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27 avr. 2017 - 22:02

Travaux en cours

Voici un texte qui date de mars 2013 qui a été réalisé sur TA1.5 dans le cadre d'un duel à mot pour le Trophée Tolkien. C'est un peu vieux, ça mérite sans doute retravail et corrections, mais avant de m'y coller, dites-moi déjà si vous pensez que c'est raccord au thème et si ça vous intéresserait de l'insérer dans le recueil.

Merci :)


24,5 Kcec env.
_____________


Au Dernier Arc-en-Ciel


Le Pays des Arc-en-Ciel. Voilà le nom que l'on donne à cette fichue contrée. C'est joli comme nom. Mais ça ne reflète pas « tout à fait » la vérité sur ce petit coin de paradis boueux.

Pour faire un bel arc-en-ciel, il faut un tout petit peu de soleil, beaucoup de nuages noirs et encore plus de pluie. C'est ce que m'a expliqué un jour un type avec de petites lunettes rondes sur le bout du nez. Un gars qui venait de la Citadelle d'Albâtre. Un grand et beau et blond type de la haute. Avec le Calice brodé sur sa tunique blanche impeccable. J'étais tout môme. Il s'était arrêté à l'auberge, notre auberge, pour une nuit. Lui et sa petite troupe d'humains pur sang, avaient traversé toute la plaine ; il venait de l'autre bout du monde, de la belle Cité toute blanche où un soi-disant Empereur de toutes les Terres les avait expédié en mission. Notre bon monarque du haut de ses tours toutes blanches voulait savoir si notre pays au si joli nom, possédait des gisements de pierres magiques, ou je ne sais quelles autres cochonneries. Pour lui un pays qui pouvait faire naître des arc-en-ciel par dizaines tous les jours, ne pouvait être qu'une contrée où la magie y est puissante. Alors il a envoyé une expédition d'érudits bien habillés patauger dans notre bouillasse du bout du monde. Ils se sont arrêtés une nuit à l'auberge, nous ont expliqué, à moi et aux autres gamins, que la magie était une chose toute relative, et qu'il y avait une autre puissance à l'oeuvre dans le monde. Et qu'ils étaient venus pour la découvrir et la rapporter au Roi des Rois.

Le lendemain ils sont partis vers la montagne. Vers les monts tout noirs, là où l'orage donne en permanence. Et puis ils se sont fait massacrés et décapités comme n'importe quelle autre créature qui méprise le danger et foule le territoire des peaux vertes.

On leur avait dit qu'il ne fallait pas y aller.

Mais eux avaient une mission à accomplir pour l'Empereur. Et puis ils avaient trois archers et une poignée de gus en armure. Comme si ça suffisait pour survivre là-haut.

Quand mon père est devenu trop vieux pour tenir l'auberge, il me l'a confié. Mes frères et sœurs étaient tous déjà morts ou partis à la guerre, ou vendues à des voyageurs. Il restait plus que moi.

Alors la première chose que j'ai faite le jour où on m'a confié les clefs de la boutique, ça a été d'accrocher une nouvelle enseigne au dessus de la porte.

J'ai appelé le rade « Au Dernier Arc-en-Ciel ».

Parce qu'ici, on est exactement à l'extrême limite du monde des humains et des oreilles pointues. Pas un elfe, pas un mage, pas un seul maraudeur ne souhaiterait aller au-delà de cette frontière insurmontable. Il y a la plaine qui s'arrête dans notre flaque humide et puante au si joli nom, et puis il y a la montagne, et le royaume des affreux de l'autre côté.

Et puis entre les deux, aux pieds de la montagne, là où il y a deux petits bosquets et une clairière entre deux défilés de roches, il y a moi et mes quatre murs.

J'ai jamais compris pourquoi, mais ça reste un coin de passage et de rencontre pour aventuriers, expéditions de mercenaires et trafics en tous genres. Moi je suis pas très regardant. Je fais mon beurre et je paie mes taxes à l'Empereur de toutes les flaques boueuses de la Terre. Ce grand con ne s'est plus jamais intéressé à nous après cette histoire d'expédition de recherche sur la magie.

