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[SF] La fine équipe

Récit d'une partie de Rimworld

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1 sept. 2016 - 13:25



c'est ici pour commenter


PROLOGUE : DES SIMS AVEC DES GUNS


Je vais faire une révélation choquante mais les Sims, c’est pas la vraie vie. Non, car la vraie vie, c’est beaucoup plus difficile que d’essayer de faire rentrer un cheval dans son jacuzzi ou de déplacer son lit par la pensée. Dans le monde réel, il y a le froid, des bêtes sauvages, des pillards, des flingues et des mecs qui deviennent fous parce qu’ils trouvent leur chambre trop petite et décident de planter le chien dans son sommeil. Il y a aussi des médecins médiocres qui prélèvent les organes vitaux des prisonniers récalcitrants pour faire des croquettes pour le sanglier domestique qui remplace avantageusement ce chien que personne n’aimait. Il y a même des gens tous nus qui vous implorent de leur laisser une petite place dans votre grotte artificielle, ce que vous n’acceptez que s’ils ont un diplôme en ingénierie solaire. Dans le monde réel, ça peut être plutôt bien vu d’euthanasier le faiblard bagarreur qui s’est fait mordre par un lièvre enragé sur son lit d’hôpital parce que, passé le traumatisme, ça fera du manger pour tout le monde. Voilà à quoi ça ressemble la vraie vie. Voilà Rimworld.



LA FINE ÉQUIPE


Je vais vous raconter une histoire. Elle sera extraordinaire. Ou pitoyable. Comment savoir ? Après tout, je ne joue à Rimworld que depuis hier.

Sur une planète nommée Ter Aelis échouent trois sarcophages d’hypersommeil, d’où émergent avec une gueule de bois pas possible les trois seuls survivants de la dislocation de leur vaisseau interstellaire. Trois hommes. Déjà, c’est mal barré pour recréer la civilisation...

Les fiches des personnages sont générées aléatoirement, dans un magnifique franglais (c'est un jeu indé qui demande une aide bénévole pour sa traduction). La seule liberté accordée, c’est de les relancer et les renommer. On peut obtenir une survivor alpha, ingénieure spatiale très travailleuse de 26 ans élevée par le gouvernement comme agent d’élite tout comme on peut obtenir une véritable loque quasiment inutile sur le camp de fortune, mettons une pop idol de 83 ans au passé traumatisant, psychopathe dépressif pyromane, accro aux amphétamines et cloué sur place par son lumbago, son asthme et sa jambe de bois. Le tout est de jouer le jeu et de faire avec ce qu’on a. Nos trois héros sont des premiers jets, et je suis plutôt pas mal tombé.

Laissez-moi vous les présenter.


Aly a 49 ans (140 ans d’âge biologique, parce que les périodes en hyper sommeil, ça compte pas vraiment). Il a été élevé comme un esclave sur une planète de technologie médiévale. On lui disait fais ci, fais ça, et il s’exécutait docilement. Il a surtout beaucoup été à la mine. Il était très doué pour ça alors un agent l’a repéré et lui a demandé si ça lui plairait de continuer à niveau professionnel, dans l’espace et tout. Il n’a pas hésité un seul instant. Aly est quelqu’un d’incisif ; il sait prendre des décisions et a tendance à pas mal ouvrir sa gueule. Ca peut déplaire mais il s’en tape. Il est avide de revanche sociale. S’il n’a pas la plus grande chambre parmi les rescapés, il risque de péter un plomb. Bon aussi, il est attiré par les hommes... Il est bien tombé sans être vraiment bien tombé parce que ses deux camarades sont connus pour leur... laideur.

Aly est une passionné de la pioche mais il a d’autres hobbies, dans lesquels il ne demande qu’à exceller : la cuisine, les interactions sociales, le combat à l’arme blanche... Il sera clairement un élément précieux de la fine équipe.




À 58 ans, dvb est évidemment l’aîné de l’escouade de choc. Lui aussi a su dépasser sa condition pour devenir un rouage rutilant de la société. On ne sait pas vraiment ce qui l’a traumatisé enfant, car il ne veut jamais en parler. En fait, il ne veut jamais parler du tout. C’est sa carapace. Ça le protège, psychiquement, genre. Mais ça l’a pas empêché de devenir scientifique de bord. Peut-être que s’il s’était montré un peu plus communicatif, ou moins paresseux, l’avarie qui a conduit à la dislocation du vaisseau aurait été détectée plus rapidement mais on va pas refaire le match. Il y aussi un autre truc dont il ne veut pas parler. Ses cicatrices. Il a clairement des impacts de balles dans le torse et sur la jambe. Il est fragile : il se déplace lentement, ses gestes sont laborieux... Un pépé en un peu plus hardcore.

