Scénarium
Histoire en cours d’ecriture
Travaux en cours
Chapitre 1 : Ville-Natale
Le morceau de sucre se désagrégea au contact de l'eau chaude. Héros tourna son thé avec une cuillère. Il aimait le tintement élégant du contact entre le fer et la porcelaine. Il reposa sa cuillère, souffla légèrement sur le mélange puis porta la tasse à ses lèvres roses comme celles d’un bébé.
Le contenu les lui brûla. Il le recracha aussitôt.
-Ah, mais merde ! Saloperie de thé !
Il adorait le thé. En revanche, il détestait attendre qu'il refroidisse. Il manqua de casser la tasse en la reposant brutalement sur la table de sa cuisine. Il alla se rafraîchir la bouche à l'eau du robinet, qu'il referma, avant de prendre ses clefs, son manteau et ses jambes à son cou.
La porte d'entrée couina un peu, comme d'habitude. C'était le seul vrai défaut qu'il trouvait à son appartement (il n'était pas difficile). Son style soigné tranchait avec l’état délabré de la cage d’escalier. La porte en fer du vieil ascenseur crissa, là encore, comme d’habitude.
Il profita de la descente pour s’examiner machinalement dans le reflet de la plaque cuivrée des boutons d’etages. Sa coiffure était parfaite, il l’a jugea satisfaisante ; ses cheveux blonds mi-longs rehaussaient le vert de ses yeux. Héros aurait pu être mannequin, s’il avait été plus grand.
En sortant de l’immeuble miteux de la rue des Ires, il leva machinalement la tête pour regarder sa fenêtre. Fermée, tout allait bien.
Il rajusta le col de son manteau. Ce fut le dernier cliché qu'il accomplit avant de s'élancer.
Le temps se gâtait. Pas étonnant, il pleut presque tous les jours, à Ville-Natale-du-Héros.
Héros connaissait par cœur chaque recoin de Ville-Natale. Il y était né.
Il emprunta deux ruelles et longea le boulevard principal de la ville.
Il manqua par deux fois de se faire écraser par des voitures. Insulta comme il se devait leurs conducteurs. Faillit démarrer une bagarre générale.
Il était de coutume de dire que les habitants de cette ville du sud du Royaume-Exotique étaient des aventuriers dans l'âme. De nombreux héros de guerre ou explorateurs du Royaume-Exotique y étaient nés, au cours des derniers siècles. En attendant, Héros y croisait plus de poivrots que de héros. Mais il n'eut pas besoin de sortir son Opinel cette fois-ci, la foule autour calma le jeu.
Quelques minutes plus tard, il entra dans un café.
A l'intérieur, il retrouva l'ambiance qu'il chérissait tant : l'air enfumé tamisant les lumières, les murs vert et violet sur lesquels étaient déroulés de trop nombreux posters d'affiches de films, la musique légèrement trop forte qui couvrait le bruit de la cité...
Les habitants de Ville-Natale avaient le sang chaud et ses conducteurs aimaient jouer du klaxons... mais dans cette pièce d'une centaine de mètres carrés, tout comme dans son appartement, il se sentait à sa place.
Il s'assit au bar. En face de lui, le meilleur faiseur de cocktails de tout Ville-Natale, peut-être de tout Royaume-exotique... Le barman semblait musclé, comme Héros, mais il avait une carrure plus imposante. Ce qui était un atout dans son travail, vu que son établissement attirait une foule de gens peu recommandables. Dont lui-même et Héros.
- Salut Héros ! Qu'est-ce que je te sers ?
- Hello, Personnage-Sacrifiable ! Je vais prendre... un café, pas trop chaud, s'il-te-plaît.
-Et un café, un !
-C'est calme, aujourd'hui...
-M'en parle pas !
Le barman rapprocha sa tête. Ce n'était pas superflu, la musique était forte :
-Ne te retourne pas, mais le type derrière toi fait fuir tous les clients depuis ce matin. Il... pue.
Héros hocha la tête sur le rythme de la musique et tourna le plus doucement possible sa tête vers l'autre côté de la salle. Il revint à sa position initiale dès qu'il croisa le regard menaçant d'un type étrange.
Le barman s'affairait à son café. Héros était immobile, glacé par l'échange de regards. Qu'est-ce qui le traumatisait à ce point ? Les yeux d'un noir abyssal sertis d'un visage ridé aux sourcils épais ? Sa cape totalement anachronique ? Ou l'objet en métal avec lequel il jouait ?