La seule magie qu'on rencontre ici, c'est celle qui vous attrape dans le vent, la pluie et la gadoue et entre dans vos poumons pour vous arracher votre dernier souffle. Faut être né ici pour survivre plus de deux semaines sans commencer à tousser ou suffoquer. L'hiver c'est encore pire.

Voilà pourquoi on est au dernier Arc-en-Ciel. On est sur le bord de la route qui longe la montage et de celle qui mène vers la plaine, à une sorte de carrefour. Mais il n'y a aucun chemin qui mène vers le montagne.

Demain soir, si les soldats de l'Empereur sont partis, il y aura un combat de chiens dans un des box de l'écurie. On fait ça une ou deux fois par mois. Les clients se font un peu d'argent. Quand ils gagnent ils sont généreux et se paient à boire. Quand ils perdent, ils se consolent en se payant à boire aussi. Tout le monde y gagne ! Surtout moi et mes filles qui servent. Des fois on leur donne même un peu d'or pour des câlins. Des fois mêmes le garçon d'écurie n'a pas à dormir dans la paille avec les bourrins. Je crois pas que ça le dérange le bougre. Je sais pas si c'est parce qu'il préfère les draps à la paille, ou les guerriers bourrus aux filles...

Tant que tout le monde y trouve son compte, moi ça me convient.

Je suis là, à mon comptoir, en train de faire un peu de plonge parce que les filles sont pas encore arrivées du village pour le service du soir, et aussi parce que mon cuistot est parti au marché aux bêtes tôt ce matin.

Le gamin d'écurie, Marduk, il s'appelle, est encore en train de roupiller. A cette heure-ci c'est calme généralement. Mais d'ici moins d'une heure, ça va commencer à arriver.

Les travailleurs à la journée, les bêtes de somme des champignonnières, puisqu'il n'y a que ça qui pousse par chez nous, vont venir ce soir oublier pour quelques heures que de tout petits champignons ont déjà commencé à pousser dans leurs seins. La bière du Ponant, celle qu'on me livre par barriques entières chaque mois, suffit à assommer n'importe quel malheur. Mêmes les quelques nains qui ont élus domicile dans le pays, et qui parviennent à survivre sans rouiller, ont appris à l'apprécier.

Je jette négligemment mon torchon sur mon épaule quand la porte s'ouvre sur deux voyageurs en cuir et en manteaux.

Je crache dans mon baquet. Je ne les connais pas, ça fera office de bienvenue. Il se pourrait très bien qu'une fois qu'il m'ait lâché trois ou quatre pièces, ils deviennent des amis de toujours. En attendant, ils me lancent un regard hautain, et vont s'asseoir au fond, près de la cheminée.

Des foutus étrangers tout trempés. Malgré leurs regards fiers et leurs fronts altiers, je voient bien qu'ils ont peur de fondre. Alors ils étalent leurs longs manteaux près de l'âtre, et glissent leurs bottes au plus près du foyer.

« Hey l'ami ! Deux bières tièdes et une ou deux bûches pour relancer ce foyer ! »

Je pose mes deux mains bien à plat sur le comptoir de bois épais. Il est raillé de trop de coups de couteaux et de fourchettes maladroits. Je les regarde un instant de loin avant de soulever mon baquet et de longer l'arrière du comptoir jusqu'à la planche relevée qui ménage un passage vers la salle.

Je laisse un peu traîner ma patte folle. Façon nonchalante. Je m'approche d'eux, pose le baquet d'eau souillée et puante sur leur table, ouvre la fenêtre la plus proche et vide le contenu du seau par dessus bord.

« J'vous apporte ça tout de suite !
- Vous pressez pas ! On a le temps.
- Votre jambe ? C'est la goutte ?
- Y'a de ça Monseigneur ! Y'a aussi encore un peu d'esquilles de bois et de métal !
- Blessure de guerre ?
- Ouais ! Y'a vingt ans. Lors de la dernière tentative d'invasion des peaux vertes. On les a tenus trois jours et trois nuits. Le temps que notre cher Empereur nous envoie ses troupes. On aurait tenu un jour de plus, mais guère mieux. On nous a félicité, nous, les miliciens du pays. Tu parles ! On n'est pas une milice, on est juste une poignée de paysans et de villageois prêts à défendre nos terres !
- Drôle de pays !
- Un beaux pays pourtant ! Des arcs-en-ciels toute l'année.
- Dites-nous mon brave. Vous n'avez pas entendu parler d'un certain demi-orque ? Qui serait connu dans la région ?
- Y'en a quelques uns !
- Celui que nous cherchons est plutôt du genre... bourru !
- Ca doit être à cause de sa moitié orque...
- Vous en connaissez ? Personnellement ?
- A ce qu'il paraît votre village a fait les frais de quelques raids par le passé. Ca aurait laissé des traces dans le sang des humains du pays. »