Mais il est loin d’être inutile, le mec. Non parce qu’en plus d’être un chercheur de dimension interstellaire, il est aussi un peu artiste. Et puis il a ce truc avec les animaux. Il a encore du mal à se faire obéir par eux (ça aide jamais, de rester muet) mais ça le passionne. D’ailleurs, c’est pas tout à fait exact de dire qu’ils n’étaient que trois dans les sarcophages. Dans celui de dvb, il y avait aussi un quatrième aventurier, un beau labrador mâle de 6 ans, couleur crème, Chaos.




Enfin, nous avons Chikoun, un beau mâle de 47 ans. C’est un peu le joker de l’équipe. Il a eu la même enfance que Pia, mais s’est jamais vraiment extrait de cet univers médiéval. Il était très travailleur alors il a fini par se mettre à son compte pour devenir un fermier plutôt rustaud. Une vie rangée, quoi. C’est à se demander ce qu’il faisait dans le vaisseau avec les autres. Mais on va pas s’en plaindre parce qu’un type qui maîtrise aussi bien l’agriculture, dans un contexte de survie, c’est du pain béni. Lui aussi est lourdingue, à toujours ouvrir sa gueule. Ça risque de partir au quart de tour, entre lui et Aly, pourtant deux grands amoureux de la pioche.

Ce qui est génial avec Chikoun, c’est qu’il est plein de bonne volonté. Par exemple, il est absolument passionné par l’art et les flingues (une découverte récente) mais c’est le plus mauvais des artistes et le plus catastrophique des tireurs (je soupçonne même qu'il se soit blessé tout seul au niveau du torse). Il a soif d’apprendre, mais bon... lui donner sa chance dans ce qu’il aime ou le cantonner à ses semailles ? À voir...





ET C'EST PARTI !


L’histoire commence sur les chapeaux de roue. À peine sortis de leurs capsules, nos trois héros et demi tombent nés à nés avec un grizzly femelle. Ils ont tout juste le temps de ramasser les armes tombées au milieu des débris : un couteau pour Aly, une carabine de chasse pour dvb et un pistolet automatique pour Chikoun.

La suite au prochain épisode...


bornes foulées aux pieds / captif de la géométrie / à Pest à Séoul / à Nagasaki / le ciel en hostile lisière
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Message posté le 01:45 - 6 sept. 2016

C'EST LE JOUR 1
LE JOUR DU LAPIN



L’ourse se montre en définitive indifférente à la présence de nos trois héros. Des capsules et des débris tombés du ciel dans un fracas monstrueux, ça l’a pas plus remuée que ça, alors trois mecs et un chien, c’est un peu le dernier de ses soucis tant qu’elle n’a pas trop faim. Toujours est-il qu’Aly, dvb et Chikoun se hâtent de rassembler les maigres donc précieuses ressources qui les ont accompagnés dans leur chute : des bûches de bois (dans le futur, c’est un matériau de base pour faire des vaisseaux spatiaux), des débris d’acier, des médicaments et des rations de survie.

Ils collectent rapidement des informations sur leur environnement. Une région montagneuse, très granitique, avec de gros gisements de marbre et de calcite, note un Aly très enthousiaste d’aller y fourrer sa pioche. Il fait pas trop chaud mais pas trop froid pis la terre a l’air noire et riche, comme Jay-Z, fait remarquer Chikoun. J’espère qu’il faudra rien porter de trop lourd, grommelle silencieusement dvb. Et puis ce qu’il entrevoit de la faune le laisse un peu perplexe. Loups, ours, écureuils, lièvres, cervidés, sangliers, dindons, même quelques tortues, voilà qui sonne familier et pas trop incohérent au regard du climat. Quelques alpacas s’ébrouent également près des rochers. Pourquoi pas. Mais des mégathériums, ça c’est une sacrée surprise. Ces putains d’herbivores géants sont pas censés avoir disparu il y a genre perpète ? Et puis il y a ces mulots surmontés par des sortes de poches membraneuses gonflées et d’un jaune brillant. Ça lui rappelle un truc, vite fait.

Rapidement, ils repèrent une anfractuosité dans la roche qui forme des parois naturelles. Ce serait l’endroit rêvé pour établir le campement. Aly supervise le plan de construction : c’est surtout l’occasion pour lui de s’attribuer une chambre trois fois plus grande et majestueuse que celle de ses camarades. Des murs en bois sont érigés pour compléter les cloisons et une salle commune réutilisant la base d’un bâtiment déserté complète le camp. Une table, trois tabourets, trois lits (un double pour Aly, qui lance des clins d’œil terrifiants à ses compagnons). La construction se poursuit sans heurt, si ce n’est que tout le monde, Chaos y compris, vomit un peu partout. Sortir d’un sarcophage d’hypersommeil, ça fout toujours plus ou moins la gerbe.

