(Le thème choisi est "phares et sémaphores")
Oratorio nocturne
L'écume vient chaque soir lécher le pied du sépulcral roc.
Un millier de gouttes d'ivoire que le crépuscule transforme en breloques.
Elles ornent le phare amarré à sa solitude dans un ciel sans lune.
Il se dresse vers les étoiles par habitude en quête de fortune.
Et l'onde innocente caresse ce tronc de pierre et d'ennuis.
A la lune colère, les vagues piétinent les déesses englouties.
Le fond de la mer hurle sous le vent des chagrins enfouis.
Tandis que les feux tracent des sillons d'espoir sur la houle embrasée
la tour dégrisée illumine de vermillon la moire des flots ébranlés.
Et vient l'étale, la marée au cœur meurtri disparaît dans la nuit.
Les vagues l'aiment. Elles le touchent sans atteindre ses rêves suspendus.
Lui, le corps en berne, ruisselle à jamais sous ses illusions perdues.