Les deux gars me regardent avec insistance. Ils examinent ma trogne sans ciller. L'air sûrs d'eux.

« Excusez-moi Messieurs, j'ai à faire. Je m'occupe du feu et je vous apporte vos verres. »

Des fouille-merde ! Ils sont venus mettre leur nez dans mes affaires, ou celle du pays. J'ai ma petite idée sur la raison de leur venue, bien sûr.

Ils peuvent faire leurs chasseurs de primes autant qu'ils voudront. J'en ai croisé des plus coriaces qu'eux.

Marduk entre en coup de vent dans la salle. Il ne prend même pas la peine de fermer la porte derrière lui.

« Hey patron ! La troupe de soldats a levé le camp ce matin ! C'est la Maline qui m'a dit ça à l'instant. Elle les a vu lever le bivouac et faire route vers l'ouest. Elle est passée d'une tente à l'autre pendant trois jours et elle a bien voulu me dire qu'ils allaient...
- Ferme-la ! Tu vois bien qu'on a des clients ! Va t'occuper de leurs montures plutôt !»

Le petit est grande gueule mais il est finaud. Il comprend tout de suite quand il doit la boucler. Et puis surtout, il est bon copain avec la Maline et les autres filles de joies du village. La Maline porte bien son nom. Jolie, douée dans ce qu'elle sait faire et très subtile pour faire parler les officiers ou les marchands. C'est un atout pour la boutique que de l'avoir à portée de bouche et de braguette. Ce qu'elle attrape par l'une ou par l'autre, elle est toujours disposée à le partager avec les amis. Une info utile contre deux ou trois nuits à l'oeil dans un vrai lit, pour les quelques jours où elle ne peut pas oeuvrer à cause de la malédiction de la Lune... autant de petits services qu'on se rend mutuellement.

Elle fait partie de ses filles qui ont toujours une oreille qui traîne en salle. D'ailleurs ça serait pas plus mal qu'elle ramène ses miches ce soir.

« Tiens en parlant de la Maline. Tu lui diras qu'elle me doit toujours trois gamelles de la semaine dernière. Dis lui de passer me voir dès que tu la croises. Et puis tu passeras aussi au puits. »

Passer au puits. C'est un code entre moi et les gamins de l'auberge. Quand on a un truc à se dire à l'abri des indiscrets, on se retrouve dans la réserve le temps de compter jusqu'à cent.

C'est ce qu'on fait. Marduk, sort pas la porte et fait le tour jusqu'à la trappe à barriques, et moi je m'absente en passant par le petit escalier qui mène de la salle au cellier.

« Dis donc gamin : les deux trous du cul en haut... tu les as déjà vu ? Tu peux me dire ce qu'ils sont venus foutre ici ?
- Jamais vu ! J'ai pas entendu parler de leur venue non plus ; Ils étaient annoncés ?
- J'ai pas l'impression. Ils ont pas du être invités par des gens du pays. On les aurait plutôt mandatés... si tu vois ce que je veux dire ?
- Des officiels ?
- Je dirais plus un contrat privé, à mon avis. Va faire un tour au village, ramène les filles et la Maline. - Et dis à tes cousins d'amener leurs dagues. Ce soir je leur offre le souper.
- Ah d'accord ! Les feux follets vont bientôt avoir droit à deux bûches à grignoter !
- J'en sais rien. Vaut mieux prévoir comme qui dirait. Ils ont commencé à poser des questions. Avec un ton que j'ai pas trop aimé.
- Des questions sur quoi ?
- Des questions sur des demi-orques !
- T'es pas un demi-orque toi patron !
- Non je suis moins que ça ! N'empêche qu'ils me reviennent pas les deux. Allez file ! »