Chikoun a l’âme d’un poète. Il décide subitement que c’est chiant de porter des débris d’acier et plutôt que de construire un toit au-dessus du campement, il regarde les étoiles avant d’aller se coucher. Du coup, il peut continuer depuis sa couche. Une fois son lit double terminé, Aly choisit quant à lui d’aller faire une petite balade plutôt que de poursuivre sa tâche de bâtisseur. Dur à la tâche, dvb opte pour un dernier périple en pleine nature pour ramener toujours plus d’acier. Il est un peu comme ces vieux dans Koh Lanta qui sont prêts à toutes les pitreries pour montrer qu’ils ne sont pas 100% inutile à la société. Il passe près d’un troupeau de muffalos, ce qui ajoute une entrée supplémentaire à son petit bestiaire mental ; de toute façon il n’est pas du genre à communiquer. En revenant vers le camp, il remarque une drôle de structure dans la roche, un genre de grand cube en métal d’une quinzaine de mètres d’arête. Ça le fait instinctivement frissonner. Il préfère s’éloigner à toute vitesse de l’édifice.

Il arrive au camp, à bout de forces, et a le temps de faire ces quatre constatations avant d’écrouler de fatigue : (1) si Aly a pris le temps d’ouvrager un magnifique lit à baldaquin pour sa personne et de bâcler une couchette pour Chikoun, il s’est probablement dit que dvb pouvait bien attendre le lendemain pour le sien ; (2) les bâtisseurs n’ont pas non plus daigné terminer l’ensemble de l’enceinte du camp avant d’aller se coucher ; du coup, un lièvre ainsi qu’un troupeau de grandes créatures recouvertes de cloques jaunes qu’il n’avait pas remarquées jusque-là se promènent paisiblement dans la chambre pharaonique d’Aly ; (3) il reconnaît finalement les espèces de mulots de tout à l’heure et par analogie les grands herbivores qui viennent renifler la nuque du mineur de l’espace. Ce sont respectivement des rataboums et des boomalopes, des animaux charmants, mais qui ont l’étrange caractéristique physiologique d’EXPLOSER dans un rayon de plusieurs mètres à leur mort, ce qui en fait des bombes à retardement largement plus dangereuses qu’une ourse ; (4) il y a un écureuil qui barbotte dans une grosse flaque de vomi à deux mètres de son visage.






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Message posté le 18:15 - 10 sept. 2016

JOUR 2
DÉSIR LAPINESQUE



À six heures, un Aly guilleret décide d’aller se promener après cette nuit un peu frisquette. Il tapote nonchalamment la poche de napalm d’un boomalope endormi, prenant l’animal pour un « genre de dromadaire chelou ». Une promenade en forme de cent pas, tant il est vrai qu’il préfère tourner en rond dans un bocal imaginaire au périmètre de cent-cinquante mètres autour du camp ; il surveille sans doute que personne ne s’avise d’aller squatter son lit de luxe. Il repère malgré tout un geyser non loin, une source fiable d’énergie pour qui maîtriserait les bases de la construction de centrale géothermique, autrement dit pas lui.

Finalement, il décide de se faire un petit déjeuner dans la réserve improvisée à l’extérieur de l’enceinte de la salle commune, où il retrouve un dvb flapi et ronflant. Chikoun se réveille à son tour sur les coups de dix heures et rejoint ses camarades pour une collation. Il engloutit une ration de survie à même le sol, à deux mètres de dvb toujours endormi sans trop se soucier de le déranger ou non. Puis comme il est un peu tôt pour aller travailler (onze heures !), il s’allonge pour regarder les nuages et glousse en reconnaissant des formes familières : pissenlit, campagnol, bûcher de jésuite, fusil de précision. Il bavarde un peu avec Aly qui, le trouvant physiquement peu avenant, décide d’écourter la conversation pour poursuivre la construction du campement de fortune.

Ce n’est pas avant midi qu’un dvb en bien piètre état s’éveille, d’une humeur massacrante. Il a mal dormi, sur le sol, dans le froid, entre des débris du vaisseau et des bûches, et avec toute les putains de faune et de flore qui faisaient un bruit insupportable autour de lui. Il se traîne en grommelant jusqu’à la décharge, où nos amis ont entreposés les gravats qui gênaient la construction du campement (principalement du calcite et un peu de marbre)... puis s’y allonge pour regarder à son tour le ciel. Ca valait le coup de râler quant à la propreté de sa couche.

