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12 nov. 2015 - 13:42

J’ai le regret amer. La gorge sèche et le feu éteint. J’ai essayé, vraiment. J’ai lutté beaucoup et je suis tombée souvent. J’ai balayé les mots et les revers d’un sourire joyeux, j’ai pris sur moi de m’élever toujours plus haut malgré les doutes.

Il faut laisser du temps au temps. Apprendre l’attente, savourer l’espace entre les jours, les interstices qui peuplent la nuit. J’ai envoyé valser mes souvenirs et mes remords. J’ai franchi la déchirure du monde et je suis partie. J’ai choisi d’abandonner ce combat âprement mené. Je lance les dés, je recommence.

De l’autre côté du miroir, tout est pareil. Tout est pourtant si différent. Le soleil semble briller plus fort, son éclat me brule les yeux. C’est une belle douleur. Le ciel est plus grand, plus haut et plus vaste. J’ai arrêté de m’y perdre comme je le faisais avant. J’ai pris la mesure de son infini, je l’ai accepté et j’ai tourné mon regard vers le sol. Vers mes mains abimées et mes jambes qui me portent. J’ai marché sous le ciel, jour après jour, nuit après nuit, dans ce monde inconnu. Identique au précédent. Ou rien n’est plus pareil. J’ai chanté pour me donner du courage et j’ai pleuré quand j’étais désespérée. Avec toujours le ciel comme chapeau et la terre pour horizon.

A l’autre bout du monde, j’ai compris que je n’étais jamais partie. Les contrées et les vents étaient les mêmes. Les mêmes vagues heurtaient les rivages, dans une danse millénaire. Les mêmes forêts faisaient respirer le monde et le même ciel tentait de nous noyer. J’étais la même. Infiniment changée, radicalement différente.

J’ai le regret de ne pas avoir compris cela plus tôt. J’ai perdu tellement de temps à me chercher dans les yeux des autres. A tenter de suivre le courant. Je choisi aujourd’hui de vivre dans l’entre deux. Là où résonnent des mélodies que je suis la seule à entendre. Où l’amertume ne me dérange plus. Où je garde le rictus des jours anciens en mémoire. Pour ne jamais oublier le trajet.


Please Little Girl be Brave.
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Message posté le 22:06 - 12 nov. 2015


Celui-ci aussi est bien vivant, ses émotions claires et presque palpables. Je le classerais également dans la poésie.

Mention spéciale pour ce passage : "J’ai franchi la déchirure du monde et je suis partie. J’ai choisi d’abandonner ce combat âprement mené. Je lance les dés, je recommence."


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Message posté le 19:56 - 16 nov. 2015

Il faut laisser du temps au temps.


Je n'aime pas particulièrement ce lieu commun au milieu de ton texte, je trouve qu'il fait tâche. Les trois premiers paragraphes sont les meilleurs, j'aime bien :)


Plus qu'ailleurs, ici.
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Message posté le 20:59 - 17 nov. 2015

Citation de Lilith :
J’ai le regret amer. La gorge sèche et le feu éteint. J’ai essayé, vraiment. J’ai lutté beaucoup et je suis tombée souvent. J’ai balayé les mots et les revers d’un sourire joyeux, j’ai pris sur moi de m’élever toujours plus haut malgré les doutes.

Il faut laisser du temps au temps. Apprendre l’attente, savourer l’espace entre les jours, les interstices qui peuplent la nuit. J’ai envoyé valser mes souvenirs et mes remords. J’ai franchi la déchirure du monde et je suis partie. J’ai choisi d’abandonner ce combat âprement mené. Je lance les dés, je recommence.

De l’autre côté du miroir, tout est pareil. Tout est pourtant si différent. Le soleil semble briller plus fort, son éclat me brule les yeux. C’est une belle douleur. Le ciel est plus grand, plus haut et plus vaste. J’ai arrêté de m’y perdre comme je le faisais avant. J’ai pris la mesure de son infini, je l’ai accepté et j’ai tourné mon regard vers le sol. Vers mes mains abimées et mes jambes qui me portent. J’ai marché sous le ciel, jour après jour, nuit après nuit, dans ce monde inconnu. Identique au précédent. Ou rien n’est plus pareil. J’ai chanté pour me donner du courage et j’ai pleuré quand j’étais désespérée. Avec toujours le ciel comme chapeau et la terre pour horizon.

A l’autre bout du monde, j’ai compris que je n’étais jamais partie. Les contrées et les vents étaient les mêmes. Les mêmes vagues heurtaient les rivages, dans une danse millénaire. Les mêmes forêts faisaient respirer le monde et le même ciel tentait de nous noyer. J’étais la même. Infiniment changée, radicalement différente.

J’ai le regret de ne pas avoir compris cela plus tôt. J’ai perdu tellement de temps à me chercher dans les yeux des autres. A tenter de suivre le courant. Je choisi aujourd’hui de vivre dans l’entre deux. Là où résonnent des mélodies que je suis la seule à entendre. Où l’amertume ne me dérange plus. Où je garde le rictus des jours anciens en mémoire. Pour ne jamais oublier le trajet.


J'ai plutôt aimé. ça ne m'a pas tourneboulée, mais il y a quelques passages sympa en sonorité/rythme. "le temps au temps" est assez convenu, comme "l'espace entre les jours". Mais ça m'a plu globalement.

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Message posté le 16:40 - 24 nov. 2015

C'est très imagé, percutant et les sensations décrites parlent au lecteur.

J'aime beaucoup tes phrases évoquant le ciel, tantôt vaste, tantôt oppressant. J'ai l'impression d'une mer infinie bordée d'une belle étendue céleste au-dessus. Impossible de dire lequel reflète l'autre ; l'on pourrait plonger la tête -ou la sortir- de chacun de ces espaces, indifféremment.


En train d'élever un griffon...
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Message posté le 11:41 - 25 nov. 2015

Est-ce que ce texte est prêt pour voyager vers les bibliothèques, Lilith ?


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Message posté le 18:28 - 6 sept. 2016

Le retrouver en bibliothèque me donne le plaisir de le relire. En le pénétrant j'entre en introspection et à te regarder écrire, je ne vois que souvenirs. Il y a de la tendresse ici.
J'aime te lire, Lilith.


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