Demi-orque ! Ils savent même pas de quoi ils parlent ! Ma grand-mère s'est faite violer pendant un raid. Ca c'est vrai. C'est un lourd fardeau d'avoir à élever un enfant difforme. D'habitude on les tue à la naissance, parce que souvent ces pauvres créatures ne peuvent pas grandir normalement. Mais lorsqu'ils ont un aspect sain, on les élève et on les envoie à l'école comme les autres. En grandissant, ils deviennent forts et bons travailleurs. Ma Mère, ma pauvre mère, a eu la chance de n'être pas trop marquée à la naissance ni durant sa vie de jeune fille. D'habitude les filles n'arrivent jamais à terme. J'ai hérité une trogne marquée, un front étroit et un large nez. Et des mains d'équarrisseur ! On m'a appelé champion pendant la bataille, il y a vingt ans, lorsqu'on défendait notre village. Toute la haine que j'avais contre ces créatures, pour tout ce qu'elles avaient fait à ma famille, à mon pays, à MOI ! J'écrasais les têtes des gobelins entre mes mains ! Entre les mains qu'ils m'avaient offertes avec cette malédiction ! Une belle façon de les punir et de me venger.

Et aujourd'hui, il y a encore deux étrangers ignares et fanfarons, prêts à venir me rappeler ce que je suis ? Prêts à venir parler de ce qui ne les regarde pas !

Il n'y a pas de secret à déterrer. Il y en a par contre beaucoup à enterrer.

On ne creuse pas de tombe dans notre pays. Le sol est trop meuble. Par contre les marais sont gras et abondants. Les spectres et les feux follets se repaissent parfois d'étrangers.


Lorsque je remonte du cellier, une équipe de travail est déjà attablée et rit de bon cœur. Je leur apporte un tonnelet de vin épicé et un jambon cru.

Puis je m'occupe enfin du foyer et de la bière chaude des deux ergoteurs.

Le message de mépris semble être passé.

Je retourne à mon comptoir et je me mets à essuyer les chopes et les cornes que j'ai lavé plus tôt. Je les range ensuite derrière moi. Je prépare les bourses des filles. Elles devraient bientôt arriver et elles auront besoin de monnaie pour le service du soir. Je leur glisse aussi un petit mot à chacune. Ainsi qu'une petite enveloppe de sel alcalin. Ca pourra toujours servir en cas de problème.

Je suis d'un naturel méfiant c'est vrai. Je ne suis pas connu pour être dangereux pour les gens que j'apprécie et qui m'apprécient. Par contre, je peux être un vrai monstre. La bête qui a mordu ma lignée, a laissé de profonde marque en moi. Lorsqu'il lui arrive de s'échapper, je préfère encore la laisser faire son office, loin de tous. Les gens du village comprennent et je les respecte pour ça. Ils partagent ma peine et même s'ils ne souffrent pas de la même affection, ils compatissent, car ce qui m'a rendu malade, c'est ce qui les afflige aussi depuis des générations. Nous sommes le peuple oublié, la frontière pauvre et sacrifiable. Le bel Empereur et sa fière armée n'ont pas besoin de venir souiller leurs belles armures dorées dans la fange, ici aux pieds des arcs-en-ciels. Si les peaux vertes nous envahissent, nous ne pouvons compter que sur nous-même pour nous défendre.

Nous ne sommes que le bout de la plaine, qu'une contrée de marécage, où rien de bon ne pousse, à part nos champignons... des moisissures toxiques qui amusent les mages et les sorciers !

« Hey patron ? Ca va ? Tu as pas l'air en forme aujourd'hui ? »

Les deux petites viennent d'arriver. Vénia et Célia, les deux inséparables. C'est toujours Vénia qui parle. Son amie de toujours, Célia, elle est muette, la pauvresse. Mais elle est loin d'être idiote. Une vieille sorcière lui a un jour appris un pouvoir ancestral. De loin elle peut lire les mots sur les bouches des gens, comme sur un livre ouvert. D'ailleurs elle sait lire les livres aussi. Vénia et Marduk aussi. Quand ils étaient plus jeunes, j'ai donné de l'argent à leurs parents pour qu'ils aillent à l'école et apprennent ces choses là. En échange ils ont travaillé pour moi. Et puis ils sont restés. Un jour peut-être qu'ils se marieront et partiront. Ou peut-être qu'ils resteront. J'ai quand même un doute pour ce qui est de Marduk.