Il n'eut pas le temps de se poser la question davantage. Tout se passa en moins de temps qu'il n'en fallait aux Raides Hottes Chill e-Pépouzes (dont la chanson phare tournait dans le mange-disque) pour boucler leur refrain.
Personnage-Sacrifiable se retourna pour servir, tenant dans son autre main une bouteille en verre d'eau réfrigérée dont il allait verser le contenu dans la tasse de café. Mais il fit tomber la bouteille sur le zinc. Elle explosa. Mais lui resta interdit, à fixer derrière l'épaule de Héros. Ce dernier se retourna et vit un couteau s'abattre sur lui... et le rater complètement ! Entretemps, son contrôleur avait reçu un tesson de bouteille dans l'un de ses yeux d'un noir abyssal.
Le refrain se termina. Héros réalisa. Il sortit son Opinel, le déplia et le planta dans la gorge de son agresseur qui n'eut que le temps de tordre le bras de Personnage-Sacrifiable avant de mourir.
17:27 - 20 mars 2019
Je trouve que cette manière d'écrire est fraîche, un gout de nouveauté bien agréable dû à son originalité. Attention aux fautes d’inattention qui hachent la lecture.
Au plaisir de te lire,
Pétrichor
20:47 - 20 mars 2019
Merci Petrichor, je vais corriger ça !
EDIT : Normalement, c’est corrigé ! (En effet, il y avait pas mal de fautes de frappes, j’espere les avoir retirées toutes.
14:59 - 21 mars 2019
Hello rei !
Comme l'a dit Pétrichor, c'est original et l'expérience mérite d'être faite.
Néanmoins, la lecture m'a posé problème vis-à-vis du fait que, au-delà des "noms spoilers", qui font partie de l'expérience, je trouve que tes personnes, ton Héros surtout, ne sont pas assez incarnés.
En fait, j'ai l'impression que tu es le cul entre deux chaises.
Au début, je pensais que tu voulais prendre le lecteur à partie, qu'il se ressente comme étant le Héros (puisqu'il peut, du coup, inventer n'importe quel nom à sa place). Auquel cas, je trouvais que ce n'était pas assez "libre" pour que le lecteur se sente impliqué (moi je suis pas fan de thé, par exemple).
Du coup, j'ai réalisé après coup que là n'était pas spécialement ton but. Soit, mais dans ce cas je t'encourage vivement à incarner plus tes personnages (description physique ? Pensées ? Sensations, émotions ?). J'ai l'impression que tu as un détachement un peu froid sur l'évènement que tu contes, que tu n'oses pas proposer un personnage plus travaillé.
Ah, et ça n'a rien à voir mais attention aux petites répétitions :).
J'attends de voir la suite de ce que tu nous concocte !
07:56 - 22 mars 2019
Salut Caracole !
En effet, mon intention est plutôt la seconde. C’est vrai que ça manque d’incarnation, je vais travailler ça.
Je voulais tellement savoir si l’idee Était viable que j’en ai oublié l’assaisonnement !
J’ai sans doute voulu aller trop vite dans l’histoire, ce qui empêche d’y entrer pleinement. Je vais voir si je continue le test ou si je retravaille le début,
Merci de ton retour !
07:22 - 28 mars 2019
[EDIT semaine 2]
J’ai ajouté trois passages descriptifs qui, je l’espère, ajoutent un peu de texture. Je retravaille le « chapitre » 2 en fonction, j’espere le poster ce week end.
[EDIT]j’ai l’impression que j’ai raté mon edit... Xd )
09:32 - 30 mars 2019
(Désolé pour la remonté involontaire, j’ai fait une citation au lieu d’éditer, par erreur...)
Chapitre 2 : C.
Les Raides Hottes chill e-papys avaient fini depuis longtemps leur morceau lorsque l'un des deux survivants de la scène fut capable de dire le moindre mot.
-Qu'est-ce que...
-Je ne sais pas...
-Mais...
-Qu'est-ce que...
-Je ne sais pas...
Un ange passa. Puis Héros vit le sang sur ses vêtements. Il regarda le corps à côté de lui.
-Qui...
-Je ne sais pas... Il est mort ?
-Je crois, oui... Il voulait me tuer ?!
-Aucun doute !
-Pourquoi ?
-Je n'en sais rien.
-Tu m'as sauvé.
-Je ne sais pas.
Ils se regardèrent un long moment.
-Si, putain, tu m'as sauvé la vie, Personnage-Sacrifiable !
-Peut-être... C'était un réflexe.
