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13 nov. 2015 - 11:52



Glande


L’ésérine du désœuvrement, la désinvolture et le détachement. C’est ça ! Oisif du tube digestif et certainement trop festif, dans son habituelle indifférence et sa nonchalance, il s’élance sans peur et sort de sa torpeur. Objectif : Gésir dans le désir du plaisir. Il cherche donc. Quoi ? Une poétique et délicate attention. Une Hécate sans éthique, dit-il. Une déesse ? Excitant… Enivrant… Éreintant… Trop harassant ! Il cherche quoi ? Artémis ? Oui ? Non ? Il émisse une idée : réjouissances abattant sa mollesse. Ce serait liesse que de l’aimer. Mais sans cesse, c’est sans compter sur sa plus douce finesse, sa gourmandise, la fainéantise. Alors que faire ? Que faire pour le sortir de l’apathie, sa hantise et ses horreurs ? Une bonne frousse, une belle terreur. De l’enthousiasme ?...

Réponse sans chiasme, il serait évident que trépasser serait, pour sa paresse, l’ultime ivresse. Bilan; les femmes, l’alcool, le bonheur, fantasque décor qu’on acquiert que dans la mort.


Tr0n, Dieu, ou Sainte Catherine (parce qu'elle est so cute).
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Message posté le 12:43 - 13 nov. 2015

On reconnait très facilement là les principes que tu répètes depuis longtemps en poésie, et dans tout texte. (mais vu que tu travailles tes textes comme de la poésie) L'homogénéité de sonorités. Que chaque son trouve sa paire, voire son groupe, et que chaque groupe se lie à un autre, se dissolve peu à peu pour laisser place au suivant.
Ca donne un texte plein d'homéotéleutes, qui rebondit de partout, à chaque ponctuation.

La ponctuation. C'est plaisant, cette utilisation massive de ponctuation autre que le simple point, la simple virgule. Je sais, c'est basique. Mais c'est toujours plaisant. Je trouve, d'ailleurs, que 'cest vraiment à partir de "Objectif" que ca devient intéressant. C'est là qu'en plus de jouer sur les sons, tu te dis qu'il serait intéressant de jouer sur les rythmes et les longueurs, les langueurs.

Me tromperais-je en disant que tu l'as, comme souvent, écrit à l'oral ? Même question que toi à Choup, donc. Quels mots accentues tu ? Voire, quelles syllabes.

Glande. Pour parler de la glande, un niveau de langage élevé, je trouve ca presque drôle. Mais je ne sais pas encore comment le considérer. Est ce que je considère que c'est trop, que le langage doit s'adapter à ce dont il entend parler, ou est ce que je considère que ca peut même rentrer dans ce travail sur la glande. Glander, se laisser aller à ne rien faire en se forcant à utiliser des mots compliqués, comme une excuse, comme un laisser-aller à l'ivresse. Je ne sais toujours pas, et je ne suis pas très clair non plus.

Ce qui est très drôle, dans le sens d'étrange, c'est que ton texte je le lis très vite, passé cet "Objectif". Trop vite. Comme un flux inarrêtable et qui ne tarit pas.
Alors que j'y vois aussi une autre lecture, beaucoup plus lente cette fois, qui se base moins sur les sons que sur la ponctuation. Une sorte de dichotomie. Et encore. Les questions et les virgules rendent le tout assez rapide, selon moi. Les points de suspension disent l'inverse. Et pourtant le passage le plus rapide c'est exactement celui là, celui des points de suspension.


Remarque subsidiaire. C'est très rigolo de dire ton texte en exagérant les mouvements de bouche, on fait sans cesse des aller-retour entre les différentes formes de sons. Un vrai exercice de remise en forme faciale. J'ai aimé.

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Message posté le 13:56 - 13 nov. 2015

Oui, il y a une dichotomie calculée d'alternance des sons volontaires. J'ai essayé de la rendre du mieux que je pouvais en imaginant une forme de sinusoïde. Des hauts, des bas, le principe même de l'émergence de la pulsion et de la paresse qui l'accompagne. Mais pour affiner la courbe, la rendre plus lente à monter ou très rapide à redescendre, je me suis dit que la ponctuation ainsi que certaines exclamations pouvaient réussir ce genre d'effets.