La porte s'ouvre à nouveau, sur un autre groupe de villageois. Par la porte entrebâillée, je vois la Maline et ses deux copines rouquines remonter le chemin. Elles accompagnent les cousins de Marduk.

Je vais donner un coup de main à la petite Célia qui est en train de vider la carriole de l'auberge. Notre cuistot vient de rentrer avec la marchandise. On fait quelques aller-retour entre la grange et le cellier. J'informe la gamine et mon chef au sujet des deux malandrins. Célia me fait comprendre avec ces gestes et ses murmures simples bien à elle, qu'elle va prévenir son amie. A force de passer du temps ensemble, on finit par se comprendre sans mot. Vénia est déjà en salle, elle passe de table en table pour saluer et servir nos habitués.

Machinalement je suis en train d'aiguiser mes couteaux. Je regarde nerveusement en direction de la petite table près de la cheminée.

Mes deux renards sont toujours là. Ils se sont rechaussés. Ils font mine d'aller vers le comptoir pour réclamer leur souper à l'une ou l'autre des filles. Ils s'arrêtent chacun à une table et entament la conversation avec les ouvriers ou les marchands de passage qui reviennent eux aussi du marché aux bêtes.

Une demi-heure plus tard il fait déjà nuit noire.

Toutes les chambrées sont réservées. Les deux rouquines sont déjà assises sur des genoux accueillants, les bras passés autour des cous de mercenaires qui accompagnent un convoi d'esclave. On les a installé dans l'écurie, pour pas qu'ils passent une autre nuit sous la pluie. Leur propriétaire a même demandé à ce qu'on leur donne une gamelle de soupe chaude pour les requinquer un peu. Tout le monde n'est pas aussi généreux. Mais lorsque j'accompagne Marduk à l'écurie pour les servir, je comprends mieux. Ils sont jeunes et beaux. Les garçons sont déjà forts et musclés, et presque toutes les filles sont nubiles. Un très joli lot en effet. Deux mercenaires se relaient en permanence pour surveiller cette marchandise. Dommage qu'ils aient tous la peau si mate. Ils sont beaux, mais viennent d'une contrée lointaine. Leurs corps ne s'adapteraient jamais à la vie vie ici. J'en aurai bien acheté un... Mais on n'a pas d'esclaves ici. Et à vrai dire j'en ai pas besoin. Mes deux filles et les deux garçons me suffisent. Je les paie bien parce qu'ils travaillent bien. J'ai pas souvent à les corriger. Ca n'est pas arrivé depuis des années à vrai dire. Pas depuis que Célia avait failli mettre le feu à la grange, une nuit où elle s'était envoyée en l'air avec deux jeunes ouvriers des champignonnières. On a botté le cul aux garçons le lendemain matin, et ils sont repartis seuls sur le chemin. On ne les a jamais revu. Célia, quant à elle, a eu la joue bien bleue pendant deux semaines. Depuis elle ne va plus jouer dans la grange avec les garçons sans éteindre d'abord sa lanterne.

« Hey patron !
- Mmmh ? »

Guilcan. L'apprenti du forgeron, et aussi un de mes neveux, attire mon attention.

« T'es au courant qu'il y a deux chasseurs de prime qui posent des questions indiscrètes dans la salle ?
- Ouais ! Tu sais ce qu'ils cherchent ?
- Ils parlent aux gens de la plaine et aux autres étrangers surtout. Ils cherchent à connaître des choses sur le village.
- Quoi exactement ?
- A vrai dire... je crois qu'ils te cherchent toi ! Sans savoir exactement qui tu es.
- C'est bien ce qu'il me semblait. Merci gamin. Tiens, prends une choppe. C'est pour moi ! »