-Viens-là que je t'embrasse ! Ah, nom de dieu !
Ils gardèrent un œil sur le cadavre pendant leur embrassade. Personnage-Sacrifiable en profita pour taquiner du pied le corps, qui ne réagit pas. Il éloigna le couteau de la main du meurtrier présumé. Il alla fermer à clef la porte du bar tandis que Héros se pencha sur le corps inerte.
-C'est quoi, c'te cape !?
-C'est peut-être un taré échappé de l'asile, supposa l'autre, en ramassant la lame :
-Si c'est un fou, je me demande où il a récupéré ce couteau. Il est magnifique ! C'est du bois de teifk, c'est sûr. Il y a un sigle sur le manche... On dirait un D et un E entrelacés.
-Mais... c'est moi, lâcha Héros à demi-mot, en tenant entre ses mains un papier trouvé près du tueur.
-Qu'est-ce que c'est ?
-Une sorte de lettre. Un ordre de mission.
-Qu'est-ce qui est écrit ?
-« Tuez Héros !
Cordialement,
C.»
-Cordialement ?!
-Tuez Héros !?!? J’étais sa cible ! C'était un tueur professionnel ! On veut me tuer !!! Mais !?...
-Donne-moi ça ! Tu as fait quelque chose de mal ?
-Maïs non ! Je ne suis personne, moi, s'écria Héros. Je ne suis pas comme toi, Personnage-Sacrifiable, je ne suis pas important, moi... Je ne tiens pas l'un des bars les plus cotés de la ville, je ne suis pas connu, je ne sais rien faire, à part m'habiller à peu près correctement.
-Oui, chouette manteau, d'ailleurs !
-Tout taché, maintenant... On veut me tuer... C’est signé « C. ». Quelqu’un a engagé un tueur pour me tuer.
-Tu n'es peut-être pas aussi insignifiant que tu le penses, Héros.
-Aide-moi à le fouiller au lieu de dire des bêtises. Il a peut-être d'autres choses sur lui.
Héros retira son manteau et son pull, pour éviter de les salir davantage. Le corps était couvert de sang. Ils mirent des gants de vaisselle et un temps infini avant de le toucher de leurs mains.
Ils retrouvèrent un briquet, un paquet de cigarettes, un mini flacon de whisky à moitié vide, une capsule qui selon eux devait contenir du cyanure, un calepin, un crayon et deux autres couteaux, sans sigle dessus. Les deux hommes lurent le calepin.
-Il utilisait un code ou il écrivait mal ?
-Il écrivait mal. Mais je crois que c'est du dialecte nordique. Et ce sigle bizarre me rappelle quelque chose... Peut-être que Celui-Qui-Va-Trahir pourrait nous aider.
-Holà ! Qui est-ce ? On peut s'en sortir tout seuls, on n'a pas besoin d'aide.
-C'est mon meilleur ami. Il travaille à la bibliothèque de Ville-Natale. Ses parents étaient nordiques. Il pourra traduire tout ça.
-Tu es sûr qu'on peut lui faire confiance ?
-Bien sûr, à mille pour cent ! Je le connais depuis l'âge de 8 ans. Celui-qui-va-Trahir est la personne la plus digne de confiance que je connaisse. Et il saura quoi faire.
-Je ne sais pas si c'est une bonne idée. Il vaut mieux éviter que cette histoire sorte d'ici...
-Il faut savoir pourquoi on veut me tuer, répondit Héros en brandissant l'ordre de mission.
Il fut pris de nausée. Il courut dans les toilettes du bar pour se vider. Il se vit dans le miroir. Ses cheveux étaient brunis par le sang, d'un côté. Son visage aussi était plein d'éclaboussures. En temps ordinaire, cela l'aurait horrifié. Mais il gambergeait tout autre chose. Il se rinça tout de même le visage et les cheveux avant de ressortir. Personnage-Sacrifiable l’attendait avec une bouteille de rhum à la main :
-Bon, d’accord pour aller voir ton ami. Il faut qu’on en sache plus sur ce gars. D'autres pourraient suivre.
-Tu crois ?
-Je ne sais pas... En attendant, aide-moi à le cacher dans le jardin, lui.
-Le cacher ?
-On ne va pas le laisser là. Prends-le par les jambes et soulève !
-Je vais encore vomir.
-Dire que j’trouvais qu’il sentait fort déjà avant.
Ils passèrent l'après-midi à tenter de camoufler la scène du crime. Sans grand succès. Une fermeture temporaire de l'établissement s'imposait.