Voilà comment je le prononce à l'oral :

L’ésérine du désœuvrement, la désinvolture et le détachement.[lent => comme toute rime en [an] et un son [ure] bien fermé pour ajouter à la lourdeur. Lire en baissant le ton] C’est ça ! [Pour faire remonter le son, s'exclamer] Oisif du tube digestif et certainement trop festif, dans son habituelle indifférence et sa nonchalance, il s’élance sans peur et sort de sa torpeur [Relativement lent encore, j'utilise un son un peu plus ouvert pour préparer le réveil; baisser une nouvelle fois le ton]. Objectif : Gésir dans le désir du plaisir . Il cherche donc [roulement de tambour encore, le donc est fermé pour ne pas encore lancer la courbe montante]. Quoi ? Une poétique et délicate attention [on répète le a et on ajoute quelques petits i une nouvelle fois, on joue sur l'inversion de sons au niveau de la bouche : [ic] [at]. Une Hécate sans éthique, dit-il [et on rejoue encore, pour que le lecteur s'habitue au début du changement et de l’alternance des courbes pour représenter l'opposition pulsion/flemme]. Une déesse ? ExcitantEnivrant… Trop harassantEreintant ! [on introduit le son [esse] et on accélère la lecture, une fausse accélération du désir flegmatique car le son esse est ouvert mais rajoute une forme de langueur. Ça doit donner une impression de vitesse ponctuer de calme] Il cherche quoi ? Artémis ? Oui ? Non ? [oui et non, typique de sons opposés, on est en haut de la courbe et paf, on descend sous forme de montagnes de esse / iesse toujours en parfaitement dichotomie des mouvements sonores] Il émisse une idée : réjouissances abattant sa mollesse. Ce serait liesse que de l’aimer. Mais sans cesse, c’est sans compter sur sa plus douce finesse, sa gourmandise, la fainéantise. Alors que faire ? Que faire pour le sortir de l’apathie, sa hantise et ses horreurs ? Une bonne frousse, une belle terreur. De l’enthousiasme ?...

Réponse sans chiasme, il serait évident que trépasser serait, pour sa paresse, l’ultime ivresse. Bilan; [ralentir] les femmes, l’alcool, le bonheur, [énumération pour reprendre l'envol] fantasque décor qu’on acquiert que dans la mort [point d'orgue avec un son bien grassouillet sur la rime en or accentué par le mot acquiert ouvert].


Oui cette prose poétique est censé se lire très vite, comme un courant d'air. On marque l'éveil de la pensée, et sa mort dans la procrastination quasi instantanée. Pour la construire, je me suis imposé quelques sons et j'ai cherché, évidemment à l'oral, quel mot se mariait le mieux à chaque fois. Et quand je lisais, j'essayais sans cesse de rajouter encore une le même son ou une inversion. Une Hécate sans éthique, c'est le maître mot du jeu poétique. Essayer de se fonder sur un son qui articule l'opposition. Là j'utilise le [K] et j'inverse [IK] [AT] (j'aurais pu l'améliorer mais je trouve le jeu suffisant, il faut aussi garder du sens).

Mais je ne suis pas un grand poète, j'aime juste jouer sur les sons et le rythme sans devoir me contraindre à de la poésie classique par flemme.


Tr0n, Dieu, ou Sainte Catherine (parce qu'elle est so cute).
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Message posté le 14:23 - 13 nov. 2015

Je ne pense pas que la poésie classique soit "nécessaire". Ca peut être très joli, mais ca peut ne pas du tout se prêter au propos. La forme pour le fond, et inversement. Et dans la poésie classique, on est beaucoup plus dans l'adresse, le tu, le vous ; dans la poésie plus moderne, plus libre, on s'oriente plus vers le je, le soi.

Si ca t'inquiétait, ton texte est bien construit. Personnellement, je le lisais à peu près comme cela. J'ai trouvé très bien géré le trio é z ir é z ir è z ir. J'aime beaucoup aussi le passage des participes présents.

Par contre... Que dirais tu de "Excitant... Enivrant... Éreintant ! Trop harassant..."

Je trouve que ca sonne mieux, ce "trop harassant" casse la lecture. On garde le "ss" en fin de groupe, en écho à déesse, en écho à excitant. Un bas, deux bas, un haut, un bas, et on remonte sur la question du qui cherche quoi.


Et oui, finir sur "mort" un texte aura toujours cet effet emphatique, du sens et du son, très ouvert et pourtant qui vient du fond.

Définitivement, ca marche plutôt bien. Je le passe en poésie, ou tu souhaites le retravailler encore ?

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Message posté le 14:35 - 13 nov. 2015

Non je crois que j'en suis plutôt satisfait (chose assez rare).


Tr0n, Dieu, ou Sainte Catherine (parce qu'elle est so cute).
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