Une heure plus tard, pendant que dvb, tout en mangeant, échoue à dresser Chaos, qui a de toute façon compris qu’il n’avait pas besoin d’obéir pour être grassement nourri, Aly qui s’est improvisé chef de la colonie, fait un petit topo sur les tâches qui les attendent dans la journée. Couper du bois pour terminer l’enceinte des chambres et de la salle commune. dvb soupire bruyamment. Oui, et aussi, terminer de construire un lit pour le scientifique de bord, ohlàlà c’est bon de toujours tout ramener à soi ! Chikoun a aussi repéré des buissons à baies non loin. Ca se mange ? le questionne le mineur de l’espace. « Moi, je les mangerai », répond le fermier. S’il se porte cobaye volontaire pour risquer un empoisonnement, ça satisfait tout le monde.

dvb lève la main pour réclamer la parole. Les autres lèvent les yeux au ciel. Ils savent que quand le scientifique a une idée, vu qu’il est incapable de parler, il se lance dans des mimes invraisemblables et surtout incompréhensibles. C’est assez pathétique, particulièrement le passage où dvb imite un panneau solaire, mais Aly et Chikoun ont un peu l’habitude et décodent le message : il serait judicieux de mettre en place une source d’électricité pour passer directement d’un mode de vie néolithique à quelque chose de moins rudimentaire. Ca permettrait entre autre d’éclairer avec des lampes à néon les quatre pièces, qui seraient sinon plutôt super sombres une fois la toiture posée. L’idée est validée et chacun se met au travail.

L’après-midi est une semi-réussite. Aly échoue à deux reprises à construire un mur qui tienne debout mais argue auprès des deux ricaneurs que c’est pas vraiment sa vocation de bâtir des trucs. « De toute façon, j’ai besoin de plus de bois ! » dvb et Chikoun s’exécutent et déciment les chênes et les peupliers les plus proches du campement. On ne saurait dire si c’est dû à la qualité du bois fraîchement coupé, mais le lit réalisé pour accueillir dvb est de bien meilleure facture que les deux autres. Aly fait instantanément la gueule une fois réalisé que ce n’est peut-être plus sa chambre la plus luxueuse dès lors que le lit le plus confortable n’est plus le sien. Il décide de prendre un en-cas de consolation. « Mais... vous étiez pas censé aller cueillir des baies, vous autres ? Je ne vois que les rations de survie, là. » Alors là, Chikoun pète un plomb, et dit que si, justement, il a cueilli les baies, il y a plus qu’aller les chercher par terre à côté des buissons, que son job ç’a toujours été de cueillir les baies, et seulement les cueillir, et que personne lui a dit qu’il devait les ramener jusqu’au camp ! dvb opine : c’est clairement deux tâches très différentes ; on est organisé ou on l’est pas.

Aly commence à craquer mentalement. Si au moins, on lui mâchait le travail en nettoyant le vomi sur lequel nos colons glissent à répétition lors de leurs allées et venues ! C’est pas une tâche prioritaire, hurle Chikoun, moi tu m’as dit cueille des baies et je cueille des baies, ça s’arrête là ! En fait, personne ne veut s’abaisser à cette tâche un peu ingrate, mais il faut admettre que ça pèse un peu sur le moral, de la gerbe qui couvre un bon quart de la zone de travail. dvb fait mine de ne pas comprendre et montre la bûche qu’il transporte laborieusement un peu partout.

En définitive, à la surprise générale, la colonie achève toutes les missions prévues pour le jour-même avant que nos héros aillent se coucher : c’est hermétiquement clos, on peut manger sur une table et des chaises comme des pseudo-civilisés et un embryon de réseau électrique a été réalisé reliant deux panneaux solaires, deux batteries protégées de la pluie au niveau de la structure ancienne en extérieur, et une lampe dans chaque pièce. Bon, évidemment, les batteries sont vides et du coup rien n’est éclairé vu que les panneaux solaires ont été terminés sur les coups de 20h en même temps que la nuit tombait, mais ça reste une performance. Chikoun a même de presque bonne grâce été cherché les baies pour les déposer dans la zone de stockage abritée prévue par Aly.

Tous s’endorment du sommeil du juste et dans un confort des plus relatifs et un vomi des plus omniprésents, notamment les deux hases prises au piège en intérieur lors de la finition des cloisons. Dommage que ça soit des femelles, j’aurais pu essayer de les domestiquer pour les faire se reproduire, se dit dvb en s'assoupissant. J’ai faim, pense Chikoun. Et si je me levais en pleine nuit pour manger le lapin qui dort dans la grande pièce à côté ? Et puis comme ça, je pourrais lui tirer dessus avant. Avec mon gun.

Ouais.




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