Directeur Adjoint. Vous savez très bien qu'aux tests de self-control, j'ai fait échouer l'examinateur.
- Il est vrai. Veuillez pardonner cet enfantillage, Mademoiselle Wilson.
- C'est tout naturel, [espace en trop]  Monsieur le Directeur Adjoint. Après tout je n'ai que seize ans selon les lecteurs avertis qui ont retenus [retenu] le détail au début de l'histoire.
- Quelle histoire ?
- Celle où je finis à poil sur la couverture en peau chez moi.
- Ah, celle-là. C'est pas ma préférée.
- À moi non plus, [espace en trop] Monsieur le Directeur Adjoint.
- Quand bien même, Mademoiselle Wilson, vous devez arrêtez ces terroristes.
- Quels terroristes,[espace en trop]  Monsieur le Directeur Adjoint ?
- Il en va de la survie du peuple américain.
- Je ne suis pas certaine de vous comprendre, [espace en trop]  Monsieur le Directeur Adjoint.
- Peu importe ! J'ai une mission pour vous, agent Wilson.
- Vous allez me demander d'aller chasser des terroristes c'est ça ?
- C'est parce que votre syndrome de personnalité borderline n'arrive pas à remettre les lignes de dialogues dans le bon ordre.
- Je vous en prie, poursuivez.
- Je savais que vous étiez l'homme de la situation, Wanda.
- Ça y est ! Ça commence à me venir, la logique de cette conversation.
- Ce sont des trafiquants de méthamphétamines bleues et ils en sont déjà à l'épisode seize de la saison cinq.
- Ah en fait, non. Comprends rien.
- J'ai laissé un dossier sous le siège de votre avion.
- C'est dans dix minutes ça ! Faut que je me grouille !
- Vous décollez à neuf zéro zéro.
- Bien, [espace en trop] Monsieur le Directeur Adjoint. J'y vais de ce pas.
- Brave fille... »

C'est ainsi que je me retrouvais embarquée à bord d'un DC 10 [DC-10] de la compagnie Wombats, la compagny lowcost la plus wombastique de l'espace publicitaire aérien.  

Je n'avais pas trouvé le dossier top secret promis par mon Directeur Adjoint sous mon siège. La comptable de l'Agence Fédérale des phares et balises, pour des raisons de réductions budgétaires, m'avait réservé [réservée] une place près de la sortie de secours latérale droite, pour bénéficier de quinze pour cent de réduction supplémentaire sur le prix du billet. Ainsi que deux s'miles sur son compte perso à elle, la bitch ! Pour les culs-terreux qui n'ont jamais pris l'avion de leur vie, les sièges situés près des sorties de secours sont les plus chiants à occuper : il faut ouvrir soi-même la porte en cas d'avarie et ne garder aucun sac de voyage dans le passage pour ne pas encombrer le suicide collectif des connards qui espèrent s'en tirer en se jetant dans le vide à dix mille pieds d'altitude au dessus du lac de Genève. Enfin bref, ça me pète les ovaires ce genre de conneries.

Du coup, le dossier top secret, s'était retrouvé sous le siège d'un chiard, deux rangées derrière moi. Je l'avais très vite repéré parce que je me souviens avoir distinctement perçu une conversation dont voici la teneur :

T'as vu, elle fait des phrases un peu comme dans les nouvelles à la con de Lovecraft. Ça lui va pas du tout.

Chut ! J'ai envie de savoir la suite moi maintenant.

« Madame ? Ohoh ! S'il vous plait, Madame ? Hôtesse ?
- Maman ! Tu me donnes un papier pour faire le coloriage ?
- Yes, Ma'am. What can I do for you ?
- Vous parlez pas américain ?
- No, sorry : équipage Sri Lanka. Low Cost. Remember, slut ?
- Ah yes. I am so confused. Est-ce que vous avez du papier pour colorier ? C'est pour mon petit garçon.
- Of course, Ma'am : what kind ? A4 : ten sheets for only nine ninety nine.
- Euh... Nine quoi ?
- Euros, Ma'am.
- Putain de low cost. Ça va, ça ira, merci.
- Suck yourself, wore [whore] !
- Merci, vous aussi.
- Maman ? Elle a dit quoi la dame ?
- Tiens, t'as qu'à dessiner là-dessus. C'est un dossier top secret d'une agence fédérale mineure. »

À ce moment là (moment-là] très précis, j'ai voulu me lever pour arracher des mains de ce gosse le document officiel, mais néanmoins vital, que l'indélicate comptable avait placé sous le mauvais siège.

Mais fasten your seat belt quoi ! J'avais zappé. J'ai du [dû] me débattre comme une folle pour arracher cette ceinture de sécurité de ma chatte et enjamber la rangée de siège [sièges].

Comme un hasard n'arrive jamais par hasard deux fois seul, l'avion est tombé dans un trou d'air exactement au même instant. Et je me suis éclatée le genou contre la tablette dépliée du fauteuil derrière le mien*. Quand j'ai voulu me redresser, ma botte est restée coincée entre la tablette, le dossier et la pochette en tissus où on range les magazines, les fiches de sécurité et les sacs à vomi.

Putain ! Tout ça pour ça !

C'est là que je me suis battue contre un sac à vomi. Pendant au moins trente secondes.

Et puis ?

Après ?

Bah après j'ai récupéré mon dossier top secret tout dégueulassé et je suis retournée m'asseoir. L'avion a atterri, je suis entrée dans le hall de l'aérogare, j'ai attendu que les terroristes qui étaient sur le même vol que moi, mais en première eux, réceptionnent leurs valises sur le tourniquet mécanique et puis je les ai massacrés un par un à tour de rôle tous les deux. J'ai fait des pirouettes pour amuser les gamins dans le hall, j'ai signé un ou deux autographes et j'ai posé sur les photos des smartphones. Après je suis rentrée chez moi avec l'avion suivant. J'ai pris un taxi jusqu'à chez moi. Je suis passée au tabac en-dessous mon appartement, j'ai acheté un paquet de clopes et un cancer à gratter et puis je suis montée prendre une douche. Et c'est là en revenant de la salle de bain que je me suis cognée le genoux contre la table basse et que je suis tombée à poil sur le tapis en peau de zébu.

Nulle à chier ton histoire !

Oh ben c'est bon quoi ! J'avais seize ans quand c'est arrivé, je savais pas encore manier les épées et faire des trucs de ouf pour remplir les pages des scénaristes !

J'espère que ça sera mieux la semaine prochaine...

Ouais, ben ça on verra.


* En fait techniquement, la tablette est fixée au dossier de mon fauteuil, toi-même tu sais, fais pas chier.


Et voilà. Emballé, c'est pesé sur la peau de zébu.


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Message posté le 22:45 - 30 janv. 2016

J'ai bien kiffé, l'humour franco-spectaculo-américanisé m'a toujours plu (depuis Vian et Vernon Sullivan) et le délire des voix alternatives à celle du narrateur c'est un truc qui m'intéresse pas mal. Y'en a une version particulière ici.

Et pis j'aime bien les comics et deadpool ^^

Bref bon délire :)

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