La soirée s'avance, tout le monde a déjà bien bu et bien mangé. Les voyageurs et ceux qui travaillent ou reprennent la route demain ce sont déjà presque tous couchés. Il reste encore pas mal de monde en salle, certains jouent, d'autres rigolent avec la Maline et ses rouquines, les filles continuent à servir le vin et la bière. Et mes deux renards ne se sont pas aperçus que toute cette joyeuse communauté se connaît depuis des années, parce qu'ils sont à eux tous réunis, notre pays. Chacun d'eux connaît la menaces de la Montagne, le mépris de l'Empereur et le danger des champignons. Mais toutes et tous sont un arc-en-ciel. Ils se dressent radieux, et font face aux tempêtes, les deux pieds bien ancrés dans la terre humide de ce monde triste et gris.

Les deux chasseurs de primes, se rejoignent à leur table. Toute la soirée chacun a pu constater leur petit manège. Ils sont passés de tables en tables. On offert des choppes de boisson à qui voulait les écouter et leur parler. Ils ont distribuer des piécettes à ceux qui croyaient avoir des informations à leur échanger. Ils ont souri, séduit ou soudoyé. A présent ils confrontent leurs informations.

Quelque part, tout au fond de la salle, un conteur et un musicien raconte l'histoire d'un jeune garçon au pied bot, un flutiau, qui débarrassa une ville légendaire de tous ses rats, grâce à la magie de son instrument. Je connais cette histoire. Je sais comment elle finit.

Autour d'une des plus grandes tables, des rires s'élèvent. Guilcan vient d'emporter la mise aux dés.

La Maline tient la tête d'un jeune homme collée au fond de son corsage.

Célia ouvre un nouveau tonnelet de vin au comptoir, tandis que Marduk a négocié une demie heure de récréation avec l'esclave de son choix en graissant la patte à l'un des mercenaires.

Mon chef a fini son service, et il est parti rejoindre ses amis travailleurs autour d'une autre table plus calme.

C'est un soir comme tous les autres au Dernier Arc-en-Ciel.

Vénia me regarde fixement, un petit sourire au coin des lèvres.

« Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as quelque chose à me demander ?
- Bah à vrai dire, je me disais que...
- Patron ?! »

Elle est interrompue dans sa phrase par l'un des renards. Les deux se sont levés et m'ont appelés. D'une vois très forte. Afin que tout le monde les voit et les entende. Ils sont debout. Ils me font signe d'approcher. Je me traîne jusqu'au centre de salle, au milieu des tables et des clients.

Le silence s'est fait peu à peu. Les dés ont cessé de rouler, et les histoires sont en suspens.

« Demi-orque ! C'est toi ! »

Je les laisse parler.

« Nous avons beaucoup appris sur ton compte aujourd'hui.
- On sait qui tu es !
- Nous avons été mandaté par un seigneur de la Plaine.
- Un puissant et riche propriétaire de la Plaine.
- Un homme bon et puissant.
- Un ami de l'Empereur et un fidèle serviteur de Sa Couronne.
- Cet homme est aussi un père éploré. Un père qui ne se console pas de la perte de son enfant.
- Depuis des années il cherche à savoir pourquoi...
- Oui ! Pourquoi son jeune fils de sept ans n'est jamais revenu du pays des Arcs-en-Ciels.
- Il y a déjà cinq ans de cela, sa femme, la mère de l'enfant et le petit garçon sont venus ici. Dans ce village.
- Et seule la mère en est revenue. Ravagée de colère et de tristesse. Elle a été rouée de coups.
- Et elle a dit à son mari qu'un demi-orque brutal lui avait arraché son enfant.
- Nous savons que depuis des années des histoires comme celles-ci se répètent.
- Il y a quelque chose de pourri dans ce pays !
- Parmi vous se cache un monstre. Un violeur d'enfants !
- Un assassin !
- Nous avons rechercher ta trace depuis de longs mois.
- Nous savons aujourd'hui qui tu es et ce que tu as fait à ces innocents.
- Tu enlèves les enfants des voyageurs étrangers, tu les abuses et tu les égorges avant de les confier à l'oubli des marécages.
- Mais on a retrouvé des corps.
- On les a retrouvés et on les a étudier.
- On a retrouvé les marques de tes souillure.
- Alors ? Qu'as-tu à répondre à cela ?
- Oui ? Oseras-tu nier tout cela devant ton propre village réuni ?
- Devant tes clients ? Tes amis et tes employés ?
- Tu vas payer pour ton crime.
- Au nom de l'Empereur nous allons t'arrêter et t'escorter.
- Tu seras jugé et décapité ! »

Tout le monde a patiemment écouté le laïus des deux héros. Personne n'a bronché. Tous les regards se sont tournés vers moi une fois que la sentence des représentants de l'Empereur est tombée.

Tout le monde guette ma réaction et attend ma réponse.

Quelques uns se sont levés, la main sur la garde de leurs dagues et couteaux. Leurs regards menaçants sont sans équivoque. Je vois les deux cousins de Marduk, pas si étonnés de cette situation finalement, se rapprocher des deux hommes de Justice.

Je tourne mon regard vers Vénia. Elle est si jolie et si vivante. Elle soutient mon regard et attend une réponse.

« Oui tu disais ? Tu avais quelque chose à me demander ?
- Oui je me disais que vu que c'est calme ce soir, je pourrais peut-être rentrer dès maintenant. J'ai promis à ma petite sœur de l'aider pour ses devoirs d'école demain matin. Je voudrais pas rentrer trop tard.
- Ah oui tu as raison ! C'est important les études ! Vas-y ! Tu peux y aller »

Je la regarde prendre ses affaires et se diriger vers la porte.

Pendant ce temps les deux cousins ont fini d'égorger les deux inconnus. Quelques uns de mes amis, les ont aider à les maintenir, alors que leurs lames s'enfonçaient dans leurs chairs. Célia propose aux mercenaires une choppe de bière pour s'excuser de l'incident. Ils acceptent bien volontiers. Une poignée d'hommes transporte les corps vers les marais. Lorsqu'il reviendront je leur offrirai un tonnelet de bière pour leur effort et leur amabilité.

Un soir comme un autre...



"J'ai une âme solitaire"
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Message posté le 13:31 - 29 avr. 2017

Le thème est là ; tu te rappelles ce qu'était celui du Tolkien ?

Édit : je suis allé voir, c'était « l'auberge frontalière » (:

Il reste un certain nombre de fautes et de répétitions, mais rien de dramatique.


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Message posté le 00:10 - 30 avr. 2017

Bien entendu, si le texte vous intéresse pour le projet, je ferai les corrections et modifications nécessaires :)



"J'ai une âme solitaire"
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Message posté le 19:05 - 25 mai 2017

Non.
J'étais dans l'attente de vos réponses définitives pour savoir justement si je devais le retravailler ou non.



"J'ai une âme solitaire"
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Message posté le 21:21 - 25 mai 2017

Oh dsl, je pensais qu'avec la réponse d'Afenor, c'était lancé. J'aurais du m'en assurer...


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Message posté le 00:02 - 26 mai 2017

Pas grave :)

J'ai pas beaucoup de temps ces jours-ci, mais donne-moi une deadline et je te rendrai ça ^^



"J'ai une âme solitaire"
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Message posté le 11:44 - 5 juin 2017

Au vu de récents événements pas foncièrement cool dans l'immédiat, j'aime autant être clair : je ne serai pas en mesure de reprendre le texte correctement avant plusieurs semaines (sans doute pas avant début juillet).

Désolé.



"J'ai une âme solitaire"
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Message posté le 12:25 - 8 juin 2017

Je suis désolée pour ces problèmes, et je te souhaite bien du courage et de la patience pour les surmonter. Mais je ne doute pas que t'y arriveras ^^

Concernant ta participation, nous tenons toujours à ta présence à ce recueil. Puisque toi et d'autres aviez des soucis pour respecter ce délai. Nous avons décidé de le reporter.
Tu disposes dorénavant de jusque fin août. Sachant que fin août, il doit être finalisé et non pas en attente de correction.

Je te remercie et encore une fois, bon courage.


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Message posté le 20:37 - 10 sept. 2017

Bon, désolé du retard !

Je m'y colle dans les prochains jours.

Ca ne devrait pas demander trop de temps à mon avis. Le tout c'est de me débloquer au moins deux heures de boulot sur ce texte :)



"J'ai une âme solitaire"
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